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Citations de Bruno Bettelheim (90)


Les premières œuvres littéraires à m’avoir fortement influencé furent les contes de fées que ma mère d’abord, me raconta, puis que je lus tout seul. […]. Comment ces contes de fées sont-ils devenus si important pour moi ? Le fait qu’ils m’ont été raconté par ma mère y est certainement pour beaucoup. On voit ici la façon dont nous sont transmises les œuvres littéraires ajoute à la signification qu’elles peuvent avoir pour nous. Les parents qui veulent approfondir leurs relations avec leur enfant peuvent y parvenir en lui faisant la lecture.
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L’identification de Freud à Moïse, devint de plus en plus évidente au cours des dernières années. Freud réinterprétait le Moïse de Michel-Ange pour montrer qu’au lieu de briser les tables de la Loi, Moïse avait apaisé sa colère pour le plus grand bien de son peuple. Freud considérait donc Moïse comme un homme luttant victorieusement contre ses passions au nom de la raison et de la cause à laquelle il s’était consacré. Freud s’identifiait étroitement à ce Moïse, le prophète incompris de son peuple, capable de métrise sa colère et décidé de continuer de mener son peuple vers la terre promise.
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La survie de l’Empire dépendait de l’héritier, de l’empereur, son seul fils, l’archiduc Rodolphe. Sa mère ne lui cachait pas son indifférence ― il ne la voyait presque jamais. Il n’existait que peu de sympathie entre son père et lui, aucun amour entre lui et sa femme, une princesse belge, et il accumulait les liaisons qui n’avaient pour lui aucune importance. Déprimé, solitaire dans son pavillon de chasse de Mayerling, il tua, en 1889, la compagne de sa dernière nuit, la baronne Vetsera, avant de se donner la mort. Pour lui la baronne ne représentait rien ; il avait simplement eu besoin d’une partenaire sexuelle pour se suicider, et elle avait accepté et l’acte sexuel et la mort, éblouie que le prince héritier avait jeté sur elle son dévolu.
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Le mariage de François-Joseph avec Elisabeth, une très jeune princesse bavaroise, fut pour l’empereur une grande affaire d’amour qui dura toute sa vie. Malgré les efforts qu’il fit pour la retenir, Elisabeth ne tarda pas à prendre ses distances à l’égard de son époux et de la cour. […].
La vie de l’impératrice manifestait les traits caractéristiques d’une nature narcissique, hystérique, et certains symptômes spécifiques de l’anorexie. Par exemple, pour rester belle, Elisabeth se privait de nourriture. Elle suivait la plupart du temps des régimes draconiens, comme celui qui lui imposait de se contenter pendant des semaines de six verres de lait par jour. […].
L’un des symptômes les plus évidents de sa névrose se manifestait dans ses voyages interminables et sans but précis à travers l’Europe.
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Quelle est la cause de cette paralysie ? Pourquoi les interlocuteurs de Claudine Vegh ont-ils, comme elle-même, dressé un mur de silence dès qu’ils ont vécu la perte de leurs parents ? Claudine Vegh nous parle du choc qui fut sans doute à l’origine de son silence. Comme ses parents, pressés par la femme qui allait l’adopter de se séparer de leur seule enfant, hésitant à partir, la petite claudine insista : « Partez vite, partez vite, moi je reste ; »
Je pense que la fillette n’aurait pas accepté de rester avec sa bienfaitrice si elle avait été certaine de ne jamais revoir ses parents. Si elle avait cru qu’elle risquait de les perdre à jamais, elle aurait voulu à tout prix rester avec deux. Elle a donc hâté son départ pour abréger une séparation qui, autrement, l’aurait anéantie. Si elle avait pris le temps de leur dire « au revoir », elle n’aurait pu se décider à se séparer d’eux. Pour qu’elle put l’accepter, la séparation, dans son esprit, ne devait être que temporaire.
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Le « Vieux Docteur » (Korczak) se soumettait avec joie au jugement des enfants, et pas seulement devant le tribunal. Par exemple, il leur lisait des passages de ses livres et sollicitait leurs critiques, qu’il prenait très au sérieux. Il disait souvent, et il a écrit, que les enfants étaient ses meilleurs maîtres, qu’il tenait d’eux tout ce qu’il savait.
