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Critiques de Claire Alet (36)
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Capital et idéologie BD

Club N°51 : BD sélectionnée

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Très bonne adaptation mettant à la portée de tous le travail de Piketty.



Ne pas avoir peur du thème (l'économie), l'ouvrage se lit avec plaisir.



Samuel

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Le principe de distribution des richesses (et ses inégalités) que l'on suit avec l'histoire d'une famille depuis la révolution jusqu'à aujourd'hui.



Passionnant !



David

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Bel effort de vulgarisation, très dense, avec une préférence pour le récit situé à notre époque.



Morgane R.

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Un grand travail d'adaptation et de vulgarisation du pavé de Piketty.



Se lit avec un grand plaisir.



Wild57

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Lien : https://mediatheque.lannion...
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Capital et idéologie BD

Qui ne connaît pas Thomas Piketty ? Il est depuis de nombreuses années l'un des plus grands économistes de France. Voilà que son livre est enfin adapté sur le support de la BD grâce à des auteurs dont une journaliste indépendante Claire Alet.



Un mot sur le dessin de Benjamin Adam qui a tout de même été diplômé des arts décoratifs de ma ville Strasbourg. Le dessin colle à merveille au propos économique de par sa simplicité et sa sobriété.



J'aime bien Thomas Piketty car bien qu'issu d'un milieu très aisé, il s'est tout de suite intéressé à la redistribution des richesses qui était loin d'être équitable. Il est vrai que beaucoup de gens qui se trouvent dans l’opulence ne se soucie guère des autres car ils estiment que leur réussite les place au-dessus.



La théorie assez singulière de cet économiste est d'affirmer que les inégalités de revenus ont baissé au XXème siècle en France et que c'est lié à la progressivité de l'impôt sur le revenu. Plus on gagne de revenus, plus on va financer la misère sociale et les caisses de l'Etat de manière générale. Du coup, l'argent est redistribué.



Il est vrai que cela pose un problème à beaucoup de gens qui se lèvent tôt pour travailler afin que certains puissent vivre un peu décemment sans fournir le moindre effort. On ne peut en vouloir farouchement à cette pensée quand on voit concrètement comment se passent les choses.



Cet économiste est défavorable à juste titre au mouvement de baisse de la fiscalité intervenu depuis les années 90 car cela favorise la reconstitution des grandes fortunes et cela accroît considérablement les inégalités. Le gouvernement macroniste actuel ne va d'ailleurs pas dans le sens préconisé par notre économiste puisqu'il préfère ne pas toucher à l'impôt en mettant à contribution les travailleurs pour une durée de travail plus longue jusqu'à la retraite.



Les Bernard Arnaud n'ont aucun souci à se faire avec une telle politique dont les effets négatifs seront du côté des petits travailleurs. Oui, c'est bien le retour en force des inégalités qui nous guette avec un petit pourcentage de milliardaires contrôlant presque toutes les richesses mondiales. On se retrouve à peu de choses près dans une société avant la révolution française où il y avait trois ordres : le tiers-état, le clergé et la noblesse représentant 2% de la population et qui contrôlaient la majorité des biens et des ressources.



Il faut savoir que certains économistes américains ont critiqué assez sévèrement les conclusions de Thomas Piketty en indiquant qu'il dramatisait la situation. Je ne sais pas mais je constate dans la vraie vie que les inégalités n'ont jamais été aussi fortes. Ceux qui sont du bon côté se complaisent dans cette situation et se barricadent face aux critiques en indiquant qu'ils le méritent. Mais bon, ce n'est pas une vulgaire question de jalousie mais plutôt de justice sociale. Bref, cet auteur a énormément de détracteur qui vont essayer de casser ses démonstrations pourtant constructives.



Cette présente œuvre étudie les idéologies justifiant les forts niveaux d'inégalités à travers le temps. C'est réalisé de manière ludique afin de faire passer le message. Il est vrai que dernièrement, Piketty a co-signé une tribune soutenant le programme économique de la NUPES ce qui ne va pas forcément plaire aux économistes américains. Moi, je suis plutôt sensible aux propositions fiscales et économiques qu'il réalise pour qu'on puisse vivre dans un monde plus juste et plus équitable.



Bonne idée également le fait que cela soit présenté sous forme de saga familiale qui part de la Révolution française à nos jours sous 8 générations de la même famille. On se rend compte que la richesse se transmet grâce à la succession. Par ailleurs, dans le passé, beaucoup ont profité des bénéfices de la colonisation.



On apprendra au passage ce que l'état français a fait à la République d'Haïti qui a obtenu son indépendance en 1804. Près de 20 ans après cette indépendance, la France sous la menace des armes a exigé une compensation financière astronomique pour la perte de son exploitation de l'île. C'est le monde à l'envers avec une indemnisation demandée aux descendants d'esclaves. Ce pays a mis près d'une centaine d'année à procéder au remboursement intégral avec les intérêts. Il est aujourd'hui l'un des pays les plus pauvres de la planète car cette spirale d’endettement a paralysé Haïti pendant plus d’un siècle. C'est véritablement scandaleux car Haïti est le seul pays au monde où des générations de descendants d’esclaves ont versé des réparations aux héritiers de leurs anciens maîtres !



Bref, c'est une enquête assez intéressante qui nous apprendra beaucoup de choses sur un mode parfois teinté d'humour. Il est clair que cette œuvre a bousculé la pensée économique depuis 20 ans avec un autre regard sur le passé.
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Capital et idéologie BD

On suit avec beaucoup d'intérêt les destins des générations successives d'une famille bourgeoise, enrichie par le commerce maritime et du "bois d'ébène". Beaucoup de rappels historiques, de concepts d"économie politique sont expliqués simplement, par l'exemple. Le XXe siècle sera fatal aux rentiers : la valeur des biens diminue, l'impôt de vient progressif, l'épargne stagne tandis que l'inflation flambe, ce qui est tout profit pour les Etats endettés après 45. On ne se limite pas à la France : il y est question de l'évolution économique et politique de l'Inde, des Etats-Unis et de l'Europe. Nostalgie pour les Trente Glorieuses et du keynésianisme, critique de la théorie du ruissellement et de l'ultralibéralisme, enjeux du dérèglement climatique...Cela donne envie d'approfondir tous ces concepts et de s'attaquer à la brique qui a rendu célèbre Thomas Piketty.
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Capital et idéologie BD

La mode semble aux adaptations graphiques d'ouvrages spécialisés et je commence à y prendre goût. Je n'aurais jamais affronté la lecture de Piketty dans le texte (et pourtant, je sais qu'il est dans la bibliothèque familiale), alors que cette version en images est tout à fait abordable. On y suit sur plus d'un siècle (de 1789 à 2020) les descendants de Pierre, membre de la noblesse bordelaise d'Ancien Régime) et le constat n'est guère surprenant, plus on est riche, et plus on a de possibilités pour le devenir encore plus, quelle que soit l'époque, et ce, même si la fortune de Pierre finit par s'effriter au fil des générations. Chaque membre de cette famille représente un type social ancré dans son époque et c'est ce qui rend l'ensemble assez simple à comprendre. Ils naissent, vieillissent, meurent, se croisent et s'opposent souvent. Chaque période importante est ainsi caractérisée par un couple de personnages (et ils sont nombreux !) et une couleur spécifique pour bien la délimiter.

Les connaissances historiques sont ainsi mises en perspective pour montrer comment l'idéologie permet au capital de rester entre les mains des plus riches quand les plus pauvres ont toutes les chances de le rester, et ce, sur plusieurs générations. Les explications sur les différents impôts qui permettent la persistance de ces inégalités sous couvert de juste répartition sont assez claires, ou du moins, il me semble avoir compris. La dernière partie, courte, consacrée aux propositions, montre aussi très bien que des possibilités existent, tout en laissant voir aussi très bien pourquoi elles ne sont pas mises en place.
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Capital et idéologie BD

Cette bande déssiné est très bien faite.

Je l'a recommande à tous.

A travers une famille a partir de la révolution à nos jours on découvre les enjeu d'hier et d'aujourd'hui sur l'imposition.

A la fin de l'ouvrage, l'auteur propose des propositions.

Bravo au dessinateur et à l'auteur pour la qualité de l'ouvrage.

C'est un livre a prété et offrir pour comprendre dans le monde dans lequel on vit.
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Capital et idéologie BD

Une approche habilement simplifiée de l’histoire de l’économie moderne et des origines des difficultés actuelles que rencontrent les économies des pays occidentaux.

