La honte et l'isolement sont encore le plus souvent le lot du déprimé, comme le constate Patricia Karen James, cofondatrice de l'association France dépression et malade elle-même: - L'image de la honte est trop forte, il faut absolument cacher son mal aux voisins, à la famille, aux commerçants, à ses copains, à ses profs. Beaucoup m'ont confié qu'ils allaient chercher leurs médicaments chez un pharmacien situé loin de leur domicile, de façon à ce que personne ne sache rien. Le déprimé est accusé de ne pas prendre ses responsabilités, d'être fragile, bizarre, peu fréquentable, et la liste est encore longue ! il est également accusé d'être coupable de sa maladie; il ressent à ce point l'incompréhension d'autrui qu'il n'ose pas avouer ce dont il souffre. Il n'a même pas le droit de souffrir en paix. (éditions NIL, 1999, p.149)
La dépression est difficile à diagnostiquer chez les enfants car elle se cache souvent derrière d'autres symptômes, comme l'agressivité ou l'inattention.
( NIL, 1999, p.21)
Face à une dépression anxieuse sévère en phase aiguë, la psychothérapie de soutien avec attitude de revalorisation narcissique est indiquée.
Il paraît que les enfants déprimés sont souvent les plus tournés vers les autres, hypersensibles au malheur d'autrui.
Le suicide est un sujet qui dérange.Il touche à l'interdit, à la liberté, à l'ordre de la société, à la vie, à la mort, à Dieu même, pour certains.Saint-Augustin ne disait- il pas que : " Celui qui se tue ne tue rien d'autre qu'un homme, il est homicide. Le suicide est injurieux pour Dieu et représente la révolte totale de celui qui se considère maître de la vie et de la mort, s'égalant à Dieu"?
En 562, le concile de Prague privé de rites funéraires tous les suicidés ; en 693, celui de Tolède, prononce leur excommunication. (...)
Il a fallu attendre la révolution de 1789 pour que la législation républicaine se démarque de l'Église en déclarant que le suicide fait partie de la Liberté de l' homme.Aux États-Unis, aujourd'hui encore, dans certains états le suicide est toujours un délit : celui qui se rate va en prison.
( NIL, 1999, p.71)
J’ai donc passé des heures à réfléchir à la meilleure façon de me supprimer. En fait, il me semble que je n’ai fait que penser à ça. Je me perdais dans des détails techniques. Les 1ères fois, on prend ce qui nous tombe sous la main. On ne réfléchit pas. Après un certain nombre d’échecs, on devient plus systématique, et la problématique est la suivante : il s’agit de mettre fin à sa vie de la manière la moins douloureuse possible et sans risquer se mutiler. On se rend vite compte qu’il n’existe pas de suicide garanti à 100% et que les moyens les plus sûrs sont aussi les plus risqués. S’ajoute à cela qu’il faut lutter contre l’instinct de survie, que la douleur crée une urgence. (…) Moi, j’étais dans ma bulle, dévorée par cette chose monstrueuse à l’intérieur qui occupait tout mon présent et me coupait du monde.
La tristesse est une émotion normale, tout comme il est normal d'être affligé par la perte d'un être cher, entre autres. Le deuil ne devient pathologique que lorsque le désespoir dure au- delà d'un certain temps.On à tendance aujourd'hui à tout médicaliser, même les sentiments.Certains généralistes traitent systématiquement le deuil au Prozac un peu de la même façon qu'il y a vingt ans, on donnait du Théralène aux enfants pour les faire dormir..(...)
( NIL, 1999, p.58 )
Dans les asiles, l'ambiance à changé du tout au tout.N'ayant plus peur des malades, les soignants se sont mis à communiquer avec eux, et les électrochocs se sont trouvés relégués- provisoirement, nous le verrons- au rayon des antiquités.
( NIL, 1999, p.191 )
Édouard Zarifian est un cas d'espèce dans la psychiatrie française. Chef de service à l'hôpital de Caen, auteur à succès, je le connaissais par ses livres et de réputation : celle d'un homme courageux qui avait osé dénoncer dans un rapport officiel la collision entre l'" establishment " psychiatrique et l'industrie pharmaceutique, phénomène qui explique que la France soit le pays au monde où la consommation de médicaments psychotropes est la plus élevée. Cela lui a d'ailleurs valu de solides inimitiés.
( NIL, 1999, p.164)
Le biologiste britannique Lewis Wolpert (...)Selon lui, la dépression c'est de la tristesse qui a mal tourné.
( NI, 1999, p.168)