"Cette lutte avec soi-même est une terra incognita où personne ne peut aller, où personne ne peut venir. Ni psys, ni compagnes, ni enfants, ni amis. Ce désert absolu qu'est une dépression nerveuse grave est une arène glacée où le gladiateur est à la fois lui et l'autre, bourreau et victime. "(p. 60)
Un engouement réel pour cet écrivain-libraire... confirmé par une deuxième lecture récente, empruntée à la médiathèque , "Petit exercice d'admiration" [Hommage à l'auteur , Marc Bernard ]
Sur cette lancée, je me suis commandé deux nouveaux livres, dont celui-ci, le plus récent, qui même si l'auteur conserve humour, autodérision, et sens de la drôlerie, ce récit raconte quatre ans de souffrance dûe à la dépression ...
Il se bat, tente de poursuivre son métier de représentant pour des éditeurs...reprend les routes, avec tout un arsenal d'anti-dépresseurs, allant voir tous les charlatans possibles , pour trouver une solution
miracle !...
Christian Estèbe nous narre ses innombrables aventures pour sortir de cette souffrance de vivre: de psychiatres en rebouteux, mages, magnétiseurs, psys en tous genres ...pour revenir à la case zéro !!
"Aussi malade que je sois, aussi dur et ingrat que soit ce métier, c'est encore dans une librairie où je suis le moins mal. J'ai beau les détester, les mépriser, ces vendeurs de papier imprimé, je les aime aussi très fort, lorsqu'un l'un deux, par son érudition, sa culture, relève l'honneur du métier. C'est la famille à laquelle j'appartiens, que je me suis choisie depuis très longtemps, et si je dois mourir bientôt, que je meure un livre à la main. Cet outil de la liberté absolue me porte, comme je le porte depuis toujours. Rien à chercher, rien à espérer : je suis une peinture d'Archimboldo, la gueule faite avec des livres." (p. 51)
Un livre grinçant, ironique, mélancolique , mordant sur cette maladie terrible du mal de vivre, qui fait si peur et provoque si souvent l'isolement du "coupable" !!
Ce récit, en dépit des souffrances réelles de son auteur ne manque pas de drôlerie, d'humour noir et d'auto-dérision !!
"Je voudrais tant reprendre ma place parmi les vivants. Retrouver ceux qui chantent, qui rient, qui se disputent pour des broutilles, qui se chamaillent pour des riens, qui s'aiment ou se détestent, qui vivent, enfin ! J'aimerais tant me remettre à exister." (p. 139)
Récit authentique de quatre années de souffrance dépressive de l'auteur qui s'achèvera enfin par une réconciliation avec lui-même....
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Ce qui est positif lorsqu'on est au fond d'une profonde dépression, c'est que peu à peu, toute peur, toute crainte s'évanouit. C'est un étrange lâcher-prise, qui confine plutôt à une sidérale indifférence à son soi social. Plus peur des coups, de la violence, du mépris, du regard des autres, de leur pitié, de leur curiosité ou de leur indifférence. (p. 97)
Cette lutte avec soi-même est une terra incognita où personne ne peut aller, où personne ne peut venir. Ni psys, ni compagnes, ni enfants, ni amis. Ce désert absolu qu'est une dépression nerveuse grave est une arène glacée où le gladiateur est à la fois lui et l'autre, bourreau et victime. (p. 60)
Je médite ces propos. En effet, ces maladies mystérieuses dont sont victimes mes personnages, ce mal qui jamais ne dit son nom et qui précipite l'un dans l'alcoolisme, l'autre dans une fuite sans fin, un troisième dans des délires sexuels, qui obligent l'un ou l'autre à s'éloigner d'une compagne, d'un pays, d'un travail, d'amis, n'est-ce-pas ce que je ressens en miroir depuis des
années ? (p. 56)
Aussi malade que je sois, aussi dur et ingrat que soit ce métier, c'est encore dans une librairie où je suis le moins mal. J'ai beau les détester, les mépriser, ces vendeurs de papier imprimé, je les aime aussi très fort, lorsqu'un l'un deux, par son érudition, sa culture, relève l'honneur du métier. C'est la famille à laquelle j'appartiens, que je me suis choisie depuis très longtemps, et si je dois mourir bientôt, que je meure un livre à la main. Cet outil de la liberté absolue me porte, comme je le porte depuis toujours. Rien à chercher, rien à espérer : je suis une peinture d'Archimboldo, la gueule faite avec des livres. (p. 51)
Je voudrais tant reprendre ma place parmi les vivants. Retrouver ceux qui chantent, qui rient, qui se disputent pour des broutilles, qui se chamaillent pour des riens, qui s'aiment ou se détestent, qui vivent, enfin ! J'aimerais tant me remettre à exister. (p. 139)
Rencontre avec Christian Estèbe, “La vie fugitive mais réelle de Pierre Lombard, VRP” (Finitude)
Rencontre présentée par : Elodie Adde et Sarah David, étudiantes en apprentissage dans le cadre de la licence professionnelle librairie de l'IUT Bordeaux Montaigne.
Pierre Lombard a tout perdu : un poste prestigieux dans un grand groupe d'édition, sa femme, ses ambitions d'écrivain. Amer et désabusé, il accepte un poste de représentant en librairie pour de petits éditeurs.
Tournée après tournée, dans la solitude de sa voiture, il se nettoie des faux-semblants de sa vie antérieure et se reconstruit par la lecture.
Retrouvez son livre chez vos librairies indépendantes :
https://www.librairies-nouvelleaquitaine.com/
Inédite édition de l'Escale du livre, du 24 au 28 mars 2021 et durant tout le printemps
https://escaledulivre.com/
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© musique : Hectory - Réalisation et sound design : Grenouilles Productions - création graphique : Louise Dehaye / Escale du livre 2021 - Inédite édition
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