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Critiques de Constance Joly (233)
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Over the Rainbow

« Un vieil homo mort du DASS » – est-ce ce à quoi se résume une personne ? Une vie ? - Un statut lâché comme on crache occultant un homme, un père, un amoureux. Une maladie dont on ne prononce même pas le nom véritable. Pour Constance ces mots sont un choc, cet homme était son père et c’est avec amour qu’elle lui redonne une identité, de la chair, des sentiments au travers un écrit vibrant d’attachement et de tolérance.



Remontant le temps, elle partage une époque où l’homosexualité se cache, à la fois honteuse et pathologique, un temps où l’on se fond dans un moule sociétal attendu étouffant toute velléité de libre choix. Son père s’est marié rêvant d’autres bras, a conçu une enfant, a joué un rôle, faux hétérosexuel prisonnier d’un carcan. Faut-il qu’il ait eu du courage pour rompre ses chaines !



Constance Joly rend un hommage émouvant à ce père parti trop tôt et offre un texte d’une grande pudeur. Une lecture tendre et touchante.


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Over the Rainbow

Over the rainbow, un titre en clin d’œil au père de l'auteure qui adorait les comédies musicales et Judy Garland.



Avec pudeur et délicatesse, Constance Joly rend un hommage bouleversant à son père, Jacques, qui s'est affranchi des conventions sociales pour assumer pleinement son homosexualité et qui est mort du sida en 1992. Mais comme l'explique l'auteure au début du livre, il serait réducteur de résumer la vie de Jacques à ça.



Dans ce très beau texte, elle va retracer le parcours de son père, avec ses difficultés et ses souffrances, elle va évoquer leur relation compliquée au moment de l'adolescence, mais aussi les moments heureux et tous les petits riens qui font une vie.



En écrivant tous ses souvenirs, il y a une volonté de garder un peu de lui, de laisser une trace de ce qu'il a été et de ce qu'il a aimé, afin qu'il ne tombe pas dans l'oubli. C'est un récit à la fois très intime et tout en retenue, où l'on ressent profondément tout l'amour qu'elle porte à son père, et la douleur de l'absence. Un texte lumineux comme un arc-en-ciel.



Merci à lecteurs.com et aux éditions Flammarion pour cette jolie découverte.
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Over the Rainbow

Un livre pour dire l’amour d’une fille pour son père, pour dire la liberté et la difficulté d’être soi dans un monde qui ne vous comprend pas et ne vous accepte pas tel que vous êtes, pour dire la force d’un homme qui décide un jour de vivre la vie pour laquelle il est fait.

À la fin des années 60, Jacques le père de Constance quitte Nice et sa vie de couple avec Lucie. Il part vivre à Paris la vie pour laquelle il est fait depuis toujours, mais qu’il n’avait sans doute pas réussi à accepter avant. Le vent de liberté qui souffle en mai 68 a-t-il aidé, ou est-ce la rencontre avec Ivan qui lui montre où est sa vraie place ? Toujours est-il qu’il accepte enfin de se reconnaître homosexuel à une époque où c'était encore une maladie qu’il fallait combattre.

Le père saura s’occuper de sa fille, les week-ends, les vacances, l’éducation, et la fillette, puis l’adolescente, trouve sa place au sein du couple qu’il compose avec Ivan.

Il est solaire ce père, à la fois artiste, amoureux, séducteur, passionné, professeur d’italien, amateur de théâtre et d’opéra, d’art, de belles choses, mort à cinquante quatre ans d’avoir eu le courage d’être enfin lui-même, de vivre, et de ce que certains appelaient alors le cancer des homosexuels.

Après le bonheur viendront les années 90, les années sida, terribles faucheuses de vies. Cette maladie sournoise, regardée par les bien-pensants avec un dédain affligeant, est souvent tue par ceux qui la contractent. Si aujourd’hui on en meurt moins, elle fait toujours des ravages.

L’auteur écrit pour dire ce père aimant, ce père présent...



lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2021/01/25/over-the-rainbow-constance-joly/
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Over the Rainbow

Constance Joly entreprend avec ce nouveau livre de raconter son père, elle va être la "monteuse de son histoire" mais aussi "la menteuse, celle qui comble les vides, synchronise gestes et paroles. Celle qui rejoue le passé."



