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Critiques de Céline Tran (36)
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Itinéraire d'une garce

Une femme dans la cinquantaine découvre tout à la fois l’infidélité de son mari, la ménopause… et son propre corps.

Les dessins de Grazia La Padula sont d’une grande beauté, déjà la couverture pour vous faire une idée, mais l’intérieur encore plus. C’est le plus grand charme de cet album.

Car si l’histoire ne manque pas d’intérêt – ni de scènes torrides – je l’ai trouvée un peu trop fouillis, comme si l’autrice avait voulu y caser trop de choses en même temps.

Couple libre, applis de rencontre : OK. Plaisir féminin, sextoys : OK. Ménopause : OK… Voilà, tout y est, chaque thème "tendance" est abordé.

Le résultat est donc un peu survolé, un peu artificiel même si l’héroïne et son mari avaient toutes les qualités pour devenir des personnages vraiment attachants.



Challenge Bande dessinée 2024
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Ne dis pas que tu aimes ça

Coucou !



Aujourd'hui, je partage ma dernière lecture, je suis content d'ailleurs parce que j'enchaîne les livres, ce qui veut dire que j'apprécie mes dernières lectures et que je suis bien parti en 2024 pour lire davantage qu'en 2023, et que je procastrine moins aussi...



Mais bon, parlons de ce livre écrit par @iamcelinetran. Pour donner un peu de contexte, je me suis intéressé à ce livre par curiosité, j'ai vu quelques scènes de cette actrice quand j'étais jeune adulte parce qu'elle était jolie, mais sans plus, je trouvais ça très hard et le porno ce n'était pas mon truc, c'était plus pour me tester, combler des manques vu que j'étais très timide et introverti. Et puis, un jour, je l'ai vue dans Le visiteur du futur, une série que je vous conseille et là, je me suis dit "tiens, ça c'est un bon choix" et puis j'ai vu de loin via les RS qu'elle avait changé totalement de vie.



Je n'aime pas trop lire des livres écrits par des célébrités, je suis souvent sceptique qu'ils les écrivent eux-mêmes, mais je me demandais ce qu'elle avait à nous raconter, je me posais des questions sur ce qui pouvait conduire quelqu'un à faire du porno, comment elle l'avait vécu, etc...



A vrai dire, je trouve que le livre est très bien écrit, que la plume est fluide, qu'il y a un vrai soin apporté à la forme et je pense que c'est elle qui l'a écrit. Ensuite, elle a répondu à pas mal d'interrogations (sur sa relation avec sa famille notamment), à travers son parcours, on découvre quelqu'un de très humain, sensible, intelligent... J'ai eu la surprise de me découvrir des points communs (éducation, timidité, manque de confiance). Elle ne fait pas l'apologie du porno, mais elle ne le diabolise pas. Elle nous raconte sa carrière, sa quête de plaisir mais aussi les moments où son corps a décidé de lui parler (un autre point commun mais dans un contexte différent, quand le corps ne veut pas/plus, il le fait savoir). J'aurais aimé en savoir davantage sur son après-carrière. Elle l'aborde, mais les chapitres sont moins nombreux, néanmoins, elle semble enchaîner les projets. Insatiable, elle semble créative et dynamique.



"C'était oublier mon père qui avait déjà tracé ma route : Non. Tu te spécialiseras en droit."



Elle nous parle de thérapie aussi, d'hypnothérapie, carrière qu'elle a décidé d'embrasser par la suite, mais d'abord, elle a été patiente, et étant moi-même patient dans le cadre d'une hypnothérapie actuellement, les quelques séquences où elle en parle m'ont parlé, et donc d'auto-hypnose également. Celine Tran, c'est plus qu'une jeune femme qui a découvert le porno, qui a été addict et qui a arrêté 12/13 ans plus tard, c'est une vraie belle personne.



L'addiction est également un thème central de son livre, une dépendance qu'elle associe forcément à la pornographie, mais qui dans le fond ressemble au fonctionnement d'autres addictions comme le tabac,l'alcool, le cannabis, l'adrénaline et d'autres encore... Il y a une curiosité, une envie, un désir à l'origine de la naissance de cette addiction, puis une dépendance chronique, un besoin, une nécessité, avant que l'addiction ne devienne insupportable et qu'il faille décider d'y mettre un terme, ce qu'elle a réussi à faire le moment venu. L'addiction aide un temps, donne une raison de vivre, mais finit par nous faire souffrir.



