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Critiques de Christian Estèbe (36)
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La prière du guetteur

Une jolie surprise reçue dans ma boite aux lettres ce lundi 4 novembre (2019), venant des rives plus ensoleillées marseillaises, de l'auteur lui-même, qui me communiquait, son deuxième livre (épuisé) qui venait de lui parvenir du Québec...notre écrivain est aussi bouquiniste dans la cité phocéenne...



Ouvrage doublement attractif car "voyageur", provenant d'une bibliothèque québecoise, étant passé depuis 1990 dans les mains de moult lecteurs, et maintenant retraversant les mers, pour revenir dans son pays de publication !! Et... voici que ce livre ayant beaucoup vécu

arrive jusqu'à moi ... Double magie et plaisir !!



Ce récit débute et se déroule autour de la mort subite du père de l'auteur. Ce dernier, averti par sa mère et ses trois soeurs, revient d'Amsterdam, où il travaille pour un éditeur, et ce retour dans sa terre natale se fait au bout de cinq années d'absence... Un récit très personnel, publié il y a trente années, qui aura demandé à son auteur 8 années d'écriture !



La narration de déroule, se déplie à deux voix; celle du narrateur-auteur, et celle du père, pour raconter sa propre existence .



Parfois des truculences stylistiques me font songer à l'esprit coquin de Georges Brassens !...

"Nous reprenons à notre compte cette idée d'arbre généalogique à fabriquer; arbre de pendus, de cocus, tout décoré de souvenirs fondants avec ses étoiles pâlies dans les ruptures , les amours, les mensonges et l'oubli."(p. 97)





Un fantastique hommage d'un fils à son père :" - Et puis, vous savez, il avait un petit côté artiste. (...) Je le revois sous le grand parasol orange et jaune, les pieds dans le sable clair, le dos calé contre son pliant vert, pourquoi ne dessinait-il plus, ne peignait-il plus ces galets ?

Cela lui était -il apparu soudain inutile, désuet, puéril ? Ma mère s'était-moquée de lui ? Voilà Jeanne qui éveille en moi tout un chant de teintes, d'arabesques, de lignes; ainsi, du fond de son silence, les yeux bleus de mon absent retracent pour moi un paysage neuf. "(p. 126)



Un récit très émotionnant : un hommage bouleversant d'un fils à un père, un "taiseux", ayant trimé toute son existence, ne supportant pas la moindre injustice...marqué par la guerre. Ce fils a du mal à croire à cette mort... à la disparition définitive de son père, qu'il a finalement grandement méconnu. Cet événement lui fait remonter le temps, évoquer ses souvenirs d'enfance, aller à l'encontre des gens qui l'ont connu...

Il entreprend comme une sorte d'enquête, regrettant de ne pas avoir fait suffisamment d'efforts, de son vivant, pour le connaître !

Ainsi le "fils prodigue" se décide à retrouver les uns et les autres, les questionner sur son père, et de chaque rencontre, morceau par morceau , un portrait paternel nouveau se dessine !



Un récit universel qui nous rappelle de la plus belle façon, qu'il faut être plein d'attention pour le présent de nos êtres chers, pour ne pas regretter amèrement, un jour, d'avoir "manqué le coche"; Ne jamais reporter à plus tard...la course du temps étant inflexible !



"Un rayon de soleil glisse de la porte à ma table. Je frissonne. Il vivait la pitance et le vin, il était simple et fort. Il me semble maintenant que chaque matin qui se lève est son matin, chaque nuit qui vient, sa nuit. Il me disait qu'il connaissait la vie, l'appréciait, comme la belle ouvrage. Je l'aimais et ne le savais pas. " (p. 111)





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Petit exercice d'admiration

Juste un petit trésor à découvrir !....



J'ai découvert en novembre 2014, cet écrivain... et homme du , des Livre (s): représentant, libraire itinérant, bibliothécaire... J'avais déniché à Mémoire7, à Clamart, un petit livre étonnant ,toujours publié aux éditions Finitude... "Toutes les barques s'appellent Emma"...



Plongée dans mes einièmes tris de bibliothèque, je retombe sur cette lecture qui m'avait enchantée ... J'avais ensuite réussi à dénicher "Messe de granit"...différent mais lecture aussi puissante !



[*** ma chronique de l'époque

https://www.babelio.com/livres/Estebe-Toutes-les-barques-sappellent-Emma/643092/critiques/700017]



Ainsi... je suis repartie en quête d'autres écrits de cet écrivain, à la plume chaleureuse et chantante...Quel bien m'a pris...car j'ai trouvé à ma médiathèque un unique texte [de 2006] mais pas n'importe lequel...



je l'ai emprunté et lu aussitôt. Un texte extraordinaire ... où là aussi [comme dans "Adelphe" d'Isabelle Flaten, que je viens de lire avec enthousiasme ]un livre , "La Mort de la bien-aimée" de Marc Bernard va être pour l'auteur, le fil conducteur, le moteur d'une réflexion, d'une

démarche intime... qui va aller au delà du chagrin amoureux de l'écrivain ... il ira à la rencontre de l'oeuvre de cet écrivain- autodidacte !



Très bel hommage de Christian Estèbe à un écrivain aimé, admiré... comme un compagnon de route, Marc

Bernard... !

Après la lecture de "La Mort bien-aimée" , Christian Estèbe décide de partir

à la recherche des personnes ayant connu Marc Bernard: il rencontrera Roger Grenier, Yvan audouard, la fille de l'écrivain,Charles-Emmanuel Clancier, etc.

Il ira jusqu'à se plonger dans les archives de Marc Bernard, léguées par ses proches à la Bibliothèque du Carré d'Art de Nîmes, sa ville natale !...



Cette troisième lecture de Christian Estèbe confirme et même multiplie mes enthousiasmes précédents...Tant , que je me suis "lancée" dans la recherche des thèmes de ses autres écrits... Ce qui m'a d'ailleurs permise d'enrichir la base Babelio de nouvelles références...J'ai appelé aussitôt un camarade libraire pour me commander 2 autres récits:

- "Des Fantômes pour le train" (Finitude, 2008 )

- "Des cicatrices dans les larmes " ( La part Commune, 2018)



Après une telle pépite, impossible de ne pas avoir été contaminé par l'enthousiasme communicatif de Christian Estèbe pour cet auteur, et de ne pas se précipiter plus avant...afin de lire les écrits de cet autodidacte

talentueux et engagé , Marc Bernard...!



