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Citations de Christine Détrez (54)


Peut-être que les ogres aussi sont malheureux, et qu’ils croquent les petites filles parce qu’elles sont tendres et douces, et qu’ils rêveraient de devenir comme elles. Peut-être espèrent-ils que leurs cheveux d’or et les paillettes dans leurs yeux enfin éclairent leurs ténèbres.
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Ainsi des femmes, pour écrire et publier leurs textes, s’entêtent et s’endettent, grappillent sur leurs heures de sommeil pour parvenir à écrire après la journée de travail et les tâches domestiques, mettant en péril leur tranquillité, parfois leur réputation, et souvent leur santé. Et pourtant elles continuent
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sur les 300 stations de métro de la capitale, une seule a été baptisée d’un nom de femme (Louise Michel) tandis que Marie Curie partage toujours la sienne avec son mari.
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"Je ne sais pas pourquoi elle m'avait choisie comme amie, elle la fantasque, la joie de vivre. Mais je sais pourquoi Yann l'a choisie elle. Elle, elle croyait au Grand Amour."
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chap 8
Peut-être dit-il la vérité, Hector, peut-être a-t-il raison, quand il affirme que c’est moi qui ai commencé, à le frôler en entrant, quand il venait ouvrir la porte. À croiser et décroiser mes jambes quand, avec sa sœur, on allait le voir dans sa chambre. À me pencher juste devant lui pour l’effleurer de mes cheveux, de mon odeur, quand je regardais les pochettes de ses disques ou sa collection d’insectes. À chanter en le regardant, à allonger ma voix sur les syllabes comme sur des draps. À le regarder en tentant de prononcer les noms savants des libellules en latin. À oublier de fermer le bouton du haut de mon corsage.
[...]
À avoir envie de lui. C’est ce qu’il dit. Que c’est moi qui me suis jetée dans la gueule du loup.
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Le monde est grand, leur monde est vieux, et tout semble possible à ces jeunes du baby-boom. La guerre d’Algérie n’est pas loin et, pour beaucoup de ces jeunes hommes en âge de faire leur service militaire il est impensable de toucher une arme. Alors ils partent enseigner loin, en Afrique, au Maghreb, ils emmènent leurs jeunes épouses. Certains les ont rencontrées lors de leurs études, à l’université, à l’école normale, et ils obtiennent des postes doubles. Pour mes parents, ce fut la Tunisie. Tous ces jeunes adultes qui s’embarquent, qui s’envolent, sans rien savoir souvent du pays où ils ont été affectés, laissent derrière eux leurs propres parents. C’est loin, la Tunisie, quand on n’a jamais pris l’avion. C’est loin, pour ces parents habitués à vivre là où ont vécu leurs propres parents, et les parents de leurs parents avant eux. La terre, alors, était lourde aux semelles. À peine change-t-on de village, au gré des mariages. Le manque encore plus douloureux quand les petits-enfants naissent, si loin. Alors on envoie des photos.
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Les adultes se relayaient pour la corvée du supermarché, Delphine passait vite devant les rayons de charcuterie corse à cinquante euros le kilo, devant les confitures de figues et coings mijotées au chaudron de cuivre, devant les fromages de brebis élevées sous leur mère dans le maquis en plein air.
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Céline pensa que dans un film, elle serait tombée amoureuse de lui, de ses yeux clairs dans le visage sale, de ses mains de fer et de feu sur sa peaufine de Parisienne. Mais elle n'avait pas du tout envie de tomber amoureuse, et ce n'était pas un film. Presque par réflexe, elle voulut caresser sa peine sauvagine blottie dans la poche, si petit depuis quelques jours qu'elle ne l'entendait plus galoper ni gratter dans sa chair. Elle avait disparu.
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"Elle est là, ma petite araignée, ma tisseuse de dentelles et de lumières, l'emperleuse de ronces. Elle se tient à carreau, blottie, transie, recroquevillée, elle se dit que quand même, je lui fais un sale coup, là."
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C’est compliqué de demander, quand le silence s’est installé si longtemps. C’est compliqué, quand on vit dans une famille où tout le monde s’aime, le père, la mère, les trois enfants, et où tout a toujours été fait pour que nulle différence n’existe dans cet amour.