"Mon corps est devenu ma possibilité de toucher celui que j'aime, de l'atteindre et de fondre en lui. Il n'est plus outil : il est moi, et coeur qui bat."



Pour conclure, je dirais que le titre est très bien choisi, et cela m'a parlé car j'ai eu des expériences libertines, sans rien regretter, c'est difficile de l'assumer pour moi. Elle parle de courage, de liberté, de refus de la honte à aimer certains plaisirs, d'assumer ses choix. Tout en montrant que ce n'est pas toujours facile, notamment avec sa famille. D'ailleurs, j'ai fait un parallèle, quand j'ai décidé de changer d'alimentation (végé puis vegan), cela a provoqué de drôles de réactions dans la famille, et même si ça a été dur pour ses proches qui ne l'ont pas su de suite, ils semblent l'avoir mieux accepté que moi mon alimentation. C'est ça l'amour, je pense, dans le fond c'est un livre qui parle d'amour... D'amour de soi, mais aussi des autres... D'amour dans le sens où la sexualité n'exprime pas toujours de l'amour, mais où à un moment donné la sexualité sert aussi à exprimer l'amour et que le corps en a besoin...



"Lâcher le passé sans le renier sonne comme une démarche constructive."



Spoil : justement, en parlant d'amour elle a eu son happy end, elle qui nous parle de sexualité et de la difficulté de nouer une relation dans son ancien milieu. Je n'en dis pas plus.
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Doggybags, tome 6

« Doggybags, volume 6 » varie quelque peu les plaisirs en mixant cette fois les influences gore vampiriques avec le thème de la sexualité, abordé sous l’angle aujourd’hui moderne de l’envahissante pornographie.



La porn star Kastuni trouve dans ce style volontairement régressif l’occasion d’extérioriser d’autres facettes de ses « talents » artistiques produisant des scénarios basiques et autobiographiques ou on devine une certaine brutalité dans les tournages de style « gang bang ».



Pour le reste, les amateurs retrouveront le coté crade et grossier du graphisme des auteurs habituels. Avec cet apport ponctuel et particulier, ce volume six change un peu la donne, sans bouleverser pour autant par son audace ou son génie.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Itinéraire d'une garce

Je n'aurais rien à ajouter aux autres avis sur cette BD tant ils ont décrit à merveille ce que je ressens aussi : une BD touchante, juste et qui nous fait ressentir tout une remise en question d'une femme mature. C'est beau, enveloppé dans des textes qui font mouche autant qu'ils nous plongent directement au cœur du sujet. C'est sensible, dans le sens noble du terme, et ça m'a sincèrement touché.



Je lorgnais sur cette BD comme celles qui font partie de la nouvelle collection de Glénat "Porn'pop", dirigée par Céline Tran, dont j'ai envie de lire tout les titres (sauf Petit Paul). Céline Tran était connue comme actrice du X, puis comme actrice tout court notamment dans des fictions youtube, en tant qu'auteure dans des petites histoires du label 619, et maintenant comme directrice de collection. Et ce bagage, on le sent dans l'histoire qu'elle nous donne ici, avec un ton maitrisé de bout en bout, l'utilisation de textes qui frisent la poésie et une histoire en totale empathie.



C'est surtout la façon dont le récit évolue autour de cette femme qui en fait sa force. Il n'y a pas ici de regard extérieur, tout est posé dans la façon dont cette femme voit le monde, mais surtout dont elle se voit. Les textes qui parsèment l’œuvre sont une petite merveille à lire, permettant de se plonger réellement dans la pensée de Élise. Le regard conduit tout le récit, regard d’Élise sur elle-même et sa vie, regard des autres sur elle, regard du lecteur sur l'ensemble.

Bien sur, la collection reste portée sur la pornographie, mais nous sommes très loin du genre de BD qui se lit à une main. Pour être honnête, ça s'approche bien plus du roman graphique pour moi. La pornographie n'est utilisée que comme outil de narration, à tel point que j'ai du réfléchir pour me rappeler les scènes osées qui parsèment l'ouvrage. C'est vraiment ce qui marque le moins.



Non, la BD est marquante pour son dessin, qui sublime le propos en nous montrant le désir, l'envie, le mystère, la séduction, le regard ... C'est un dessin sensuel, qui explore un corps vieillissant mais qui sait encore frémir à l'envie. C'est un dessin qui joue sur les cadrages, les couleurs (magnifiques au passage) et sur les expressions pour que passe plus que simplement le texte. C'est beau, vraiment beau, et ce dessin nous entraine dans un propos qui reste toujours à hauteur d'humain.