Cet enthousiasme a été tel que j'ai eu la sensation d''une journée plus généreusement remplie que d'habitude... saupoudrée d'une magie supplémentaire !!



N.b: J'allais oublier de remercier abondamment les éditions Finitude qui font un travail extraordinaire... à tous points de vue : qualité des textes et des livres ravissants... agréables à regarder et à toucher... [beau papier... couvertures originales ! ]
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Toutes les barques s'appellent Emma

Déjà plus de 10 jours que j’ai achevé ce roman fort jubilatoire de Christian Estèbe ; auteur que je lisais pour la première fois, avec ce texte publié par l’excellente maison d’édition « Finitude »…, dont je salue au passage le catalogue de qualité, dans son ensemble…



Entre farce, fantaisie et fable…Steve, un libraire, qui a du mal avec la vie, avec l’Amour…se rattrape avec les livres, l’amour de l’écriture et des textes…qu’il partage avec ses clients, et ses amis…



Je ne rentrerai pas les détails de l’intrigue, l’amour tumultueux pour une stagiaire homosexuelle, travaillant avec lui, à la librairie, qui aime écrire et dont il tombe « en amour »…liens, rapports complexes et houleux, plus souvent sous les hospices de l’orage…mais ils partagent au moins, ces deux-là… « l’amour des mots » !...

« Elle est revenue vers lui et il s’aperçoit qu’il ne peut avoir avec MA que des rapports extrêmes : rejets ou séduction, mais pas d’amour là-dedans. Rien, deux solitudes qui ne se rencontrent pas, qui arrivent seulement à dialoguer par la seule force des textes » (p.131)



Des trouvailles langagières fort drôles… le lecteur se trouve toujours en équilibre savant entre le rire et les bords d’une tristesse latente, constante, profonde…dont on ne connaîtra le motif que dans les ultimes lignes… Je n’en dirais pas plus !



Découvrant pour la première fois cet écrivain, au hasard d’une flânerie en librairie, je souhaiterais signaler que Christian Estèbe fut tour à tour libraire itinérant, bibliothécaire, représentant et enfin… « Écrivain » de près d’une dizaine de livres. Je le remercie doublement, pour cette fiction, très belle déclaration d’amour à la littérature, et le deuxième MERCI lui revient car grâce à lui, j’ai fait une découverte incroyable d’un auteur-poète, dont j’ignorais jusqu’au nom : Christian Gabrielle Guez- Ricord, mort prématurément en 1988 (à l’abord de la quarantaine)…



Je reviens à quelques -uns des multiples extraits tournés vers les livres et l’amour de la littérature :

« Pas mal ce qu’écrit Maurice Nadeau, le grand éditeur :

« Le roman, c’est le genre le plus englobant, le plus universel. (…)

Le roman même si le souvenir y a sa part ne peut pas être une reconstitution de la vie, il est la vie même, et en fin de compte une nouvelle vie, une leçon de vie nouvelle ».

Il aime son métier passionnant de passeur de textes. (p.39)

__________________



« Stève avait écrit un océan de mots pour tenter de se sauver du naufrage qu’était sa vie » (p.159)



Nous aurons suivi avec plaisir, amitié, complicité parfois, Stève , notre libraire, personnage attachant, écrivain à la modeste popularité, et aux amours difficiles, s’acharnant à être d’une manière ou d’une autre ce « passeur de textes » rêvé...et agissant !



Assez enthousiaste pour avoir envie de lire d’autres écrits de Christian Estèbe… et je note dans mes élans premiers un roman ancien, édité par un autre éditeur de qualité, « Le Temps qu’il fait », avec « La Messe de granit »…qui sera mon deuxième écrit de cet auteur, à découvrir ..., très prochaînement!



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Toutes les barques s'appellent Emma

D'un point de vue éditorial, rien a redire. La couverture est belle, le papier des plus agréable au touché et le titre me plait beaucoup.



Bon si je commence par cela, c'est qu'en terme de contenu, malheureusement, je n'ai pas grand chose de positif à dire. Ce roman m'a beaucoup agacé en réalité, il contient tout un tas de choses que je n'aime pas à savoir : des personnages prétendument marginaux mais en réalité sans aucune cohérence qui ne soulève pas la moindre empathie (Stève est geignard, Emma est insupportable, même le psy est ridicule). On voit les intentions de l'auteur mais justement : seul ses intentions apparaissent, car dans les faits rien ne fonctionne, on y croit pas. Certain sujet ne sont pas du tout maitrisé (drogue...) ou d'une redondance sans saveur (sexe...). Le livre se répète énormément, l'auteur insiste en permanence avec les même idées et les même phrases et cela donne un côté creux a l'intrigue.



L'idée aura pourtant pu donné quelque chose de beaucoup plus sensible et organique, mais l'écriture, elle-même est très aseptisé (la conjugaison des temps par exemple.. on ne sait jamais si l'effet est voulu ou si cette conjugaison anarchique est une négligence).



Certain se régaleront peut-ètre avec ce genre de texte mais pour moi, c'est vain, c'est convenu, c'est fade.



(Oh je suis un peu dure. Mais je fais cette critique à chaud)
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La vie fugitive mais réelle de Pierre Lombard..

Dernier –né du camarade-, libraire-écrivain ; homme du Livre, de la tête aux pieds ou plus exactement pour « un commis-voyageur en livres » : des pieds à la tête !

