Les moutons vont à l'abattoir. Ils ne disent rien, eux, et ils n'espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l'électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des révolutions pour conquérir ce droit.
Ne pas être anarchiste à seize ans, c'est manquer de cœur, l'être encore à quarante, c'est manquer de jugement.
Ménippe, dans son livre intitulé La vertu de Diogène, raconte qu'il fut fait prisonnier et vendu, et qu'on lui demanda ce qu'il savait faire. Il répondit : "Commander", et cria au héraut : "Demande donc qui veut acheter un maître."
Diogène de Sinope
Voter, c'est évoquer la trahison. Sans doute, les votants croient à l'honnêteté de ceux auxquels ils accordent leurs suffrages - et peut-être ont-ils raison le premier jour, quand les candidats sont encore dans la ferveur du premier amour. Mais chaque jour a son lendemain. Dès que le milieu change, l'homme change avec lui. Aujourd'hui, le candidat s'incline devant vous, et peut-être trop bas ; demains, il se redressera et peut-être trop haut.
Elisée Reclus
Voter, c'est se choisir un maître.
Voter, c'est permettre à certains hommes de se sentir au-dessus des lois puisque ce sont les élus qui les font.
Voter, c'est évoquer la trahison. Le fougueux démocrate n'apprend-il pas à courber l'échine quand le banquier daigne l'inviter à son bureau...
Elisée Reclus , Octobre 1885.
[...] le ciel religieux n'est autre chose qu'un mirage où l'homme, exalté par l'ignorance et la foi, retrouve sa propre image, mais agrandie et renversée, c'est-à-dire divinisée. [Bakounine]
Nos contemporains sont incessamment travaillés par deux passions ennemies : ils sentent le besoin d'être conduits et l'envie de rester libres. Ne pouvant détruire ni l'un ni l'autre de ces instincts contraires, ils s'efforcent de les satisfaire à la fois tous les deux. [Tocqueville]
"Le chien "
Il s'agit du surnom que Diogène s'attribuait. La légende prétend qu'il s'en serait expliqué ainsi devant Alexandre le Grand qui lui demanda son nom après s'être présenté lui-même comme un souverain puissant : "Et moi je suis Diogène le chien parce que je caresse ceux qui me donnent, j'aboie contre ceux qui ne me donnent pas, et je mords ceux qui sont méchants. "
Mais ce qui constitue le péril politique le plus fort en raison de son caractère insidieux, c’est surtout la propension des individus à s’abandonner à ceux qui leur permettent de vivre dans la sécurité et le bien-être matériel, quitte à y sacrifier docilement leurs libertés. De proche en proche, ce double soucis peut en effet se payer du désengagement citoyen consistant à laisser à l’État un pouvoir de plus en plus important. Ainsi, la démocratie qui semble pourtant conjurer définitivement le risque du despotisme, peut indirectement y substituer un absolutisme doux et feutré, dont la seule consolation serait le paradoxe d’avoir choisi nous-mêmes nos tuteurs par les urnes.
Un jour, quelqu'un le fit entrer dans une maison richement meublée, et lui dit : " Surtout ne crache pas par terre." Diogène lui lança son crachat au visage, en lui criant que c'était le seul endroit sale qu'il eût trouvé et où il pût le faire.