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Citations de Camille Étienne (64)


C'est un projet collectif de redéfinition de ce que Gorz appelle le suffisant, la quantité de consommation dont nous avons besoin avant d'entrer dans le superflu, et définir la masse de travail nécessaire en ce sens pour les satisfaire. Pas plus, pas moins. Peut-être n'avons-nous pas besoin d'allouer des force de travail et des ressources naturelles à la fabrication de baskets qui clignotent. L'économiste Kate Raworth le redéfinit dans la Théorie du Donut : il s'agit de produire en quantités suffisantes pour que la société ait accès à des besoins définis collectivement la santé, l'éducation, etc.) mais pas trop de manière à ne pas dépasser les limites planétaires (...)
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Nous réalisons des prouesses techniques et technologiques non pas pour leur nécessité, mais simplement car elles sont possibles. Il s'agit toujours de repousser les limites de la création. La question de la finalité est élucidée, si une chose est réalisable alors elle vient au monde. Mais cette posture, libérée de toute limite éthique, nous amène à de dangereux glissements, pour notre démocratie par exemple ou pour I'information : les logiciels d'intelligence artificielle qui génèrent des photos sont un puissant outil de désinformation dans les mains de régimes autoritaires. En quoi cela nous est-il utile ?
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Les « Nuit debout » qui pensent l'obscurité, les jeunes qui refusent de compter la vie en annuités, l'éclat fluorescent des gilets jaunes, les agriculteurs qui se battent pour reprendre leurs terres de ces mégabassines de l'industrie, sont autant de cris de rage contre ce mépris.
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« J’adore sincèrement mon chien et je peux toujours compter sur lui pour pimenter ma vie.
À cet instant précis, je ne réalise pas à quel point mon affirmation allait se vérifier. »
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On consomme pour être et on se consume pour paraître.
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« Je n’en veux pas à ceux d’avant, à ceux qui ne savaient pas, à ceux qui savaient et qui n’ont rien fait, à ceux qui ont eu peur, à ceux qui ont eu la flemme, à ceux qui n’ont pas eu le temps.
Ce n’est pas une battle des millennials contre les boomers sur le ring du temps. Ce n’est pas un combat de génération. C’est un combat qui donne le vertige, un combat de l’humanité toute entière pour sa survie, pour qu’elle n’entraîne pas dans sa chute le reste du monde vivant.
La fausse division générationnelle empêche à mon sens de donner à voir la vraie fracture, la fracture sociale...» P112
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La décroissance économique est un refus, aussi. C'est le refus de croire encore à la fiction d'une croissance infinie du capital dans un monde où les ressources sur lesquelles il repose arrivent à bout : que ce soit le pétrole, les métaux rares, les sols ... Et les corps eux aussi, limités en ce qu'on ne peut les faire travailler jusqu'à leur mort et les remplacer par d'autres. C'est le refus subversif de croire qu'il n'y a qu'une seule manière de partager la richesse et de mesurer le bien-être d'une population. Ce sera là, in véritable progrès.
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André Gorz écrivait déjà en 1977 dans "Ecologie et liberté" : "L'utopie ne consiste pas, aujourd'hui, à préconiser le bien-être par la décroissance et la subversion de l'actuel mode de vie ; l'utopie consiste à croire que la croissance de la production sociale peut encore apporter le mieux être, et qu'elle est matériellement possible. "
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Le mouvement des Soulèvements de la Terre est à l'origine de la manifestation contre les méga-bassine à Saint Soline en mars 2023. Plus de 35 000 personnes sont venues lutter contre l'accaparement de l'eau. Ce jour-là, l'État a fait le choix de déployer un dispositif de maintien de l'ordre qui a couté 5 millions d'euros d'argent public pour protéger une bassine qui en vaut entre 2 et 4 millions. Ses représentants ne laisseront pas advenir ce nouveau monde que nous sommes si nombreux et nombreuse à appeler de nos souhaits. Contre l'agro-industrie qui s'accapare l'eau, l'Etat ne peut rien, mais contre des citoyens venus défendre son accès pour tous, il peut tout. L'ordre établi, sous la menace, se défend. En cela, le soulèvement est vital. Aucune révolution n'a demandé la permission.
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L'économiste Kate Raworth le redéfinit dans la Théorie du Donut : il s'agit de produire en quantités suffisantes pour que la société ait accès à des besoins définis collectivement (la santé, l'éducation, etc.) mais pas trop de manière à ne pas dépasser les limites planétaires qui mettent en danger la possibilité même de subvenir à ces besoins fondamentaux. Evi-demment, pour que ce premier palier de besoins soit satisfait, il faut travailler à la redistribution juste des richesses collectivement produites.
La décroissance n'est pas un abandon de l'idéal de progrès, ou un recul du niveau de vie ; elle est au contraire l'espoir de voir le progrès et le niveau de vie poursuivre pour de vrai leur marche en avant. L'espoir de voir la santé et les liens sociaux progresser. Ce sont eux qui doivent croître. Décroître, ce n'est pas retourner vivre à la bougie comme les amish, mais produire une vraie bougie de cire, plutôt que trois bougies dont l'obsolescence est programmée.