Dans ce nouvel ouvrage, il s'agit de notre narrateur, Pierre- (sûrement un double bien proche …de Christian Estèbe ), au début du récit, possédant un poste prestigieux dans un important groupe d'édition dirigé par un homme , que notre « commis-voyageur » admire, un écrivain manqué, possédant toutefois une vraie flamme envers son métier d'éditeur-passeur…et puis le monde marchand, les ratios de rendement vont prendre le dessus et tout dévoyer… s'ensuivra un malentendu, et un gros clash entre notre »héros » et son patron ; il claquera la porte… et cela sera le début d'un parcours du combattant…Notre « « cadre » bien installé va devenir « un itinérant improbable de la littérature », faire l'expérience de la route et de tous les types de lieux du Livre, ce qui nous vaut des observations affinées des transformations de toute une corporation professionnelle dans un monde du Livre en totale mutation !



Il verra, constatera à son grand désespoir les mutations nombreuses du métier « de commercial en livres »… se vidant progressivement du contenu et d'authenticité basique !... restent trop souvent le bruit assourdissant du tiroir-caisse et des interlocuteurs indifférents ou incultes !

Ressort de la narration le portrait d'un homme toujours intimement habité par la littérature, le Livre et par sa transmission, mais abominablement déçu , littéralement écoeuré par le monde éditorial, devenu marchand à outrance, ayant perdu, au fur et à mesure sa qualité et sa quintessence originelles !!

Je vais faire à l'aune de mon propre parcours de libraire dans les mêmes années que le narrateur, un contre-point sur ses visions ( malheureusement parfois justifiées) de libraires inattentifs, incultes, ou gestionnaires bornés…. Responsable- Libraire , j'ai reçu, accueilli, écouté un grand nombre de représentants, et de ce côté-là, nous avons droit aussi à tout : du passionné indéfectible irrésistible et communicatif au démarcheur qui se moque du contenu, veut fourguer un maximum de sa marchandise, en récitant les argumentaires que sa ou (ses) maisons d'édition lui a (ont) « assénés ».… J'ai gardé de formidables souvenirs des vrais « itinérants de la littérature » !... Je ne peux résister une parenthèse pour évoquer, parmi d'autres complicités et camaraderies, deux personnalités rencontrées entre les années 80 et 90 : René F., représentant Inter-Forum, sur-actif boulimique de littérature, qui ,en sus de son métier, s' investissait « corps et âme » avant et à sa retraite, dans les débuts et le développement du Marché Brassens, ainsi que dans La rédaction de la Lettre du Marché… faisant lien entre les bouquinistes… Ainsi André L., [ représentant du Seuil ] irrésistible autodidacte, aux multiples curiosités et surtout une sincérité confondante lorsqu'il trouvait qu'il ne défendait pas assez bien un ouvrage , lui tenant à coeur.



Dans le récit des tribulations aussi cocasses que trop fréquemment affligeantes de Pierre, il survient heureusement, parfois de belles rencontres avec de véritables interlocuteurs-Libraires ou autres médiateurs du Livre, animés de la plus belle flamme pour défendre envers et contre tout le, les LIVRE [S]… Sinon, il reste une impression globale de déception, d'amertume envers un monde défaillant où le Livre, la Culture sont traités avec désinvolture et des criters marchands de plus en plus limitatifs et inadaptés !



Ouf, une lumière… apparaîtra pour Pierre, au bout de tout ce temps sur les routes à affronter clients« mal-embouchés », intempéries, solitude… et obligation du rendement …une éclaircie, une opportunité lui permettant de défendre le livre comme il l'entend, dans un cadre libre et ouvert à tous les vents, « intellectuellement. Je ne vous en dirai pas plus !



Restent et subsistent durablement et avec toujours autant de bonheur, pou l'auteur, l'amour des mots, des « grands » livres aux petits tirages, des « vrais » écrivains (et pas que…des têtes de gondole !!!)… Pierre nous fait partager ses chouchous…(dont je partage une grande partie, sauf Bertrand Runtz, Thierry Gillyboeuf, traducteur et biographe de Thoreau, que je découvrais avec cette lecture !)…

« Il explique à une libraire que pour repousser les limites du convenu, il faut parfois, souvent, repousser les limites du convenable. La vérité d'un texte n'est pas forcément amusante, délicate, jolie.

Il lui parle des auteurs qu'il aime, Maurice Ciantar, Bernard Blangenois, Henri Calet, Belinda Cannone, Christian Garcin, Bertrand Runtz, Thierry Gillyboeuf, Perros, Cloux, Pirotte. « (p. 192)



Je remercie à titres divers, l'auteur pour ses livres, son enthousiasme intact pour l'Ecrit et sa passion toujours en action pour Les Livres [Bouquiniste dans la cité phocéenne … ] sans oublier nos échanges toujours plaisants sur les livres que nous aimons, avec une exclusivité quasi -identique !

… je renouvelle mes remerciements à Finitude, éditeur au catalogue rempli de richesses et de textes atypiques…sans omettre les maquettes originales, très élégantes…Le contenu et le contenant , en harmonie si agréable, pour nous Lecteurs- papier, qui aimons aussi, en plus de la qualité des mots, toucher physiquement le papier, feuilleter les textes , avec gourmandise !!

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Des nuits rêvées pour le train fantôme

"Vous faites la quête et vous vous croyez en quête ! Le monde s'en fout que vous écriviez ! Des millions de gens écrivent dans toutes les langues, des milliers de manuscrits s'entassent dans les officines éditoriales, et parmi eux, juste une infime poignée aura droit au qualificatif d'écrivain véritable.

Ecrivez comme Varlam Chalamov, écrivez comme si vous étiez mort ! "(p. 129)





Sur la lancée d'un dernier coup de coeur de cet écrivain [ voir « Petit exercice d'admiration « ], je me suis commandé coup sur coup plusieurs autres textes antérieurs de Christian Estèbe, dont cette fiction mettant scène une sorte de double de Don Quichotte...



Notre narrateur part sur les routes, fait les expériences les plus extrêmes... rencontres, sexe, alcool, petits boulots plus ou moins licites... dans un seul but pour le narrateur (qui doit avoir un nombre non négligeable de points communs avec Christian Estèbe !!): devenir écrivain,coûte que coûte, écrire,

réussir à concrétiser son manuscrit "La Montagne inachevée"...



