Homo sapiens, qui marche si longtemps pour cueillir ou pour chasser, est déjà un « beatmaker ». Antoine, très tôt, a tourné autour de cette hypothèse : le sens du rythme maintenant programmé dans notre cerveau, s’est peut-être développé comme un avantage évolutif. Les premiers qui l’ont utilisé pour marcher avec persévérance ou travailler la pierre en cadence ont acquis un pouvoir qui les a favorisés.
(XYZ, p.73)
Il espère ne plus sombrer, ne plus exploser, mais préfère ne pas jouer à être normal.
Le grain de la folie, l’odeur du gouffre rôderont toujours autour de lui. Il doit accepter leur présence pour les tenir à bonne distance.
(XYZ, p.87)
Quand on parle de « matière grise », on évoque plus, à mon avis, la couleur que prend le tissus cérébral dans le formol. À la Banque de cerveaux, on parle plutôt d’« or gris » : une matière capitale pour la recherche sur tous les aspects de l’humain, car c’est de là que tout part.
La nature est entièrement conquise par le vert, un vert plein d’alacrité, d’allégresse, un vert qui s’impose. Par tout ce vert, la forêt respire, se livre à des échanges vitaux et nous en recevons bien notre part si nous allons vers elle d’un cœur ami.
Cette femme a aimé être heureuse. Elle savait nommer le bonheur sans le faire fuir et sans, non plus, avoir la naïveté de croire à sa permanence possible. Elle mesurait qu’être bien, pouvoir rire, c’est une grâce à saisir, une raison d’être reconnaissante. Comme si la présence d’une zone d’ombre, au plus creux d’elle-même, imposait de saisir la joie quand elle passait, de la porter comme un flambeau.
L’ignorance est un manque ; la vertu, une richesse. Bien loin de s’identifier, ignorance et vertu sont donc plutôt contraires.
Les musiciens ont la chance de pouvoir s’aborder en disant, comme des enfants: « Veux-tu jouer avec moi? »
Le corps, en aucune de ses parties, n’est péché. […] L’acte sexuel, entre les époux, comme marque, signe et terme de l’amour total de leur être, est un acte intrinsèquement bon […]. Voir la grandeur de cet acte, c’est avoir pour lui le respect que l’on a pour tout ce qui est grand.
La trame musicale s'ouvre sur le « Prélude à l'après-midi d'un faune », dont Antoine a transformé toute la première partie en solo de hautbois, empruntant les lignes mélodiques les plus éloquentes à divers instruments, les cousant habilement entre elles pour en tirer une fantaisie expressive qui fait émerger la danseuse, d'abord cachée dans le panier comme le serpent l'était avant elle. Elle mente lentement puis redescend, comme prise de torpeur, déposant sa tête doucement sur le sol, ce qui demande à Antoine de dérouler le fil au maximum, et même de dresser le pavillon de son instrument vers le haut. Par vagues successives, la poupée devenue marionnette va réussis à se stabiliser en position verticale.
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément.