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Critiques de Constance Joly (233)
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Over the Rainbow

Un roman autobiographique d'une fille à son père, un moyen pour l'auteure de le garder vivant, c'est sensible et touchant. Il y a aussi beaucoup de pudeur dans ces pages.



"J'écris pour ne pas tourner la page. J'écris pour inverser le cours du temps. J'écris pour ne pas te perdre pour toujours. J'écris pour rester ton enfant."



J'ai aimé ce roman pour cet amour qu'elle nous fait la joie de partager. C'est plein de couleur et de vie.



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Le matin est un tigre

Une lecture inoubliable. Je peine à trouver les mots juste pour débuter la chronique d’un ouvrage qui m’a bouleversé de la première à la dernière page. Alors que cela n’aurait dû qu’être une intrigue simple où une mère tente de découvrir le mal qui ronge sa fille de l’intérieur, Constance Joly nous propose un voyage inattendu et qui remet en doute nos certitudes et nos convictions.



Le lecteur découvre ainsi Alma, mère d’une jeune fille malade depuis de nombreuses années d’une maladie « fantôme » où le diagnostic ne peut être posé avec précision. Au moment où les médecins pensent avoir découvert une tumeur, un voyage inattendu en Bretagne bouleversera le cours des événements.



L’auteure nous propose de suivre les batailles internes d’une mère devant gérer des situations personnelles difficiles tant extérieurement qu’au plus profond d’elle. Il nous est alors permis de plonger, avec une grande justesse, dans les pensées les plus intimes d’une personne rongée de l’intérieur, d’une femme aux sentiments contradictoires à l’âme très fragile qui est sur le point de se noyer dans ses angoisses internes.



L’écriture poétique contraste, avec justesse, avec la dureté des mots utilisés pour décrire un mal-être qui n’est imperceptible par le commun des mortels. Il ne passe pas une seule page sans que l’on soit touché en plein coeur et où l’âme du lecteur se fragilise à mesure que les pages s’enchaînent. On perçoit des émotions inconnues, une panique croissante.



Le matin est un tigre obligera le lecteur à se remettre en question, mais surtout à mieux comprendre certains liens invisibles qui sont dotés d’une puissance infinie. Constance Joly aborde la dépression sous un nouvel angle grâce à des mots bruts qui permettent de réfléchir sur nos limites, nos convictions.



Et pourtant, ce roman nous offre beaucoup de réponses, un espoir que tout peut s’arranger. Progressivement, Alma se délivre du mal qui l’a ronge pour prendre conscience des belles choses qui l’entourent.
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Over the Rainbow

Dans ce récit autobiographique, C. Joly rend hommage à son père, qui fut l’un des premiers gays français à mourir du SIDA. L’autrice raconte l’histoire de son père qui, comme tant d'autres hommes de son époque, a eu du mal à assumer sa sexualité puis s’est ensuite retrouvé prisonnier du tabou de la maladie.



J’ai eu du mal à entrer dans le récit car j’avais le sentiment d’un texte un peu voyeur. L’aspect : une fille raconte la vie (sexuelle) de son père qui m'a dérangée. Cependant j’ai choisi de poursuivre ma lecture mais je dois dire que j’ai l’impression d’être restée à distance de cette lecture, que celle-ci ne m’a pas touchée hormis un poème que je vous partage (p141)



Cependant je vous conseille tout de même de découvrir ce texte pour en apprendre plus sur ce volet de l’histoire LGBT+ en France. Sur le même thème mais aux USA vous pouvez lire Fairyland de A. Abbott
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Over the Rainbow

« Leur hâte à parler, leur proximité physique, leur joie sauvage d’être ensemble. » Page 100



Une déclaration d’amour d’une fille à son père trop tôt disparu, mort du Sida à une époque où il ne faisait pas bon d’en parler. Une réhabilitation aussi pour tous ceux qui, comme lui, à l’époque se sont mariés et fait des enfants. Son père à elle, Jacques, s’en est allé un matin de sa vie assez traditionnelle pour vivre avec cet homme tout juste rencontré. De ce premier amour au tout dernier, Constance Joly retrace avec beaucoup d’amour et de pudeur l’histoire de ce père qui aimait les hommes et qui a choisi de l’assumer. Mais aussi celle d’une adolescente qui prise dans les tourbillons de la vie se construit, s’interroge, se lasse, s’éloigne pour finalement une fois devenue femme ressusciter grâce aux mots ce papa tant aimé. Tout juste lauréat du prix littéraire EVOK.
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Over the Rainbow

Il suffit de voir le bandeau qui ceint ce livre pour saisir l’amour et la complicité unissant l’auteure, qui doit ici avoir six ou sept ans, et son père aujourd’hui disparu. Une disparition qui n’a rien de récent, puisqu’elle remonte à l’aube des années 1990. Il n’aura pourtant fallu que quelques mots lâchés avec une désolante désinvolture par une vieille amie de la narratrice pour raviver une douleur profondément enfouie. Non seulement celle de l’absence, mais celle liée à tout ce qui avait entouré et précédé le décès.



Le père de l’auteure a en effet été l’une des premières victimes du sida, à l’époque où la simple évocation de cette maladie terrifiait, où aucun traitement n’existait, où l’on prétendait qu’elle ne touchait que les homosexuels et où les malades tentaient de se cacher afin de n’être pas mis au ban de la société.



Pour toutes ces raisons sans doute, Constance n’a pas voulu voir. Pas voulu savoir. Comme déjà, des années auparavant, la petite fille n’avait pas voulu saisir ce que pouvait signifier que son père habite avec son copain. Mais lui-même avait dû effectuer un long et difficile chemin pour renoncer à son mariage et accepter son désir d’hommes. Pour vivre, alors, enfin.



C’est ce chemin que peut aujourd’hui mesurer l’auteure de ce tendre et lumineux récit. C’est cette figure paternelle tant aimée qu’elle ressuscite avec beaucoup de grâce. Mais c’est aussi le climat d’angoisse et de défiance qu’elle nous remet en mémoire, les mots lourds de mépris et les regards insultants qu’avaient dû endurer son père et tant d'autres, et dont elle ne perçut qu’après coup combien ils avaient dû le faire souffrir. Tout ce qu’elle met aujourd’hui au jour avec des phrases légères et délicates pour rendre à ce père la vérité de ce qu’il était : un homme, simplement. Et dire le bonheur d'en avoir été - d'en être - la fille.
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Over the Rainbow

Tout d'abord un grand merci aux éditions Flammarion et à la fondation Orange pour m'avoir offert ce très bel hommage, vainqueur du prix orange du livre 2021 lors de la soirée de remise.



J'ai été happée par cet hommage d'une fille à son père mort d'une maladie considérée comme honteuse de longues années durant.



A travers ce livre autobiographique, Constance Joly nous raconte cet amour qui la liait fortement à son père. Ce père, professeur d'italien, passionné par les arts, qui avant de s'accepter et vivre pleinement ce qu'il était, a tout fait pour être dans la "norme", lui permettant d'avoir une fille avec qui il a tissé de très forts liens d'amour. Cette fille qui a accepté le changement de vie de son père sans rejet, sans jugement et qui aura une constance dans l'affection qu'elle lui porte et ce jusqu'au moment où la maladie emportera son père. Et même si avec l'entrée dans l'adolescence, Constance va quelque peu délaisser son père pour vivre sa vie, leur relation restera toujours très fusionnelle et intense. 



Ce livre est un hommage poignant de l'auteur à ce père qui a su vivre son homosexualité au grand jour sans sacrifier l'amour de sa fille. Il montre aussi l'évolution de la société qui commence à accepter l'autre dans sa différence.



J'ai beaucoup aimé cet ouvrage qui remet les choses en place notamment le fait de ne pas se laisser aspirer par sa vie et savoir toujours laisser de la place à ceux qu'on aime.



C'est un très beau livre que je recommande.
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Over the Rainbow

Over the rainbow… Qu’il est bien choisi ce titre qui évoque aussi bien le rainbow flag qu’une chansonnette porteuse d’espoir…



Pour son second livre, Constance Joly nous offre un récit intime : l’histoire son père Jacques. Chaque histoire est exceptionnelle, mais celle de Jacques sort vraiment de l’ordinaire. A 37 ans, marié et père d’une petite fille, il décide d’arrêter de se cacher et de vivre au grand jour son homosexualité. Dans les années 70, même si la libération sexuelle est passée par là, ce choix détonne. Quelques années de liberté d’être lui-même avant d’être contaminé par le virus du sida.



C’est suite aux paroles indélicates d’une pseudo amie, que Constance Joly se décide à écrire ce texte, afin que son père ne soit pas juste un de ces « vieux homos morts du Dass ». C’est la déclaration d’amour d’une fille à son père, toute en pudeur et tendresse.
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Over the Rainbow

Jacques est décédé du sida au début des années 90. A cette époque, cette maladie était encore taboue, bien que sur toutes les lèvres. Des années plus tard, sa fille, Constance, nous livre ce récit, véritable cri du cœur et déclaration d’amour pour ce père parti trop tôt ; cet homme mort d’avoir vécu sa vie librement. D’avoir refusé de rester dans le moule dans lequel il s’était coulé.



Constance nous retrace l’enfance de Jacques, la façon dont son frère, surpris au lit avec un autre homme, devra quitter le foyer familial, et combien cet événement cèlera son avenir : il lui est impossible de faire son coming-out auprès de ses proches.



Alors, Jacques se marie et a une fille, Constance. Il se fond merveilleusement dans le moule. Seulement voilà, la réalité le rattrape. Jacques n’en peut plus de vivre une moitié de vie, loin de tout épanouissement personnel. Il aime sa fille, il a de l’affection pour sa femme, c’est certain. Mais ce mariage de convenance est devenu trop lourd à porter au quotidien. Certes, leurs échanges intellectuels sont d’une grande qualité, mais Jacques a besoin de plus. Il a besoin d’amour, du vrai. Pas un amour de façade et de convenance.



Presque 30 ans plus tard, Constance Joly est prête à en parler. Elle éprouve même un besoin viscéral d’écrire ces quelques pages d’amour. Elle raconte l’attachement, les émotions, le besoin et le manque d’un père dans sa vie. Elle dit l’adolescence ingrate et comment ces années ne pourront jamais être rattrapées, pardonnées.



C’est un témoignage d’une délicatesse immense et à la poésie infinie. Les mots d’une femme qui reste la fille de son père, pleine d’admiration et de tendresse pour cet homme parti trop tôt.

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Over the Rainbow

Brutalement Constance ressent le besoin d'écrire sur son père, ce père parti il y a pourtant déjà plusieurs années, parmi les premiers à mourir du sida. Elle décide surtout d'écrire sur ce père qui a eu le courage à une époque de quitter sa ville d'enfance puis un jour de quitter femme et enfant pour vivre sa vie telle qu'il aurait toujours voulu la vivre et être enfin qui il était vraiment.



L'auteure nous offre avec ce livre autobiographique un portrait de ce père et de cet amour indescriptible qui les reliait tous deux avec une incroyable pudeur qui nous prend aux tripes. Des petits instants de leur quotidien, des moments de vie qui semblent bien ordinaire et qui cachent pourtant un besoin vital de dire qui il était véritablement.



Les mots sont rares, choisis avec précision pour dire l'admiration de cette petite fille pour son papa qui un jour a décidé d'exister même si l'époque ne s'y prêtait pas. Puis l'arrivée du sida, écrasant tout sur son passage, et emportant nos larmes par la même occasion, nous rappelant à quel point ces années ont été injustes par ses morts et par la honte qui les accompagnait.



