AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Bruno Bettelheim (94)


Le Petit Chaperon Rouge a perdu son innocence enfantine en rencontrant les dangers qui existent en elle et dans le monde, et elle l’a échangée contre une sagesse que seul peut posséder celui qui « est né deux fois » ; celui qui non seulement est venu à bout d’une crise existentielle, mais qui est aussi devenu conscient que c’est sa propre nature qui l’a plongé dans cette crise. La naïveté enfantine du Petit Chaperon Rouge cesse d’exister au moment où le loup se montre sous son vrai jour et la dévore. Quand le chasseur ouvre le ventre du loup et la libère, elle renaît à un plan supérieur d’existence ; capable d’entretenir des relations positives avec ses parents, elle cesse d’être une enfant et renaît à la vie en tant que jeune fille.
Commenter  J’apprécie          20
L’enfant comprend aussi que ce qui « meurt » vraiment chez le Petit Chaperon Rouge, c’est la petite fille qui s’est laissé tenter par le loup ; et que lorsqu’elle bondit hors du ventre de l’animal, c’est une personne tout à fait différente qui revient à la vie. Si cette péripétie est nécessaire, c’est que l’enfant comprend facilement qu’une chose soit remplacée par une autre (la gentille mère par la vilaine marâtre), tout en étant incapable de savoir ce que peuvent être ces transformations profondes. C’est pourquoi les contes de fées ont le grand mérite, parmi tant d’autres, de faire croire à l’enfant que ces transformations sont possibles.
Commenter  J’apprécie          10
Le comportement du loup commence à prendre un sens dans la version des frères Grimm si nous présumons que pour disposer du Petit Chaperon Rouge le loup doit d’abord se débarrasser de la grand-mère. Tant que la (grand-)mère est dans les parages, la petite fille ne sera pas à lui. Mais une fois que la (grand-)mère a disparu, il est libre d’agir selon ses désirs qui, en attendant, doivent être refoulés. L’histoire, sur ce plan, s’occupe du désir inconscient de l’enfant d’être séduite par son père (le loup).
Commenter  J’apprécie          00
Les figures maternelles de la mère elle-même et de la sorcière, si importantes dans « Jeannot et Margot », deviennent insignifiantes dans « Le Petit Chaperon Rouge » où la mère et la grand-mère ne font rien : elles ne protègent pas, ne menacent pas. L’homme, au contraire, tient une place capitale sous ses deux aspects opposés : le dangereux séducteur qui se fait le meurtrier de la bonne mère-grand et de la petite fille, et le chasseur, qui représente la figure paternelle forte, responsable, et qui sauve l’enfant.
Commenter  J’apprécie          10
L’histoire de « Jeannot et Margot » donne corps aux angoisses et à l’apprentissage nécessaire de l’enfant qui doit surmonter et sublimer ses désirs primitifs qui l’enferment en lui-même et sont donc de nature destructive. L’enfant doit savoir que, s’il ne s’en libère pas, ses parents ou la société l’obligeront à le faire contre sa volonté, comme le fit précédemment sa mère en le sevrant quand elle estima le moment venu. Le conte exprime symboliquement ces expériences internes reliées directement à la mère. Le père, tout au long de l’histoire, peut donc rester un personnage falot, inefficace, ce qu’il est en réalité pour l’enfant pendant les premiers temps de sa vie, quand sa mère et seule importante, qu’elle lui apparaisse bonne ou menaçante.
Commenter  J’apprécie          00
La mère, pour l’enfant, étant la dispensatrice de toute nourriture, c’est elle qui est censée l’abandonner, comme si elle le laissait seul au milieu du désert.
Commenter  J’apprécie          00
Le conte de fées folklorique, même si on le prend à ce niveau apparent, exprime une vérité importante et désagréable : que la pauvreté et les privations n’améliorent pas les caractère de l’homme, mais qu’elles le rendent plus égoïstes, moins sensible aux souffrances des autres et enclin, par conséquent, à se lancer dans de mauvaises actions.
Commenter  J’apprécie          10
"Physiologiquement parlant, les parents conçoivent l'enfant, mais c'est le fait de la naissance qui oblige le couple à vraiment devenir des parents. C'est donc l'enfant qui crée les problèmes parentaux, auxquels s'ajoutent ceux qu'il apporte lui-même."
Commenter  J’apprécie          50
"Ce sont les parents les plus narcissiques qui se sentent les plus menacés par la croissance de leur enfant. Celui-ci leur montre, en prenant de l’âge, qu’ils vieillissent. Tant que l’enfant est totalement dépendant, il continue, pour ainsi dire, de faire partie du père et surtout de la mère. Mais quand, mûrissant, il tend vers son indépendance, il est ressenti comme une menace, et c’est ce qui arrive à la reine dans « Blanche-neige »."
Commenter  J’apprécie          10
Dans les contes de fées, les processus internes de l'individu sont extériorisés et deviennent compréhensibles par ce qu'ils sont représentés par les personnages et les événements de l'histoire. C'est la raison pour laquelle, dans la médecine traditionnelle hindoue, on soumettait a la méditation des personnes psychique ment désorientées un conte de fées qui mettait en scène son problème particulier. En contemplant l'histoire, pendait-on, le sujet devait être amené à prendre conscience à la fois de la nature de l'impasse ou sa vie s'était fourvoyé et de la possibilité de trouver une solution.
Commenter  J’apprécie          40
[…]
Cette anecdote révèle l’une des sources de la répugnance qu’éprouvent les adultes à raconter des contes de fées : nous nous sentons mal à l’aise à l’idée que, de temps en temps, nous apparaissons à nos enfants comme des géants menaçants… ce que nous sommes bel et bien dans la réalité. De même, nous n’admettons pas volontiers qu’ils puissent penser qu’il est facile de nous berner, de nous traiter comme des imbéciles, et qu’ils puissent se complaire à cette idée. Mais, qu’on leur raconte ou non des contes de fées, nous sommes à leurs yeux – comme le montre l’histoire de ce petit garçon – des géants égoïstes qui désirent garder pour eux-mêmes toutes les choses merveilleuses qui nous donnent le pouvoir. Les contes de fées rassurent les enfants en leur montrant que, finalement, ils peuvent être plus forts que les géants, c’est-à-dire qu’ils peuvent grandir et être eux-mêmes comme des géants et acquérir les mêmes pouvoirs. Ces derniers sont « les puissantes espérances qui font de nous des hommes ».
Commenter  J’apprécie          20
Les contes de fées, à la différence de toute autre forme de littérature, dirigent l’enfant vers la découverte de son identité et de sa vocation et lui montrent aussi par quelles expériences il doit passer pour développer plus avant son caractère. Les contes de fées nous disent que, malgré l’adversité, une bonne vie, pleine de consolations, est à notre portée, à condition que nous n’esquivions pas les combats pleins de risques sans lesquels nous ne trouverions jamais notre véritable identité. Ces histoires promettent à l’enfant que s’il ose s’engager dans cette quête redoutable et éprouvante, des puissances bienveillantes viendront l’aider à réussir. Elles mettent également en garde les timorés et les bornés qui, faute de prendre les risques qui leur permettraient de se trouver, se condamnent à une existence de bons à rien, ou à un sort encore moins enviable.
Commenter  J’apprécie          10
Naturellement, la mère (ou le père) commencera par raconter à l’enfant un conte qu’elle a aimé pendant sa propre enfance ou qui lui plait sur le moment. Si l’enfant n’est pas accroché par l’histoire, c’est le signe que ses thèmes n’ont pas éveillé chez lui, à cette époque de sa vie, une réaction significative. Le mieux est de lui raconter un autre conte le lendemain soir. Il montrera bientôt que tel conte a pour lui de l’importance, par sa réaction immédiate ou en demandant inlassablement qu’on le lui répète. Si tout va bien, l’enthousiasme de l’enfant deviendra contagieux et le conte prendra également de l’importance pour le narrateur adulte, ne serait-ce que parce qu’il voit le plaisir de l’enfant. Le moment viendra, finalement, où l’enfant aura tiré de son histoire préférée tout le bénéfice qu’il pouvait en attendre ; peut-être aussi les problèmes qui le faisaient réagir à cette histoire auront*ils été remplacés par d’autres qui seraient mieux exprimés par un autre conte. Il peut alors se désintéresser du premier pour se passionner davantage encore pour un autre. Pour le choix des contes de fées, il est toujours bon de se laisser guider par l’enfant.