Je pourrais encore ajouter, mais les autres avis l'ont déjà mieux dit, alors je ne peux que rester sur un conseil de lecture très sincère. C'est franchement un gros coup de cœur que j'ai eu à la lecture, et c'est une chaude recommandation que je fais. Ça fait longtemps que je n'ai pas lu une BD qui donne autant l'impression d'être sincère dans son propos et humaine dans son traitement. Lisez-là !
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Ne dis pas que tu aimes ça

Céline, à travers son parcours de vie déjà si riche, nous parle de liberté, d’exploration, de prise de conscience qui ont été son moteur pour avancé, chercher, se remettre en question.



Ses expériences, aussi diverses que variées (actrice porno, pratiquante d’art martial et de yoga, masseuse, praticienne d’hypnose, et bien d’autres) ont fait d’elle une personne ouverte d’esprit, très humaine qu’on apprend à connaître au fil des pages qui respire l’authenticité, la passion et la furieuse envie de trouver un sens à tout ça.



Pour ma part, je me suis retrouvé dans ses errances philosophique, ses solitudes qu’elle décrit, ses questionnements sur le sens de la vie ; ce qui m’as fait d’autant plus apprécié ma lecture.



Biographie riche et passionnante donc, qui lève pas mal de préjugés qu’on pourrait avoir sur les actrices et acteurs porno, qui donne à réfléchir sur notre place dans ce monde et sur notre propre parcours de vie. Une lecture que je recommande.
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Doggybags, tome 6

Pour ce tome 6 de "Doggybags" qui est axé sur Céline Tran alias Katsuni, elle est avec RUN créateur du Label 619 avec qui elle travaille en binôme pour ce qui est du scénario des trois histoires.



J'avais déjà lu il y a quelques semaines la suite de ce tome 6 "Heartbreaker" dans un format "Doggybags Présente" qui sont des tomes bien spécifiques et à part dans la collection de base.



Pour ce tome 6, clairement... c'est hardcore. Que ce soit par le style de dessin, les scénarios ou l'aspect pornographiquement sanglant...



Clairement, ça ne plaira pas à tout le monde et à ne pas mettre entre toutes les mains. Oui car les planches sont vraiment hard !
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Itinéraire d'une garce

Vu le sujet, j'avais vraiment peur de commencer ma lecture... peur que se soit larmoyant peut-être ou que ça fasse vibrer la mauvaise corde... mais, qu'importe, j'ai la phobie des PAL alors... 🧐

Et je me suis pris une grande claque dans la gueule ! 😲

On passe par toutes les couleurs, toutes les émotions. Le dessin est vraiment formidable, il vous emporte dans un flot ininterrompu de passions, accompagnant l'héroïne au fils de son aventure. 🖤💗

Merci pour ce récit qui devrait être mieux mis en avant, et qu'on devrait conseiller aux femmes qui doutent et qui s'enlisent dans une vie normative. Nul besoin de tout changer, il faut juste continuer à avancer, pour soi avant tout et pour se faire plaisir ! 🥰
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Itinéraire d'une garce

Cette BD traite, entre autres, de la prise en main de la sexualité d'une femme en pré-ménopause, engluée dans un mariage où elle a perdu de vue sa féminité, le plaisir, la jouissance du corps. Le déclencheur de sa transformation sera la découverte de l'infidélité de son mari. S'en suit alors un chemin de découverte et d'épanouissement de soi. Les cases de BD sont entrecoupées de textes de réflexion, sorte de lettres ouvertes à son mari d'abord, puis à elle-même. L'érotisme est bien présent, la sensualité et la sexualité, mais sans vulgarité. Beaucoup de douceur émane du graphisme. J'ai vraiment aimé cet ouvrage qui parlera sans doute à beaucoup de femmes. Merci à Céline Tran et Grazia La Padula pour ce magnifique travail.
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Itinéraire d'une garce

À 52 ans, Élise est une femme heureuse de vivre une vie routinière avec son mari. Mais lorsqu'elle découvre que son homme la trompe, des interrogations intérieures fusent dans tous les sens…

Comment va-t-elle réagir ?



Cet album, qui fait partie de la collection Porn'pop de chez Glénat, contient des questionnements sur la vie de couple, l'amour, la fidélité, l'orientation sexuelle, le plaisir, le désir, le jugement, la sexualité, le corps, l'épanouissement...

