J'ai reçu ce roman lors d'une masse critique, et je remercie bcp Babelio de me l'avoir proposé - très bien vendu d'ailleurs, comme une sorte d'ovni difficile d'accès, labyrinthique : les mots magiques pour me séduire !
C’est un roman qui brouille effectivement les pistes. Parce qu’on navigue entre plusieurs points de vue, dont un est très étrange, puisqu’il s’agit d’Olivia, un chat;
des « je » au présent, dont on ne sait pas bien quand ils parlent, à qui, ni quand ils se situent par rapport à ce qu’ils racontent. On croit comprendre qu’il s’agit d’enregistrements au magnétophone. Et enfin, deux fils narratifs : la disparition de Lulu et sa recherche par sa sœur aînée d’un côté, et la vie de Ted entouré de sa fille Lauren et de son chat Olivia de l’autre;
Le roman est un voyage entre passé et présent, dans les deux trames narratives. Aucune indication de date n’est jamais donnée, ce qui ne facilite pas la tâche.
Un thriller efficace
J’ai avalé ce roman en moins de 48 heures, complètement happée par ce récit.
C’est extrêmement facile à lire : chapitres courts, alternance de points de vue, écriture au « je » et au présent, rapidité du récit… La dernière maison avant les bois est un excellent page turner.
Côté thriller, le roman fait aussi le job : suspense, brouillage de piste, légère enquête policière dans le fond, disparition inquiétante, personnages flippants, cadre glauque. La tension monte peu à peu, extrêmement bien dosée, et l’autrice nous perd très facilement dans son récit. A vrai dire, je pensais avoir deviné au bout d’un tiers les tenants et aboutissants de cette histoire, avant de me rendre compte que je m’étais fourvoyée. Alors j’ai échafaudé d’autres pistes, toutes détruites durant ma lecture. J’ai dû attendre le dernier quart pour enfin découvrir ce que l’autrice avait derrière la tête, et j’ai vraiment été surprise.
Car il y a deux histoires en une dans ce roman, et l’une se cache derrière l’autre de manière très habile.
On a plutôt l’habitude, dans les thrillers, d’avoir des antagonistes déséquilibrés, et des cadavres dans le placard qui sortent en fin de roman. J’ai souvent fait le parallèle entre ce roman et ceux de Paula Hawkins. D’abord parce que je lis peu de thrillers, donc je n’ai pas beaucoup de références, mais aussi parce que j’ai trouvé le rythme, l’immersion et le côté page turner similaires. Les bouquins de Paula Hawkins mettent en scène un quotidien, le vôtre, le mien, celui du voisin… mais révèlent toujours des choses sordides et des antagonistes psychopathes. Je m’attendais donc à ça ici.
Sauf que pas vraiment. Enfin si, mais non. L’horreur et le sordide ne sont pas là où on les attend habituellement. Et c’est là que réside l’originalité de La dernière maison dans les bois. Catriona Ward aborde un sujet pointilleux, méconnu, difficile. Que je ne vais pas dévoiler pour ne pas vous gâcher la surprise. Mais habituellement, comme elle le dit dans sa postface, ce sujet est à la base des thrillers et romans horrifiques. Mais là, l’autrice renverse complètement le point de vue et permet aux lecteurs d’aborder ce sujet de manière différente. Avec une grande sensibilité, beaucoup de tact et d’intelligence. On n'est plus vraiment dans le roman horrifique, de ce fait.
Difficile d’en dire plus, je risquerais de spoiler le roman. Sachez juste que ce renversement est fort bien exécuté, et de ce fait, déplace habilement l’horreur et le sordide. Catriona Ward nous apprend à changer notre regard. Il faut souligner le gros travail de documentation qu’elle a mené. La postface décrit sa démarche, et le roman est accompagné d’une bibliographie assez fournie.
Finalement, excellente lecture ou pas ?
Je n’irais pas jusqu’à dire excellente. Très bonne, certes. Vite avalée, hyper prenante, originale. Et vraiment j’ai aimé la sensibilité que l’autrice a infusée dans ses pages.
Mais il m’a manqué quelque chose. On ne m’aurait pas vendu un OLNI ardu et une lecture décourageante, je pense que mes attentes auraient été moindres. Mais là, j’attendais un petit quelque chose de plus.
J’aurais aimé par exemple une mise en scène un peu plus élaborée dans l’alternance de points de vue. Des entêtes avec les dates et numéros d’enregistrements, par exemple. Une langue également un peu plus élaborée. Ca se lit vite et bien, c’est très facile d’accès : un peu trop pour me séduire totalement. Le langage est très courant, le vocabulaire pas très fourni…
J’ai aussi trouvé que le propos manquait un peu de clarté parfois. C’est évident que vu le sujet traité, ça ne pouvait pas être évident, transparent et facile. Finalement, on peut même penser que ce flou reflète bien l’ensemble du roman et la thématique évoquée. Malgré tout, ça nuit un peu à la compréhension globale du texte à mon sens.
Enfin, certains points m’ont semblé écartés très rapidement, et pas très crédibles. Quelques facilités.
Rien de grave ni de rédhibitoire cependant, ce qui fait que cette maison s’en sort avec un score tout à fait honorable !
Lien :
https://zoeprendlaplume.fr/c..