Le Salon dans tes oreilles - S1E52 - Cabaret Journaux intimes et récits
Lors de cet événement festif dédié aux journaux intimes et aux récits, sept personnalités vous offriront des extraits de leur livre. Joignez-vous à nous!
Avec :
David Homel, Auteurrice
Émilie Bibeau, Auteurrice
Louise Portal, Auteurrice
Pascale Navarro, Auteurrice
Marie Darsigny, Auteurrice
Caroline Dawson, Auteurrice
Samuel Larochelle, Animateurrice
Guido del Fabro, Musicien·ne
Livres :
Coeur vintage
Je n'en ai jamais parlé à personne
Le vide sous mes pas : une vie à rebours
Un été, trois Grâces : récits de scène et de vie
La menthe et le cuminLà où je me terreTrente
Le Salon dans tes oreilles est un balado issu des entrevues, tables rondes, et cabarets enregistrés dans le cadre du Salon du livre de Montréal 2020. Écoutez des auteurs, autrices et personnalités parler de livre, de lecture et d'écriture et échanger autour des cinq thématiques suivantes: le Féminisme, la Pluralité des voix, 2020, et après?, Récit et inspiration et Famille et enfance. Bonne écoute!
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Nous avions déjà appris les codes imposés aux filles : il fallait être déniaisée mais pas guidoune, pétard mais pas pétasse, aguichante mais pas agace et voguer funambules sur ce fil de fer. Cette ligne si fine sur laquelle il était impossible de marcher en équilibre était pourtant celle que nous empruntions chaque jour… (Remue-Ménage, p.113)
Stupidement, au début de l’adolescence, je me suis construite contre elle (ma mère), contre ce qui la constituait, pensant que c’était bas, méprisant sa culture, dédaignant ses lectures. Je ne me rendais pas compte que c’était parce qu’elle m’avait tant élevée que je pouvais maintenant la regarder de haut.
(Remue-Ménage, p.149)
Le Québec comme toutes les terres d'accueil, aime présenter les réfugiés comme des success stories (...) souligner les réussites de celles qui sont devenues docteures, le succès de ceux qui sont désormais avocats. On ne sait jamais ce que sont devenus les réfugiés ordinaires qui s'emmerdent à Riviere-des-Prairies.
J'avais sept ans la première fois que j'ai décidé de ne pas me tuer.
J’ai toujours aimé fouiller dans les tiroirs des gens. J’ai d’abord cru que cela m’était venu avec l’immigration et la recherche de ma bête lumineuse - cette quête de l’énigme identitaire tassée au fond de la commode, remisée en espérant ne plus y penser, comme si le passé pouvait être enfoui dans le mobilier.
La biblio municipale a débroussaillé un sentier du désir que j’ai emprunté sans savoir qu’au bout il y aurait la possibilité de déplier d’autres destins que celui auquel j’étais promise.
L’odeur des vieux livres resterait pour moi source de réconfort ; pour ma mère, elle lui rappelait son incapacité à tout nous offrir.
Avec nos visites qui se renouvelaient chaque samedi, la bibliothécaire m'a rapidement reconnue, compris mes goûts et a commencé à me mettre des ouvrages de côté, m'offrant des livres un peu plus gros, un peu plus difficiles que ceux j'avais l'habitude de lire, me guidant hors des sentiers battus, me tirant, roman par roman à un niveau supérieur.
Aujourd’hui, je prends acte du fait que je n’écris pas seulement mon histoire, mais plutôt que ces histoires m’ont écrite et forment les racines dans lesquelles je me suis inscrite.
Nous nous déchaînions à former onomatopées, syllabes et mots. Sauf que nous ne disions rien. Parce qu’une langue, c’est collectif et nous, nous étions seuls au monde.