Je ressors de ce récit, lu en un seul souffle, totalement bouleversée. Le style délicat de l'auteure ne peut que nous emporter avec elle auprès de cet homme, dans ses combats et dans sa fantaisie. Un livre magnifique qui accompagnera mes plus grands coups de cœur dans ma bibliothèque.
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Over the Rainbow

Les buissons de ronces.



En épigraphe, les six mots de Ianthe Brautigan s’accrochent à mes lèvres « La mort n’est pas contagieuse ».

Quelle vérité

quel mensonge.

J’ai perdu le mien, et me voilà pourtant, contaminée par la mort du père d’une autre.



Constance Joly raconte Jacques.

Elle sème des graines qui font en grandissant dans mon corps comme un buisson de ronces pulsatile et rampant.

Des grappes de mots fleurissent et éclatent

Je m’en repais.

J’ai soudain la bouche sucrée des dimanches après-midi d’enfance et le cœur froissé des derniers jours d été.

J ai un peu froid.



Et puis voilà que la poésie de ce texte fait comme une écharpe chaude et piquante autour du cou. Elle étreint un peu plus fort à chaque page, dans chaque absence, chaque tristesse, à chaque élan de liberté.

Je brûle tout à coup.



Je referme ce roman. C’ est un écrin charnel à ciel ouvert, ouvert aux vents. Et il y a cette question qui m’obsède.

Lorsqu’un homme meurt qui d’autre que son enfant se souviendra du père ?



J’emporte avec moi un peu du rire de son Jacques et des éclats de lune.

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Over the Rainbow

Une véritable ode à l'amour et au respect...



Un roman très agréable à lire, fluide et découpé en petits chapitres, tout ce que j'aime.



On y raconte l'histoire d'un père qui quitte sa famille pour un homme, des hommes. Un père qui a toujours refoulé son attirance et essayé de se construire une vie "classique" pendant laquelle il se mariera et aura une fille.



Un jour, il décide de tout plaquer et de vivre sa vie en assumant son homosexualité. Une petite fille qui grandira certains jours avec deux hommes dans le foyer, ce qui est relativement peu commun pour l'époque.



Ce roman est un véritable hommage à ce père qui, dans son parcours de vie, aura contracté le virus du Sida encore peu connu. Un père qui cachera le plus longtemps possible sa maladie à une époque où l'on pense le Sida réservé aux homosexuels et aux dépravés.



Je conseille vivement ce roman pour que chacun puisse s'affirmer et vivre sa vie de la plus belle manière qui soit sans ce préoccupé des critiques extérieures. Bravo pour ce joli message



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Over the Rainbow

« J'écris pour ne pas tourner la page. J'écris pour inverser le cours du temps. J'écris pour ne pas te perdre pour toujours. J'écris pour rester ton enfant. »



Constance se confie à nous en rendant un hommage très émouvant à son père. Elle nous dit la difficulté de vivre sa vie, d’être libre dans une société qui ne veut pas comprendre et juge sans cesse. Elle évoque le parcours de son père. De l’annonce de la séparation à celle de son homosexualité. De ses amours. La discrimination, le regard, la honte, le jugement. Et la maladie. Jacques fait partie des premiers décès du Sida dans les années 90.



Over the rainbow est un cri d’amour d’une fille à son père. Se moquant bien de qui il était. À ses yeux, un papa et rien d’autre. Un livre très personnel pour ne pas oublier cet homme unique. Une lecture difficile mais lumineuse donnant des papillons dans le ventre. Immense coup de cœur.



http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2021/03/18/38872219.html


Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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Over the Rainbow

"J'écris pour ne pas tourner la page . J'écris pour inverser le cours du temps . J'écris pour ne pas te perdre pour toujours . J'écris pour rester ton enfant ."

C'est ainsi que Constance Joly s'adresse à son père , trop tôt disparu .

Un père aimant , un père qui va manquer à sa fille irrémédiablement .

Un mari hélas inexistant , il s'est rendu compte très rapidement que son mariage était une erreur , et qu'il aimait les garçons .

Dans une période , avant 1990 , où l'on n'avait pas encore compris que le virus qui décimait le monde homosexuel s'appelait le Sida . Et qu'il n'y avait guère de moyens pour traiter les effets délétères de ce virus .

Constance Joly nous raconte l'histoire de ce père qu'elle adorait et dont l'absence pèse lourdement sur sa vie . Elle l'a vu se dégrader physiquement , elle l'a presque vu mourir , elle a accompagné ses dernières heures . Comme on la comprend !

Avec son écriture pudique , l'autrice se met toujours en retrait , elle parle de son père avec amour et un profond respect , aucun jugement moral là-dedans , ça ne servirait d'ailleurs à rien .

Avec son premier roman , "le matin est un tigre" , l'autrice nous avait déjà habitués à son écriture sensible et sa délicatesse .

Et là , avec "over the rainbow" , elle fait déferler sur nous un océan d'émotions , ce roman m'a profondément ému , à tel point que j'ai écrasé quelques larmes à la fin .

En résumé , énorme coup de coeur pour ce roman juste , tendre et élégant . Je ne vais pas verser dans la grandiloquence en affirmant qu'une grande autrice est née , néanmoins je tire mon chapeau à Constance Joly , son roman m'a réellement bouleversé .
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Over the Rainbow

Premier coup de cœur de l’année. J’ai fini le roman en larmes dans le métro. C’est de la mélancolie brute, du spleen qui brise le cœur à chaque page. Les mots de C. Joly sont d’une douceur infinie. J’ai adoré la beauté de l’amour que porte l’auteure à son père. Une merveille
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Over the Rainbow

C’est l’histoire de Jacques, un professeur d’italien, un passionné d’opéra, un lecteur, un amoureux de la vie, un homme, un papa.

C’est l’histoire de sa vie, de 1968 à 1992, racontée par sa fille, Constance. Elle « écrit pour inverser le cours du temps, pour ne pas te perdre pour toujours, pour rester ton enfant ». Elle nous raconte avec douceur, poésie et tendresse ce papa différent qui, après s’être longtemps menti à lui-même, a décidé de se révéler, de s’épanouir et de revendiquer son amour pour un autre homme.



Je suis la génération qui a vu naître le drapeau arc-en-ciel comme un symbole d’identité : un melting pot de couleurs qui représente tous les genres, toutes les races dixit son créateur, Gilbert Baker.

Je suis cette génération qui a vu déferlé cette pandémie mortelle dénommée VIH (SIDA) ; qui a connu Les nuits fauves, Philadelphia ; qui a perdu des connaissances…

Alors forcément, je suis touchée par les mots de Constance Joly. Par son urgence à nous raconter certains souvenirs d’enfance. Par sa poésie.

Enfant, elle permet à Jacques d’être constant et fidèle aux valeurs prônées par la société de l’époque. Adolescente, elle le voit s’épanouir et être enfin lui-même. Avec son regard d’adulte, son regard de mère, elle revient sur ses souvenirs, ses moments de vie. Elle nous partage ses envies, ses (brefs) moments de honte. Elle nous parle des regrets. Elle évoque son manque de clairvoyance par rapport à la maladie. Elle décrit le manque, le vide laissé par l’être aimé. Et à travers ses mots, on entrevoie l’amour inconditionnel d’une fille pour son père mais aussi notre société et son évolution (lente) vis-à-vis de l’homosexualité…

J’ai l’impression de trop vous en dire…et à la fois, les mots me manquent pour ce tourbillon d’émotions qui a surgi à la lecture de ce témoignage, cet hommage. Ce livre est une pépite de tendresse !!! Il m’a valu ma première larme de l’année 2021…

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Le matin est un tigre

Depuis ses quatorze ans, Billie souffre d’un mal étrange que les médecins n’arrivent pas à identifier. Anorexie ? Psychose ? Dépression ? Alma elle sait, elle devine les feuilles maléfiques bordées d’épines sous la peau pâle de sa fille. Elle appelle « chardon » le mal qui l’a pris.