Son père Jacques a "cadenassé ses rêves", refoulé son vrai moi, le visage de cire le jour de son mariage avec Lucie il est devenu un mari puis un père. Mais après avoir "nagé à contre-courant jusqu'à ses trente-sept ans" il a trouvé enfin la force d'être lui-même en cédant à son désir pour les hommes. C'était en 1976 à une époque où l'homosexualité était considérée comme une maladie mentale, un délit passible de prison. Constance a alors huit ans, ses parents se séparent et elle vit partagée entre sa mère et le couple formé par son père et Ivan. Mais en 1981 apparaissent les premiers cas de Sida, Jacques sera un des premiers atteints, il mourra en 1991 mais refusera jusqu'au bout de parler de sa maladie même lorsqu'il aura des symptômes, ce n'est qu'à la toute fin que Constance apprendra la vérité.



"J'écris pour ne pas tourner la page. J'écris pour inverser le cours du temps. J'écris pour ne pas te perdre pour toujours. J'écris pour rester ton enfant."



Ce roman est un hommage de Constance Joly à son père, elle s'adresse à lui de façon très émouvante, la douleur, le manque et l'amour sont omniprésents. Il est vertigineux pour elle de penser qu'elle doit la vie au fait que son père ait refoulé son homosexualité. "Je vis grâce à l'histoire que tu avais voulu raconter au monde, je vis grâce à la fiction."

Elle trouve les mots justes pour décrire la souffrance de sa mère abandonnée pour un homme, les questions qui minent son père quant à son droit à vivre sa vie et à s'affranchir de son ancienne vie, sa solitude de petite fille à qui on n'explique rien. Elle décrit son père qui s'épanouit dans sa nouvelle vie, la liberté de cette époque et l'émergence de l'épidémie, la honte et le silence qui entouraient le Sida comme une chape de plomb à cette époque où cette maladie était cachée car elle faisait peur. Le Sida, une maladie taboue synonyme d'exclusion, de haine ou de pitié.

J'ai aimé le regard que la femme de 50 ans qu'elle est devenue porte sur la jeune femme de 20 ans qu'elle était quand elle s'est retrouvée confrontée à l'inimaginable, une jeune femme déchirée par ses propres histoires d'amour "Je ne suis qu'un cœur affamé. Je n'ai pas de place pour un père." Elle évoque ses regrets de ne pas avoir su prendre assez en compte la maladie de son père, sa terreur et son chagrin. Elle regrette d'avoir gardé "le cœur verrouillé, le cœur comme un fourré de ronces" et de n'avoir pas laissé fondre sa cuirasse car elle était "au présent éternel de sa jeunesse"

L'amour qui a uni Constance, Jacques et Lucie jusqu'au bout est très beau. Un texte autobiographique à la fois intime et universel d'une infinie délicatesse, d'une grande pudeur, d'une belle l'élégance. C'est doux, c'est tendre, c'est poétique, c'est très beau. Un arc-en-ciel de mots qui la relie à son père.
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Le matin est un tigre

Etre une mère, avec son histoire, ses doutes, l’envie de faire au mieux, l’idéalisation et la réalité, ses erreurs, se révèle complexe malgré l’amour et la rage, la rationalisation et l’écoute. Une mère est une femme et le demeure. Alors, elle compose et adapte. Parfois se trompe.

Alma est la mère de Billie, jeune adolescente atteinte d’un mal étrange et redoutable. Un chardon éclos au cœur de sa poitrine qui l’étouffe, la ronge et la brise tel le nénuphar de Boris Vian. Une image poétique d’une affection multi-causale dont Alma devine l’origine. Elle.

C’est elle, la mère qui induit ce mal. Elle qui, par sa fusion et absorption, retient Billie. Elle qui doit lâcher prise. Elle le sait, le sent. C’est vital. L’histoire sera celle de son propre trouble, ses chagrins et ses douleurs, le lien qu’elle doit diluer pour ne plus détruire.

Ce roman est une merveille tant pas la plume extrêmement poétique que par la qualité du contenu. Constance Joly est indéniablement une auteure à suivre.

Coup de cœur.








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Over the Rainbow

Constance Joly a pris le temps pour faire revivre la mémoire de son père. A la naissance de sa fille, une de ses meilleures amies lui demande ironiquement des nouvelles de » ce vieil homo« . Elle avait oublié qu’il était mort depuis cinq ans. Comment oublier et insulter cet homme qui a osé affronter l’opinion publique pour être lui, qui a lutté dans le silence et la dignité contre cette maladie dont personne ne voulait dire le nom.

Un film en super-huit, des albums de photos, des tableaux ( Le damné aux enfers ou Le baptême de Clorinde) qui hantaient son enfance témoignent en quelques images du parcours de cet homme né à Nice. Très tôt, Jacques ressent son homosexualité mais il ne peut l’avouer suite au bannissement de son frère surpris par ses parents au lit avec un homme. Alors, il se tait, se marie avec Lucie. Le couple part à Paris en 1968. Tous deux enseignants, ils mènent la vie de bohème de l’intelligentsia de gauche.

Lors d’un cours hebdomadaire à Clermont-Ferrand, il rencontre Denis. Dès lors, Jacques commence à traîner la nuit au jardin des Tuileries. Constance a sept ans, elle ne voit plus beaucoup son père. A trente-sept ans, le père de Constance accepte enfin son homosexualité et quitte le foyer. De taciturne, parfois rageur, il peut enfin rayonner. Alors que l’auteur passe rapidement sur l’effondrement de sa mère, elle donne des couleurs à la métamorphose de Jacques.

Quand et avec qui a-t-il contracté ce virus? Lors de son voyage à San Francisco avec son copain Ivan en 1979? Les premiers cas furent recensés entre octobre 80 et mai 81 à Los Angeles. Mais il faudra attendre 1996 pour espérer freiner les ravages du virus avec la trithérapie. Jacques apprend sa séropositivité en 1988. Après douze ans de vie commune, Ivan l’a quitté et il s’apprête à vivre avec Sören. seuls son amant et sa mère seront dans la confidence. Aux autres, il ne dira rien avant de s’effondrer.

Constance a vécu de merveilleux moments avec ses parents jusqu’au divorce.

Elle fut ensuite une des premières enfants à vivre au sein d’un couple d’homosexuels. Au cœur de cette histoire, l’adolescente grandit, s’ouvre à sa féminité.

Le texte est écrit avec le cœur. A chaque ligne, on sent l’admiration pour son père. Au-delà de l’évocation d’un sujet de moins en moins tabou mais toujours difficile, Constance Joly écrit pour faire vivre son père.

Difficile de passer derrière le remarquable Fairyland d’Alysia Abbott. On y retrouve d’ailleurs quelques similitudes, beaucoup moins marquées (Harvey Milk, période adolescente…). Je découvre ici une version plus courte, plus centrée sur les sentiments mais le témoignage dégage la même admiration pour un père qui a eu le courage de vivre sa différence. Si le récit est moins fouillé, moins ancré dans une culture, une époque (tout le monde ne peut pas vivre à San Francisco), j’ai aimé les intermèdes poétiques et les références qui se glissent de ci-de-là, notamment autour de ce titre évocateur, Over the rainbow.
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Over the Rainbow

C’est une belle déclaration d’amour, et délicat hommage à son père parti trop tôt.

Constance Joly décrit avec des mots choisis sa douleur, la douleur de sa maman.

Dans cet hommage l’autrice n’a jamais dans le jugement, tout le contraire, sa douleur est dans la finesse , la tendresse pour ce père aimé.

C’est un très beau texte , les larmes sont là.
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Over the Rainbow

Mais que c’est beau, intelligent, plein d’amour !



Dieu que ce récit est solaire et poignant à la fois !



Jacques, ce papa qui épouse Lucie (qu’il aime comme une amie proche pour cacher ce qu’on ne peut pas avouer à Nice, dans les années soixante …) Bertrand, cet oncle si beau et jalousé par son frère complexé, qui partage pourtant (ce qui n’est pas banal !) le même secret … La séparation de ses parents quand elle a sept ans, séparation qui ne la privera pas de ce père aimant … Yvan, ce « second papa » qui s’occupe si bien de Constance ! Le sida enfin, dont on n’ose à peine prononcer le nom – tant il fait peur – et ce terrible 3 juillet 1992 qui la laissera orpheline et inconsolable … Vingt-deux années ineffaçables dans l’âme et l’esprit de l’auteure.



