Citations de Cindy Mezni (16)
Vois-tu, nous considérons que les bêtes valent mieux que vous autres humains car elles sont pourvues d'une certaine intelligence et savent se défendre. Vous, vous êtes faibles et vous êtes tellement dépourvus de cervelle que vous essayez de vous entretuer jusqu'à ce qu'il ne reste plus personne. Vous détruisez même à petit feu le seul endroit où vous pouvez vivre. Votre bêtise vous conduit doucement à votre extinction. Alors vois-tu, nous vous avons finalement trouvé une utilité : nous servir de repas.
Notre ancien roi Efflamm m'avait donné un conseil bien utile que j'avais toujours gardé en mémoire : ne jamais évoquer son passé avec quiconque. Donner des informations sur soi à quelqu'un, c'était lui donner la possibilité de les utiliser pour nous détruire. « Savoir, c'est pouvoir », ne cessait de me répéter Efflamm. Sur ce point-là, il avait dit vrai.
— Vous pouvez... lire dans mes pensées ou quelque chose du genre ? s'enquit-il en pointant du doigt sa tête.
Je m'esclaffai sans gêne. Si c'était le cas, je ne lui poserais aucune question et irais directement chercher les informations qui m'intéressaient dans son crâne sans perdre du temps à bavasser inutilement avec lui. Enfin, il avait une excuse à sa stupidité : il était humain.
Les combats n'étaient autorisés que dans certains cas. Le trop-plein de testostérone n'en faisait pas partie. Satan savait qu'il y aurait sinon constamment des effusions de sang dans cette habitation.
J'allais devenir cinglée. Ou être de très mauvais poil - plus que je ne l'étais déjà à la base, s'entend.
- Le présent et le passé se valent, avait-elle dit, le jour où je lui avais demandé si tout était mieux avant. Les choses changent, évoluent, certaines en mieux, certaines en pire et d'autres encore, comme la nature humaine, restent toujours pareilles. L'homme a toujours besoin d'avoir un ennemi, par exemple. C'est la raison même pour laquelle tu es l'ennemi pour tous ces gens dehors. Peu importe que tu leur aies fait quelque chose ou pas, ils ont besoin de quelqu'un à blâmer pour ce qui ne va pas dans leur existence et qu'ils ne peuvent pas changer. La différence, au final, ce n'est qu'un moyen pour définir l'adversaire, pour justifier auprès de soi-même et des autres la haine ou le sentiment d'injustice qu'on a en soi et ce qu'on inflige à l'autre à cause de cela. Autrefois, c'était une question de couleur, de nationalité, d'orientation sexuelle ou même de religion. Aujourd'hui, c'est une question de marques ou d'absence de marques sur la peau. Si ça n'avait pas été ça, ça aurait sans doute été autre chose...
Je cessai de l’écouter, sa voix n’étant soudain plus qu’un bourdonnement lointain. Ce fut comme une explosion, un volcan en éruption : la haine, l’envie de vengeance, l’espoir, le désespoir… Tout ce que j’avais éprouvé dans cette cellule, cette antichambre de l’Enfer durant des semaines, des mois, se propagea en moi. Et cette fois, Ezéchiel n’était pas le seul responsable de tout cela. Nathanaël était la cause principale de ce véritable ouragan qui dévastait la cage que j’avais mis tant de temps à créer autour de ces sentiments dévastateurs. Car rien de pire qu’une multitude d’émotions incontrôlables chez un être dépourvu de scrupules – ou presque – ayant une force colossale et des dons destructeurs.
Pourquoi fallait-il qu’il ait ce regard bleu-gris irrésistible, ces cheveux blonds – mon péché mignon – et ce corps qui était une pure invitation au vice ? Et pourquoi ne pouvions-nous pas parler sans que des pensées obscènes me viennent à l’esprit ? Depuis ce jour maudit où nous avions couché ensemble, jamais plus nous n’avions pu terminer une conversation sans que cela finisse à l’horizontale.