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Janusz Korczak, de son vrai nom Henryk Goldzmit, était un descendant de deux générations de Juifs cultivés qui avaient rompu avec la tradition judaïque pour s’assimiler à la culture polonaise. Son grand-père était médecin jouissant d’une haute réputation et son père un avocat connu qui avait fait une brillante carrière. Selon toutes les apparences, le petit Henryk commença sa vie dans des conditions très confortables dans le milieu de la haute bourgeoisie aisées à laquelle appartenaient ses parents. Pourtant il connut très tôt des difficultés émotionnelles. […]. Il n’avait que onze ans quand son père commença à souffrir de sérieux troubles mentaux qui, finalement, nécessitèrent son internement dans un hôpital psychiatrique. Henryk venait d’avoir dix-huit ans quand son père mourut. Le déclin du père avait entraîner pour la famille de grandes difficultés économiques.
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Lorsque les Allemands occupèrent Varsovie, ils enfermèrent de force tous les Juifs dans un ghetto où ils furent voués à la mort. Quand vint l’ordre de transférer les orphelins dans un bâtiment du ghetto, Korczak alla plaider leur cause à la Kommandantur. Comme il le faisait dans toutes les circonstances analogues, il s’y rendit vêtu de son vieil uniforme de médecin de l’armée polonaise et sans y avoir épinglé l’étoile jaune obligatoire. Quand on lui dit qu’il ferait mieux de s’occuper des enfants polonais, il déclara qu’il était juif. Il fut alors mis en prison et jugé pour « conduite outrageante ».
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Mais d’où vient cette croyance très rependue qu’il existe des « enfants sauvages » en général et des « enfants loups » en particulier ? Tout d’abord, ces enfants ne sont pas muets, mais ils ne parlent pas ; et c’est la parole, plus que tout autre chose, qui distingue l’être humain de l’animal. Ensuite, tous les « enfants normaux », même s’ils sont faibles d’esprit, cherchent le contact avec d’autres êtres humains qui s’occuperont d’eux ; mais ces « enfants sauvages » évitent la compagnie humaine. Enfin, certains d’entre eux s’attaquent férocement à autrui ; ils griffent et mordent, comme des animaux.
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L’histoire d’Anne Sullivan a été capable de rendre à Helen Keller l’intégralité de son esprit, m’a tout particulièrement intéressé. […]. Cette méthode est destinée à atteindre les enfants les plus isolés, colériques et en faire des êtres humains. Pour établir une relation étroite avec Helen, Anne dut l’enlever à sa famille et l’obliger à vivre jour et nuit en sa compagnie. Anne acceptait et essayait de comprendre le comportement agressif et violent de sa malade. Elle faisait tout son possible pour subvenir à tous les besoins d’Helen avec la plus grande sollicitude et, finalement, réussit à l’inciter à établir avec elle une relation de personne à personne. Un tel résultat paraît en effet miraculeux aux profanes ; en réalité il provient d’un travail extrêmement difficile, d’un grand dévouement…
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Freud, dans ses écrits autobiographiques, raconte que son choix d’une profession a été dû à un essai de Goethe. Ce grand essai, qui avait trait à la nature, poussa Freud à renoncer à son premier désir ― être un dirigeant politique qui changerait pour le mieux le cours du monde ― et à opter pour les sciences naturelles. Ainsi, le destin de Freud fut en partie déterminé par une œuvre littéraire.
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Tout conte de fées est un miroir magique qui reflète certains aspects de notre univers intérieur et des démarches qu'exige notre passage de l'immaturité à la maturité. Pour ceux qui se plongent dans ce que le conte de fées a à communiquer, il devient un lac paisible qui semble d'abord refléter notre image ; mais derrière cette image, nous découvrons bientôt le tumulte intérieur de notre esprit, sa profondeur et la manière de nous mettre en paix avec lui et le monde extérieur, ce qui nous récompense de nos efforts.
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Les parents à œillères ne comprennent pas cela, mais les enfants savent très bien que le héros, quel que soit son sexe, vit une aventure qui concerne leurs propres problèmes.
