Camille Ratia

Pour ma part, j'ai un petit sac en tissus très léger dans lequel je pèse mes légumes. Je les transvase ensuite tous dans un gros sac en tissu un peu costaud. Je colle toutes mes étiquettes sur le gros sac ou sur un bout de carton que je garde avec moi. Avant que vous ne me le demandiez: je n'ai jamais eu aucun souci avec ce système.

Il y a dix ans environ, j’en ai eu assez de tout ce gâchis, j’ai alors décidé de me retrousser les manches et d’accorder à la cuisine une nouvelle place dans ma vie. Je ne voulais plus « subir » mes repas, mais y prendre du plaisir. J’ai donc établi un vrai plan de bataille. Chaque dimanche, j’ouvrais mes livres de cuisine, je les feuilletais, et je choisissais les recettes qui me donnaient envie et que j’avais décidé de faire la semaine suivante. À partir de cette liste de recettes, j’établissais une liste de courses avec les bons ingrédients et les quantités exactes. Cela m’a permis de commencer à vraiment prendre du plaisir en cuisine : plaisir de l’anticipation (voir une jolie recette et saliver dessus), plaisir de la préparation, plaisir de voir qu’en achetant les justes quantités, je ne jetais plus de nourriture à la poubelle. En revanche, j’étais devenue une « psychorigide » des recettes. Je les suivais à la lettre, sans jamais dévier de la liste donnée. À croire qu’il fallait que je réapprenne toutes les bases, que je me constitue une sorte de « socle » solide avant de pouvoir me permettre de sortir des clous, de commencer à improviser, de me permettre de remplacer un ingrédient par un autre, etc.

Ma façon de cuisiner a également pris un nouveau tournant quand je me suis lancée dans une démarche globale « zéro déchet » il y a cinq ans. J’ai souhaité réduire la quantité de déchets que je jetais chaque jour à la poubelle, et je me suis rendu compte que cela passait en grande partie par la nourriture.

Notre modèle économique est basé sur la croissance et la consommation. Notre modèle culturel est basé sur la possession, donc l'achat, et donc la production de ce dont nous avons envie - notez bien, j'ai écrit "ce dont nous avons envie" et non pas "ce dont nous avons besoin", il y a une grosse différence.