Pour terminer en beauté cette troisième saison dans les coulisses du genre, Nicolas Perge, auteur-réalisateur, immense fan de polars à l'âme de collectionneur, partage avec nous sa passion pour la Reine du crime et nous dévoile ses coups de cur, pêchés comme des trésors dans le fonds des éditions du Masque. Du Agatha Christie, bien sûr, mais également de pures pépites méconnues de la littérature noire, écrites par Catherine Arley, Celia Fremlin ou encore Kyril Bonfiglioli.
De quoi alimenter vos longues soirées d'hiver au coin du feu...
Bonne écoute ! 🎧
Passer l'aspirateur est une opération apaisante, reposante pour l'esprit et juste assez bruyante pour tenir les pensées en sommeil.
Curieux, comme les gens ont scrupule à vous ennuyer quand ils savent que vous ne serez pas d'accord avec ce qu'ils ont à vous dire.
Aucun lange, aucun vieux morceau de pain mâchouillé. Louise soupira. Elle n’hésite pas à demander à la jeune femme comment elle s’y prenait. Mais cela n’aurait servi à rien. Les mères efficaces ne savent jamais vous dire comment elles font. Les bébés propres et sages, les ours en peluche qui ne collent pas, semblaient leur arriver comme ça.
Rubbish !”, she snapped. “A woman can discipline a boy just as well as a man can. In my day, widows were doing it by the thousand, and with most creditable results. And with no help from the Welfare State, either. Whenever I hear that a child is going to the bad because he hasn’t got a father, I always ask the same question: Why hasn’t he got a father? In nine cases out of ten, it’s not that the father is dead, it’s that he’s gone off somewhere. Gone off because his wife doesn’t know how to hold him. It stands to reason that the kind of woman who doesn’t know how to keep a man contented and under control won’t know how to keep a child contented and under control either. To say that a broken home causes a child to go astray is like saying that a broken teapot causes a broken plate. Really it’s just that the same housemaid has dropped both of them.
Ce serait une bonne chose de chasser les fantômes de cette chambre, d’y faire pénétrer le grand air, de la rendre à la vie quotidienne. D’exorciser l’endroit par un usage régulier et énergique. Comme ça, il cesserait d’être une menace qui l’attendait en haut des escaliers.
Les veuves ne vendent jamais leur maison. Elles parlent tout le temps de le faire, et pendant les premiers six mois, elles vous donnent du je-ne-peux-pas-supporter-les-souvenirs. Elles peuvent se le permettre, à ce stade, parce que personne n’est assez sans cœur pour attendre des malheureuses femmes qu’elles fassent quelque chose. Mais finalement, quand elles vont mieux et qu’il s’agit de passer aux actes, et de déménager pour de bon, elles ressortent soudain l’argument des souvenirs, mais cette fois, elles décident qu’elles ne peuvent pas abandonner la rhubarbe que le cher défunt avait plantée. C’est pour ça que, personnellement, je m’en tiens aux divorcées.
A force de négliger ses propres désirs, ne finit-on pas cesser d’en avoir ? Pas cesser complètement d’être, en faite, un être humain pour devenir un simple gadget à gagner du temps pour toute la maisonnée ?
Le pire de tout, peut-être, c’était le nombre incroyable de gens qui ne « savaient pas », qui n’avaient pas appris la nouvelle, et à qui il fallait tout raconter. Ceux dont on figeait le sourire, ceux dont on bloquait les salutations joyeuses dans la gorge, comme si on les avait frappés à la mâchoire. Ils étaient tous là, à la saluer depuis l’autre côté de la rue, derrière le portail de leur jardin, à téléphoner sans prévenir de Los Angeles, d’Aberdeen, de Beckenham, pour voir leurs salutations réduites au silence et leur voix s’étrangler de surprise.
Qui aurait pu penser que ce petit journaliste désinvolte, qui n’arrêtait pas de regarder sa montre pendant qu’elle parlait, aurait la curiosité de comparer cette déclaration avec le communiqué de la police ? Et que la contradiction entre les deux serait reprise et commentée dans les journaux – à court d’actualités cette semaine-là, à ce qu’il semblait –, à tel point que d’innombrables inconnus impatients étaient venus frapper à sa porte, le carnet à la main, les yeux brillants et une bonne histoire presque déjà dans la poche ?
Ce n’était pas juste. Ivor avait été vivant durant toutes ces années pendant que le cher Desmond était tranquillement mort. Comment un vivant pouvait-il rivaliser en patience, en gentillesse et en amabilité avec un mort ? Le cher Desmond avait tout pour lui, là-bas sous l’herbe verte du cimetière, luxuriante maintenant qu’elle avait eu quatre ans pour pousser, et peut-être même piquée de pâquerettes. Ses coups d’éclat, quels qu’ils aient pu être, avaient été enterrés avec lui, et il n’y avait personne pour les ressusciter.