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Citations de Bruno Bettelheim (90)


Il semble que pour l'enfant l'existence soit une série de périodes sereines, brusquement interrompues, et d'une façon incompréhensible, quand il se trouve projeté dans une situation très dangereuse. Il s'est senti en sécurité, sans l'ombre d'une inquiétude, et, en un instant, tout est changé, et le monde, si amical, devient un cauchemar hérissé de périls. C'est ce qui se produit quand l'un des parents, jusque là tout amour, émet des exigences qui paraissent déraisonnables et des menaces terrifiantes. L'enfant est convaincu qu'il n'y a rien de raisonnable à l'origine de ces choses.Il constate simplement qu'elles existent. C'est la conséquence d'un destin inexorable. L'enfant n'a alors que deux solutions : ou bien il s'abandonne au désespoir ( et c'est exactement ce que font certains héros de conte de fées, ils pleurent jusqu'au moment où un ami magique survient pour leur dire ce qu'ils doivent faire pour lutter contre la menace); ou bien comme Blanche-Neige, il essaie d'échapper à son horrible destin par la fuite, "la malheureuse fillette était désespérément seule dans la vaste forêt et tellement apeurée... qu'elle ne savait que faire et que devenir. Elle commença à courir, s'écorchant aux épines et sur les pierres pointues".

Première Partie - De l'utilité de l'imagination-
Chap Imagination, guérison, délivrance et réconfort
P 251
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Bruno Bettelheim
Les parents ne doivent pas s'adonner à créer l'enfant qu'ils voudraient avoir mais, au contraire, l'aider à devenir ce qu'il est en puissance, à épanouir ses potentialités.
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La Gardeuse d'oies comporte une autre leçon, très importante : la mère, même si elle est aussi puissante qu'une reine, est incapable d'assurer l'évolution de son enfant vers la maturité. Pour devenir lui-même, l'enfant doit affronter seul les épreuves de la vie ; il ne peut pas compter sur ses parents pour l'aider à surmonter les conséquences de sa faiblesse.
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Pour pouvoir régler les problèmes psychologiques de la croissance (c’est à dire surmonter les déceptions narcissiques, les dilemmes eodipiens, les rivalités fraternelles ; être capable de renoncer aux dépendances de l’enfance ; affirmer sa personnalité, prendre conscience de sa propre valeur et de ses obligations morales), l’enfant a besoin de comprendre ce qui se passe dans son être conscient et, grâce à cela , de faire face également à ce qui se passe dans son inconscient . Il peut acquérir cette compréhension non pas en apprenant rationnellement la nature et le contenu de l’inconscient , mais en se familiarisant avec lui, en brodant des rêves éveillés, en élaborant et en ruminant des fantasmes issus de certains éléments du conte qui correspondent aux pressions de son inconscient .........
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Voilà quelque chose que l'enfant comprend très bien : pour lui, rien n'est plus vrai que ce qu'il désire.
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Certains parents, et surtout les pères, pensent que le jeu de poupée est contraire à la virilité, ce qui est absolument faux. (...) Si les parents ne voyaient aucun inconvénient à ce que leur fils joue à la poupée, ils lui fourniraient une occasion inestimable d'enrichir sa vie ludique. (...) les deux parents doivent lui montrer qu'ils estiment tout à fait normal qu'un garçon ait les mêmes jeux qu'une fille.
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« Tout conte de fées est un miroir magique qui reflète certains aspects de notre univers intérieur et des démarches qu'exige notre passage de l'immaturité à la maturité. Pour ceux qui se plongent dans ce que le conte de fées a à communiquer, il devient un lac paisible qui semble d'abord refléter notre image ; mais derrière cette image, nous découvrons bientôt le tumulte intérieur de notre esprit, sa profondeur et la manière de nous mettre en paix avec lui et le monde extérieur, ce qui nous récompense de nos efforts. »
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Quoi qu'il se soit passé à d'autres époques, l'homme moderne souffre de son incapacité à faire un choix entre la liberté et l'individualisme d'une part, le confort matériel de la technologie moderne et la sécurité d'une société de masse d'autre part. C'est le véritable conflit de notre temps.