La transcription en BD rend le tout très accessible et le traitement humoristique apporté par les auteurs rend le tout plus léger et facilement mémorisable. Le style de dessin est simple et efficace, et sert très bien le propos général. Ça donne envie de lire l’ouvrage complet de Piketty !

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Capital et idéologie BD

Difficile pour moi de juger ce livre : d’abord bien sûr parce que je ne suis pas économiste ensuite parce que je ne sais pas à qui attribuer les propos qu’il contient entre T.Piketty et les 2 auteurs (sans lire le livre original comment juger de la fidélité de la transcription). Ceci dit, à défaut de jugement, j’ai quand même un avis personnel et sans valeur universelle particulière (comme le démontrent tous les autres avis).

Pourtant le thème avait tout pour me plaire moi qui ait du mal à accepter que certains disposent d’une assurance de vie confortable dès leur naissance seulement parce que leurs parents étaient brillants. Mais deux choses m’ont particulièrement gêné : d’abord des incohérences entre ce qui est dit dans différentes parties du livre avec une tendance à parer certains aspects de vertus ou de défauts en fonction de ce qui arrange la démonstration … mon mauvais côté scientifique qui a du mal à s’adapter au flou politico-économique.

Ensuite, parce que ce livre (au moins dans sa 2° partie) ressemble trop à un trac politique, un genre de profession de foi du candidat Piketty que l’on retrouve comme véritable gourou (des médias ? ), inventeur d’un impôt progressif sur le patrimoine (ah bon c’est quoi la nouveauté par rapport à un impôt sur la fortune), défenseur des universités en s’appuyant sur le coût de scolarité des élèves pour comparer universités et écoles (comment retomber dans ce débat d’un autre temps .. surtout quand on a réussi après avoir fait prépa à Louis Le Grand puis Normale Sup) et en oubliant que la nature de l’enseignement influe sur les coûts : pour devenir chaudronnier, il faut des outils et des matériaux plus que pour un enseignement d’économie … même si la rémunération de certains intervenants en économie sont très élevées … mais je m’égare, T.Piketty ne va pas s’abaisser à parler de la formation de ceux qui produisent et travaillent de leurs mains alors que ce qui le passionne c’est l’Ecole d’Economie de Paris …. Beaucoup trop de choses donc qui n’ont de sens et d’intérêt que dans la valorisation de T.Piketty et je ne parle même pas du petit coup de pub pour sa compagne dont on reprend une idée en la citant.

Bref, ce livre a eu le don de m’agacer (à ce point, c’est une première) du début à la dernière page ce qui m’a fait rater quelques idées intéressantes (il y en a). Tout semble un peu survolé et le côté BD n’amène pas grand-chose.

Et puis deux points me gênent encore. Le premier dans la structure du livre où j’ai toujours du mal à dissocier le capital et le travail comme cela est fait ici (Marx a du me laisser une mauvaise habitude). Le deuxième est l’oubli régulier de l’impôt successoral (çà va même jusqu’à l’oublier dans l’idée n° 3 dans la liste des 4 impôts avec compétence de l’assemblée européenne) qui me semble pourtant essentiel dans la lutte contre des inégalités (à quoi sert de doter chaque étudiant d’un capital éducatif de 200000 euros si certains peuvent hériter de sommes 10, 100, 1000 fois plus importantes) … mais il est vrai qu’il ne faut pas effrayer son électorat dans un tract politique …

J’aurais au moins compris le titre du livre « Capital et idéologie » : capital, c’est ce détiennent ceux dont on parle et idéologie c’est ce que détiennent ceux qui en parlent.
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Capital et idéologie BD

Superbe épopée de la marche du monde, exposant du point de vue des pratiques économiques les évolutions sociétales différenciées selon les pays. Des choses compliquées y sont exposées avec un grand souci pédagogique et magnifiquement illustrées pour être rendues compréhensibles par le plus grand nombre. L’exercice était difficile, car, rendre compte de façon résumée d’un aussi vaste domaine de connaissances et d’évènements a conduit à faire des choix de mise en valeur de tel ou tel aspect engageant forcément une subjectivité de l’auteur. Les solutions proposées à la fin de l’ouvrage et découlant de tout ce qui précède, paraissent d’un tel bon sens, qu’on se demande pourquoi elles ne rencontrent pas un écho résonnant plus fort !
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Capital et idéologie BD