Par l'intermédiaire d'une de ses aventures passionnelles, un transsexuel, il rencontre un écrivain et éditeur, qui va le bousculer, corriger et recorriger son manuscrit... Notre "anti-héros" aurait bien envie parfois de l'envoyer "promener", mais il se rend compte que cet homme est une "bénédiction"... et que ses conseils et corrections ....le font progresser...le font sortir de "son ego" !!



"Vous voilà un facteur Cheval de la littérature, avec votre brouette et votre truelle. Mais ça ne suffit pas, le facteur d'Hauterives a eu besoin de Malraux. Pour éviter les effets pervers de votre belle et dangereuse énergie, il faut canaliser ce torrent de boue et de pépites. Travaillez votre façon

de bosser le texte. Ne vous répétez pas inutilement, ne vous copiez pas et, comme Flaubert, crevez ! plutôt que d'écrire une phrase avec laquelle vous n'avez pas un accord complet." (p. 136)



Un roman nous entraînant dans un road-movie d'un homme convaincu que la seule réussite, le seul objectif qu'il souhaite concrétiser dans son existence, c'est "devenir écrivain"... pour cela, il part sur les routes, campe chez des amis de jeunesse qu'il revoit après des années... constate

combien ils ont changé, réalisé ou non leurs rêves !!



J'ai fait ma chronique en respectant la progression du récit et du cheminement du lecteur... La chute est des plus surprenantes et inattendues, provoquant une cassure brusque, insolite... mais les choses finiront bien pour notre apprenti-écrivain....

Ce qui a retenu le plus mon attention ce sont l'acharnement de "notre anti-héros" à devenir écrivain, ses commentaires, enthousiasmes littéraires, ses auteurs de prédilection, qui, bien sûr sont des talentueux trop méconnus, ou des artistes quelque peu "maudits"...



Cela pourrait provoquer quelque agacement chez le lecteur, ou cette abondance de sexe... pour vivre jusqu'aux extrêmes limites comme les "artistes maudits", sulfureux...





En dépit de ces quelques infimes exaspérations... c'est un roman grandement picaresque, ne manquant pas de rebondissements, et de réflexions percutantes sur le métier d'écrivain, les difficultés

récurrentes de trouver, travailler encore et encore "son style" , trouver sa voie [et voix!...] !!



"Puis le printemps est revenu, il revient toujours, et j'ai dû prendre sans m'en rendre compte le premier soleil sur la caboche. Mes lectures m'avaient cogné ferme, le syndrome Cervantès, le saint homme, je couvais un Quichotte !" (p. 11)







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Le petit livre de septembre

Sur la lancée d’un dernier coup de cœur de cet écrivain [ voir « Petit exercice d’admiration « ], je me suis commandé coup sur coup plusieurs autres textes antérieurs de Christian Estèbe, dont ce récit personnel qui s’accorde au mieux en cette rentrée scolaire, qui a déjà quelques semaines. !!



L’écrivain, au chômage, accepte un CES [Contrat Emploi Solidarité… ancêtre des contrats aidés d’aujourd’hui, tout aussi iniques !! ] d’aide bibliothécaire dans un lycée du Tarn –et-Garonne,où pendant une année scolaire, il fera office de « surveillant », de bibliothécaire, d’animateur d’atelier d’écriture ; où prenant son rôle très à cœur, il tentera de faire aimer les livres et la lecture aux élèves… C’est un livre touchant, bienveillant…l'étant nettement moins vis-à-vis du monde rigide des Adultes et de l’Education Nationale…



Il se rappelle de lui-même, enfant, à l’Ecole communale…en dehors d’un instituteur atypique , « géant débonnaire », qui l’aidera…ses souvenirs d’écolier sont des plus médiocres !!Parallèlement à ce vécu enrichissant avec les enfants, il fait la toute récente et tardive expérience de « la paternité »… Une autre facette de la complexité de la transmission, de l’éducation d’un petit….



Il y a bien sûr la rage et la colère de Christian Estèbe contre le système, ses défaillances, dysfonctionnements, mensonges et inégalités générées et alimentées « lamentablement »…mais ce qui donne une vraie lumière et chaleur à cette expérience vécue, même dans ce contrat précaire qu’il a accepté d’assumer, c’est la joie de l’auteur à être avec les élèves, à les comprendre, les laisser s’exprimer…tenter de les emmener avec lui, dans sa passion des livres, de l’écriture, qui l’ont sauvé…





Pour sa part. On sent très fort, qu’il aimerait qu’il en soit de même pour ces jeunes, qui , la plupart, l’année suivante intégreront un lycée professionnel !...

« Ces élèves « tête en l’air, peu soucieux des autres, brouillons, dissipés et bavards », comme disent d’eux, avec mépris, certains adultes, ressentent tout : les marques de respect, et les injures silencieuses qui sont faites à ce qu’ils sont, à ce qu’ils tentent d’être. Ainsi, ils savent apprécier une attitude juste, un compliment, un sourire. Certes, ils ne répondent pas souvent, font du bruit, crient et parlent haut, mais à travers tout cela, rien ou presque ne leur échappe. (p. 37)



Parallèlement aux anecdotes de l’auteur avec ces « petits monstres »… il conseille des lectures, parle de lui-même, de bilan de vie, des livres qui l’aident dans ce si difficile « Métier de vivre »...



« Aujourd’hui, je pense très fort au merveilleux Max Jacob, à sa vie sur la butte, à son livre –Saint-Matorel ». J’ai des raisons d’y penser. Art qui m’aide à vivre, engagement de toute ma vie. Lorsque je me demande, accablé, à quoi me servent tant de livres, je n’ai qu’à songer à mes moments de dérélictions, à mes moments de joie, la réponse s’y trouve, noir sur blanc. » (p. 69)



« Si certains livres ne servent qu’à bailler avant de s’endormir, d’autres sont là pour, dans la nuit, nous garder les yeux ouverts. « (p. 70)



Après ce touchant récit aux nombreuses interrogations, remises en cause… je reste dans l’univers de Christian Estèbe, avec la lecture de « La Gardienne du château de sable » hommage vibrant et singulier à sa mère… Mélange de violence et de tendresse !