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L’enfant pré pubertaire ou adolescent peut se dire : « Je n’entre pas en rivalité avec mes parents, je suis déjà bien meilleur qu’eux ; ce sont eux qui entrent en rivalité avec moi. » Malheureusement, il existe aussi des parents qui veulent convaincre leurs enfants adolescents qu’ils leur sont supérieurs ; il y a beaucoup de chances pour qu’ils le soient à certains égards, mais, pour la sécurité de leurs enfants, ; ils feraient mieux de garder pour eux cette réalité. Le pire est qu’il existe des parents qui veulent valoir mieux, sur tous les plans, que leurs enfants adolescents ; c’est par exemple, le père qui tente de se maintenir à la hauteur de la force juvénile et des prouesses sexuelles de ses fils ; ou la mère qui veut par son allure, sa façon de s’habiller et son comportement, paraitre aussi jeune que sa fille. L’ancienneté du thème de « Blanche-neige » prouve qu’il s’agit d’un phénomène vieux comme le monde. Mais la rivalité parents-enfants rend la vie insupportable aux uns comme aux autres. Placé dans de telles conditions, l’enfant veut se libérer et se débarrasser de celui de ses parents qui veut l’obliger à rivaliser ou à se soumettre. Ce désir de se débarrasser du père ou de la mère éveille un fort sentiment de culpabilité bien que ce désir soit justifié si on observe objectivement la position de l’enfant. Ainsi, par un renversement qui élimine le sentiment de culpabilité, ce désir, lui aussi, est transféré sur les parents. C’est pourquoi nous trouvons dans les contes de fées des parents qui essaient de se débarrasser de leur enfant, comme la reine de « Blanche-Neige ».
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Bien des jeunes gens, de nos jours, se mettent soudain à chercher l'évasion dans les rêves procurés par la drogue, se font initier par un gourou, croient à l'astrologie, s'adonnent à la "magie noire" ou, de toute autre façon, fuient la réalité en se réfugiant dans des rêves éveillés relatifs à des expériences magiques qui sont censées améliorer leur vie ; ces jeunes, souvent, ont été prématurément contraints de connaître la réalité d'une façon adulte. Le fait qu'ils essaient d'échapper à la réalité par ces différents moyens a ses racines profondes dans des expériences formatrices précoces qui les ont empêchés de se convaincre personnellement que la vie doit être maîtrisée de façon réaliste.
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Les hommes ne sont pas des fourmis. Ils préfèrent la mort à une existence de fourmilière. C'est la raison de la passivité des victimes des SS. Que les SS les aient tuées est moins significative que le fait qu'elles soient allé à la mort en renonçant à une vie qui n'était plus humaine.
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Le mariage de François-Joseph avec Elisabeth, une très jeune princesse bavaroise, fut pour l’empereur une grande affaire d’amour qui dura toute sa vie. Malgré les efforts qu’il fit pour la retenir, Elisabeth ne tarda pas à prendre ses distances à l’égard de son époux et de la cour. […].
La vie de l’impératrice manifestait les traits caractéristiques d’une nature narcissique, hystérique, et certains symptômes spécifiques de l’anorexie. Par exemple, pour rester belle, Elisabeth se privait de nourriture. Elle suivait la plupart du temps des régimes draconiens, comme celui qui lui imposait de se contenter pendant des semaines de six verres de lait par jour. […].
L’un des symptômes les plus évidents de sa névrose se manifestait dans ses voyages interminables et sans but précis à travers l’Europe.