Capital et idéologie (2022) est un roman graphique de Claire Alet (scénario) et Benjamin Adam (dessin) d'après le livre de Thomas Piketty (2019). A travers l'histoire d'une famille sur plusieurs générations, les auteurs proposent une histoire de l'économie et de la fiscalité. Un essai édifiant et très intéressant.
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Capital et idéologie BD

Les auteurs, l'album (176 pages, 2022) :

Après le succès du "Monde sans fin", voici "Capital & Idéologie", cuisiné selon la même recette : sur le fond, la réflexion et la caution d'une grosse tête d'intellectuel progressiste (après Jancovici sur les énergies, ce sera le tour de Thomas Piketty sur l'économie) et sur la forme, le travail lumineux de celles et ceux qui ont un don magique pour vulgariser les sujets les plus complexes (ce sera Claire Alet, journaliste et documentariste, elle travaille au magazine Alternatives économiques).

Benjamin Adam a mis ses talents d'illustrateur et de graphiste au service des deux économistes.

Bref, il y a là tous les bons ingrédients et une bonne recette : le résultat est évidemment à la hauteur !



On aime :

• On ne peut qu'applaudir des deux mains à ce travail de vulgarisation et de mise en scène du livre de Thomas Piketty : c'est un remarquable travail qui donne à tous les clés d'accès indispensables. Cet ouvrage lumineux est éclairant ! Une lecture obligatoire pour mieux maîtriser les débats économiques !

• Certains raccourcis historiques sont saisissants : les indemnisations des privilèges de la noblesse et du clergé, plus tard de l'esclavage aboli, l'analyse (je cite) du retournement du clivage éducatif, la fameuse courbe de l'éléphant, ... tout cela élève le débat (et le lecteur) à des hauteurs insoupçonnées.

• On apprécie le dernier chapitre qui donne quelques clés pour faire évoluer le capitalisme et l'Europe : contrairement au plaidoyer nucléaire de Jancovici (qui s'avérait peu convaincant), les propositions de Piketty sont captivantes et éclairantes.



L'album :

L'album est un véritable cours d'Histoire de l'économie occidentale au travers de l'évolution de toute une famille : l'arbre généalogique court de 1789 jusqu'à aujourd'hui.

L'abolition (et l'indemnisation) des privilèges à la Révolution, l'abolition (et l'indemnisation) de l'esclavage, le temps béni des colonies, la naissance des impôts modernes, l'évolution de la propriété, les guerres bien sûr (Sécession, 1914, 1940), la Grande Dépression, le New Deal, Keynes, les Trente Glorieuses, la crise de la dette et l'inflation, c'est toute notre histoire occidentale qui est revisitée à travers le prisme de celle du capitalisme.

Pour celles et ceux qui aiment le fric.
Lien : https://bmr-mam.blogspot.com..
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Capital et idéologie BD

J'écoute régulièrement les interventions radiophoniques de Mr Piketty. J'avoue être sensible à sa thèse macro-économique sur la répartition des richesses dans le monde. On peut assez raisonnablement dire que le courant orthodoxe en économie domine notre sphère politique et que la sainte loi du marché est adoptée un peu partout dans les démocraties modernes, voir au-delà. Je ne m'attarde pas trop là dessus, on va me taxer de marxiste.

J'ai bien essayé de lire le Capital au XXI ème siècle, mais trop de chiffres et de bilans statistiques ont eu raison de ma bonne volonté. Capital et idéologie pèse quant à lui plus de mille pages!

Heureusement, récemment, au détour d'un rayon chez le libraire, je tombe sur cette version "allégée", format BD, parfaitement calibrée pour ma petite tête de néophyte. Je savais que sa lecture ne serait pas neutre, quand on pointe du doigt une idéologie on est bien obligé de se positionner. Moi, c'est simple, d'après la "courbe de l'éléphant", je me situerai dans la classe moyenne d'un pays riche qui se sent "lésée" pour ne pas avoir bénéficié de la croissance mondiale...Vous l'aurez compris, si vous êtes plutôt des économistes tendance "Mainstream"ou riches détenteurs d'actifs financiers en proie à l'ISF, ce petit bouquin vous fera grincer des dents.

Si vous avez des convictions plus néo-keneysiennes, vous vous réjouirez davantage à cette lecture en redécouvrant la genèse des inégalités de revenus à échelle mondiale, ainsi qu' un volet de propositions concrètes en fin d'ouvrage.