Nous découvrons les pensées intimes d’Élise qui va apprendre à se connaître grâce à cette épreuve qu’elle n’attendait pas. Nous nous sommes attachés à sa personnalité, Elise semble fragile, elle a ses tristesses mais aussi ses envie de bonheur, elle ne se laisse pas aller et continue d’avancer.



Nous avons pris plaisir à tourner les pages de cet album au récit bien mené et juste. Les planches sont belles à contempler avec un graphisme en rondeur et de belles aquarelles. Les écrits d’Élise sont chargés en émotions, vibrant et touchants.



Sensuelle et émouvante, cette histoire que nous n'attendions pas, se révèle une excellente surprise pleine de sensibilité sur le parcours initiatique d'une femme d’un peu plus de cinquante ans...
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Votre meilleur ami, c'est vous

Un livre doux et bienveillant qui, malgré ce que pourrait laisser sous-entendre le titre, ne prône pas l’autocentrisme mais nous accompagne plutôt à être nous, au milieu des autres. On y apprend à se respecter, à trouver sa place et à comprendre nos sentiments. Très instructif.
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Itinéraire d'une garce

Découpé en parties reprenant pas à pas l’émancipation d’Elise, ce très beau scénario alterne prose intime et pages de BD. Rempli d’émotions, le cheminement de pensée de cette femme à l’aube de la ménopause est un appel à se découvrir et s’écouter soi-même. Une invitation à ne pas cantonner la sexualité à une routine normée ou bridée et à réfléchir s’interroger sur l’idée de confiance mutuelle. Subtilement écrit, cet ouvrage est aussi celui d’une révélation graphique.
Lien : http://www.bodoi.info/itiner..
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Itinéraire d'une garce

le courage d'être soi



Dirigée par Céline Tran, ancienne star du porno, la collection Porn’pop nous réserve bien des pépites… Parmi elles, Itinéraire d'une garce, écrite par ses soins, est peut-être l’un des plus beaux albums de la collection et est, en soit, un petit chef d’œuvre du neuvième art…



Certes, le somptueux dessin de Grazia La Padula, tout en pudeur et en retenue, est une petite merveille qui retranscrit avec une rare justesse les émotions de notre héroïne, Elise, femme blessée par un mari volage… Après avoir ébranlé les fondations de son petit monde, la trahison de son époux allait entraîner une salutaire remise en question et une découverte de son corps et de ses désirs, de sa sensualité et de ses fantasmes trop longtemps refoulés… et du plaisir que peuvent procurer l’imagination et les caresses…



Rarement textes et images auront connu pareille harmonie et la beauté qui se dégage de l’album, les réflexions et les ressentis de cette femme subtilement restitués par le somptueux dessin, les dialogues subtils et les textes ciselés qui ponctuent le récit… tout contribue à pousser le lecteur à amorcer une salutaire réflexion sur sa relation au corps, au plaisir et sur sa sexualité… N’est pas le propre d’un excellent livre que de susciter pareils questionnements ?
Lien : http://sdimag.fr/index.php?r..
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Itinéraire d'une garce

Quelle femme je veux être ?

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Il s’agit d’une histoire complète indépendante de toute autre. La première édition date de 2022. Cette bande dessinée a été réalisée par Céline Tran pour le scénario, et par Grazia la Padula pour les dessins et les couleurs. Elle comporte un peu plus d’une centaine de pages de bande dessinée, entrecoupée de courts textes correspondant à des réflexions intérieures de l’héroïne.



Le téléphone d’Élise sonne, sur sa fonction réveil. Elle l’arrête, et réveille doucement son mari à ses côtés dans le lit. Elle est en culotte et elle se lève. Elle passe une robe de chambre et va préparer la table du petit-déjeuner. Il arrive en teeshirt et pantalon de pyjama, alors qu’elle verse le café, et il dépose un chaste baiser sur son front. Le téléphone d’Élise vibre : un message lui indiquant que son rendez-vous du matin est décalé au midi, juste pendant sa pause. Elle doit interviewer Belinda Bella, une star des réseaux sociaux, une Instagram Model. Son mari la charrie : Élise n’est même pas sur Instagram, et cette influenceuse dispose réellement de nombreux suiveurs. Il l’informe que leur fille Manon vient bientôt passer quelques jours à la maison. Elle doit rappeler dans quelques minutes pour dire quand elle arrive. La mère en déduit que sa fille ne part plus en stage à Londres avec Fred, tout en se demandant pourquoi Manon ne lui en parle jamais. Il part prendre sa douche, et elle finit ses tartines. Puis elle se lève et va dans la chambre. Elle enlève sa robe de chambre, et prend le téléphone de son mari qui est en train de sonner. Elle manque l’appel, mais écoute les messages. Le premier est de sa fille : elle arrive samedi et elle demande à son père de ne pas dire à sa mère qu’elle a rompu avec Fred. Elle écoute le second : une confirmation de réservation de la suite habituelle pour le lendemain vendredi dès dix-neuf heures. Conformément à sa demande : suite Marquise avec vue sur jardin, champagne et fraises pour madame. Le mari sort de la salle de bain, la brosse à dent dans la bouche : elle confirme que c’était Manon annonçant son arrivée et sa rupture avec Fred. Elle rentre dans la salle de bain, enlève sa culotte et rentre dans la baignoire, pendant que son mari lui annonce qu’il ne rentrera pas ce week-end pour des raisons professionnelles. Elle se laisse glisser au fond de la baignoire et se met à pleure.