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La gardienne du château de sable

Ce ne sera pas un coup de coeur. Je m'admire d'être allée au terme de la lecture en résistant à la tentation d'attenter à mes jours. Je sors donc vivante mais passablement exaspérée.

Encore une autofiction à ajouter dans le paysage littéraire français. Je peux aimer cela, les autofictions, à condition que... il y ait beaucoup de talent. Christian Estèbe sait écrire, certes, mais il écrit pour lui. Et je n'ai pas vocation à être psychanalyste-potiche.



Dans la première partie, nous sommes sommés d'assister à la mort sordide de maman (dont la photo, jeune, constitue la couverture du livre). Estèbe accumule les détails sordides; cela aurait pu devenir intéressant. Mais il hésite et a beau évoquer Calaferte (que j'adore), sa plume ne crache pas, ne vomit que de petits jets faiblards. On reste à la porte de la HLM dans lequel gesticule cette mère qu'il voudrait peindre comme outrancière et haïssable. Et à peine rapporte-t-il quelques pénibles éruuctations maternelles et narre-t-tl les inconvenances de cette femme qui put faire des passes entre deux ménages, qu'il se reprend et nous sert de l'analyse de comptoir (ça, ça m'a énervée).

Ainsi, justifie-t-il l'achat d'un perroquet par la recherche d'un père: le père OK. Ben oui. Maman était une bâtarde. Et il récidive Christian. L'éphémère, c'est évidemment, l'effet mère. Heureux lecteurs que nous sommes, nous avons échappé au "tort tue" qui aurait pu expliquer les achats compulsifs de tortues.



La seconde partie joue la rupture. Christian Estèbe se centre sur ses 10 ans, n'évoque plus que son amour pour sa mère. Ses tentatives de créer un personnage romanesque à la Folcoche s'éteignent. Etait-ce donc la peine d'essayer? Puis, il revient sur un personnage maternel fort adouci. Et dérape stylistiquement. L'écrivain se prend d'affection pour les allitérations, énumérations, etc. On passe de "sur lequel rien ne s'écrit, rien ne se marque, rien ne se remarque" à "cadre de vie, cadre de mort" et entre les deux je vous épargne trois énumérations conséquentes où les mots ne servent qu'eux-mêmes.



Pour finir mon exercice de défoulement, vous serez heureux, amis lecteurs, de savoir qu'après avoir assisté à la mort de maman qui a déclenché l'écriture du livre, vous finissez par l'agonie de papa (antérieure) et qui avait déjà donné lieu à l'écriture d'un livre d'après ce qu'en dit Christian Estèbe.



Moi, j'espère que cet homme ne sera pas traumatisé par la mort de son chien et de son poisson rouge.
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Le petit livre de septembre

Attention, AVIS TRANCHE!



La présentation de l'éditeur était plutôt prometteuse, l'objet était beau mais j'ai été déçue.



Un écrivain en fin de droit se retrouve dans un collège d'une petite ville du sud-ouest en CES pour aider la bibliothécaire. Ce narrateur nous livre ses réflexions tout au long de l'année sur sa vie au collège, entre les élèves et les profs.



Au final, il caricature les enseignants : leurs visions désabusées des élèves, leur snobisme face à ce "Contrat Emploi Solidarité", .... Lui, aime les élèves, leur présente des livres, pas dans l'espoir de changer leur vie mais de leur faire passer un petit moment de bonheur. Ce que je ressens, c'est que ce narrateur tente plutôt de s'aimer lui-même à travers ces élèves.



Peut-être ce livre plaira-t-il à d'autres, peut-être que je n'ai pas compris la provocation...



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Son nom de Venezia dans Aurillac désert

Petit clin d'oeil à l'auteure italienne, Mariolina Venezia, par Christian Estèbe... l'ayant rencontrée dans les années 80, avant sa reconnaissance littéraire...



J'ai grandement hésité avant de mettre un petit mot sur cette minuscule plaquette hors commerce... Mais c'était aussi une einième incitation à la découverte de cet écrivain-"marchand et défenseur du livre" depuis toujours, qui écrit fort bien, édité par l' excellente maison d' édition Finitude...Et parmi mes textes préférés: "Toutes les barques s'appellent Emma" , et "Petit exercice d'admiration"...qui parlent encore et encore ...des livres, des auteurs aimés. Ces livres que j'adore, qui relient immédiatement à d'autres rencontres, d'autres livres, d'autres découvertes. Aujourd'hui, c'est Mariolina Venezia...Une journée enrichie d'un rayon de soleil "littéraire"...



Cette découverte de cette auteure italienne vient de me faire réserver à ma médiathèque son succès qui l'a fait connaître en France , "J'ai vécu mille ans"...



Et je ne peux résister à un passage hilarant de Christian Estèbe, rappelant ses tribulations de représentant...en livres , pour des éditions prestigieuses et d'autres , beaucoup moins valorisantes... Il faut bien gagner sa croûte !!



"Alors Monsieur de Vecchi ?

On y va !

Je ne m'appelle pas vraiment De Vecchi, ni Corti d'ailleurs, mais c'est une habitude qu'ont les libraires de nommer les représentants fantômes dans mon genre par le nom de leur catalogue. Ainsi nous disparaissons mieux derrière nos couvertures, avancer masqué en quelque sorte.



Evidemment, personne n'appelle le représentant Gallimard, Monsieur Gallimard, ou Monsieur Galloche, ni Monsieur N.R.F. ou Monsieur Seuil. ça ne se fait pas dans la littérature blanche, cette poudre aux yeux. Mais moi, j'ai tellement changé de gueule, de secteur, que je suis devenu Monsieur de Vecchi, le type qui propose des livres sur les chiens. Un destin, oui, j'avais rêvé un temps d'être goûteur chez Fido, mais on ne fait pas toujours ce que l'on veut."
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Les cicatrices des larmes

"Cette lutte avec soi-même est une terra incognita où personne ne peut aller, où personne ne peut venir. Ni psys, ni compagnes, ni enfants, ni amis. Ce désert absolu qu'est une dépression nerveuse grave est une arène glacée où le gladiateur est à la fois lui et l'autre, bourreau et victime. "(p. 60)



Un engouement réel pour cet écrivain-libraire... confirmé par une deuxième lecture récente, empruntée à la médiathèque , "Petit exercice d'admiration" [Hommage à l'auteur , Marc Bernard ]

Sur cette lancée, je me suis commandé deux nouveaux livres, dont celui-ci, le plus récent, qui même si l'auteur conserve humour, autodérision, et sens de la drôlerie, ce récit raconte quatre ans de souffrance dûe à la dépression ...