Merci aux deux auteurs pour leur pédagogie en la matière.
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Capital et idéologie BD

Un constat bien documenté des sources d'inégalités en France et dans le monde, illustré par le parcours d'une famille riche depuis la Révolution Française.



J'ai trouvé la bande dessinée riche et intéressante. J'aurais apprécié une plus grande place des solutions dans l'équation, et j'émets une réserve quant à la démonstration, qui, j'en ai peur, est un peu biaisée pour ne présenter la thèse de(s) auteur(s) que comme une évidence en évitant soigneusement les cas de "oui enfin c'est quand même un peu plus compliqué que ça en fait".



Mais en si peu de pages, c'est assez attendu (et il faudrait probablement lire le pavé originel de Piketty afin de vraiment se faire une idée claire, chose que je n'ai pas faite ^^ ), et la vulgarisation est du coup limpide, et didactique. Le dessin est agréable, c'est dynamique et le tout se suit très très bien.

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Capital et idéologie BD

Adapté de l'ouvrage de Thomas Piketty, cette BD présente le travail de l'économiste à travers l'histoire d'une famille de la fin du XIXème siècle à aujourd'hui. Ainsi, les auteurs, reprenant le travail de Piketty, démontrent comment les inégalités sociales se sont forgées au cours de cette période par les choix politiques faits en matière de répartition de la richesse. A la fin de l'Ancien Régime, qui fonctionnait sur le principe d'une société fractionnée en trois ordres sociaux, noblesse, clergé et tiers-état, l'essentiel de la richesse nationale revenant aux deux premiers, en 1790, dans la dynamique de la Révolution française, dont l'un des postulat majeurs est l'égalité, tous les citoyens se sont vus soumis à l'impôt sur le revenu sur la base de ce principe égalitaire. Est alors créé un impôt proportionnel au revenu perçu, avec un seul taux d'imposition qui opère donc une faible redistribution des revenus. Par ailleurs, la propriété privée est considérée comme la pierre angulaire du système social. Apparait une société propriétariste dans laquelle les inégalités sont criantes. Une minorité, ayant accès à une formation intellectuelle supérieure, détient l'essentiel des richesses nationales et constitue une élite face à une majorité peu éduquée vivant chichement. En 1901, le ministre des finances, Joseph Caillaux, dépose, aux grand dam des plus riches, le projet d'un impôt progressif sur les revenus qui mettrait à contribution les plus riches pour redistribuer aux plus pauvres. Ce projet est maintes rejeté par le pouvoir législatif alors aux mains de cette élite intellectuelle et financière. Mais, aux lendemains de la première guerre mondiale, la vision des choses évoluent. Pour permettre la reconstruction du pays, l'Etat français augmente le taux de l'impôt sur le revenu. Les inégalités vont ainsi commencer à se réduire. D'autant qu'en 1914, l'impôt progressif sur le revenu des personnes physiques finit par être adopté après des décennies de débat. Pendant les "trente glorieuse" qui suivent la seconde guerre mondiale, se met en place une société plus égalitaire avec notamment l'accès des enfants des classes modestes à l'éducation secondaire et supérieure. Mais, avec l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher au Royaume-Uni en 1979, puis de Ronald Reagan aux USA, une nouvelle politique basée sur un capitalisme néo-libéral, c'est le retour progressif de mesures qui vont peu à peu opérer un retour en arrière avec, à nouveau, une augmentation sans précédent des inégalités depuis le début du XXème siècle. C'est le démantèlement progressif des services publics parallèlement à la privation rampante de pans entiers de l'économie. Durcissement du discours à l'égard des plus défavorisés considérés comme un poids pour la société, la pauvreté relevant peu à peu de la responsabilité de ceux qui en souffrent. Parallèlement, les inégalités sociales se reproduisent à l'école et se reconstituent une élite intellectuelle et financière qui s'enrichit considérablement au début du XXIème siècle alors qu'une majorité de travailleurs et de citoyens plonge dans la précarité et la pauvreté. La crise sanitaire des dernières années a parachevé ce tableau des inégalités grandissantes. Thomas Piketty fait partie d'une mouvance d'économistes qui mettent en lumière ce qu'ils considèrent comme des dysfonctionnements de notre système socio-économique et émet un certain nombre de propositions pour changer de modèle. Entre autre: instaurer la propriété sociale du capital par un partage du pouvoir avec les salariés dans les entreprises, prévoir que la propriété du capital soit temporaire en créant un impôt progressif sur la propriété (cela éviterait la concentration des richesses aux mains de quelques familles seulement par héritage), faire évoluer la communauté européenne vers une Europe sociale et fédérale en donnant notamment plus de pouvoir à l'Assemblé européenne, financer les partis politiques par des bons pour l'égalité démocratique pour permettre à chacun de participer à la vie politique, instaurer une taxe carbone progressive et individuelle ainsi qu'un capital personnel d'éducation et de formation.

