De plus, elle ne parlait pas assez bien l'anglais pour avoir une discussion et jouer de son charme, comme elle savait le faire habituellement, sans compter que les Américaines restaient un mystère pour elle. Elle les trouvait superficielles, et souvent moches. Lorsqu'elle découvrait leurs regards méprisants sur elle, elle resserrait son rebozo autour de ses épaules et faisait tourner sa jupe. Ses vêtements mexicains et ses bijoux imposants devenaient son armure.
J'essaie juste de rendre le monde qui m'entoure un peu plus beau. Et quand je dessine, je n'ai plus mal. Je ne pense plus à la douleur.
- Quel âge as-tu ?
-Dix-huit ans !
Elle mentait. Elle avait en réalité vingt et un ans. Afin de pouvoir l'inscrire à l'école après ses longs mois de convalescence, ses parents avaient changé sa date de naissance, rajeunie de trois ans. Frida avait décidé par la suite de la garder. Elle aimait cette date, 1910, début de la Révolution mexicaine.
Elle n’avait pas respecté le grand principe de sa vie, sans lequel elle n’aurait pas survécu à son corps meurtri : être fidèle à soi-même.
Tu m’as brisé le cœur!
Elle ricana et ajouta:
-Mon cœur, la seule partie de mon corps qui tenait encore en un seul morceau!