Une écriture purement grandiose, des mots tellement justes ! Pas le moindre jugement dès son plus jeune âge. Ce témoignage est une ÉNORME pépite ! Impossible de refermer ce splendide hommage qui veut avant tout honorer ce père adoré ! Un texte d’une qualité littéraire hors du commun qui atteint profondément le lecteur : on ne peut définitivement pas refermer un tel ouvrage et vaquer à ses occupation comme si de rien n’était ! Double, triple, quadruple coup de coeur en ce qui me concerne ! Merci pour ce généreux partage Constance Joly et bravo pour votre talent !
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Over the Rainbow

Constance raconte l’histoire de son père, Jacques. Elle a essayé de se mettre à côté de lui, au plus proche et non à sa place. Elle a comblé les silences pour nous offrir cette autofiction romancée.

En 1968, les parents de Constance quittent Nice pour habiter à Paris. Ils sont tous les deux professeurs. Là-bas, son père va enfin oser vivre sa sexualité. Il est homosexuel mais à l’époque c’est une réalité qu’on cache car elle est répréhensible. De plus, dans sa famille, c’est inacceptable, inavouable. Bertrand, son petit frère, a été pris en flagrant délit avec un autre garçon et il a été exilé de la famille.

« En 1976, l’homosexualité est encore répertoriée comme une maladie mentale. C’est un délit, passible de prison, il faudra attendre six ans encore pour qu’elle ne le soit plus. »

Vers l’âge de 7 ans, Constance remarque que son père est de plus en plus absent. Il finit par quitter Lucie pour s’installer avec l’homme qu’il aime, Ivan. Une histoire d’amour qui durera 12 ans. C’est le début d’une vie entre deux appartements pour Constance. Sa mère sombre dans la dépression.

Jacques et Ivan partent en voyage aux Etats-Unis. Ils comparent les mœurs américaines avec les nôtres : « Ici, la liberté sexuelle est réelle, même les gays sont meurtris par l’assassinat de Harvey Milk un an plus tôt. »

A 50 ans, il rencontre Sören, ce sera son dernier amour. Celui qui l’accompagnera durant la progression de sa maladie, jusqu’au bout. En 1988, il a peur de faire le test du sida, à juste titre.

« Il te reste quatre ans à vivre. Malgré la dureté de ta maladie, Sören me dit que ces quatre années ont été parmi les plus belles de sa vie. »

Il décide de ne rien dire à sa famille et ses amis, mais en 1991 les symptômes sont omniprésents, son état se dégrade.

« A partir de là, je m’aperçois que j’ai moins de souvenirs de toi. Ma vie se met à dérailler. Je commence à avoir peur de tout. […] Je n’arrive plus à travailler, je redouble mon année de licence. Je ne vais plus tellement te voir. Je passe à côté de ta maladie. »

Constance dit ses difficultés d’être entendue dans ces histoires de grandes personnes, ces mensonges d’adultes. Ce n’est pas si facile de grandir et de se construire quand les repères changent ainsi. Elle parle de son adolescence, de ses premiers amours, de son rapport à son corps. L’amour était plus important que son père, sa mère ou ses études.

Elle rend un vibrant hommage à son père. Elle parle aussi de toute sa famille. Dans ce roman, elle donne la parole aux enfants, une époque où on ne les écoute pas. Qui se soucie de savoir ce qu’elle pense ?

Elle évoque avec nostalgie leurs dernières vacances avant la maladie, l’insouciance. Il y a de nombreux passages poétiques, magnifiques, emplis d’amour, de tendresse et de lumière.

Les chapitres sont courts. Le livre se lit vite, un peu trop à mon goût. J’aurais aimé passer encore un peu de temps avec Constance et Jacques. Alors je le relis et j’apprécie. Bref, un coup de cœur.

Les 68 ayant adoré son précédent roman, « Le matin est un tigre », je l’ai noté sur ma liste de livres à lire.
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Over the Rainbow

"(...) je sais que le moment est venu de trier mes souvenirs pour écrire ton histoire. Une histoire dont je serais la monteuse. La menteuse. Celle qui comble les vides, synchronise gestes et paroles. Celle qui rejoue le passé. Je connais la langue des absents. C'est toi qui me l'a apprise."