Une analyse très intéressante rendue très accessible par le choix du format bande dessinée.
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Capital et idéologie BD

Thomas Piketty pour les nuls (et c’est bien)



Durant une dizaine d’années, Claire Alet a travaillé comme journaliste, puis rédactrice en chef adjointe, d’Alternatives économie, un magazine mensuel traitant, comme son nom l’indique, de faits économiques et sociaux. La publication, qui appartient majoritairement à ses salariés, a une ligne éditoriale que l’on peut plutôt classer politiquement à gauche, mettant régulièrement en avant les théories néokeynésianistes. L’autrice ne cache d’ailleurs pas ses convictions militantes, et l’on peut imaginer que la parution, en 2019, de l’essai de Thomas Piketty, Capital et idéologie, ne l’a pas laissée de marbre. Ce pavé de 1 200 pages contient des propositions qui font figure de programme politique pour l’ancien conseiller économique de Benoît Hamon. Caire Alet décide de s’en inspirer largement pour écrire le scénario d’un roman graphique, dont les dessins seront assurés par l’illustrateur jeunesse Benjamin Adam, et qui s’intitule tout simplement Capital et idéologie, d’après le livre de Thomas Piketty.



Le début



À l’orée du XXe siècle, à Paris, Marthe travaille en tant que domestique dans l’hôtel particulier de Jules. En lisant le Figaro, celui-ci s’offusque du projet de loi sur la fiscalité, porté par le ministre des finances Joseph Caillaux. Il s’agit d’instaurer un impôt sur le revenu, ce qui ne plaît pas à l’opposition, et aux grandes fortunes, dont font partie Jules et son ami Ernest. À l’époque, en Europe, les 10 % des plus riches possédaient jusqu’à 90 % du patrimoine, tandis que a moitié des plus pauvres n’en possédaient qu’environ 2 %. Or, en France, le système fiscal qui date de la Révolution était basé sur l’impôt proportionnel, où le même taux était appliqué, quel que soit son niveau de richesse. La redistribution était alors faible, et favorisait l’accumulation du capital dans les tranches de revenu supérieures. Passer à un système d’impôt progressif augmenterait le taux d’imposition des tranches de richesses les plus élevées, et favoriserait ainsi une meilleure redistribution sociale.



Analyse



Le projet à l’origine de Capital et idéologie, d’après le livre de Thomas Piketty, est ambitieux. Adapter un essai d’économie, dense et parfois ardu, en une bande dessinée, n’est pas chose aisée. L’idée de départ, pierre angulaire de la narration, est la création d’une famille de rentier, dont nous allons suivre les aventures de génération en génération. Nous commençons au début du XXe siècle et observons à grands traits les évolutions sociétales qui vont accompagner les divers faits historiques qui s’enchaînent. Entre deux rencontres, les théories économiques qui sous-tendent l’histoire sont expliquées sommairement, et de façon largement pédagogique. Ainsi en est-il de la redistribution fiscale, des impacts économiques de la colonisation ou des théories monétaristes dont se sont inspirés de nombreux acteurs de la sphère politique internationale. Sont ainsi évoqués pêle-mêle le New Deal de Franklin D. Roosevelt, la crise de la dette publique grecque ou le « Thatchérisme ».



