Un roman de musique et de maladie mentale.
Un adolescent prometteur est entré au Conservatoire pour perfectionner ses talents musicaux. Il était pianiste, puis devient hautboïste, optant pour une spécialité où la compétition est moins sévère. Tout allait bien pour lui jusqu'au jour où la pression monte dans sa tête, il fuit le sommeil, tout doit aller de plus en plus vite, jusqu'à ce que tout explose. Hôpital psychiatrique, la maladie bipolaire emporte sa vie, il devrait apprendre à composer avec ce bouillonnement intérieur, mais la tentation est souvent grande de cesser de prendre ses médicaments, et alors…
Son parcours permet de faire connaissance avec les autres personnes autour de lui, son père passionné de musique, sa soeur qui fait dans la finance ainsi que les amoureuses qui sont passées dans sa vie. On découvre différentes facettes du monde de la musique, de la passion au snobisme et aux jeux de pouvoir.
Un premier roman, d'une écriture impeccable, qui offre de belles pages sur la musique, son origine et ses effets sur l'âme et qui montre aussi les difficultés de la vie des jeunes musiciens et musiciennes qui tentent de vivre de leur art.
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Homo sapiens, qui marche si longtemps pour cueillir ou pour chasser, est déjà un « beatmaker ». Antoine, très tôt, a tourné autour de cette hypothèse : le sens du rythme maintenant programmé dans notre cerveau, s’est peut-être développé comme un avantage évolutif. Les premiers qui l’ont utilisé pour marcher avec persévérance ou travailler la pierre en cadence ont acquis un pouvoir qui les a favorisés.
(XYZ, p.73)
Il espère ne plus sombrer, ne plus exploser, mais préfère ne pas jouer à être normal.
Le grain de la folie, l’odeur du gouffre rôderont toujours autour de lui. Il doit accepter leur présence pour les tenir à bonne distance.
(XYZ, p.87)
La trame musicale s'ouvre sur le « Prélude à l'après-midi d'un faune », dont Antoine a transformé toute la première partie en solo de hautbois, empruntant les lignes mélodiques les plus éloquentes à divers instruments, les cousant habilement entre elles pour en tirer une fantaisie expressive qui fait émerger la danseuse, d'abord cachée dans le panier comme le serpent l'était avant elle. Elle mente lentement puis redescend, comme prise de torpeur, déposant sa tête doucement sur le sol, ce qui demande à Antoine de dérouler le fil au maximum, et même de dresser le pavillon de son instrument vers le haut. Par vagues successives, la poupée devenue marionnette va réussis à se stabiliser en position verticale.
Les musiciens ont la chance de pouvoir s’aborder en disant, comme des enfants: « Veux-tu jouer avec moi? »
On lui a souvent dit, plus jeune: “tu as la vie devant toi.” Appel à la patience lancé à l’adolescent pressé de vivre. évocation d’une perspective longue et vague, où l’on pourrait se perdre mille fois.Mais ce matin, l’espace et le temps ne font qu’un.
Il sait qu’il a la vie devant lui : elle porte une jupe dansante, et il faut la suivre. (p.151, avant dernier et, dernier paragraphe)