Il y a quelque chose de profondément pervers dans l'idée de construire une infrastructure industrielle gigantesque pour traiter les émissions de carbone générées par une autre infrastructure industrielle gigantesque, alors que nous pourrions simplement arrêter de brûler des combustibles fossiles.
Pendant quelques années, j'ai pu mesurer le fossé qui existait entre les actions que réclamaient les scientifiques et ce que nos institutions politiques pouvaient entreprendre - fossé probablement infranchissable. Mais je ne pouvais émotionnellement accepter ce que cela signifiait vraiment pour l'avenir du monde. Ce n'est qu'en septembre 2008, après avoir lu nombre de livres, rapports et articles scientifiques récents, que j'ai finalement accepté de basculer et de prendre acte du fait que nous n'allions tout simplement pas agir à la mesure requise par l'urgence. [ ... ] Pour une part, je me suis senti soulagé : soulagé d'admettre enfin ce que mon esprit rationnel n'avait cessé de me dire; soulagé de ne plus avoir à gaspiller mon énergie en faux espoirs; et soulagé de pouvoir exprimer un peu de ma colère à l'égard des hommes politiques, des dirigeants d'entreprises et des climatosceptiques qui sont largement responsables du retard, impossible à rattraper, dans les actions contre le réchauffement climatique. Mais pour une autre part, le fait d'admettre la vérité m'a plongé dans un état de désarroi qui a duré presque aussi longtemps que l'écriture de ce livre.
La géo ingénierie n'est pas simplement une question technique ni seulement éthique mais pose la question de ce que signifie pour une espèce d'avoir l'avenir d'une planète entre ses mains
Il est aujourd'hui possible d'acheter des capsules remplies de feuilles d'or à 24 carats qui, lorsqu'on les avale, font étinceler les excréments. Créées par l'artiste new-yorkais Tobias Wong, elles sont vendues comme des signes de luxe et un moyen "d'accroître sa propre valeur" -même si cette inflation ne dure, sans doute, que le temps de la digestion. Vendues à 425 euros pièce, ces capsules dorées constituent la plus récente manifestation du lien très ancien, souvent signalé par les anthropologues, entre l'or et les excréments et parfaitement illustré par ce dicton latino-américain: "si la merde pouvait se transformer en or, les pauvres naîtraient sans trou-du-cul". (p.86)
La consommation, d'abord simple moyen de satisfaire des besoins, est devenue une façon d'acquérir une identité. (p.83)
Aujourd'hui, consommation est indissociable de gaspillage. (p.85)