L’hiver passe comme ça. Il y a des nuits passées aux urgences, de longues heures d’attente pendant lesquelles Alma transporte difficilement ses valises : une fille malade, sa mélancolie. Alors elle rêve. Depuis quand Alma se sent-elle comme ça ? Vide. Au bord du monde. Comme si elle penchait légèrement. Elle se branche sur la fréquence rêverie, elle a l’impression que tout ce qui s’agite autour d’elle, et qu’on appelle la vie, lui échappe. La vie réelle et la vie rêvée se mélangent.



Est-ce cette mélancolie souterraine qui contamine ceux qu’elle aime ? Billie et elles sont si proches. Elles ont développé une relation siamoise. Elles sont les deux moitiés d’un même fruit, se mélangent comme du lait dans de l’eau, formant un même nuage. Une relation qui l’empêcherait peut-être d’être elle-même.



Et si Alma refusait tout simplement la vérité à force de rêvasser à des chardons, des tigres, des chats roux ? Ce chardon, où qu’elle aille cette plante est comme un signe, telle l’essence de l’homme : ses racines, son fondement, telle une plante existant en chacun de nous.



Dans ce magnifique roman, poétique et elliptique, l’auteure explore une relation mère-fille toxique, si fusionnelle qu’elle empêche l’une et l’autre de respirer. À travers de nombreuses métaphores on découvre ce lien indéfectible qui peut se révéler être une véritable maladie lorsqu’un être étouffe l’autre, l’empêchant d’être lui-même.



L’histoire émouvante d’une mère au désarroi, porté par une écriture très imagée avec un beau message final : Apprendre à vivre pour soi, à être soi pour permettre à ceux qu’on aime de vivre librement.
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Le matin est un tigre

Un jour, Caroline Laurent, mon éditrice adorée, recommandait ce roman paru chez Flammarion sur les réseaux sociaux. L'après-midi, je le feuillette dans ma librairie de prédilection, les Libres champs dans le 6ème. Et les phrases m'agrippent. Chacune est un frisson. Comme un poème chargé qui me vrille l'âme à chaque mot. C'est comme ça, il y a des livres qui ont cette charge. Je serais bien en peine de dire pourquoi. Une concordance de sensibilités sans doute. Le même regard sur le monde. Je l'achète. Je croise un jour Constance lors d'une rencontre en librairie. Je la reconnais tout de suite. Je n'ose m'approcher. Je lui adresse quelques mots maladroits. Et puis on s'enflamme, on parle d'écriture. Je pars un peu trop tôt. J'avais envie de poursuivre la conversation et la rencontre. Je m'en vais ce soir-là avec dans la bouche un arrière-goût de points de suspension.



Les livres s'entassent sur mon bureau. Le matin est un tigre attend. Je suis impatient d'en avoir le temps, de lui faire sa place, pas au milieu des autres, de la frénésie des rentrées littéraires qui gronde déjà dans l'avenir, mais un peu à côté. Un livre pour moi. Juste pour moi. Arrivé dans ma retraite bourguignonne de prédilection, dans le gite aux murs de pierres épaisses où j'ai lu les Jouisseurs de Sigolène dans un recueillement fiévreux, je lis Constance. Avec la même concentration, vierge de diversions. J'attendais de la retrouver ici. J'avais prévu mon coup.









J'ouvre le livre. Enfin. Des mois que je tournais autour et que j'en avais envie. Cela commence avec la voix de son héroïne qu'on entend distinctement, son raffinement, sa poésie, sa folie douce. Cela commence dans la tendresse. J'avais l'impression de la connaitre Alma. De la contenir en moi. J'avais l'impression de l'entendre. De m'entendre. Ce rapport métaphorique à la réalité, cette manière discrète d'en accepter la magie, le mystère, les forces qui nous meuvent et qui murmurent dans le silence quand on écoute un peu. C'est d'abord ce qui m'a emporté comme une danse. Et puis je découvre sa fille Billie et le mal mystérieux qui la ronge, ce chardon qui l'asphyxie, qui lui accorde des répits trompeurs, ce curieux éclat du bonheur quand il est menacé (celui que je connais bien), celui qui incite à vivre plus fort entre les interstices. Juste avant que le mal ne vous replonge dans l'impuissance et ne remette en cause votre réalité toute entière. Tout ce qui était certain, tout ce qui était acquis et tout ce qui rayonnait de bonheur sur les photos de vacances. L'épée de Damoclès au dessus des insouciances. La force qu'il nous faut pour l'affronter en face: la maladie, la douleur et la peur de mourir. Ce truc qui nous renvoie régulièrement à toutes nos impuissances, ce truc qu'on est censé ne jamais voir.