Il se bat, tente de poursuivre son métier de représentant pour des éditeurs...reprend les routes, avec tout un arsenal d'anti-dépresseurs, allant voir tous les charlatans possibles , pour trouver une solution

miracle !...

Christian Estèbe nous narre ses innombrables aventures pour sortir de cette souffrance de vivre: de psychiatres en rebouteux, mages, magnétiseurs, psys en tous genres ...pour revenir à la case zéro !!



"Aussi malade que je sois, aussi dur et ingrat que soit ce métier, c'est encore dans une librairie où je suis le moins mal. J'ai beau les détester, les mépriser, ces vendeurs de papier imprimé, je les aime aussi très fort, lorsqu'un l'un deux, par son érudition, sa culture, relève l'honneur du métier. C'est la famille à laquelle j'appartiens, que je me suis choisie depuis très longtemps, et si je dois mourir bientôt, que je meure un livre à la main. Cet outil de la liberté absolue me porte, comme je le porte depuis toujours. Rien à chercher, rien à espérer : je suis une peinture d'Archimboldo, la gueule faite avec des livres." (p. 51)



Un livre grinçant, ironique, mélancolique , mordant sur cette maladie terrible du mal de vivre, qui fait si peur et provoque si souvent l'isolement du "coupable" !!



Ce récit, en dépit des souffrances réelles de son auteur ne manque pas de drôlerie, d'humour noir et d'auto-dérision !!



"Je voudrais tant reprendre ma place parmi les vivants. Retrouver ceux qui chantent, qui rient, qui se disputent pour des broutilles, qui se chamaillent pour des riens, qui s'aiment ou se détestent, qui vivent, enfin ! J'aimerais tant me remettre à exister." (p. 139)



Récit authentique de quatre années de souffrance dépressive de l'auteur qui s'achèvera enfin par une réconciliation avec lui-même....
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La gardienne du château de sable

"Allons, il faut poursuivre. Ce livre sera son seul tombeau. Même si mon cahier d'écolier à gros carreaux rechigne à la besogne. "(p. 29)



Une nouvelle commande aux éditions Finitude, d'un texte de Christian Estèbe. Publication rédigée après la mort de sa mère. Personnage central de la vie de l'auteur dans le positif comme dans une sorte de possessivité toxique.

Un ouvrage émotionnant,exaspérant, agaçant, à la fois joyeux, sombre, violent, tendre , âpre ; tous les balancements, contradictions d'un attachement filial complexe, tour à tour constructeur et dévastateur !



Toujours ce très "dur métier de vivre", de grandir...et l'écriture pour tenir debout, coûte que coûte..., pour trouver du sens!



Une figure maternelle très contrastée... ambivalente, excessive; femme ayant subi maltraitances et abondance d'humiliations dès sa plus tendre enfance...Cela vous endurcit prématurément le "cuir" !!! Un très beau texte... qui ne fait pas dans la guimauve !



Comme dans de nombreux textes de Christian Estèbe, un livre ou des livres deviennent des fils conducteurs... Dans cet hommage filial, c'est l'autobiographie de Violette Leduc qui nous accompagne..."La Bâtarde",

comme un miroir troublant de la vie de la mère de l'auteur...



"Ma mère ne m'a jamais donné la main" C'est Violette Leduc qui écrit.

Je ne savais pas que ma mère était aussi fragile. Qu'elle gardait de son enfance meurtrie des cicatrices indélébiles. Probablement une dépression masquée dont j'avais subi les effets dévastateurs.

Nous ne savions pas, nous étions trop pauvres, trop préoccupés à survivre. Mais je sais aujourd'hui que, si nous avions été "riches", rien peut-être n'aurait été différent. La douleur se moque des comptes en banques." (p. 104)



Une lecture qui m'a , bien sûr, émue , captée...en même temps, je suis assez partagée sur le ressenti général... Il y a bien sûr de la lumière, des moments d'éclaircie, mais un sentiment d'oppression, de tristesse intense nous traversent le coeur et les os, au final ! Le style toujours alternativement étonnant, poétique, cru, gouailleur, rigolard, tragique, et toujours fluide !!



J'achève ce billet par cet extrait très significatif :

"Je continue à lire -La Bâtarde- comme si je voulais y retrouver l'histoire de ma mère...

Voilà que Leduc rencontre Maurice Sachs, l'auteur du -Sabbat-. Violette est fascinée par le personnage. Je l'ai été aussi par sa franchise littéraire lorsque je l'ai lu.

C'est Maurice qui va mettre Leduc en état d'écrire, plus même, en état de devenir écrivain. L'art, l'écriture, seront la revanche éclatante de la Bâtarde. Est-ce pour les mêmes raisons, que j'écris depuis si longtemps, avec tant d'acharnement ? Pour offrir une revanche à ma mère ? (p. 116)"
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Georges Perros : Venezia et retour

Cet art poétique induit ou reproduit un art de vivre en marge de la société. " J'avais vingt-cinq ans et je me préparais une vie d'ascète. [...] A vingt-huit ans, aujourd'hui, je suis devenu ce que j'avais rêvé d'être, c'est-à-dire à peu près rien. " ["Papiers collés" ](p. 43)

[La marge chez Georges Perros par Marie-Françoise Séjourné ]



Un camarade écrivain- bouquiniste , Christian Estèbe, m'a expédié un ancien numéro de La Termitière; un numéro spécial "Georges Perros" . Surprise reçue ce lundi 18 novembre 2019 !



Le numéro débute par des poèmes de Perros, "Venezia et retour" concerne son voyage -éclair en Italie, en compagnie de Jean Roudaut et Michel Butor, en janvier 1969. Ce voyage, et surtout sa visite-express de la Capitale des Doges, lui inspirera en 1975, un ensemble de poèmes...

