Prodige
à Marcia Scantlebury
Si en ces jours d’octobre
les noirs bandeaux
lorsque la peur pour de vrai
mordait les chairs.
Et nous, cachant les noms
dans les replis de la sueur.
Jamais nous ne fûmes plus proches
des roses.
Te souviens-tu des roses
qui paradoxalement poussaient là
Au coeur même de la douleur?
Belles roses…
de celles dont on nous refusa
la faveur du parfum
mais pas les tristes épines.Si en ces jours d’octobre
à Grimaldi
lorsque pas même mon flair
me disait que tu te réveillerais,
Marcia,
je t’avais parlé
ne serait-ce que pour te consoler
te soigner la blessure du visage
chasser de l’air un mauvais rêve
regarder derrière soi
en remontant le temps
et retisser la pelure d’oignon
qui nous couvrit
jusqu’alors.
Si je t’avais fait une promesse,
si je t’avais prédit
une rencontre, dans une ville
lointaine, belle,
San Marcos, Venise
la ville des retrouvailles
prodigieuses.
Tu ne m’aurais pas cru
Tu ne m’aurais pas cru
parce que la mort battait de l’aile
là-bas au-dehors
et la bonté se taisait.
(Traduction : Louis-Philippe Dalembert)
Pour moi ce serait la première fois, pour lui la peur de ne pas être à la hauteur, mais il était d'accord. Nous étions nerveux, attentifs. Lui, très délicat, respectueux de mon humeur et de ma crainte. Le premier contact de peau, sublime, un peu douloureux et intense. Je me rappelle ma lutte interne entre mes peurs, mes maladresses et ma nature réclamant son corps. Ce soir-là, je rentrai plus tard que d'habitude à la maison. Mes parents n'étaient pas là.
Cette même nuit j'ai su que j'étais enceinte.
La première fois que j'ai vu Lucho, il ne m'a pas du tout impressionnée, bien des années après, il m'a dit, narquois:"Comment ça pas du tout? Tu bavais d'admiration devant moi."