Partout, à la télé, à la radio, dans les magazines, on parle de sexualité, on nous bombarde d'images presque indécentes, mais personne ne dit jamais un mot sur ce qu'on peut éprouver quand la personne qu'on aime nous prend par la main. Quand on sent battre sa vie entre nos doigts, quand on sent que toute notre âme tient dans cette main-là... quand on a l'impression qu'il ne peut rien nous arriver tant que ce lien ne sera pas brisé.
J'avais raison: on n'a pas toujours besoin de parler pour se faire comprendre. J'ai tant cherché les mots parfaits, le moment idéal, et pourtant, tout ce qu'il fallait, c'était ce petit geste...
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Comment peut-on vivre à côté d'un gars pendant des années, le trouver complètement invisible pendant tout ce temps et se réveiller un matin avec le sentiment qu'il n'y a plus que lui qui compte?
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Il serait peut-être temps que j’arrête de me raconter des histoires. Ça ne me ressemble pas de fuir la vérité. Je suis plus fonceuse que ça, d’habitude. Mais là, la situation implique quelqu’un d’autre, quelqu’un à qui je vais faire du mal, et c’est la dernière chose que je souhaite.
Je suis amoureuse. Et pas de Simon.
Qui aurait pu prévoir, en début d’année, que je me retrouverais dans une pareille situation? Pas moi, en tout cas! Je rêvais au jour où nous partirions pour le cégep, en imaginant déjà le style de mobilier que j’aimerais installer dans notre appartement, à Simon et moi… Je me demandais quel genre de robe je porterais pour l’accompagner à son bal…
Et voilà que Pascal s’amène, l’air de rien, et fout en l’air toutes mes émotions, tous mes projets! Je voudrais le détester, mais je n’y arrive pas. Pour mon plus grand malheur, je l’aime.
[...]je n'aime pas que les choses finissent, Je voudrais que tout soit éternel. Je voudrais être sûre que quelque chose, quelque part, dans ma vie, restera toujours pareil. Mais tout change et je me sens complètement déstabilisée. Comme si je vivais sur un bateau qui tangue et que je ne savais pas quand je vais finir par tomber à l'eau. [p.170]
[...]et je me suis rendu compte de tout le temps que j'avais gaspillé à attendre quelque chose, à avoir hâte à l'avenir au lieu de savourer le présent. [p.163]
Peut-être que les gens ont peur de ceux qui ont vécu de grands malheurs, peut-être croient-ils que ça peut être contagieux...
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Non mais, sérieusement, sortirais-tu avec lui s'il finissait par se déniaiser ?
Elle doit m'avoir posé cette question au moins trois cent cinquante fois depuis que David se trouve dans notre classe, soit environ trois ans. Chaque fois, je lui donne la même réponse, mais on dirait qu'elle l'oublie toujours.
-Ça n'arrivera pas, Joëlle. David ne s'intéresse pas à moi en dehors du cours de maths. Point à la ligne.
-Mais…
-Pas de mais. Discussion close.
Elle commence à m'énerver, Joëlle. Elle commence à m'énerver parce qu'elle me met des idées dans la tête, des idées qui sont loin d'être désagréables même si j'essaie de me convaincre du contraire. Moi, je ne veux pas me faire d'idées. Les faux espoirs, non merci, ça ne m'intéresse pas.
Pourtant, j'avoue que David a de beaux yeux…
Elle a dansé avec à peu près tous ceux de cinquième secondaire présents ce soir. Ils la dévorent des yeux comme si elle était le mannequin de l'heure. Franchement! Le pire, c'est qu'ils ne l'intéressent pas du tout. On voit bien qu'elle danse avec eux seulement pour s'amuser, alors qu'elle n'aurait qu'à lever le petit doigt pour les avoir à ses pieds. Moi qui croyais que les gars aimaient les filles bien faites, ma théorie en prend pour son rhume. Marianne est jolie mais fait tout pour le cacher. Ses vêtements trop grands ne laissent rien deviner et son maquillage lui donne un air plus mort que vivant. Si j'étais un gars, moi, je ne crois pas que je serais attiré par une fille de son genre. Pourtant, s'il m'était arrivé le dixième de ce que Marianne a vécu dans les dernières heures, j'aurais été contente de ma soirée. Ma vie est si routinière, organisée, prévisible! J'aimerais tellement pouvoir vivre des choses passionnantes, insensées, magiques… comme ce que vit ma sœur présentement.
C'est la première fois de ma vie que je doute autant. L'amour a toujours été facile, avant. Peut-être parce que ce n'était pas vraiment de l'amour... Je ne me suis jamais retrouvée dans cette position d'incertitude. Je donnerais cher pour que mon problème se règle sans moi, sans que j'aie à ouvrir la bouche ou à bouger le petit doigt.
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