Ces souvenirs, ce sont ceux que Constance garde de son père, Jacques mort du sida il y a trente ans. L'un des premiers alors que l'on découvrait chaque jour un peu plus les ravages de ce virus. Un père qui avait finalement choisi d'assumer ses préférences, un père aimé, admiré mais échappé d'abord du foyer puis de l'existence alors que la jeune femme à peine sortie de l'adolescence ne mesurait pas encore combien cette liberté faisait partie de son héritage. Ce sont donc les mots qui sont chargés de le faire revivre ou en tout cas de le sortir de l'ombre. De raconter cette époque et ses drames. Les mots d'une fille, confrontée à une situation peu ordinaire mais surtout les mots d'un fantastique écrivain.



"J'écris pour ne pas tourner la page. J'écris pour inverser le cours du temps. J'écris pour ne pas te perdre pour toujours. J'écris pour rester ton enfant."



Constance écrit, et Jacques apparaît, mais surtout les liens entre eux, ceux de l'enfance et ceux plus complexes de l'adolescence lorsque l'on se cherche des modèles, des repères. Constance écrit et l'émotion gagne, la vie et la mort se croisent, les trajectoires se suivent et parfois s'évitent ou se manquent. Se laissent distraire, berner. Constance écrit, les lumières envahissent les pages, les odeurs de l'enfance et les sensations de l'adolescence deviennent perceptibles. Passé et présent se rejoignent. S'enlacent. Se réconcilient au grand jour. Les poids s'allègent. Les épaules se redressent, les respirations se font plus douces. C'est beau.



L'écriture de Constance Joly est la grâce même. Sensible, pudique, aérienne, attentive à tracer cet écrin de vérité et d'amour. Je m'y suis coulée avec plaisir, touchée par cette rencontre revisitée à trente ans d'intervalle, bercée par la musique des mots qui accompagnent ce voyage d'une femme vers la fille qu'elle était et qu'elle demeure. Enfin dans la lumière.



"La vie emporte tout, l'amour et les visages de ceux que nous avons aimés, et pourtant nous agissons sans relâche. Nous nous construisons des digues dérisoires, bientôt emportées. Encore quelques minutes au soleil. Juste quelques minutes."
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Over the Rainbow

*Coup de cœur *

Avant même de commencer ce roman, je suis tombée sous le charme de son titre. « Over the rainbow ».

Dans ma tête, de suite des images, une mélodie qui s’installe, des pensées qui s’envolent…

Et chaque page est à l’image de ce titre : un éventail de sentiments murmurés en retenu, un flot d’émotions déversées goutte à goutte, de la beauté, de la douceur, de la poésie (quelle plume !), du courage, de la sensibilité, de la bienveillance, de l’amour à n’en plus finir…

Vous l’aurez compris, j’ai été séduite, sous le charme de cette auto-biographie pudiquement confiée qui parle du SIDA de façon tellement universelle.

Je ne peux que vous conseiller de lire cet hommage. Il mettra de la couleur dans votre journée à n’en pas douter.

Ha. Une dernière chose : SOYEZ VOUS-MEME !

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Le matin est un tigre

« Admirer la vie et s’en sentir dépossédée. Est-ce cela la mélancolie ? » Alma, depuis ses douze ans, se sent à côté de sa propre vie. Elle a pourtant tout fait pour se plier à la norme : elle a un métier, un mari et une petite fille. Mais pour survivre dans une société dans laquelle elle se sent étrangère, elle s’est inventé un monde imaginaire, fantasmagorique, peuplé par les contes et les vers d’auteurs divers tels Boris Vian ou Emily Dickinson ; normal pour une bouquiniste.

Ainsi quand Billie, sa petite fille, se met soudainement à souffrir d’un mal que les médecins n’arrivent pas à diagnostiquer, Alma n’a aucun doute : il s’agit d’une fleur qui pousse au cœur de l’organisme de son enfant, à la manière du nénuphar qui emprisonna les poumons de Chloé dans « L’écume des jours ». Pour Billie, ce sera un chardon. Pourquoi le chardon ? Parce que les botanistes du XVIème siècle le préconisent pour soigner la mélancolie, justement.

