Mon nouveau roman - Le sang des oubliés
- Missak ? Missak Manouchian ? Le chef de Thomas ? [...]
- Il n'est pas juste le chef de Thomas, ou un résistant, c'est un poète[...]
- Avant la tombée de la nuit
Tu as parcouru le monde,
Tu nous apportes l'écho de tous les horizons de la vie,
De toutes ses mains usées par le travail,
des luttes et des victoires,
Ton appel semblable à la lumière sans entrave des rayons de l'aube.
Transi et fouetté par la tempête,
tu es le feu qui nous réchauffe.
Dans l'obscurité maudite,
de notre serment tu es la flamme ardente,
Flambée éternelle que les esprits en furie
Vocifèrent de leur haine impudente
pour t'éteindre à jamais.
-
— J’aimerais que tu assistes à notre échange, m’invita Sébastien.
— Je veux bien, mais sache que je m’y connais encore moins en comptabilité qu’en calculs mathématiques.
— Je n’ai pas besoin d’un comptable, mais d’un témoin. J’aimerais que tu dessines notre rencontre.
— Notre rencontre ? répétai-je.
Tu parles de celle à Paris ? Je veux bien, mais je ne suis pas certain que le monde apprécierait. Enfin, si tu insistes.
Il se pencha vers moi, amusé par ma réplique. Je sentais son corps, près du bien, m’effleurant. Il embaumait la mer et les embruns, le parfum du vent. Son souffle caressa mon oreille quand il répondit.
— Je n’ai rien contre un dessin de ce type, mais je ne pourrai le dévoiler au monde.
— Je sais, je sais. Les mœurs, ta femme, les…
— Non ! Ce n’est pas ça ! me coupa-t-il.
Si tu me faisais une esquisse de notre première nuit, de nos deux corps entrelacés, je ne pourrais me risquer à la partager, au risque de voir la jalousie me comprimer la poitrine.
J'aurais aimé l'embrasser à ce moment-là, et je ne maudis jamais autant cette société qui nous obligeait à cacher notre amour aux yeux du monde.
-J'ai toujours été un homme de devoir, m'expliqua-t-il. J'ai écouté mon père, pas mon cœur. J'ai épousé Adèle parce que je le devais, nous avons eu un beau mariage, mais dénué de passion. Je suis devenu explorateur et scientifique, parce que je me voulais rendre mes parents fiers, et ma nation aussi, mais il m'a toujours manqué quelque chose. Comme si je n'étais pas complet, comme si mon cœur ne battait pas assez, jusqu'à...
-Jusqu'à..., répérai-je.
-Jusqu'à toi. Toi, Avel. Toi et l'Antarctique.
— Je suis venu au monde pour ce que nous sommes en train de découvrir. Et tu es né pour dessiner, comme l’oiseau pour chanter. Grâce à tes croquis, je pourrais reconstituer le tableau de mes faits en mer et je t’en remercie.