Poèmes suivis de textes critiques, analytiques de plusieurs contributeurs , nous commentant l'oeuvre et de la personnalité de Georges Perros, dont un très bref hommage de Christian Estèbe, le camarade écrivain- libraire au poète. Appris ainsi que Perros enseigna la littérature...fut un professeur aussi apprécié qu'atypique... !



"Après Douarnenez, il y a Tréboul. C'est là, dans le cimetière marin qu'est

enterré Georges Perros. J'ai vu sa tombe. (...)

On a beaucoup écrit sur Perros et c'est une bonne chose. Il avait de grands

amis, une compagne, des enfants, il aimait la vie. Des étudiants à Brest

n'ont jamais pu oublier ses quelques cours de littérature qu'il appelait

des "cours d'ignorance". " (p. 63)



Ce numéro spécial perrossien me rappelle quelques unes de mes lacunes à

combler dont les célèbres "Papiers collés"...toujours en attente !! .



Perros, le poète de la Marge !!

Il était si fasciné par la Bretagne, qu'il décida de s'installer dans le Finistère ... Marqué par le texte de Roger Grenier, "Les Iles"...ce fut le déclic qui lui

confirma son envie d'ECRIRE !...Les marges de ce bout de Bretagne , des

mondes insulaires , marges qui habitent intensément ses textes...!









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Messe de granit



Julien Orme , notre narrateur, gravement malade se retrouve hospitalisé, cohabitant avec un autre malade, Marcel, moine de son état… Ils vont sympathiser ; ce religieux va déclencher chez Orme une prise de conscience, un élan et, à sa mort, Orme va trouver un appétit de vivre tout neuf…En rémission, il éprouve la nécessité de trouver un sens , une raison d’être à son chemin. Avant d’être accepté en maison de repos, il décide de se rendre au monastère du Frère Marcel et d’y faire une retraite….



« Il marche les mains dans les poches sur la petite route qui surplombe le monastère. Silence et silence. A s'en faire mal aux oreilles, à s'en laver le coeur. Il voulait poser des questions à l'abbé sur le bien et le mal, la mort, la résurrection, il n'a pas trouvé les mots. Il lui reste la fatigue, la grande fatigue des hommes qui marchent sous un ciel muet. (p. 72) «



J’ai découvert très récemment cet écrivain, homme de tous les métiers du livre ; ce qui m’a évidemment attirée d’emblée…

Après « Toutes les barques s’appellent Emma », lecture des plus agréables narrant de façon lègère et fantaisiste l’amour des mots et des librairies… cette « Messe de granit » est diamétralement autre, avec une intensité exceptionnelle.



-Pour moi, un véritable ovni !-



J’avais noté dans mon pense-bête, ce texte plus grave… et quelle n’est pas ma surprise de trouver ce dernier dimanche l' ouvrage dans les bacs magiques (pour moi !) de ma médiathèque, où nous, lecteurs…pouvons nous faire grandement plaisir tout en ayant la satisfaction de « redonner » une seconde vie à un livre « délaissé » ou « méconnu »…depuis moult temps !



Un texte extraordinaire, « dévoré » en 1 jour, épuré à l’extrême, qui m’évoque fortement l’univers de Christian Bobin, qui m’est si cher, par sa tonalité unique, minimaliste et poétique… En plus de la beauté du style et des thèmes traités, le livre, en lui-même est un fort bel objet : texte aéré, imprimé sur un épais papier vergé , habillé d’une couverture élégante, ornée d’une illustration fort évocatrice de Jean-François Desserre , d’après Zadkine…



Un texte singulier qui pourfend la surface des choses, atteint avec simplicité le cœur des questions de chaque homme : le pourquoi du chemin ? de la Vie ? Sa présence sur terre ?



Un écrit des plus originaux, qui ne peut qu’interpeller au plus intime chaque individu. Mal aisé d’en exprimer plus !… Des lignes qui interrogent le grand Mystère de l’existence, le sens que nous pouvons chacun lui donner...



Cet écrit m’a frappée également par le talent de Christian Estèbe de rendre palpable « le silence », différentes qualités de silence…



« De ce qui glisse entre les blancs de la journée et les gris du soir, il ne peut rien dire. La vie au monastère n’est pas dans le silence, elle est le silence… » (p.87)

« Entre chaque journée, chaque geste : le silence. Apre musique de Dieu » (p.87)

« Cependant nous sommes seuls à pouvoir nous absoudre, personne n’échappe à la condition d’être, d’exister » (p. 87)



Un texte étonnant, détonant, d’une qualité certaine à l’image de cette petite maison d’édition qui se trouve parmi les petits éditeurs indépendants que je suis depuis fort longtemps…avec le même enthousiasme toujours !



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La gardienne du château de sable

Ce livre était sur l’étal de mon libraire, au milieu de ses coups de cœur. Ouvrage anonyme parmi les « grosses pointures »….Je lui ai donné sa chance.

Roman autobiographique, la gardienne du château de sable est l’histoire de sa mère, et de sa relation un peu compliquée qu’il a eue avec elle. Cette mère qui n’a pas eu la vie facile ; son enfance est émaillée de coups, d’insultes, et de désamour. Sa vie d’adulte est pour le mois agitée. Elle aura 2 filles et un fils.

Si l’écriture de Christian Estèbe est belle, agréable, je n’ai pas été plus emballée. Le climat général oscille entre tristesse, ressentiment, colère, tendresse douceur sans pour autant donner une couleur, une pâte à ce roman. J’ai plus l’impression d’une thérapie personnelle dans l’urgence, plutôt qu’un projet murement réfléchi et travaillé.

Raconter sa vie, ses deuils, ses douleurs d’enfant…oui, pourquoi pas ; mais encore faut-il que cela fasse avancer les choses, et apporte quelque chose au lecteur. Hélas je n’ai pas été très réceptive à cet hommage filial.