Élise se dit que c’est le comble : c’est elle qui a honte. Mais de quoi serait-elle coupable ? Son époux continue de sourire comme si de rien n’était, avec cette tendresse qui a toujours défini son regard. Il ment tout en la serrant dans ses bras. Il la quitte pour rejoindre une autre. Il l’embrasse, la pénètre, jouit avec elle. Et pendant ce temps-là, elle s’endort en paix dans leur lit. Combien de fois l’a-t-il retrouvée après l’avoir baisée ? Combien de fois compte-t-il partir encore pour jouir avec elle ? Y en a-t-il d’autres ? Combien sont-elles ? Le lendemain, Élise réalise l’interview avec Belinda Bella, une tombeuse. Puis elle se rend chez sa gynécologue qui lui parle ménopause, sécheresse vaginale et lubrifiant.



Une femme trompée et qui se conduit comme une garce ? Pas tout à fait. La scénariste met en scène un couple qui visiblement gagne bien sa vie. La quatrième de couverture précise que Élise a 52 ans, les dessins montrent une femme bien conservée, légèrement empâtée qui pourrait en avoir 40. Elle travaille pour un magazine féminin indéterminé. Leur fille Manon semble avoir terminé ses études, ne pas être forcément encore établie, ni professionnellement, ni amoureusement. Son corps est visiblement plus ferme que celui de sa mère. Le mari est très bien conservé, athlétique, grand beau et fort, avec également une bonne situation de cadre qui l’amène à voyager régulièrement, pour quelques jours. Ils ont un appartement spacieux, sans luxe ostentatoire. L’histoire est racontée du point de vue d’Élise, un point de vue féminin qui n’est pas féministe. Les dessins appartiennent à un registre descriptif, avec des traits de contour très légers pour les silhouettes humaines dont les détails sont réalisés en couleur direct. Pour les décors, ils peuvent aussi bien être dépeint avec des traits de contour minutieux, puis peints, qu’entièrement en couleur directe. Cela aboutit à une narration visuelle plutôt douce, avec un niveau de détail élevé, des représentations très concrètes.



L’artiste réalise des planches très agréable avec un sens du détail descriptif et narratif remarquable. Au fils des planches, le lecteur apprécie de pouvoir regarder autour de lui et d’admirer la chambre à coucher du couple dans toute son intimité, leur cuisine tout équipée avec la table les chaises, les placards, les appareils électroménagers, le grille-pain les sets de table, le salon avec le canapé confortable pour regarder la télévision à deux, etc. Il prend grand plaisir à accompagner Élise dans le métro (avec des slogans d’affiche publicitaire qui lui suggère d’aller voir ailleurs), chez la gynécologue, à l’interview, au yoga, dans les couloirs de l’hôtel George VI (magnifiques tapis dans les couloirs), au cours de boxe, à la journée au hammam, au café ou encore chez le bottier pour une séance d’essayage très sensuelle. Il apprécie de voir que Gazia la Padula dessine des individus avec des morphologies variées, des visages expressifs, sans exagération.