Il faudra à Alma un petit voyage en Bretagne pour rencontrer deux personnages singuliers, Georges et le fantôme de Chicago May qui lui permettront de tenter d’analyser le propre mal qui la ronge depuis si longtemps et qui peut être intrinsèquement lié à celui de Billie : « Elle s'était efforcé de disparaître, ce n'était pas si difficile: il suffisait de parler bas et de rêver fort. Et puis, à force de se noyer dans le paysage, elle avait fondu sans bruit, un pétillement dans l'eau, comme un cachet d'aspirine ».

Un roman qui se lit vite et bien malgré son univers onirique parfois désarmant.



Lu dans le cadre des 68 premières fois.

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Le matin est un tigre

Constance Joly nous offre un premier roman sensible et poétique où la douleur d'une mère face à la maladie de sa fille se confond avec ses douleurs de femme face à la vie.



Un roman mère-fille, un roman "romantique" sur ce qui nous ronge, sur ce qui nous freine et sur la transmission.



Que transmet-on à nos enfants? Inconsciemment sommes-nous nocifs pour nos enfants? Pouvons-nous être de bons parents si nos névroses nous étouffent?



Impossible de ne pas voir un hommage à Boris Vian dans cette histoire de chardon qui envahit la poitrine de l'enfant mais aussi - et surtout - un hommage au surréalisme de Breton qui prônait la libération de l'homme (et de la littérature) du contrôle de la raison.

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Over the Rainbow

Je suis toujours un peu gênée de ne pas ressentir l'enthousiasme général suscité par un roman qui a, globalement, fait l'unanimité.



Je me demande ce qui n'a pas fonctionné, ce que j'ai pu louper ou encore si c'était le bon moment pour découvrir cette histoire...

Depuis que j'ai refermé les pages de 𝘖𝘷𝘦𝘳 𝘵𝘩𝘦 𝘳𝘢𝘪𝘯𝘣𝘰𝘸, j'essaye donc d'identifier ce qui ne s'est pas produit.



Cette histoire, c'est celle de Jacques, professeur d'italien dans les années 1960/1970, marié et père de la petite Constance (Joly).

Tout semble lui sourire si ce n'est qu'il n'ose révéler ce qu'il ressent, son attirance envers les hommes.

Jacques le sait depuis toujours, il est homosexuel. Dans une France qui, rappelons-le, considère encore cela comme une maladie mentale.



À 37 ans, Jacques trouve la force d'assumer ses désirs et d'être enfin lui-même. Il quitte sa femme mais n'en reste pas moins un père aimant pour Constance.

Il sera parmi les premiers à mourir du Sida dans les années 1980.



Ce récit d'une relation père fille, tout en pudeur, ne tombe jamais ni dans le pathos, ni dans le voyeurisme.

La plume délicate et presque poétique de l'autrice est agréable à lire et nous permet de découvrir son histoire, leur histoire, avec un intérêt constant.

Malgré cela, j'ai pourtant eu du mal à ressentir de l'émotion dans ce court ouvrage qui m'a malheureusement tenu à distance en grande partie.

Et je crois que c'est là que le bât blesse.



Alors, non, je n'ai pas été aussi transportée que d'autres lecteurices, et cela arrive parfois ! Pour autant, je garderai en mémoire cette histoire : celle d'un homme amoureux qui a osé s'affranchir des codes pour vivre et aimer librement.
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Over the Rainbow

"Over the Rainbow" c'est l'histoire d'un homme mais surtout d'une famille, une famille au départ unie, deux professeurs qui se rencontrent, font mai 68 ensemble, fondent une famille. De cette union née Constance mais Jacques, ce père investi et malgré une profonde affection pour sa femme, n'est pas épanoui dans sa vie. Les conventions de l'époque ont dans un premier temps guidé ses choix mais une rencontre va l'amener à se révéler. Ce chamboulement dans leur vie, Constance nous le rapporte avec beaucoup de pudeur et de tendresse. Dans sa nouvelle liberté son père va malheureusement contracter le sida aux prémices de l'épidémie et fera parti des premiers à en succomber en 1992 à seulement 53 ans. 