Bien entendu, le principe fondamental de Capital et idéologie, d’après le livre de Thomas Piketty, est de rendre toutes ces idées économiques accessibles au plus grand nombre. Des raccourcis de pensée, tout comme historiques, sont donc nombreux, et Claire Alet n’abreuve pas ses lecteurs de chiffres ou de graphiques. C’est d’ailleurs avec humour que l’autrice introduit les premières statistiques de l’ouvrage, qui contient plusieurs adresses au lecteur en notes de bas de page. Ainsi Claire Alet se départit régulièrement de la neutralité idéologique, qu’elle ne prétend pas avoir. Les théories qu’elle présente, de façon tout à fait juste d’un point de vue académique, n’en demeurent pas moins biaisées, ne serait-ce que par le fait qu’elle ne présente pas les contrepoints et critiques idéologiques qui leur en sont faites. De même, quand elle évoque avec une certaine malice les débats qui ont eu lieu sur France inter entre Thomas Piketty et Dominique Seux, personne n’est dupe de l’orientation qu’elle donne à ses commentaires.



Ainsi lorsqu’elle présente en une vignette un argument économique de la campagne d’Emmanuel Macron en 2017, c’est pour insister sur le caractère socialement injuste qu’elle engendre. De même, la mention de la théorie du « ruissellement » est-elle associée aux politiques menées par Ronald Reagan et Margaret Thatcher, précisant bien que combien ces actions ont pu engendrer d’inégalités. Du reste, Capital et idéologie, d’après le livre de Thomas Piketty contient à la fin quelques propositions qui font office de programme électoral pour un potentiel candidat de gauche à une présidentielle. Tout ceci est cela dit très fluide, les illustrations de Benjamin Adam sont élégantes et accompagnant judicieusement les propos. On ne s’ennuie pas, on apprend ou on révise quelques notions de base sans que cela ne soit rébarbatif. Le projet en soi est donc à encourager, et même si la présentation des idées est parfois trop résumée, on peut saluer la rigueur, mâtinée de fantaisie, avec laquelle le travail de pédagogie est mené.
Lien : https://panodyssey.com/fr/ar..
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Capital et idéologie BD

Cette BD, inspirée du livre de Thomas Piketti, est plus un livre d'histoire de l'économie qu'un traité d'économie. A travers plusieurs génération, les auteurs nous présentent l'idéologie dominante de chaque époque, leur évolution, bien souvent corrélée aux événements historiques. J'ai beaucoup apprécié cette illustration très claire et passionnante, la BD se lit d'un trait.

Je trouve que mettre un personnage sur des situations est plus marquant qu'un long discours.

Pour autant, je qualifierais ce livre d'introduction car je suis un peu restée sur ma faim. J'ai eu le sentiment de survoler les concepts sans vraiment aller au bout et je ne suis pas sûre d'avoir suffisamment d'éléments pour argumenter. Cela dit, cette BD a eu le bien fait de me donner envie d'aller lire le livre original.

Concernant le font, n'ayant une culture en économie très limitée, je peux difficilement apprécier à leur juste valeur les idées développée. Je trouve intéressant, pour ne pas dire vital, que des économistes explorent d'autres modèles que celui du capitalisme actuel. Modèle relativement récent dans l'histoire de l'humanité qui a réussi a s'imposer comme modèle unique sans alternative possible. En ayant lu un peu les théories libérales, j'ai toujours trouvé qu'elles étaient bancales, que des spécialistes du sujet réfléchissent autrement fait du bien. Qu'on adhère ou pas, diversifier ses sources d'informations pour sortir du cadre ne peut que faire du bien.
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Capital et idéologie BD

J'avais lu difficilement le livre de Thomas Piketty (non qu'il écrive mal, mais c'est un pavé d'économie et ce n'est pas une mince affaire) et ce livre a complètement allégé le propos.

Avec évidemment des choix pour simplifier l'ensemble, néanmoins c'est d'une grande valeur pédagogique.
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Capital et idéologie BD

Pour moi qui suis inculte (et assez réfractaire) à la politique, et à l’économie mais fan de bande dessinée, ce livre est une bénédiction ! C’est drôle, instructif et passionnant. On aime tout de suite ces personnages, et suivre une même famille de la révolution à nos jours est vraiment addictif. On se reconnait forcément ça et là dans tel ou tel membre d’une époque ou d’une autre, dans les idées, les croyances, les préjugés…Et cette petite histoire d’une famille ordinaire (classe supérieure tout de même) nous raconte la grande, en bref on se cultive en s’amusant. On découvre les dessous des fortunes et l’origine des inégalités en France mais aussi ailleurs, et c’est un tour du monde de la construction de l’occident que nous propose cet ouvrage extrêmement bien synthétisé et vulgarisé, qui devrait être au programme de l’éducation nationale.
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Capital et idéologie BD

Reçue en cadeau à Noël, cette BD m’a captivé et enthousiasmé. C’est le genre de livre qu’il faut mettre entre toutes les mains !