Cette bande dessinée est publiée par Glénat dans sa collection Porn’Pop, et une mention sur la quatrième de couverture précise que la mise à disposition des mineurs est interdite. De fait, les personnages sont représentés nus sans hypocrisie, à commencer lorsqu’ils prennent une douche, mais aussi lors des relations sexuelles en solo ou à plusieurs. La dessinatrice le fait sans hypocrisie, montrant des corps imparfaits et séduisants. Lors des rapports sexuels, elle va jusqu’au gros plan de la pénétration à deux ou trois reprises quand Élise ou son époux ont sciemment recherché une relation sexuelle, quand elle souhaite éprouver une sensation charnelle. De ce point de vue les promesses de la couverture sont bien tenues. À nouveau, le point de vue reste féminin, au travers des actions et des émotions d’Élise. Toutefois, c’est la sensualité qui prédomine, et le désir qui s’éveille peu à peu au travers des images : le constat de dépit en regardant son corps dans la glace, la position très technique de l’examen gynécologique, puis petit à petit la prise de conscience des sens, dans les vestiaires du yoga, puis du cours de boxe, puis dans le hammam. Le lecteur ressent une forte empathie pour Élise ce qui a pour effet de le faire considérer les dessins comme étant plus érotiques que pornographiques.



Une femme trompée et qui comprend qu’elle a été aveugle au comportement de son mari, voilà qui rappelle l’une des premières bandes dessinées du genre réalisé par une femme : Le démon de midi (1996), de Florence Cestac. Ici la narration ne s’inscrit pas dans le registre comique, et les sentiments sont plus présents. La découverte de la tromperie de son époux la plonge dans une phase de déprime prononcée, mais il s’agit d’un couple ayant la cinquantaine, sans volonté de tout recommencer. Passant par différentes phases, elle décide de s’occuper d’elle et de son plaisir. La douleur sentimentale occasionnée par la trahison est bien présente, mais dans le même temps elle n’a pas de velléité de refaire sa vie, de tirer un trait sur une relation maritale qui lui apporte toujours le plaisir du partage, d’une vie à deux douillette. Elle se demande donc plutôt ce qu’elle souhaite elle, comme libérée de son vœu de fidélité. D’un côté, elle n’avait jamais envisagé de rechercher sa satisfaction par elle-même sans époux, de l’autre elle éprouve l’envie d’explorer et elle en a le courage. Elle ne se met pas du jour au lendemain à draguer tout ce qui passe à sa portée. Son éveil au plaisir de son corps est progressif. C’est comme si une barrière mentale avait été levée et qu’elle s’autorise des pensées, puis des actes qui étaient précédemment tabous. S’il n’y avait pas de passage à l’acte, cette dame serait vraiment fleur bleue. Sa démarche apparaît authentique au lecteur : à la fois son affliction sentimentale, à la fois ses envies qui se manifestent d’abord dans des rêves explicites, puis dans la prise de conscience desdites envies. Là encore, la narration visuelle s’avère épatante pour montrer ce mélange de trouble et de désir. Le lecteur sourit quand après une séance de yoga, Élise se retrouve par erreur dans le vestiaire des hommes et découvre un spécimen sympathique nu devant elle. Il sourit encore en voyant son trouble lors des massages au hammam, par un grand costaud musclé, encore plus quand elle se fait la remarque qu’elle ne souhaiterait nullement avoir une relation avec un homme de cette carrure.



Au fil des expériences et de la reconnexion grandissante d’Élise avec ses sensations physiques, le lecteur éprouve une forte empathie de la voir gagner en confiance, tout en restant parfois timorée ou maladroite. À ce titre, le test d’un vibromasseur dans sa salle de bains est plus touchant que drôle : quand l’appareil s’arrête et qu’elle le remet à charger, ou quand son mari arrive et qu’il la trouve à quatre pattes en culottes en train de faire mine de ramasser quelque chose par terre. Le récit est découpé en sept chapitres dont la succession des titres montre bien la progression d’Élise : Se réveiller, Crier, Lâcher, Sentir, Oser, Jouir, Aimer. Chaque chapitre comprend un ou deux textes d’une ou deux pages, correspondant aux réflexion internes d’Élise, intitulés : Bataille, Obsession, Sens, Sidération, Frustration, Libido, Féminité, Rituel, Vibrations, Fantasmes, Partage, Tromperie, Mon amour. Le lecteur peut ainsi plonger dans ses pensées et partager son état d’esprit plus avant, apprenant à connaître un être humain très normal, une femme gentille sans être idiote, fidèle sans être servile.



