RESPECT
Accepter de ne plus être avec l’autre
pour que l’autre soit.
Respecter de cette façon jusqu’à la déchirure
la liberté d’autrui.
Se refuser à l’humble espérance de la limite
du désir castrateur.
Se réduire volontairement au silence perpétuel
Noir dans le noir…
Noir dans le noir
et dans le noir, du noir
que sillonne l’éclair.
La mer s’ouvre
et le blanc bondit
jusqu’au récif
d’où les rêves brûlent de
se fracasser.
/Traduction en Français Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache
Je me méfie de ceux
qui n'ont jamais envisagé
le suicide.
Ils font pas à pas le chemin,
Aveugles à l'abîme qui sans relâche traque l'homme.
Ils entrent dans la roue mathématique
de la matière.
Ils deviennent invulnérables au désespoir.
Ils comptent même, froidement,
avec le coeur.
Effort inutile
Chaque homme
Est un fouet
Qui frappe le vide.
Seul,
Sur la terre,
Et avec son amour
Fustigeant les
Limites.
Seul.
Aveugle.
Que vienne le sommeil !
Qu’il me jette sa cape
De blanche amnésie !
(Voix de Femmes, Anthologie ~ Poèmes choisis par Lionel Ray)
La dame blanche est arrivée
sur la pointe des pieds
pour me dérober la pensée
Qu'elle emporte tout,
les steppes marmoréennes de mon tronc,
la souche desséchée de mes cheveux,
les puits opaques de mes yeux
cousus
aux rêves et aux désirs passés,
aux aventures futures,
amour d'aujourd'hui, complètement arraché,
sanglant,
rasé comme le fut la terre d'Hiroshima
dans on enveloppant péplum !
Qu'elle emporte tout,
tout,
sauf cela !
Car mes mains peuvent encore être brûlées
par la pensée.
Las nubes ceden a estrellas
Las nubes ceden a estrellas,
las estrellas forman fuegos,
los fuegos incendian nubes
y por los espacios giran
discos y planos y esferas
en espirales ascensos,
desapariciones súbitas,
caídas y retrocesos,
sonámbulas simetrías,
urentes círculos tensos
por un radio indetenible.
Los fuegos incendian nubes,
las nubes ceden a estrellas,
las estrellas forman fuegos.
L’aube souffle des pétales de lumière
L’aube souffle des pétales de lumière.
Vibre le vide
en mouvement invisible
invitant à une orientation.
Le secret du silence
révèle son être secret :
la quiétude sans fond
de l’amour.
/Traduit de l’espagnol par Jean-René Lassalle.
Seul et prostitué
le bel adolescent
avec son visage de fillette
posait son regard sur la femme
telle une main tiède.
Vaines paumes qui hérissaient le désir,
vaine boucle dorée
et pâle
de ses cheveux,
vaines paroles emprisonnées dans la gorge.
Taureau blessé au fil de la nuit
l'homme guettait
faisant scintiller le sang,
et dans sa lointaine essence de mâle
il s'élevait hargneux
à l'affût
de ce cheval
qui sur la nuque tombe.
Vaines pupilles fixes comme un arrogant défi.
....Abandonnez tout espoir....
L’écho des astres
L’écho des astres
berce la mer des sensations.
Dans son calice miellé
elle recueille le rêve de l’espace
la rose du cœur.
La translucidité du son
décompose en lumière son pouls mortel
et déploie aux orbes sa claustration
dans la quête de l’instant suspendu :
un vide en affût
dans le noir houleux de la nuit
ou l’âme qui soutient l’univers.
/Traduit de l’espagnol par Jean-René Lassalle.
Elle court la lumière
Elle court la lumière
et pour elle sont fugaces
l’image et le moment,
même l’arbre
qui boit ce scintillement
se livre à la danse
entre être et non-être
et dans son innocence
s’abandonne au flamboiement.
Seule la gelée apaise
le tourbillon des feuilles.
/Traduit de l’espagnol par Jean-René Lassalle.