Paradoxalement, dans le roman de Constance, j'ai vu de l'espoir, imperturbable, et de la lumière. Des grands sentiments et du monde qui vibre de poésie et de souffle. Chaque matin est un feu. Un défi à la fatalité. Même si son héroïne ne fait plus l'amour. Même si elle est désarçonnée parfois. Même si elle se tient courbée, effacée, même si on sent qu'elle est un peu à côté d'elle-même. La maladie de Billie sera sa quête initiatique, son chemin vers elle-même, celui qui vous incite à vous redresser, à vous tenir droit, à devenir celui que vous êtes. Au bout des chagrins et au bout des combats, de l'autre côté des douleurs et des larmes, des détresses, il y a toujours cela : celui qu'on est et qu'on retrouve comme un motif musical, un leitmotiv. Celui qu'on a perdu de vue, celui qu'on n'a pas forcément toujours eu le courage d'assumer, celui qu'on a fui même parfois de toutes nos forces, parce qu'il disait la vérité.



Constance a ce sens de la mélancolie qui sublime la contemplation, un voile tendre et beau sur la lumière trop crue, celui de sa sensibilité. Souvent elle reproduit des sensations en mots avec la précision d'un peintre qui transfigure le monde. C'est toujours stylisé, raffiné. C'est une histoire de métamorphoses et de mystères, c'est une mythologie qui se recrée dans une intimité. L'impression d'une plume en liberté, qui écarquille ses mots à mesure qu'elle avance, dans une improvisation maitrisée. Elle ressemble à du jazz. A une chanson déchirante et sublime de Billie Holiday.



C'est un roman dont il est difficile de parler sans se livrer. Alors tant pis, allons-y. Je vis avec mes fragilités, avec mes douleurs, avec mes ténébreux orages traversés par de brillants soleils. Je vis avec le pressentiment de tout ce qui menace et de tout ce qui attend. Je vis avec la hantise des avenirs incertains. Je vis sans savoir dans quel état je serai dans vingt ans, dans dix ans. Ou dans six mois. Je vis en attendant la prochaine douleur. Celle qui vous mettra sur le flanc et qui resserrera toutes les murailles du monde connu, qui réduira toutes les attentes au néant, tous les avenirs ajournés dans l'espoir d'un soulagement. Je connais tout ça. Je vis, maladroitement et du plus fort que je peux avec tout ça. Mais je vis.



Le privilège de cette incertitude, c'est l'intensité et la passion. La poésie et la vitalité. La quête de l'impalpable, sans doute plus prononcée qu'ailleurs, un peu plus viscérale. Un peu plus nécessaire. Dans ce genre de faiblesse, il y a ce paradoxe. Cette quête acharnée d'une raison de vivre, d'un chemin long et tourmenté ("the long and Winding road") vers un bout de bonheur qui vous correspondrait complètement. Dans le regard des autres mais surtout dans le vôtre. Se montrer à la hauteur des épreuves qu'on traverse et dignes de l'existence dont on hérite. ça a l'air grandiloquent? ça ne l'est pas. Chaque matin est un combat aux dimensions homériques et chaque journée une victoire sur la mort. On devrait pousser un cri de triomphe à chaque crépuscule et célébrer chaque matin comme une renaissance, une insolence et un miracle. Le présent nous file entre les doigts. Mais c'est tout ce qu'on a.









