Sur la lancée d'un dernier coup de coeur de cet écrivain [ voir «
Petit exercice d'admiration « ], je me suis commandé coup sur coup plusieurs autres textes antérieurs de
Christian Estèbe, dont ce récit personnel qui s'accorde au mieux en cette rentrée scolaire, qui a déjà quelques semaines. !!
L'écrivain, au chômage, accepte un CES [Contrat Emploi Solidarité… ancêtre des contrats aidés d'aujourd'hui, tout aussi iniques !! ] d'aide bibliothécaire dans un lycée du Tarn –et-Garonne,où pendant une année scolaire, il fera office de « surveillant », de bibliothécaire, d'animateur d'atelier d'écriture ; où prenant son rôle très à coeur, il tentera de faire aimer les livres et la lecture aux élèves… C'est un livre touchant, bienveillant…l'étant nettement moins vis-à-vis du monde rigide des Adultes et de l'Education Nationale…
Il se rappelle de lui-même, enfant, à l'Ecole communale…en dehors d'un instituteur atypique , « géant débonnaire », qui l'aidera…ses souvenirs d'écolier sont des plus médiocres !!Parallèlement à ce vécu enrichissant avec les enfants, il fait la toute récente et tardive expérience de « la paternité »… Une autre facette de la complexité de la transmission, de l'éducation d'un petit….
Il y a bien sûr la rage et la colère de
Christian Estèbe contre le système, ses défaillances, dysfonctionnements, mensonges et inégalités générées et alimentées « lamentablement »…mais ce qui donne une vraie lumière et chaleur à cette expérience vécue, même dans ce contrat précaire qu'il a accepté d'assumer, c'est la joie de l'auteur à être avec les élèves, à les comprendre, les laisser s'exprimer…tenter de les emmener avec lui, dans sa passion des livres, de l'écriture, qui l'ont sauvé…
Pour sa part. On sent très fort, qu'il aimerait qu'il en soit de même pour ces jeunes, qui , la plupart, l'année suivante intégreront un lycée professionnel !...
« Ces élèves « tête en l'air, peu soucieux des autres, brouillons, dissipés et bavards », comme disent d'eux, avec mépris, certains adultes, ressentent tout : les marques de respect, et les injures silencieuses qui sont faites à ce qu'ils sont, à ce qu'ils tentent d'être. Ainsi, ils savent apprécier une attitude juste, un compliment, un sourire. Certes, ils ne répondent pas souvent, font du bruit, crient et parlent haut, mais à travers tout cela, rien ou presque ne leur échappe. (p. 37)
Parallèlement aux anecdotes de l'auteur avec ces « petits monstres »… il conseille des lectures, parle de lui-même, de bilan de vie, des livres qui l'aident dans ce si difficile « Métier de vivre »...
« Aujourd'hui, je pense très fort au merveilleux
Max Jacob, à sa vie sur la butte, à son livre –Saint-Matorel ». J'ai des raisons d'y penser. Art qui m'aide à vivre, engagement de toute ma vie. Lorsque je me demande, accablé, à quoi me servent tant de livres, je n'ai qu'à songer à mes moments de dérélictions, à mes moments de joie, la réponse s'y trouve, noir sur blanc. » (p. 69)
« Si certains livres ne servent qu'à bailler avant de s'endormir, d'autres sont là pour, dans la nuit, nous garder les yeux ouverts. « (p. 70)
Après ce touchant récit aux nombreuses interrogations, remises en cause… je reste dans l'univers de
Christian Estèbe, avec la lecture de «
La Gardienne du château de sable » hommage vibrant et singulier à sa mère… Mélange de violence et de tendresse !