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Elle ne sourit pas. « J’ai toujours gardé ces photos près de mon cœur », écrit mon oncle dans le message qui accompagne les deux photos. Et les pliures du papier sont les marques de son chagrin inextinguible.
Les pliures du papier lui font les rides qu’elle n’a jamais eues.
Les pliures du papier sont les griffes de l’oubli auxquelles je veux l’arracher.
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L’imagination est-elle un muscle qu’il suffirait d’entraîner ? Maintenant que j’ai des photos d’elle, peut-être qu’à les regarder attentivement les traits de son visage s’inscriront à rebours dans ma mémoire. Peut-être qu’à force de la regarder elle reprendra vie, dans une boucle des synapses de mon cerveau. À défaut de me souvenir, arriverai-je, enfin, à l’imaginer ?
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Françoise Dorléac et Natalie Wood occupaient mon imaginaire et je n’avais pas besoin de chercher ailleurs. J’apprenais par cœur les chansons des Demoiselles de Rochefort ou de West Side Story et me les chantais comme une berceuse. Parce que Robert Wagner avait épousé Natalie Wood, je passais mes dimanches après-midi devant Pour l’amour du risque, et j’en voulais un peu à Stefanie Powers d’occuper l’écran, j’aurais adoré que ce soit Natalie Wood qui ait le rôle.
Je pensais que tout allait bien.
*
L’imagination est-elle un muscle qu’il suffirait d’entraîner ? Maintenant que j’ai des photos d’elle, peut-être qu’à les regarder attentivement les traits de son visage s’inscriront à rebours dans ma mémoire. Peut-être qu’à force de la regarder elle reprendra vie, dans une boucle des synapses de mon cerveau. À défaut de me souvenir, arriverai-je, enfin, à l’imaginer ?
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À cet instant [...] j'ai pensé que je devais faire un livre aussi beau que cette image, ma mère à 14 ans, heureuse et dansant dans une robe de mousseline verte.
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Ça se résume très vite, une vie d’avant, tellement vite que ça en donne le vertige, une rencontre, après d’autres, quand on a vingt ans et qu’on fait ses études, quand on se croit si adulte alors qu’on est encore si jeune, quand on a ces belles certitudes que le temps se chargera d’effriter.
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À Valentine tout allait parfaitement. Sur Valentine tout devenait naturellement sexy. Valentine, elle, avait la tchatche, comme disaient les garçons. Elle abordait les serveurs des restaurants, discutait et négociait sans cesse, pour un supplément chantilly gratuit, pour un Coca, pour une ristourne, pour tout. Et ça marchait. Valentine rappelait à Delphine les filles de sa classe à qui ses copines et elle ne parlaient jamais, sans que ce soit délibéré, en un accord tacite des deux parties. Il y avait les filles bûcheuses, les filles sages, et les filles populaires.
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Christine Détrez
Pour Robert Darnton, c’est d’ailleurs Jean-Jacques Rousseau qui, le premier, affirme la lecture « ordinaire », c’est-à-dire la lecture fondée sur les émotions, l’identification et les sensations, aux antipodes de la lecture savante, qui réclame distanciation et analyse
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Christine Détrez
Mais la lecture distractive est souvent condamnée avec bien plus de véhémence qu’une simple hiérarchisation des valeurs. Non seulement elle est une perte de temps, mais elle se révèle également dangereuse, comme en témoigne la métaphore hygiéniste souvent employée par ses détracteurs : poison, vice, décrépitude physique et morale, rien n’est assez fort pour désigner les risques encourus par les lecteurs. Ainsi les frayeurs exprimées au début du XVIIe siècle face au goût que témoignent les jeunes pour la poésie, qui plus est, comble de l’horreur, écrite en langue française, perdurent au cours des siècles, même si l’illégitimité se déplace de la lecture de poésie à celle de fiction : « Alors que toute lecture doit conduire à Dieu, comment le pourroient faire les Poësies et toutes ces pieces Galantes qui font toute la lecture de la jeunesse ? La matière en est mauvaise. Ce sont des peintures de choses ou qu’on devroit ignorer ou qu’on devroit avoir en horreur [...] C’est toujours conformément aux inclinations corrompues qu’on y parle : le vice y est flatté et déguisé, la vertu y est souvent tournée en ridicule. On prend dans ces sortes de lecture un esprit de dissipation, qui ne se peut plus s’appliquer à rien de sérieux, ni qui soit solide. » (B. Lamy, 1684, cité par Monique Bouquet, 1999, p. 41.)

