Imaginez que vous soyez né avec la tête de Macron,
Sarkozy ou Hollande, un sosie parfait ! Pas facile d'aller acheter votre kebab !
Mais si c'est la tête à Hitler, alors là !
Voilà, l'idée, le "pitch" comme disent les "jeuns", du livre de mon concitoyen sfaxien et néanmoins (ou plutôt en plus) juif ! (C'est de l'humour, bien sûr, il vaut mieux le préciser, le nez !).
Le jeune Poirier a la sordide révélation, non en se rasant le matin mais par la bouche de sa propre mouman : « Mon Dieu, que cet enfant ressemble à Hitler ! »
Schizophrénie galopante, délire mégalomaniaque, transfert de personnalité, possession … la psychiatrie et les religions auraient de quoi écrire sur un tel cas.
Claude Kayat va en faire ses choux gras en s'en régaler (et nous au passage avec lui).
Et nous donc, de suivre l'itinéraire de cet enfant « gâté ».
L'écriture est inventive sur une idée pourtant paradoxalement assez fermée et l'humour colle à la réflexion. Comment bascule-t-on dans l'extrémisme, par quel abandon de sa propre autonomie intellectuelle, par quel besoin d'arrimage affectif.
Moncef Khemiri a écrit à propos de Claude : « En effet, le trait caractéristique de l'écriture romanesque de
Claude Kayat, est l'humour, un humour décapant qui subvertit toutes les valeurs, bouscule toutes les idées reçues afin de montrer l'inanité des préjugés et l'absurdité des conflits qui déchirent les hommes. » et c'est parfaitement vrai.
Sur un thème totalement similaire Vermer Timur avec son « Il est de retour » a lui aussi imaginé le retour d'Hitler de nos jours et on pourrait presque croire qu'il a lu le livre de
Claude Kayat dont il reprend bien des idées sans cette distanciation qui fait la force de «
Hitler tout craché ».
Jean Dutourd écrit dans la préface du livre : « J'ai été enchanté par ce livre irrespectueux, immoral, grinçant, noir, comme un uniforme de SS. Seul un auteur français et juif pouvait l'écrire avec l'humour particulier que produit, dans certains cas privilégiés, cette double qualité. »