Au bout du roman, chez le vieux Georges, au bord de la mer et dans les vieux livres à expertiser, dans la nuit mouvementée et formatrice qu'elle passera dehors et face à elle-même, j'ai vu quelqu'un se relier au monde et à sa profondeur. Ce n'était plus Alma. Ce n'était plus même un roman. C'était l'une de ces histoires qui nous parlent de notre humanité, de ses peurs et de sa force, de sa sagesse et de son instinct de conservation, de ce combat qui se joue sans cesse en nous entre l'ombre et la lumière, la solitude et l'amour, la vie et la mort, la résilience ou le renoncement depuis la nuit des temps.



Ce jour-là, en lisant les premières pages dans la librairie de mon amie Léa, c'est cette intuition qui m'a étreint.

Cette force de vie enracinée en moi comme un curieux chardon, dont j'entendais le chant dans les mots de Constance.
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Le matin est un tigre

Comme le laisse entendre son titre plein de mystères et de promesses, ce premier roman s’ancre, de toute sa force, de tous ses mots, dans un univers à la frange de la réalité, un espace où tout est possible, à commencer par la poésie.

D’une situation morbide et angoissante, la maladie sans nom d’une jeune adolescente qui s’étiole, Constance Joly tire peu à peu, avec beaucoup de sensibilité et de délicatesse, une parabole subtile sur la place que peut prendre la maternité dans une existence et, surtout, sur celle qu’elle doit apprendre à laisser pour que la vie s’épanouisse. Nous attachant aux pas d’Alma, elle nous invite à suivre le lent cheminement d’une mère qui comprend peu à peu que, malgré la douleur, elle doit à son tour s’arracher à son enfant comme son enfant s’était arrachée à elle, afin que chacune retrouve la part de souffle qui lui revient, l’élan vital qui sera le sien propre.

Comme on doit parfois s’abandonner à la douleur pour mieux la dépasser, pour savourer la beauté et l’ampleur de ce récit, à la croisée du texte poétique, surréaliste, du roman initiatique et de la réflexion philosophique, il faut accepter de se laisser porter par son rythme et de faire confiance, sans restriction, à l’intuition d’Alma et au jeune talent de Constance Joly.

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Le matin est un tigre

Alma et Billie ; Billie et Alma. La mère et la fille vivent une relation mère/ fille fusionnelle. Alma, est une jeune femme, éditrice, et fort mal dans sa peau. Elle est accro aux tranquillisants, est phobique de tout. Son couple avec Jean bat de l’aile.

Billie développe une étrange maladie. Alma ne peut se résoudre à entendre ce que lui disent les médecins. Elle a sa propre idée. Mais, il faut reconnaître que tout cela est un peu farfelu. La médecine lui rit au nez, ne l’écoute pas.



Le matin est un tigre, premier roman de l’auteur, est l’histoire d’une quête, d’une renaissance, d’un travail sur soi, et d’une émancipation. Alma et Billie vivent une relation pleine d’amour, mais une relation toxique aussi bien pour l’une que pour l’autre.



J’ai toujours du mal avec les écritures elliptiques, les phrases tout en symboles et représentations imagées ; bref, ce que l’on appelle la poésie, ou l’écriture poétique est pour moi impénétrable ou pour le moins trop éloignée de mon mode de fonctionnement.



Heureusement ce livre est court, donc relativement digeste. En écoutant la brève présentation de ce livre par son auteur, cette dernière espérait qu’il donnerait à son lecteur des émotions… et bien, en ce qui me concerne le graphe est resté bien plat.

Cette littérature n’est pas pour moi ; je suis trop pragmatique et trop cartésienne pour qu’elle m’atteigne et me bouleverse.




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Le matin est un tigre

Un très joli roman, poétique sur la relation fusionnelle entre une mère et sa fille et sur la transmission.

J'ai adoré ce texte qui se lit très vite et qui est fort bien écrit; il est à la fois poétique, empreint d'une grande douceur, et parfois troublant. difficile de le résumer, mais je vous engage à le lire, il vaut le coup!
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