Et le même thème traverse les siècles ultérieurs, comme l’ont bien montré Anne-Marie Chartier et Jean Hébrard dans Discours sur la lecture en 2000. La lecture futile est soit la lecture de mauvais genres (la poésie, puis le roman), soit la lecture de mauvaises gens (les femmes, les enfants, le peuple, ou les petits-bourgeois dont Bouvard et Pécuchet seraient les malheureux exemples)...
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Christine Détrez
Ici encore, un bref aperçu des propos tenus par les écrivains montre que ce mépris envers la lecture futile, celle qui ne sert ni à la sagesse pour les uns, ni au savoir pour les autres, est un thème transversal. Ainsi ce texte de Machiavel est significatif, car il enchaîne toute une série d’oppositions : la lecture récréative se déroule à l’extérieur, s’accommode sans problème de fange, de boue, et de la défroque de tous les jours, et traite des amours ; l’autre, la lecture utile, est bien plus solennelle : elle nécessite le silence du cabinet, le brocart et la soie, occupe plus de quatre heures de temps, et permet de regarder la mort en face, sujet autrement plus grave... Voici ce qu’il écrit :

« En quittant mon bois, je m’en vais à une fontaine, et de là à ma volière. J’emporte un livre sous le bras, tantôt Dante ou Pétrarque, tantôt l’un de ces poètes mineurs comme Tibulle, Ovide et d’autres : je me plonge dans la lecture de leurs amours et leurs amours me rappellent les miennes ; pensées dont je me récrée un bon moment. [...] Le soir tombe, je retourne au logis. Je pénètre dans mon cabinet, et, dès le seuil, je me dépouille de la défroque de tous les jours, couverte de fange et de boue, pour revêtir des habits de cour royale et pontificale ; ainsi honorablement accoutré j’entre dans les cours antiques des hommes de l’Antiquité. Là, accueilli avec affabilité par eux, je me repais de l’aliment qui, par excellence, est le mien et pour lequel je suis né. Là, nulle honte à parler avec eux, à les interroger sur les mobiles de leurs actions, et eux, en vertu de leur humanisme, me répondent. Et durant quatre heures de temps, je ne sens pas le moindre ennui, j’oublie tous mes tourments, je cesse de redouter la pauvreté, la mort même ne m’effraie pas. »
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Christine Détrez
Dans Les mots et les choses, Foucault définit la base du savoir au XVIe siècle par le primat accordé à l’interprétation – « Le propre du savoir n’est ni de voir, ni de démontrer, mais d’interpréter » – interprétation se déployant à l’infini dans le commentaire.

Or, cette nécessité à la fois d’interpréter et de voir comment le texte fonctionne est également au fondement de la croyance dans l’efficacité de l’explication de texte6 et de ses divers avatars au fil des réformes, tant est forte l’influence du modèle scolastique sur la définition de la lecture savante par l’école. Qu’on la nomme explication de texte, commentaire composé, explication linéaire ou lecture méthodique, c’est la suprématie d’un mode de lecture cherchant le sens caché du texte qui est affirmée, que ce sens révèle la vérité du monde, ou, plus modestement, celle de l’auteur ou de la « littérarité ». En effet, au XVIe comme au XXe siècle, même si désormais le lien entre signifiant et signifié n’est plus posé d’emblée comme une évidence, et si on reconnaît la place du lecteur dans le processus de lecture comme élaboration du texte et du sens, « il n’y a commentaire que si, au-dessous du langage qu’on lit et déchiffre, court la souveraineté d’un Texte primitif. Et c’est ce texte qui, en fondant le commentaire, lui promet comme récompense sa découverte finale. » (Foucault, 1966, p. 56.) Lanson parle ainsi, en 1925, du « sens permanent et commun d’une œuvre », du « sens originel, du sens de l’auteur », enrichi ensuite par les différentes strates de lectures, du « sens du premier public et des sens de tous les publics [...] que le livre a successivement rencontrés », afin « d’arracher au texte son secret ».
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