Commenter  J’apprécie          00
Les contes amoraux, où le bon n’est pas opposé au méchant, ont un tout autre but. Le Chat Botté, par exemple, qui triche pour assurer le triomphe du héros, et Jack (héros d’un cycle anglais de contes de fées), qui vole le trésor du géant, ne proposent pas un choix entre le bien et le mal, mais font croire à l’enfant que les plus faibles peuvent réussir dans la vie. Après tout, à quoi bon décider d’être bon alors qu’on se sent si insignifiant qu’on a peur de ne jamais arriver à rien ? Ces contes n’ont aucune intention morale ; ils veulent donner l’assurance que l’on peut réussir. Ils répondent ainsi à un problème existentiel très important : faut-il aborder la vie avec la conviction que l’on peut venir à bout de toutes les difficultés ou avec une mentalité de vaincu ?
Commenter  J’apprécie          20
Contrairement à ce qui se passe dans la plupart des histoires modernes pour enfants, le mal, dans les contes de fées, est aussi répandu que la vertu. Dans pratiquement tous les contes de fées, le bien et le mal sont matérialisés par des personnages et par leurs actions, de même que le bien et le mal sont omniprésents dans la vie et que chaque homme a des penchants pour les deux. C’est ce dualisme qui pose un problème moral ; l’homme doit lutter pour le résoudre.
Commenter  J’apprécie          10
Tel est exactement le message que les contes de fée, de mille manières différentes, délivrent à l’enfant : que la lutte contre les graves difficultés de la vie est inévitable et fait partie intégrante de l’existence humaine, mais que si, au lieu de se dérober, on affronte fermement les épreuves inattendues et souvent injustes, on vient à bout de tous les obstacles et on finit par remporter la victoire.
Commenter  J’apprécie          10
Beaucoup pensent que seules la réalité consciente et des images généreuses devraient être présentées aux enfants, pour qu’ils ne soient exposé qu'au côté ensoleillé des choses. Mais ce régime à sens unique ne peut nourrir l'esprit qu'à sens unique, et la vie réelle n'est pas que soleil...
La mode veut que l'on cache à l'enfant que tout ce qui va mal dans la vie vient de notre propre nature : le penchant qu'on tous les humains à agir agressivement, asocialement, égoïstement, par colère ou par angoisse. Nous désirons que nos enfants croient que l'homme est foncièrement bon. Mais les enfants savent qu'ils ne sont pas toujours bons ; et souvent, même s'ils le sont, ils n'ont pas tellement envie de l'être. Cela contredit ce que leur racontent leur parents, et l'enfant apparaît comme un monstre à ses propres yeux.
Commenter  J’apprécie          30
Le Petit Chaperon rouge a été mon premier amour. Je sens que, si j’avais pu l’épouser, j’aurais connu le parfait bonheur.
(Charles Dickens, cité p. 39)
Commenter  J’apprécie          70
Bruno Bettelheim
Les parents ne doivent pas s'adonner à créer l'enfant qu'ils voudraient avoir mais, au contraire, l'aider à devenir ce qu'il est en puissance, à épanouir ses potentialités.
Commenter  J’apprécie          371
The English translations of Freud's writings are seriously defective in important respects and have led to erroneous conclusions, not only about Freud the man but also about psychoanalysis.
Commenter  J’apprécie          40



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Bruno Bettelheim (3233)Voir plus

Quiz Voir plus

Assassination classroom

Qui est Monsieur Koro

un extraterrestre
un élève

15 questions
117 lecteurs ont répondu
Thème : Assassination Classroom, tome 1 de Yusei MatsuiCréer un quiz sur cet auteur

{* *}