On March 31, 2016, the Young Alumnae Committee hosted an evening with alumna author, Cecily Wong 10, for a reading and discussion of her debut novel, Diamond Head.
- Ces nœuds ne disparaissent pas à la mort, vois-tu. Et c'est pour nous la plus grande source de désarroi. Ces nœuds se transmettent de mère en fille, de père en fils. Si bien que plus on se perd en route, plus on complique la tâche future de ses enfants et de leurs enfants ensuite.
Mais l'art exige de l'argent. C'est toi qui me l'a appris, tu te souviens ? Alors gagnons-en tant que la chance nous sourit. Ce sont tes propres mots, papa !
" Quand on veut, on peut, et quand on peut, on doit."
Elle plissa les yeux sous sa main placée en visière. Elle avait du mal à voir ce qui apparaissait à l'horizon. On aurait dit des oiseaux, points noirs flous émergeant entre les nuages puis disparaissant, formant un V irrégulier qui grossissait. Ils passèrent entre les cimes de la chaîne de montagnes, plongèrent de plus en plus bas, progressant à une cadence régulière. Quand ils atteignirent la taille de gros moustiques fourmillant au loin, ma mère demanda : qu'est ce ?
Elle pouvait réciter les noms des sept mets dans son sommeil, avait appris par cœur leurs symboles [...] : la racine de lotus pour l'amitié, la courge pour une longue lignée de descendants, les carottes pour la richesse et la prospérité, la noix de coco pour une relation solide entre père et fils, le gingembre pour une bonne santé, les graines de melon pour la fertilité et celles de lotus pour la protection des fils.
Une aventure… Un mariage forcé… Une concubine… Une prostituée… Voilà autant de nœuds possibles sur un fil rouge. De punitions pour des erreurs. Sans nœuds, un fil est aussi souple qu’un ruban de soie, vois-tu. Il peut traverser des montagnes, se faufiler entre les voitures, les arbres et les voies de chemin de fer. Il peut franchir un océan et trois pays différents pour relier deux êtres prédestinés. Avec des nœuds, un fil devient très différent.
Son allemand était impeccable, tout comme son français et son anglais – il les travaillait tous les soirs dans sa bibliothèque. Les langues le ravissaient. Les verbes, la syntaxe, les expressions familières le mettaient en joie, telle une énigme qu’il aurait été le seul à pouvoir résoudre et dont il partageait la solution, à la table du dîner, avec Nainai et Maku, insistant pour qu’ils partagent sa passion. Rien ne le réjouissait plus que de faire une blague dans une langue étrangère – provoquer l’hilarité d’une tablée d’Européens, leur démontrer combien il avait de l’esprit dans leur langue maternelle. Il se sentait puissant grâce à sa maîtrise linguistique, confiant dans les affaires et bien installé socialement. Un homme cosmopolite, voilà comment il se définissait, prêt à montrer sa loyauté à quasiment tous les pays situés entre la Chine et l’Espagne.
L’amour était un luxe réservé aux riches. Ils pouvaient se permettre d’avoir tort, ils pouvaient changer d’avis sur un coup de tête. Bien sûr c’était injuste, mais l’existence consistait au fond en une succession de choix stratégiques. Ce n’était qu’en suivant les règles du jeu qu’on avait une chance de gagner. Se convaincre que l’équité existait, que tout le monde avait les mêmes chances dans la vie était le plus sûr moyen de se noyer, d’être aspiré dans un gouffre avec le reste des gens ordinaires.
Si la fatalité est cette voiture alors le destin est la route que nous empruntons . Et cette route il nous incombe de la choisir. Nous décidons de tourner, d’accélérer et de ralentir de nous arrêter de repartir. Ça c’est le destin. Peu importe la voiture que nous conduisons la route est ouverte à chacun d’entre nous. Nous avons tous une chance de faire ce que nous pouvons. Peu importe la voiture, la fatalité nous décidons du chemin.
La vie est un rêve, la mort est un retour chez soi
Qu’éprouve-t-on quand on aime si fort et que cet amour est dévastateur ? Était-ce le destin ou une punition pour avoir voulu y échapper? Une réalité que les gens assimilaient au destin au terme de leur vie alors qu’ils essayaient de se réconcilier avec leurs erreurs, avec tous les événements qui leur avaient échappé et auxquels ils voulaient enfin donner sens.