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EAN : 9782923986951
125 pages
MEditeur (24/01/2014)
4.75/5   2 notes
Résumé :
De nos jours, il n’y a pas plus de prise de position favorable à la traite des êtres humains qu’il y a de prise de position publique pour l’esclavage. Il est également très difficile de trouver des partisanes déclarées de l’inégalité… Ce n’est pas le cas de la prostitution. Certaines personnes sont pour la prostitution.

Plus nombreuses sont celles qui considèrent politiquement correct de la tolérer. La plupart présument que, même si elle n’est pas rée... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Éliminer la criminalisation de la personne prostituée élève son statut ; criminaliser le prostitueur réduit ses privilèges

Issu d'un discours prononcé en janvier 2005 en Inde et complété au fils des présentations, le texte est complété de nombreuses notes de bas de page (ce qui ne facilite pas la lecture, mais permettra aux unes et aux autres de travailler sur ces sources) et d'une abondante bibliographie.

Je n'évoque que quelques points, en renvoyant à d'autres notes de lecture et textes, rappelés à la fin de cette note.

« de nos jours, il n'y a pas plus de prise de position favorable au trafic du sexe qu'il n'y a de prise de position publique pour l'esclavage. le seul enjeu est de définir les termes de telle sorte que rien de ce que l 'on veut soutenir ne soit compris dans la définition. Il est également très difficile de trouver des partisanEs déclaréEs de l'inégalité bien que la définition juridique de l'inégalité soit façonnée par des pratiques que le pouvoir entend pérenniser.

Cela n'est pas le cas de la prostitution. Certaines personnes sont pour la prostitution ; elles la soutiennent. Plus nombreuses sont celles qui considèrent politiquement correct de la tolérer et de ne rien faire d'efficace à son endroit. La plupart présument que, même si elle n'est pas réellement souhaitable, la prostitution est nécessaire, inévitable et sans dommage ».

Catharine A. MacKinnon argumente autour des politiques menées dans de multiples États (Pays-Bas, Allemagne, Nouvelle-Zélande, État de Victoria en Australie, comtés du Nevada aux États-Unis, Canada, Suède, Islande, Norvège, Afrique du Sud, Corée du Sud, Inde, etc.). Elle analyse, entre autres, les industries du sexe, la notion de « agency », l'opprobre sociale pesant sur les personnes prostituées et non sur leurs exploiteurs, l'inégalité des sexes.

L'auteure indique les liens entre position sur le système prostitutionnel et approche juridique. Pour les un-e-s la volonté de décriminaliser toutes et tous les acteurs/actrices de l'industrie du sexe, dont les proxénètes. Pour celles et ceux, dont l'objectif est l'abolition de la prostitution, au regard des bilans des politiques menées dans divers États : « la criminalisation des acheteurs – la demande – ainsi que des vendeurs (proxénètes et trafiquants), tout en décriminalisant les personnes prostituées – les vendues – et tout en leur dispensant l'aide et les formations, dont elles disent avoir besoin »

Catharine A. MacKinnon souligne les rapports entre pauvreté et prostitution, entre groupes raciaux désavantagés ou castes considérées comme inférieures et prostitution, la structure de classe de la prostitution, les violences (les personnes prostituées sont « sujettes à plus de violence qu'aucun autre groupe de femmes »), la surmortalité des personnes prostituées, le jeune age d'entrée dans la prostitution, les liens entre agressions subies (dont les viols collectifs et actes de torture) dans le plus jeune age et entrée dans la prostitution, la dissociation de soi, « la douleur du trauma constamment réinfligé », l'utilisation de drogue…

A la prostitution présentée comme acte sexuel, elle répond que « la rétribution du sexe, c'est le sexe ».

Il ne saurait y avoir de symétrie entre les un-e-s et les autres. « Les différences entre les prostituées, les acheteurs et vendeurs sont que les unes servent, les autres se servent, les unes sont achetées, les autres les achètent ou les vendent, les unes sont stigmatisées, les autres demeurent respectables, les unes sont des criminelles, les autres soit ne le sont pas, soit la loi n'est pratiquement jamais appliquée contre eux ».

Elle rappelle, ce fait toujours invisibilisé par les uns, les « prostitueurs sont presque exclusivement des hommes ». Cela a bien quelque chose a voir avec les rapports de domination, les rapports sociaux de sexe, même si l'auteure n'emploie pas le terme.