Il retrace d’une manière singulière l’histoire du capitalisme, mise en perspective sur plusieurs générations d’une famille fictive, en partant de l’exploitation des esclaves et des colonies, en passant par les deux guerres mondiales, et pour en arriver au Brexit et au COVID-19. On voyage beaucoup aussi, en Amérique, en Europe, en Inde, etc.

Bien qu’on sente le parti pris de gauche, il n’y a pas de jugement. Le poids d’un passé pas très glorieux est indéniable et déplorable, mais ce que notre génération laissera aux prochaines n’est pas forcément plus acceptable.

Tout n’est pas noir, néanmoins, au contraire ! Les propositions du dernier chapitre sont attrayantes, rafraîchissantes, et certaines plus originales que d’autres, à l’instar de ces bons pour l’égalité démocratique.

Mais quel gouvernement osera ouvrir la boîte de Pandore ? Ne serait-ce au final qu’une utopie de plus ?

C’est à nous, maintenant, de répondre. Et d’agir.
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Capital et idéologie BD

Le travail de retranscription et d’illustration du pavé de 1.200 pages de T. Piketti en un roman graphique de 170 pages est une performance des auteurs, C. Alet (scénario) et B. Adam (dessin), qu’il faut saluer.

Grâce à eux on peut relativement facilement suivre l’évolution de notre économie sur les 120 dernières années. En nous mobilisant un peu, nous suivons le fil.

Le taux de concentration de l’ouvrage (la BD dispose d’une pagination de 14% du total du livre) fait que les planches sont forcément chargées, alourdies du nécessaire à faire passer les messages à l’aide d’arguments du livre et d’illustrations empruntant souvent à l’humour pour rendre l’ensemble plus digeste.

Ainsi la fin de l’ouvrage m’est apparue d’abord plus facile, car elle correspond à des périodes que j’ai vécues. Donc les propos jointoient aisément avec le vécu.

Et nous disposons ainsi d’une vision historique large.



L’ouvrage s’achève sur la présentation de 6 propositions portées par les personnages de Thomas Piketti et Julia Cagé, économiste comme lui et par ailleurs sa compagne.

Au-delà de l’intérêt intellectuel d’observer ces pistes de changements, qui séduiront les uns - dont je suis, globalement - et hérisseront les autres, cette partie laisse un assez net sentiment d’amertume : que peuvent devenir des propositions, celles-ci comme d’autres, alors qu’il n’y a plus aujourd’hui de débat politique, plus d’idées hormis les inutiles tirades de joutes politiciennes aussi dérisoires qu’inefficaces ?

Notre problème sociétal, européen, international peut-il être atténué par quelques suggestions économiques si elles ne sont pas portées par des politiques et des organisations soucieux de l’intérêt collectif et transnational ? Je crains que nous en soyons loin, dans notre monde à la merci des grands pouvoirs monétaires (individus et entreprises dans le même sac) et des populistes de tous ordres…



Donc oui un roman graphique intéressant à lire si vous avez un moral d’acier ! Courage à tous, et agissons à notre mesure comme les petits colibris.
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Capital et idéologie BD

“Capital et idéologie” de Claire Alet et Benjamin Adam est l’adaptation en bande dessinée du livre de Thomas Piketty économiste de gauche (faut-il précisé). Un vrai coup de cœur pour cette BD qui retrace l’histoire de l’économie jusqu’à nos jours. Je l’avoue, je n’ai pas eu le courage d’affronter les 1200 pages de son œuvre initiale. C’est pourquoi, j’attendais avec impatience la sortie de cette BD et je n’ai pas été déçu. J’ai été captivé dès les premières pages. C’est une analyse de l’économie et de son impact social et politique sur notre histoire. Cependant, Piketty ne s’arrête pas là et propose des solutions pour sortir de la crise financière, sociale et écologique dans laquelle nous nous trouvons. J’ai été convaincue par son constat et peut-être aussi par ses propositions radicales. Une œuvre impressionnante qui sous forme de bande dessinée se lit assez facilement. Je recommande pour les débutants ou les experts de l’économie.
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