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Il semble que pour l'enfant l'existence soit une série de périodes sereines, brusquement interrompues, et d'une façon incompréhensible, quand il se trouve projeté dans une situation très dangereuse. Il s'est senti en sécurité, sans l'ombre d'une inquiétude, et, en un instant, tout est changé, et le monde, si amical, devient un cauchemar hérissé de périls. C'est ce qui se produit quand l'un des parents, jusque là tout amour, émet des exigences qui paraissent déraisonnables et des menaces terrifiantes. L'enfant est convaincu qu'il n'y a rien de raisonnable à l'origine de ces choses.Il constate simplement qu'elles existent. C'est la conséquence d'un destin inexorable. L'enfant n'a alors que deux solutions : ou bien il s'abandonne au désespoir ( et c'est exactement ce que font certains héros de conte de fées, ils pleurent jusqu'au moment où un ami magique survient pour leur dire ce qu'ils doivent faire pour lutter contre la menace); ou bien comme Blanche-Neige, il essaie d'échapper à son horrible destin par la fuite, "la malheureuse fillette était désespérément seule dans la vaste forêt et tellement apeurée... qu'elle ne savait que faire et que devenir. Elle commença à courir, s'écorchant aux épines et sur les pierres pointues".

Première Partie - De l'utilité de l'imagination-
Chap Imagination, guérison, délivrance et réconfort
P 251
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Platon, qui a sans doute compris en quoi consiste l'esprit beaucoup mieux que ceux de nos contemporains qui ne veulent exposer leurs enfants qu'aux gens "réels" et aux faits quotidiens, Platon, donc, savait ce que les expériences psychologiques peuvent apporter à une véritable humanité. Il proposait que les futurs citoyens de sa République idéale fussent initiés à l'éducation littéraire par le récit de mythe s, plutôt que par les faits bruts et les enseignements prétendument rationnels. Aristote lui-même, le maître de la raison pure, disait : "L'ami de la sagesse est également l'ami des mythes."
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(82%) Cendrillon
Chaque sexe est jaloux de ce que l'autre possède et qui lui manque, même si chaque sexe peut aimer et être fier de ce qui lui appartient, qu'il s'agisse de son statut, de son rôle social ou de ses organes sexuels. Bien que cela puisse être facilement observé et qu'il s'agisse sans aucun doute d'une vision correcte de la question, elle n'est malheureusement pas encore largement reconnue et acceptée. (Dans une certaine mesure, cela est dû au fait que les premières psychanalyses soulignaient de manière unilatérale la soi-disant envie du pénis chez les filles, probablement parce qu'à l'époque, la plupart des traités étaient écrits par des hommes qui n'avaient pas examiné leur propre envie des femmes. On retrouve un peu le même phénomène aujourd'hui dans les écrits de femmes militantes et fières).
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Quelle que soit la réalité, l'enfant qui écoute des contes de fée en vient à croire que, par amour pour lui, son père est prêt à risquer sa vie pour lui rapporter le cadeau qu'il désire par-dessus tout. Le même enfant croit en même temps qu'il est digne de ce dévouement, parce qu'il serait prêt à sacrifier lui-même sa vie par amour pour son père. Ainsi, l'enfant grandira pour apporter paix et bonheur même à ceux qui ont le malheur de ressembler à des bêtes. En se comportant ainsi, l'enfant, plus tard, assurera son propre bonheur et celui du partenaire de sa vie, ainsi que celui de se parents. Il sera en paix avec lui-même et avec le monde.
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Nous savons que, plus nous sommes malheureux et désespérés, plus nous avons besoin de pouvoir nous engager dans des fantasmes optimistes. Mais nous sommes incapables de le faire nous-mêmes lorsque nous sommes petits. Pendant l'enfance, plus qu'à toute autre époque, nous avons besoin des autres pour qu'ils nous soutiennent en mettant de l'espoir en nous et en notre avenir. Le conte de fée, à lui seul, ne peut rendre ce service à l'enfant : nous avons d'abord besoin de nous laisser pénétrer d'espoir par l'intermédiaire de nos parents. Sur cette base réelle et solide, nous pouvons alors construire des châteaux en Espagne, à demi conscients qu'ils ne sont rien de plus, mais quand-même profondément rassurés.
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Mythes et contes de fées répondent aux éternelles questions : « A quoi le monde ressemble-t-il vraiment ? Comment vais-je y vivre ? Comment faire pour être vraiment moi-même ? » Les mythes donnent des réponses précises, alors que les contes de fées ne font que suggérer ; leurs messages peuvent sous-entendre des solutions, elles ne sont jamais exprimées clairement. Les contes de fées laissent l’imagination de l’enfant décider si (et comment) il peut s’appliquer à lui-même ce que révèle l’histoire sur la vie et la nature humaine.
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Dr B: […] Je pense qu'il ne faut jamais prendre à la lettre une affirmation contenue dans un livre et la suivre. C'est également vrai pour mes propres écrits. Dites-moi, est-ce que vous conformeriez votre vie sur celle de l'héroïne d'un roman ?
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