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Lorsque les Allemands occupèrent Varsovie, ils enfermèrent de force tous les Juifs dans un ghetto où ils furent voués à la mort. Quand vint l’ordre de transférer les orphelins dans un bâtiment du ghetto, Korczak alla plaider leur cause à la Kommandantur. Comme il le faisait dans toutes les circonstances analogues, il s’y rendit vêtu de son vieil uniforme de médecin de l’armée polonaise et sans y avoir épinglé l’étoile jaune obligatoire. Quand on lui dit qu’il ferait mieux de s’occuper des enfants polonais, il déclara qu’il était juif. Il fut alors mis en prison et jugé pour « conduite outrageante ».
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L'enfant comprend intuitivement que tout en étant irréelles ces histoires sont vraies ; que tous ces événements n'existent pas dans la réalité mais qu'ils existent bel et bien en tant qu'expérience intérieure et en tant que développement personnel ; que les contes de fées décrivent sous une forme imaginaire et symbolique les étapes essentielles de la croissance et de l’accession à une vie indépendante.
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"L'âge du jeu est le moment idéal pour construire un pont entre le monde de l'inconscient et le monde réel (...) pont qui permet aussi à l'enfant de passer de la signification symbolique des objets à la recherche active de leurs propriétés et de leurs fonctions réelles (...). par exemple, quand il construit une tour de cubes, puis la démolit volontairement, son comportement a une signification profonde : dans la partie constructive du jeu, il a dû s'incliner devant les limites imposées à son imagination par la réalité. (...) il détruit ensuite la tour moins pour donner libre cours à à ses tendances destructrices que pour réaffirmer sa domination sur un monde qui ne se laisse pas faire. (...) A force de construire et démolir, il apprend que le désir de dominer totalement le monde ne peut aboutir qu'au chaos."

... Ainsi ! s'il était possible d'envoyer dès l'enfance des jeux de cubes aux futurs jihadistes et autres fanatiques, et des parents assez patients pour ramasser les cubes à chaque fois, on économiserait peut-être des bombes...
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Le « Vieux Docteur » (Korczak) se soumettait avec joie au jugement des enfants, et pas seulement devant le tribunal. Par exemple, il leur lisait des passages de ses livres et sollicitait leurs critiques, qu’il prenait très au sérieux. Il disait souvent, et il a écrit, que les enfants étaient ses meilleurs maîtres, qu’il tenait d’eux tout ce qu’il savait.
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Freud, dans ses écrits autobiographiques, raconte que son choix d’une profession a été dû à un essai de Goethe. Ce grand essai, qui avait trait à la nature, poussa Freud à renoncer à son premier désir ― être un dirigeant politique qui changerait pour le mieux le cours du monde ― et à opter pour les sciences naturelles. Ainsi, le destin de Freud fut en partie déterminé par une œuvre littéraire.
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Contrairement aux craintes des adultes -prétexte dont se servent beaucoup de parents pour superviser et régenter les jeux de leurs enfants- même les jeux agressifs de l'enfance remplissent une fonction socialisante (...). L'une des fonctions du jeu (...) est de donner à l'enfant une chance de régler des problèmes non résolus du passé, de supporter les tensions du présent et d'expérimenter différents rôles et différentes formes de l'interaction sociale (...). En obligeant les enfants à jouer "convenablement" et pour gagner, les adultes, animés par leur passion du sport, annihilent tout ce que le jeu a d'important pour l'enfant (...). Quand on observe un groupe d'enfants jouant spontanément à un jeu de balle, la partie est très décousue, marquée par de fréquentes interruptions pendant lesquelles se réglent des querelles, s'engagent des discussions, ont lieu des changements de règle, et des actes étonnants de compassion (...). Quand les enfants peuvent tout organiser à leur convenance, leurs jeux leur apprennent le contrôle de soi.
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Ce qui est gardé secret, c'est souvent les véritables sentiments qu'éprouve un individu sur un comportement qu'il affiche ouvertement.

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Bien loin de manifester des exigences, le conte de fées rassure, donne de l'espoir pour l'avenir et contient la promesse d'une conclusion heureuse.
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