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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La gardienne du château de sable

Écrire sur sa mère, rappeler à soi les souvenirs plus ou moins précis, plus ou moins nets, évoquer quelques uns de ses secrets à elle, découverts après sa mort, et également prendre conscience du vide, de l'absence...c'est étreindre l'intime pour en faire ressortir les joies, les bons moments mais aussi les souffrances et la tristesse, c'est toucher la corde sensible du lecteur, c'est se mettre à nu indubitablement.

C'est un roman intimiste, déchirant de sincérité, que nous offre Christian Estèbe, auteur que je découvre, grâce à Soazic (fanfanouche24 sur Babelio).

J'ai aimé la fluidité de la plume, un peu moins les passages profondément tristes. Et pourtant, ce sont ces passages qui m'ont semblé les plus vrais, sans pathos aucun.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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La vie fugitive mais réelle de Pierre Lombard..

Un roman qui avait tout pour me plaire sur le papier.

L'auteur qui connait bien le milieu de l'édition, nous amène à travers la vie de Pierre Lombard dans les méandres de la chaine du livre.

Cet ancien cadre dans un grand groupe à quitté sa boite sur un coup de tête et se retrouve VRP pour une petite structure, sillonnant la France pour placer des encyclopédies. On croise des des libraires, des bibliothécaires, des grands patrons et désenchantement, nostalgie, amour de la littérature se mélangent.

Tout cela en effet aurait du me séduire mais c'est l'ennui qui l'a emporté. Ça tourne en rond, ça pinaille, ça se regarde le nombril.

J'attendais sans doute trop de ce roman en raison du sujet abordé.

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La vie fugitive mais réelle de Pierre Lombard..

Bonjour,

Un roman aujourd’hui reçu par Agence La Bande que je remercie.

La vie fugitive mais réelle de Pierre Lombard, VRP de Christian Estèbe chez Editions Finitude.

Pierre Lombard a un poste important dans une petite maison d’édition indépendante, il aime son métier depuis une vingtaine d’années pour les relations avec des auteurs pas forcément connus mais qu’il aide à avoir du succès. Depuis quelques temps il n’est plus en accord avec la politique de l’entreprise et décide de démissionner. Il va vois son ami bouquiniste, qui lui parle d’un poste de VRP.

Pierre Lombard va donc devenir ce voyageur de commerce, ce représentant en encyclopédies. Nous allons découvrir la vie d’un homme solitaire, mais aussi la richesse des rencontres qu’il peut faire et l’introspection que cela peut apporter.

Un livre très agréable, sur la vie ordinaire d’un homme, qui n’est bien évidemment pas un livre d’aventures trépidantes. Il nous indique que la vie est pleine de rebonds et qu’il faut savoir saisir sa chance quand elle se présente.

Quatrième de couverture : Pierre Lombard a tout perdu : un poste prestigieux dans un grand groupe d’édition, sa femme, ses ambitions d’écrivain. Amer et désabusé, il accepte un poste de représentant en librairie pour de petits éditeurs. Tournée après tournée, dans la solitude de sa voiture, il se nettoie des faux-semblants de sa vie antérieure et se reconstruit par la lecture.
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La vie fugitive mais réelle de Pierre Lombard..

Pierre vient de perdre un poste haut placé dans un grand groupe d'édition, après avoir refusé de faire un "rapport" sur une personne accusée de malversations et qu'il croit innocente. Désormais au chômage, Pierre accepte un poste de VRP qui lui fait parcourir la France pour faire la promotion de livres et d'encyclopédies. Il visite essentiellement les libraires et les bibliothèques. Ce poste est moins passionnant que le précédent mais lui fait voir du pays et rencontrer des gens. le temps passé en voiture lui permet de réfléchir à l'évolution du monde du livre avec la disparition des petites maisons d'éditions, avalées peu à peu (à son grand regret) par des grands groupes.



Pierre Lombard est un personnage attachant. Il ne manque pas d'humour, se lie facilement et pratique l'autodérision. J'ai pris plaisir à le suivre le long des routes de France, partageant ses réflexions. Je n'ai pas réussi à replacer le roman dans le temps. Il me semble que cela fait belle lurette qu'on ne vend plus d'encyclopédies papier.



La description du monde du livre est assez pessimiste et désabusée. Aux côtés de quelques passionnés de littérature, nous découvrons des gestionnaires peu soucieux de la qualité des ouvrages qu'ils proposent. Plus généralement, il est question du rapport de l'homme au travail. J'ai trouvé certaines réflexions très justes, comme celle-ci, par exemple, qui peut s'appliquer à n'importe quel métier.





On peut lire, sur la quatrième de couverture, que Christian Estèbe a été libraire puis représentant en librairie et qu'il est aujourd'hui bouquiniste à Marseille. Son personnage principal, Pierre Lombard, a un parcours assez proche. L'auteur semble bien connaitre son sujet. Amoureux des livres et des mots il partage avec nous sa passion.



Voilà un roman intelligent, à l'écriture soignée et non dénué d'humour. Bien qu'il n'y ait pas de réelle intrigue (juste un petit rebondissement à la fin), l'histoire est assez prenante.



Une belle découverte !
Lien : http://www.sylire.com/2020/1..
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La vie fugitive mais réelle de Pierre Lombard..

Pierre Lombard occupait un poste important dans une prestigieuse maison d'édition jusqu'à ce qu'il décide d'en claquer la porte, lassé de trop de compromissions. Il retrouve alors une place dans la chaîne du livre en devenant représentant en librairie...

Que seraient les livres (et leurs auteurs) sans les représentants qui parcourent les routes à longueur de temps jusque dans les régions les plus reculées pour les défendre auprès des libraires ?

L'auteur raconte, de manière tout à fait désabusée, le quotidien de ce colporteur, les tournées de librairie en bibliothèque en passant par les salons du livre, entre deux hôtels et entre deux rencontres, dressant un tableau plutôt méconnu et finalement assez triste de cette vie de VRP avec pour seul moteur la passion du livre. Tandis que Pierre Lombard passe ses journées à vendre, à argumenter, à compter, il parvient entre besoin de solitude et souci du chiffre d'affaires à prendre du recul et à réfléchir sur sa propre existence.

Sur un ton mélancolique, une ode aux livres et à leurs défenseurs.
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