Un récit très délicat, à travers ces souvenirs partagés, l'autrice nous dépeint avec délicatesse l'absence d'un proche ET l'amour présent dans toutes les familles! Des confidences adressées à son père par l'usage du "tu" rendues très fluide grâce à de courts chapitres. "Over the Rainbow" quel très beau titre pour parler des amours aux couleurs de l'arc-en-ciel. Ce récit rend  hommage à un père parti trop tôt, à un homme mais aussi à tous ces victimes de cette terrible maladie. Maladie d'homosexuel au départ, elle touche désormais tout le  monde, je suis née après sa découverte et ma sexualité à toujours été sous le signe de la protection. La recherche a tellement évoluée depuis, la vie des malades du VIH peut être quasiment identique à celle de n'importe qui d'où l'intérêt de se faire dépister et de se protéger. 



Un récit touchant qui m'a beaucoup plu. La finalité de cette histoire bien qu'elle soit connue m'a bouleversée sûrement parce qu'elle fait écho à nos propres deuils. J'ai été embarqué par la plume délicate de l'autrice et cet hommage tout en retenu. 






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Over the Rainbow

Au départ, c'est l'histoire de Jacques et Lucie, qui se rencontrent dans les années 60 à Nice. Deux êtres qui s'aiment dès les premiers regards, qui se marient très vite et partent vivre à Paris.



De leur union, une enfant naît, Constance. Au fil du temps, Jacques sent l'étau se refermer sur lui, il n'est plus libre de lui-même. Jacques veut vire sa vie comme il l'attend, c'est à dire d'aimer comme il se doit d'aimer, sans se cacher. Car, oui, Jacques est un homme qui aime les hommes.



Jacques va profiter de la vie qu'il a devant lui, des couleurs, des voyages, de sa fille, de son homme, jusqu'aux années 80, où l'apparition du "cancer des homosexuels" fait irruption dans sa vie...



Roman autobiographique, ce livre est grand, fort, sensible poétique, pudique, intime mais à la fois universel. Ce livre est un coup au coeur car il raconte un père qui aimait les garçons et qui du jour au lendemain décide de l'assumer. Ce livre raconte le courage de vivre au grand jour, raconte cette maladie qui court toujours.



Un roman qui voit un bébé, un enfant, une jeune fille, puis une femme. Un roman qui raconte l'histoire d'une vie, celle de Constance et de son père. Un roman comme un hommage rendu à ce père tant aimé, parti trop vite.



Les pages de "Over the rainbow" émeuvent par l'émotion qui en découle, par la justesse des mots et de leurs poésies. Parce que ce roman transpire le vrai, le vécu. Des mots et des phrases qui viennent vous percuter car ils sortent du coeur, des tripes. Une histoire qu'on lit en apnée, d'une traite comme si c'était la nôtre.



Enorme coup de coeur pour ce roman, pour le talent de Constance Joly, pour ce message laissé en filigrane : d'avoir la force d'être soi même !



Félicitation ma chère Constance, ce roman est un chef-d'oeuvre de tendresse, de justesse et d'émotion.
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Le matin est un tigre

Ce premier roman de Constance Joly est assez agréable à lire mais je dirai que "Le matin est un tigre" est une gentille histoire sans plus.

Elle est présentée comme une fable et manque vraiment d'originalité.

La narratrice prénommée Alma est une jeune femme angoissée qui marche au lexomil car elle a l'impression que sa vie lui échappe. Sa fille de 14 ans Billie a une maladie qu'elle appelle "le chardon".

Comme elle porte ce fardeau, elle utilise la métaphore de la valise et de la malle qu'elle a à chaque bras mais aussi celle de la banane autour du ventre qui l'empêche de faire l'amour, le désir l'ayant quittée.

Elle mélange ses rêves (ses cauchemars plutôt) et sa vie y compris dans la narration où les deux se confondent.

Alma vend des livres sur les quais de Seine à Paris. Elle a bien de la chance car elle possède une "boite" par héritage.

Alors que sa fille est hospitalisée elle va partir faire une expertise en Bretagne emportant ses angoisses avec elle et tentant de libérer Billie du mal inconnu qui l'opresse. Sa priorité va être de trouver les clefs pour sauver sa fille, accompagnée par ses fantômes, un chat roux et une héroïne du passé.

Mais, comme lui dit Jean, son mari, le chardon sent le réchauffé. Certes elle a de bonnes références entre Vian et Perec mais quand elle écrit dans son journal des "Je me souviens" ça fait beaucoup de reprises de ce qui a déjà été très bien écrit. Constance Joly n'apporte rien de nouveau et ce ne sont pas les invraisemblances qui aident à croire cette histoire de relation fusionnelle entre mère et fille. Il reste que pour un premier roman, j'ai trouvé qu'il était bien construit et qu'il y a quelques beaux passages.