Un petit livre qui insiste sur certaines dimension du système prostitueur et sur des pistes alternatives et crédibles au proxénétisme institué. « Toute loi ou politique adéquate pour promouvoir les droits humains des prostituées comporte trois parties : décriminaliser et aider les personnes dans la prostitution, criminaliser résolument leurs acheteurs et criminaliser de façon tangible les tiers qui profitent de la prostitution d'autrui ».
Lien : http://entreleslignesentrele..
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" (...) Nous sommes les habitants de ce monde qui pousse les plus fragiles à disparaître, anorexiques-boulimiques, à se rayer toutes seules de la carte, un monde où 81 % des victimes de violences sexuelles ont subi les premières violences avant l'âge de 18 ans, où 70 % des femmes piégées dans l'industrie du sexe ont été abusées dans leur enfance. Dans ce monde où les mots sont vidés de leur sens, des femmes victimes de la traite au Vietnam, en Chine, en Thaïlande et en Corée, asservies et transportées à San Francisco, ont été renommées une fois arrivées sur place: « travailleuses migrantes du sexe ». Ce qui n'est pas sans nous rappeler le 18e siècle et les « assistants planteurs » du Comité de l'Inde de l'ouest britannique, esclaves africains vendus aux colons des Caraïbes. (...)
Le livre de Catharine A. MacKinnon répond à des questions essentielles. D'où viennent les prostituées, celles de la rue ou d'internet ? En quoi la prostitution est un système de caste raciste et féminicide? Comment déconstruire la notion mortifère de « travail du sexe » à l'heure où celle-ci sous-tend et justifie aussi bien les réseaux de proxénétisme légaux de l'industrie du porno et leurs actrices (aussi actrices en pratique que les acteurs sociaux promis à la rue des licenciements massifs. Rappelons que l'humiliation, les multipénétrations et les coups sur les tournages ne sont pas de l'acting ) que ceux illégaux de la prostitution de maison close ou de rue ? Sachant que les prostituées actrices (celles qui en ont l'occasion, une minorité infime) se plaignent de pratiques de plus en plus dangereuses et que les autres, en chambres ou dans la rue, refusent quand elles le peuvent, les demandes chaque jour plus dégradantes et sadiques que leurs font des clients ayant grandi dans le modèle pornographique.
Aujourd'hui, plus que jamais, c'est un livre nécessaire."
Pierre-Romain Valère in DM (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/trai..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
De nos jours, il n’y a pas plus de prise de position favorable au trafic du sexe qu’il n’y a de prise de position publique pour l’esclavage. Le seul enjeu est de définir les termes de telle sorte que rien de ce que l ’on veut soutenir ne soit compris dans la définition. Il est également très difficile de trouver des partisanEs déclaréEs de l’inégalité bien que la définition juridique de l’inégalité soit façonnée par des pratiques que le pouvoir entend pérenniser.

Cela n’est pas le cas de la prostitution. Certaines personnes sont pour la prostitution ; elles la soutiennent. Plus nombreuses sont celles qui considèrent politiquement correct de la tolérer et de ne rien faire d’efficace à son endroit. La plupart présument que, même si elle n’est pas réellement souhaitable, la prostitution est nécessaire, inévitable et sans dommage
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Les différences entre les prostituées, les acheteurs et vendeurs sont que les unes servent, les autres se servent, les unes sont achetées, les autres les achètent ou les vendent, les unes sont stigmatisées, les autres demeurent respectables, les unes sont des criminelles, les autres soit ne le sont pas, soit la loi n’est pratiquement jamais appliquée contre eux
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Toute loi ou politique adéquate pour promouvoir les droits humains des prostituées comporte trois parties : décriminaliser et aider les personnes dans la prostitution, criminaliser résolument leurs acheteurs et criminaliser de façon tangible les tiers qui profitent de la prostitution d’autrui
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Vidéo de Catharine A. MacKinnon
Turning Rape Into Pornography: Postmodern Genocide | Catharine MacKinnon.
Professor Catharine MacKinnon talks about her long career defending the legal rights of women and her current work seeking justice for women that were abused in the former republic of Yugoslavia.
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