Il ressemblait à ces apollons sans défaut, ces vedettes de cinéma qu'on voyait dans les films, tout en ayant quelque chose de différent. De plus. Un charme, certes, mais quelque chose de sombre et de mauvais couvait sous la surface. Quelque chose qu'on ne pouvait s'empêcher d'admirer, même si c'était mortel. Exactement comme le papillon attiré par la flamme et qui allait jusqu'à se brûler les ailes pour s'approcher de l'irrésistible lueur.
Ses pieds pendaient à plusieurs centimètres du sol. Il gesticula dans tous les sens, pathétiquement. Je lui adressai une expression railleuse avant de l'éjecter au loin à la seule force de mon bras. Il alla méchamment percuter le mur du fond, un cri lui échappa. Une nouvelle odeur s'ajouta à celle de la panique : celle du sang. La plus délectable des senteurs en ce bas monde. Je respirai profondément, m'emplissant les poumons de ce doux fumet.
Sans crier gare, une baïonnette transperça le bas de son dos jusqu'à ce que le bout de l'arme pointe de son abdomen. Tout aussi rapidement, l'arme ressortit de son corps. Pour toute réaction, Nathanaël fit une sorte de grimace irritée absolument inhumaine avant de se retourner à vitesse nëphyrienne. Il s'empara à deux mains de la tête de son assaillant et lui fit faire un tour complet sur elle-même. Pas de doute, l'homme venait de perdre la tête - au sens propre. Cette dernière tomba sur le béton dans un bruit sourd la seconde
- La preuve que tu n'es pas une mauvaise personne réside dans le fait que tu te demandes si tu l'es.
- C'est le problème de ce monde. Plus personne ne regarde vraiment. Tout n'est basé que sur les apparences, les préjugés ou l'instinct. Que pense un Atteint en voyant un Non-Atteint, qu'il soit Patrouilleur ou une jeune fille comme toi ? Ennemi. Que pense un Non-Atteint d'Elysion en voyant un Atteint, qu'il soit un enfant ou un homme abject ? Une vie inutile. Les gens ne voient rien sinon des visages intacts ou balafrés et les sentiments qu'ils associent à chacun. Et pourtant, tous autant que nous sommes, nous sommes bien plus qu'une peau, un virus, un tatouage ou même un uniforme. Nous sommes des êtres vivants avec des sentiments, des remords, des regrets, des personnes pour qui nous comptons et réciproquement... On a juste tendance à l'oublier à cause de la peur, de la haine et du désir de survivre. Mais qui peut blâmer qui que ce soit d'agir aussi instinctivement, aussi humainement, pour se protéger ?
- Enfin, après tout, un dément pour l'un est un homme normal pour un autre, n'est-ce pas ? C'est comme le bien et le mal. Un acte peut paraître gratuit et barbare pour quelqu'un et sembler justifié pour son voisin. Tout est subjectif. Tout est dans les yeux de celui qui regarde.
[...]
-Je ne suis pas d'accord, répliquai-je finalement. Il n'y a pas toujours d'excuse pour le mal qui est fait. Il y a ceux qui prennent du plaisir en infligeant la souffrance ou ceux qui n'hésitent pas une seconde avant de battre ou tuer quelqu'un juste pour un regard ou un mot de travers.
Il sourit mais cette fois, sans chaleur.
- Tu penses qu'il n'y en a pas, mais chaque personne qui fait ce que tu viens d'évoquer pourrait t'en trouver une. Au final, il est si facile de trouver des prétextes à tout ce qui se passe dans ce monde, si facile de se cacher derrière eux...
_Pas de tentative de fuite ou autre? J'avoue être un peu déçu. Je m'attendais à un peu de résistance de ta part, me dit-il sur un ton tragigue, confiant au grotesque dans une situation pareil.
_Quand la bataille est veine, il faut savoir abandonner et rendre les armes.
-Deliah ? il y a un problème ?
Sa voix était polie et douce et pourtant, lorsque je répondis, ce fut d'un ton acide :
-Oui. Toi.