Les contemporains se plaignaient déjà que Bach ait tout écrit en ne laissant aux interprètes à peu près rien à ajouter ; la réponse, déjà faite à l'époque, est que cela constitue justement une de ses plus grandes qualités.
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Le problème est que depuis le XVIIIe siècle, l'exécution est devenue de plus en plus une affaire publique : d'où un besoin accru de diversité et de dramatisation. A l’origine l'ornementation n'avait pas pour objet (sauf dans l’opéra) de capter et de retenir l'attention d'un vaste auditoire : on ornait pour se faire plaisir à soi-même, pour plaire à son patron ou à ses amis.
Un des facteurs essentiels de ce bouleversement fut l'influence corrosive des nombreuses formules d'accompagnement surgies dès le début du siècle et dont la plus connue est la basse d'Alberti. Ce type d'accompagnement dilue l'indépendance des trois voix contrapuntiques qu'il contient en théorie et celle de l'harmonie d'accords qu'il est censé illustrer.