Citations de Catharine A. MacKinnon (16)
De nos jours, il n’y a pas plus de prise de position favorable au trafic du sexe qu’il n’y a de prise de position publique pour l’esclavage. Le seul enjeu est de définir les termes de telle sorte que rien de ce que l ’on veut soutenir ne soit compris dans la définition. Il est également très difficile de trouver des partisanEs déclaréEs de l’inégalité bien que la définition juridique de l’inégalité soit façonnée par des pratiques que le pouvoir entend pérenniser.
Cela n’est pas le cas de la prostitution. Certaines personnes sont pour la prostitution ; elles la soutiennent. Plus nombreuses sont celles qui considèrent politiquement correct de la tolérer et de ne rien faire d’efficace à son endroit. La plupart présument que, même si elle n’est pas réellement souhaitable, la prostitution est nécessaire, inévitable et sans dommage
Le cri des femmes, mêmes sous ses formes les plus radicales, n’est jamais inutile, et l’indifférence restera encore et toujours le pire ennemi de ceux et celles qui ne veulent pas voir perdurer un état de fait dont l’humanité s’est trop longtemps accommodée
Les différences entre les prostituées, les acheteurs et vendeurs sont que les unes servent, les autres se servent, les unes sont achetées, les autres les achètent ou les vendent, les unes sont stigmatisées, les autres demeurent respectables, les unes sont des criminelles, les autres soit ne le sont pas, soit la loi n’est pratiquement jamais appliquée contre eux
Toute loi ou politique adéquate pour promouvoir les droits humains des prostituées comporte trois parties : décriminaliser et aider les personnes dans la prostitution, criminaliser résolument leurs acheteurs et criminaliser de façon tangible les tiers qui profitent de la prostitution d’autrui
Ce livre fait apparaître que l’inégalité de sexe se trouve au fondement même des normes juridiques qui régissent l’égalité de sexe ; que l’abus sexuel est tacitement permis par les lois qui le combattent ; que la pornographie est une pratique de misogynie et d’abus dissimulée sous le droit à la liberté d’expression qui protège les arts et la littérature, et que le racisme et le sexisme de la loi et de la société ne sont pas seulement étroitement imbriqués mais se constituent mutuellement à bien des égards.
Il n’existe aucune preuve étayant la thèse selon laquelle la pornographie ne cause pas de préjudices, et même les tribunaux ne cherchent plus de faux-fuyants devant ses ravages. Le scandale aujourd’hui, c’est que les préjudices qu’elle provoque constituent la preuve de sa puissance en tant qu’idée et, que, donc, elle doit être protégée au nom de la liberté d’expression. Ayant transformé des préjudices réels en idée de préjudice, et la discrimination en diffamation, les tribunaux nous disent en substance que, dans la mesure où les produits sont diffamatoires, c’est-à-dire contiennent des idées diffamatoires, ils doivent être protégés, même s’ils exercent une discrimination à l’encontre des femmes en usant de moyens qui vont de l’objectification au meurtre.
le racisme et le sexisme de la loi et de la société ne sont pas seulement étroitement imbriqués mais se constituent mutuellement à bien des égards
L’égalité abstraite ébranle l’inégalité réelle, mais en même temps elle la renforce
le genre donne en partie leur signification aux races et aux classes tout en les divisant en deux, pendant que les particularités de celles-ci complètent et traversent le genre
Le premier de ces thèmes est l’analyse de la relation sociale entre les sexes, organisée de telle sorte que les hommes peuvent dominer les femmes et les femmes doivent se soumettre, que cette relation est sexuelle et qu’elle est, en fait, le « sexe ».
Le deuxième thème est une critique de la conception du genre fondée sur la différence plutôt que sur la hiérarchie
Le troisième thème montre comment en Amérique la pornographie est un des moyens essentiels de la mise en acte des deux dynamiques précédentes dans la vie quotidienne
La différence est la définition que le système de genre donne du genre, la domination qu’il dénie, ce qui devrait déjà suffire à la rendre suspecte
En temps que femmes, nous avons été privées non seulement de termes qui nous soient propres pour parler de nos vies, mais de vies à vivre qui nous soient propres
En temps que femmes, nous avons été privées non seulement de termes qui nous soient propres pour parler de nos vies, mais de vies à vivre qui nous soient propres
la pornographie n’est pas, pour les femmes, de l’expression, mais qu’elle est leur silence
La frontière entre public et privé ne passe pas au même endroit pour les femmes et les hommes
Soyez plus radicales que quiconque à l’égard de l’inconnu, car les réponses aux questions qui n’ont jamais été posées sont probablement celles dont nous avons le plus besoin