Une femme trompée et qui devient une garce ? Cet album est beaucoup plus riche que ça : l’itinéraire certes, mais d’une femme qui décide de retrouver son plaisir physique. D’un côté, c’est un schéma d’une banalité générique, de l’autre les autrices en font une femme sympathique et agréable, avec une narration visuelle douce et sans fard, concrète et toute en sensations, toute en sensualité même lors des relations sexuelles explicites. La scénariste suit le schéma classique de libération progressive, sans donner le beau rôle à Élise, simplement en la montrant sans fard, son épanouissement étant une évidence, sans pour autant tourner le dos à ses responsabilités d’adulte. Superbe.
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Itinéraire d'une garce

L'ensemble est véritablement transcendé par le talent de Grazia La Padula. Sa très belle couverture nous attire, on commence à feuilleter l'album, on tombe immédiatement sous le charme de ses planches sublimes, les expressions, la transparence de ses aquarelles, les illustrations intermédiaires qui nous transportent dans des scénettes figées d'une magnifique sensualité…
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Itinéraire d'une garce



Découverte de ce roman graphique chez @livressedesbulles puis aperçu à nouveau chez @moka.milla j’ai voulu la feuilleter.

Une merveille pour les illustrations qui ne font que magnifier les corps. Quand à l’histoire c’est d’une tendresse et d’une douceur incroyable. Élise est attachante et on ne peut que se prendre d’affection pour elle. L’humour n’est pas en reste non plus et ça rend le scénario encore plus agréable et poétique. Une bd donc à savourer qui aborde bien des sujets différents et qui nous permet de nous questionner sur notre rapport à la sexualité mais pas seulement…

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Itinéraire d'une garce

A l’aube de la ménopause, je me suis dit parfait…je suis le public visé mais pas que… Ce roman graphique est une agréable surprise. C’est avant tout une invitation à s’aimer et à partager. Il est si difficile d’apprivoiser son corps. Si d’aucun qualifierait Itinéraire d’une garce de roman pornographique, il n’en ai rien même si bien entendu c’est une bande-dessinée pour adulte. Elle est surtout transgénérationnelle et aborde plusieurs orientations sexuelles. A ce titre, le scénario est intelligent et bien mené. Il ne tombe ni dans le voyeurisme, ni dans la vulgarité (tout ce que certains aimeraient dénoncer pour le genre). J’ai beaucoup aimé l’humour de la scénariste notamment avec le cadeau de palier. Le scénario est malin et la chute finalement inattendue puisque c’est Elise, l’héroïne, qui est au coeur de cette intrigue …ma foi domestique. La palette de couleurs et le dessin de Graziela La Padula un peu fauve savent magnifier tous les corps. Cette cicatrice de césarienne est un filet rouge de toute beauté et honore toutes celles qui ont donné la vie. Mais voilà…il y a le plaisir aussi et il n’y a pas d’âge pour en profiter !
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Ne dis pas que tu aimes ça

Un témoignage intéressant de la vie mouvementée de Céline Tran qui, de Vietnamienne de bonne famille réussissant à l’école, décide de devenir hardeuse. Elle prend ce métier comme un autre, avec ses bons et ses mauvais côtés, accepte de devenir un « objet » et gravit les échelons en ne disant non à aucune pratique. Elle décrit également son amitié avec le spécialiste du porno crad franchouillard, le célèbre Alan Payet.

Céline Tran, ex Katsuni, ex Katsumi (elle perd un procès avec une homonyme) plutôt que continuer tranquillement sciences-po se lance donc dans le X à 20 ans. Elle réussit à y percer et, ce qui est encore plus difficile, à en sortir. Strip-tease, photos coquines puis porno. Dès ses débuts, elle bénéficie d’un film à sa gloire, signé par Payet, L’AFFAIRE KATSUMI. Elle restera dans le circuit pendant une douzaine d’années et des dizaines de vidéos avant sa reconversion dans le «trad » (une apparition dans la série télé METAL HURLANT CHRONICLE et, surtout, un des rôles principaux de l’excellent thriller martial JAIL BREAK). Même en ayant seulement vu les trois prestations précitées (alors qu’elle compte 360 crédits sur imdb mais il doit y avoir pas mal de remontages divers), Céline Tran reste un cas à part dans le hard, ne serait-ce que par ses origines asiatiques. Dans une industrie de plus en plus encombrée de bimbos interchangeable (les mutations du secteur avec l’arrivée du net sont abordées), elle reste aussi un des derniers « visage » reconnaissable, avec les Ovidie, Oksana, Clara Morgane et Laure Sainclair. Un témoignage de l’époque, début des années 2000, où les hardeuses étaient invitées sur les plateaux de télé dans les émissions de seconde partie de soirée.

