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3.58/5 (sur 12 notes)

Nationalité : Suède
Né(e) à : Sfax, Tunisie , le 24/07/1939
Biographie :

Claude Kayat est un est écrivain, dramaturge, et artiste peintre franco-suédois.

Né dans une famille juive, sa famille quitte le pays en 1955 pour Haïfa, en Israël, où il réside pendant trois ans.

Depuis 1958, il vit à Stockholm, en Suède, où il termina ses études. Il s'y est marié, a eu des enfants, et a mené une carrière de professeur de français et d'anglais.

Parallèlement, il a mené une carrière de romancier. Bien que n’ayant jamais vécu en France, c’est en français qu’il a écrit tous ses romans, dont "Mohammed Cohen" (1981, prix Afrique méditerranéenne 1982), "L’Armurier" (1997), "Hitler tout craché" (2000), "Le Treizième Disciple" (2002), "La Paria" (2019).

Il est également l’auteur d’une trentaine de pièces de théâtre, jouées en Suède et en France.

Il a obtenu le Prix du Rayonnement de la langue et de la littérature françaises 1988 et le Prix Ève Delacroix 1997 pour "L’Armurier".
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Ali est là ?
— Où veux-tu qu’il soit ? S’il n’est pas dans la rue, il est là.
— Ils l’ont pris, au boulot ?
Sandwich au poing, Ali émergea de sa chambre, en tricot de corps sur un jean beaucoup trop large, délavé, rapiécé et même déchiré par endroits. Le regard vif de l’adolescent aux cheveux bruns crespelés évoquait celui de Hassen. Bien que lycéen, il avait postulé pour un emploi à temps partiel dans un restaurant de Saint-Hubert.
— Tu parles ! railla le fils. On était trois beurs et un camembert…
— Et ils ont pris le camembert, c’est ça ?… riposta le père sur un ton dont Ali se demanda s’il était révolté ou sceptique. Hassen, d’un pas de fantassin, se dirigea vers la salle de bains, talonné par son héritier.
— Je te jure, papa !
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— Ce drapeau, je l’ai gardé spécialement pour ce grand jour, dit-il, un brin sentencieux.
Il le déroula, souffla dessus à trois reprises et, non sans solennité, le posa au beau milieu de la table ronde, dressée dans un coin du salon et juponnée d’une nappe blanche.
— Il faut fêter ça ! décréta-t-il. Et si on invitait nos voisins à dîner ?
Les yeux de Fatima s’élargirent.
— Monsieur et madame Dufresne ? On les connaît à peine ! Bonjour, bonsoir sur le palier, pas plus ! Ils vont accepter, tu crois ?
— Eh quoi ! répliqua Hassen. Les Français ne se fréquentent qu’entre eux. Et nous, on est français maintenant, non ?
L’argument eut raison des réserves de Fatima.
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L’envoi, ajouta-t-il, provenait du ministère des Affaires sociales et de l’intégration.
À ces mots, l’éboueur se figea. Le regard soupçonneux, il observa son fils par-dessus son épaule et, bourru, lui demanda s’il avait fait une connerie.
Ali jura ses grands dieux qu’il était blanc comme neige, et Hassen s’enquit des motifs d’une lettre aux dimensions si imposantes, expédiée par un ministère d’une dénomination aussi grandiose. La permission paternelle obtenue, le jeune homme déchira d’un coup sec le bord de l’enveloppe, prit connaissance du contenu et, rayonnant, déclara à son père :
— Putain ! On est séfrans !
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La permission paternelle obtenue, le jeune homme déchira d’un coup sec le bord de l’enveloppe, prit connaissance du contenu et, rayonnant, déclara à son père :
— Putain ! On est séfrans !
Hassen, pour qui le verlan était de l’hébreu, fronça les sourcils et considéra son fils d’un air égaré.
— On est quoi ?
— On est français, quoi !
Hassen commençait à se demander si le fiston n’avait pas ingurgité quelque breuvage proscrit par le Prophète ou, pis encore, grimpé à une de ces courtes échelles qui mènent droit aux paradis artificiels d’où l’on dégringole aussi presto.
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En bottes et jupe de cuir verni, deux racoleuses arpentaient le trottoir.
L’une d’elles, une fausse blonde, interpella les éboueurs.
— Hé, les mecs ! Ça vous dirait de passer un bon moment avec nous ?
— Désolé, répondit Moustapha en souriant, on a promis fidélité éternelle à nos femmes !
— On vous fera monter au septième ciel ! Ça sera comme au paradis ! insista l’oxygénée.
— On est vierges, je te jure ! assura l’autre tapineuse, une brune tout en fesses.
Devant l’amusement des deux hommes, elle ajouta :
— On s’est fait recoudre avant-hier ! Rien que pour vous !
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Le papa ouvrit la porte de la salle d’eau et, avant de s’y engouffrer, se retourna pour demander s’il y avait du courrier. Ali, saisissant une enveloppe grand format posée bien en vue sur la commode, répondit par l’affirmative. L’envoi, ajouta-t-il, provenait du ministère des Affaires sociales et de l’intégration.
À ces mots, l’éboueur se figea. Le regard soupçonneux, il observa son fils par-dessus son épaule et, bourru, lui demanda s’il avait fait une connerie.
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— Naturalisés français, expliqua le potache. Notre demande a été agréée.

Les you-yous de Fatima faillirent assourdir les Ben Djamil. Halima, Mansour et Salima, la toute dernière, gazouillèrent illico « Douce France ». Hassen demeura songeur et, se caressant le menton, tenta de se représenter ce que signifierait désormais pour lui cette identité toute nouvelle qui venait de s’ajouter à celle qui avait été sienne jusqu’à ce jour. Se percevrait-il différemment ?
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Son identité tunisienne, avec tout ce qu’elle comportait de couleurs, de sons, de parfums, de mimétismes, le quitterait-elle à la manière d’une vieille peau ? Ce soir-là, tout au moins, il se sentait un autre homme.
Il marcha lentement vers une commode, en ouvrit les battants pour en extraire un minuscule drapeau tricolore, tout poussiéreux, enroulé sur sa hampe fine.
— Ce drapeau, je l’ai gardé spécialement pour ce grand jour, dit-il, un brin sentencieux.
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Aux instants de cafard, ils regrettaient parfois cette décision de s’exiler, tous deux conscients pourtant qu’à l’instar d’un camion à ordures, l’Histoire n’allait que de l’avant. Les regrets, toujours stériles, n’étaient jamais de mise. Ainsi, de sa voix déchirante, le chantait Édith Piaf, dont Hassen comme Moustapha possédaient des cassettes qu’ils écoutaient, en alternance avec celles des rossignols de leurs régions, lorsque les empoignait le mal du pays.
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— Il est prêt, le couscous ? s’enquit Hassen.

— Oui, mais…
— Y en aura assez pour tout le monde, tu crois ?
— Quand il y en a pour cinq, il y en a pour sept.
— Tu peux compter six, maman, fit remarquer Ali. Je suis invité chez Sylvie.
Fatima, qui se dirigeait déjà vers la cuisine, se retourna et jeta un regard soucieux à son fils.
— Ne rentre pas trop tard. Fais attention à toi ! Tu sais qu’il y a ce maboule qui…
— T’inquiète pas, maman !
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