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Les sociétés occidentales ont ainsi fait de la technique à la fois un outil et une finalité : la production de richesse par le geste technique est mise au service d'une accumulation maté-rialiste, et le bonheur est alors ce confort peuplé d'objets, assuré par la sécurité financière qui en garantit la pérennité.
Il ne s'agit pas d'être, il s'agit d'avoir.
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L'avènement de la technique semble alors renforcer la puissance humaine. L'espérance de vie progresse, le tableau des éléments se complète et notre ADN est séquencé. Mais selon Ivan Illich, prêtre et philosophe qui a partagé et prolongé la pensée d'Ellul, cela a un prix : le renversement progressif de la domination de l'outil par l'homme vers la domination de l'homme par l'outil. Quand j'étais petite, mon père s'amusait à nous cacher des balises dans la forets. Avec mon frère, nous passions des heures à apprendre comment être attentif à tout ce qui se jouait autour de nous pour les retrouver. On apprenait à lire les cartes, à se repérer avec les courbes de niveau, avec l'aiguille de la boussole que l'on mettait à plat pour orienter la carte. Avec le temps, on savait trouver le nord grâce à la mousse sur les arbres ou aux étoiles la nuit. Le milieu nous devenait familier. Nous apprenions à nous repérer dans l'espace. Quelques années après, je suis complètement dépendante de mon GPS intégré à mon smartphone si bien que lorsque je n'ai plus de batterie je suis complètement déboussolé. J'ai désappris une capacité que j'avais pour la remettre entre les main d'un outil, par confort sans doute. En cela, j'ai perdu un part de liberté durement acquise.
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L'irrespect de l'ordre acquiert dans cette perspective une dimension humanisante : désobéir, c'est affirmer son humanité face à ce que l'ordre collectif dispose de machinal. Dès lors, la désobéissance n'est plus ce qui fait de l'humain un ani-mal, mais ce qui fait d'un pion machinal un humain.
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Nous réaffirmons la primauté absolue de la conscience morale sur l'ordre politique.
Nous dirons et redirons, quoi qu'il en coûte, que le devoir de solidarité est sans compromis et au-dessus des lois. [...] Comment en arrive-t-on là ? Par quelles défaites morales, par quels renoncements successifs, par quels calculs d'égoïsme mesquin en arrive-t-on, sous couvert de bon sens et de réalisme, à ce que l'État traite comme des délits des actes inspirés par les valeurs mêmes qui le fondent ? Des actes en tout désintéressés et non violents.
Il est temps de dire non, de se désolidariser d'un État qui trahit sans vergogne les idéaux dont il parfume ses discours, temps de désobéir à la loi écrite quand elle criminalise la fraternité et proroge l'inhumain (la misère des camps et le cimetière méditerranéen).
Il y eut des heures dans notre histoire où désobéir c'était garder l'honneur et sauver son âme. En voici une autre.
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Andreas Malm dans « comment saboter une pipeline » retrace l'histoire des droits civiques qui nous semblent aujourd'hui absolument fondamentaux et dont l'idée de se les voir retirer nous glacerait le sang. C'est par exemple la fin de l'apartheid ou le droit de vote des femmes. Il montre qu'aucun de ces droits n'auraient pu être acquis sans la cohabitation d'un flanc radical et d'une branche plus modérée. L'existence du premier menaçait davantage l'ordre établi, ce qui poussait ses représentants au débat avec ceux dont c'était là la manière d'agir. On doit de nombreux droits à la désobéissance civile : précisément parce qu'avant de devenir légale, une chose est illégale. En bref : les femmes n'ont pas aquis le droit de vote
en votant.
On peut décider d'ajouter des pages à l'histoire, de laisser un après. Un après nous. Ça nous appartient. Mais cette version est bien moins séduisante parce qu'elle serait renon-cement. Parce qu'elle est effort. Parce qu'elle est travail. Et pas de celui que l'on fait mécaniquement en se laissant happer par la mégamachine. Non, de ce genre de travail qui nous demande toujours d'être dans l'inconfort. De le chercher même. De rester intranquille et éveillé. De déconstruire des idées confortables, confortables même si elles écrasent certains.
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Un des phénomènes environnementaux contemporains qui me terrorisent le plus s'appelle la « chaleur humide ». Le comprendre c'est imaginer instantanément les millions de réfugiés climatiques en exil. Dans un futur proche, de son fait, des pays entiers de la planète vont devenir inhabitables. À la manière d'un climatiseur, l'évaporation de l'eau de notre corps nous permet de nous refroidir. C'est la transpiration ; elle est vitale. La transformation de l'eau de notre corps en vapeur d'eau utilise de l'énergie. Précisément, elle utilise l'énergie de la chaleur de notre corps.