Céline Tran parle également de sa vie de famille, de ses aventures amoureuses compliquées, de la difficulté à séparer la femme de l’artiste. La vision du X est plutôt positive (contrairement à celle d’un PORN VALLEY par exemple), Céline Tran / Katsumu semble n’avoir pas connu d’expérience pénible (excepté sur un tournage où Rocco prendra sa défense) et avoir pris du plaisir dans le hard. On a un peu de mal à croire à cette vision presque idyllique de l’industrie : si les tournages sur les productions « de prestige » sont évoqués, les vidéos gonzos se passaient-elles de manière aussi « cool », entre adultes consentants ? Laissons à l’autrice le bénéfice du doute dans une histoire quelque peu « conte de fées pour jeunes filles libertines ».

Cette autobiographie reste donc intéressante en dépit de quelques réserves sur le côté édulcoré du monde du hard. Toutefois, l’écriture est efficace, fort plaisante, agréable à lire, une plume convaincante pour une artiste à présent reconvertie dans de nombreuses autres activités et que l’on peut retrouver, transformée en héroïne de BD gore, dans les DOGGY BAGS.


Lien : http://hellrick.over-blog.co..
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Ne dis pas que tu aimes ça

La pornographie reste taboue, sujette à de nombreux préjugés négatifs : Obsession masculine, femme objet, pratiques malsaines et incongrues …

Mais on oublie souvent que s'engager dans cette voie est aussi un métier, et dans ce cas il faut d'autant plus assumer cet état. Dans les années 2000, la jeune et fragile Céline Tran (de la rue des cigognes) choisi d'embrasser cette carrière pour devenir la célèbre hardeuse « Katsuni ».

Elle nous raconte son parcours à travers ce récit autobiographique sans aucun interdit. De son « innocence » puis sa passion pour ce milieu jusqu'à son choix de le quitter pour d'autres horizons. Elle nous confronte à ses doutes, ses cachoteries, ses anecdotes, ses difficultés…

C'est une véritable confession intime particulièrement intéressante !

On découvrira des aspects que nous ignorons de cette industrie avec son côté humain par la tolérance et la bienveillance d'un ensemble de protagonistes. L'autrice nous confronte aussi à une introspection personnelle loin d'être évidente : Comment annoncer son choix à sa famille ? Peut-on vivre en couple avec une telle carrière ? Est-il bon d'avoir des enfants lorsque l'on choisit ce mode de vie ? etc….

A travers ce livre et sa plume affinée, nous découvrons la force de cette femme armée de nombreuses compétences insoupçonnées, cette guerrière d'une intelligence sans égale ayant fait front à tous les regards. Cela force le respect.

Une chose est sûre, vous changerez certainement vos opinions après la lecture de cet ouvrage.

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Ne dis pas que tu aimes ça

L'auteure nous raconte sa vie peu banale de star du cinéma porno, son parcours pour y arriver, en se déshabillant sur des scènes de discothèques suisses par exemple. Elle a énormément de plaisir à être actrice, elle se sent à sa place dans cet univers où elle se lie d'amitié avec des collègues. A contrario, elle semble très seule hors de sa vie professionnelle, et voudrait être totalement transparente, voire disparaître. Cette personnalité effacée va attirer le pire qui sent la proie idéale ...

Céline Tran n'a pas fait fortune, loin de là, elle vit dans un modeste studio, doit emprunter pour acheter une voiture ; c'est très surprenant pour cette actrice mondialement reconnue. Combien gagne une actrice lambda du porno ? Et un acteur ? Car c'est un des rares métiers où les hommes sont moins payés que les femmes.

Puis elle découvre la contorsion, le cirque, le yoga, elle excelle dans toutes les disciplines. Elle va au bout de son corps pour s'entendre avec lui.



Céline Tran a le courage de partager son expérience, sans fioritures, tout en sachant bien combien sa condition d'ex actrice du porno lui ferme beaucoup de portes, et peut dévaloriser son témoignage. Or celui ci revêt beaucoup d'intérêt sur la place du corps, comment celui ci peut prendre le pas sur l'esprit, lui donner de la force, de la satisfaction, de la confiance en soi. Un léger bémol sur l'écriture, mais cela n'a pas trop d'importance par rapport à l'intérêt du livre.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Ne dis pas que tu aimes ça

"Ne dis pas que tu aimes ça" de Celine Tran est un livre auto biographique intéressant.



En effet l'ancienne star du X "Katsuni" revient sur son parcours de ce qu'il a poussé à faire du porno ainsi que sa rédemption malgré quelques passages qui sonnent creux l'ensemble reste pertinent.

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