Dans des contextes de chaleur sèche élevée, il arrive que nous ne remarquions même pas que nous sommes en train de transpirer tant la sueur s'évapore rapidement et ne stagne pas en forme d'auréoles qui jonchent nos aisselles. C'est parce que l'air sec accueille plus facilement la vapeur d'eau. Mais « que se passe-t-il lorsque l'air est déjà saturé en vapeur d'eau ? » se sont interrogés le climatologue australien Steven Sherwood et le géophysicien américain Matthew Huber. Leur réponse : l'évaporation de l'eau de notre corps cesse de fonctionner lorsque la « température du thermomètre mouillé » ou « température humide» (Tw) excède 35 °C.
La probabilité de décès par hyperthermie augmente alors.
Lorsqu'un humain transpire dans des conditions où la température humide est de 35 °C, le corps déraille : l'air étant saturé en vapeur d'eau, avec 100% d'humidité dans l'air, la transpiration reste sur la peau. mort assurée. Ce seuil de 35 °C (Tw) définit donc une limite de survie pour un humain en bonne forme physique (il est plus bas pour de nombreux individus). Dans ces conditions, le décès survient après six heures d'exposition environ.
L'Asie du Sud est l'un de ces points chauds où les études prévoient une exposition particulièrement précoce aux températures mortelles du thermomètre humide. Ce seuil de « thermomètre mouillé » a déjà été dépassé lors de la canicule de Jacobabad, au Pakistan, en 2022. Et nous nous rapprochons de ces seuils avec quelques décennies d'avance.
Il existe donc bel et bien une limite physiologique du corps humain au changement climatique. Et nous y courons dan-gereusement. En poursuivant le niveau actuel d'action cli-matique, 74% de la population humaine sera confrontée à vingt jours annuels de chaleur possiblement mortelle en 2100 (comprise entre 31 et 35 °C de température humide). Aucune tour dorée ne pourra rien contre les maladies et les limites du corps. N'en déplaise à Elon Musk et ses confrères : ils ne s'en sortiront pas, même s'ils espèrent pouvoir dominer jusqu'à la mort.
La chaleur qui devrait être évacuée avec la sueur, soit la disparition de l'eau transformée en vapeur d'eau, se retrouve bloquée dans notre corps. Ce dernier se réchauffe comme lorsque nous avons de la fièvre, et au-delà de 42 °C, c'est la
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Le mépris est la face visible des rapports de force. Le discours qui les assoit. Le mépris qui explique que l'on croise dans les gares « des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien ». Le mépris qui prétend qu'il suffit de « traverser la rue » pour se faire embaucher. Le mépris qui nous prend cinq euros d'aide pour le logement quand le carburant des jets privés est exonéré.
Ce même mépris, celui des petits mots cinglants, et des grandes décisions qui les suivent, c'est celui de la violence symbolique qui s'exprime sur les gazons verdoyants des greens de golf quand on demande aux habitants de ne plus arroser leur jardin car on manque d'eau. Celui aussi qui nous fait envoyer nos déchets au Ghana, celui qui fait qu'une ministre demande sur la première matinale de France à ses concitoyens de ne pas envoyer des e-mails avec des « pièces jointes rigolotes » pendant que le président de la République emmène le P-DG de TotalEnergies dans ses voyages diplomatiques aux États-Unis.
Les « Nuit debout » qui pensent l'obscurité, les jeunes qui refusent de compter la vie en annuités, l'éclat fluorescent des gilets jaunes, les agriculteurs qui se battent pour reprendre leurs terres de ces mégabassines de l'industrie, sont autant de cris de rage contre ce mépris.
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Il s'agit moins d'être coupable que d'être responsable. Plus encore, de s'efforcer de désigner les bons coupables. Il en va de notre responsabilité de ne pas les laisser détenir ce pouvoir de destruction sur le monde, sur nous. C'est une charge qui nous incombe, un devoir que de se soulever collectivement pour réaffirmer notre puissance.
Dans un rapport de 2022, Oxfam et Greenpeace ont montré que le patrimoine financier des 63 milliardaires français émet autant de gaz à effet de serre que celui de 50% de la population française. Soixante-trois personnes sont responsables de la moitié des émissions de gaz à effet de serre d'un pays. Si 63 personnes étaient responsables de la moitié des contaminations d'un pays à une maladie, on les mettrait d'urgence en quarantaine.
Il s'agit de reprendre collectivement le pouvoir face à cette poignée de personnes qui ont tout et décident de tout. C'est en cela que le soulèvement est politique, car nous sommes compromis autant que nous nous compromettons.
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Nous ne protégeons que ce que nous aimons, et nous n'aimons que ce que nous connaissons. Pour acquérir une connaissance aiguisée, dans nos chairs, et dans nos corps, il faut renoncer au confort qui endort, se mettre momentanément en danger, dans le sens de "se rendre vulnérable".
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Le cri de La Boétie a cela aussi de stupéfiant qu'il appelle pourtant pas à un renversement physique. La Boétie nourrit de son verbe le mépris des tyrans sans pourtant appeler à leur couper la tête. Il dit seulement : arrêtons de collaborer. Cessons le zèle. Cessons la part excessive d'obéissance, de contribution aux systèmes de domination.
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