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Le matin est un tigre

A quelques heures d'une opération dangereuse sur sa fille, Alma est persuadée et à l'intuition qu'il ne faut surtout pas opérer.

Mais quelle est cette maladie qui atteint Billie cette jeune fille de quatorze ans et qui la rend neurasthénie ?

Alma et Billie ont une relation mère /fille très fusionnelle.

Alma culpabilise face au mal de sa fille Billie. Elle doit déposer ses valises et couper le cordon ombilical pour que Billie survive.

Alma continue de penser qu'il ne faut pas opérer Billie. Elle soutient que celle-ci à un chardon qui pousse dans son corps Clin d'oeil à Boris Vian.

On suit donc les batailles internes que se livre Alma pour arriver à sa libération et sauver sa fille.

Une histoire grave mais écrite dans un style poétique et précis avec beaucoup de vocabulaire. Dès les premières lignes, on est pris dans le récit et les pages se tournent toutes seules.

Constance Joly nous offre un premier roman plein de sensibilité et très émouvant.

Une plume à suivre.

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Over the Rainbow

Le récit de Constance Joly est un cri d’amour à son père décédé du Sida dans les années 80. Il est donc le reflet d’une époque, celle où l’homosexualité est encore pénalisée, où les amoureux endurent insultes et railleries, celle aussi où la maladie n’est pas connue et où on croit soigner de nouveaux genres de cancer. Celle où les morts n’ont pas droit à des soins funéraires et doivent être enterrés vite, mal.



Pudique, ce récit est touchant et vibrant tant l’amour et la tendresse filiales sont palpables. Il relate la vie de famille de Constance, le couple idéal que forment ses parents au sein de leur groupe d’amis. Ils sont jeunes, beaux, privilégiés, passionnés par leur métier d’enseignant et la culture et vivent pleinement chaque moment qui passe. Mais quand le soir arrive, son père est mal, fait des cauchemars, se sent coupé en deux. Viendra ensuite la naissance de Constance et une tendre complicité unira le père et la fille jusqu’au jour où il acceptera enfin son homosexualité et quittera sa famille. Elle sera une des premières enfants à vivre la garde alternée avec un couple homosexuel. Elle grandit, devient une adolescente, découvre sa féminité et son corps. L’amitié et les amours de jeunesse prennent alors toute la place et elle voit moins son père dont la santé se détériore toujours davantage. A l’âge mûr, elle jette un regard sur cette époque, sans pathos ou crudité.



J’ai beaucoup aimé ce roman sensible et d’une grande délicatesse où les émotions tiennent une grande place. Le style bref et direct de l’auteure, ses phrases courtes, ses énumérations lui donnent un rythme dynamique. Constance Joly ne s’appesantit pas sur les faits, ne livre pas ses états d’âme en détails mais chaque phrase laisse poindre l’émotion ressentie. Aujourd’hui, elle a cinquante ans, l’âge de la maturité, le moment idéal pour lancer un regard rétrospectif sur son père, sa vie et leur relation. C’est une réussite.



Un beau chant d’amour filial, entre douceur et regrets et un réquisitoire sur ces années Sida, terribles, culpabilisantes, honteuses pour les victimes et leurs familles. Une maladie dont on parle moins mais qui a causé la mort de 35 millions de personnes en 35 ans. Et n’est pas éradiquée.
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Over the Rainbow

Jacques et Lucie se rencontrent dans les années 60. Ils sont jeunes et beaux, cultivés, avides de voyages et de découvertes. Ils s'installent à Paris, se marient, puis ont une petite fille, Constance. Mais Jacques n'est pas heureux depuis longtemps, avant même l'arrivée de sa fille. Vivre à Paris lui permet de comprendre, puis d'accepter le fait qu'il aime les hommes. Il se décide enfin à vivre comme il l'entend, quitte Lucie et rencontre Ivan, avec lequel il va vivre durant de longues années. Le temps passe, la petite fille grandit et devient une femme. Les années 80 voient l'apparition du sida, qu'on appelait encore à l'époque le "cancer des homosexuels". Jacques n'échappe pas à la contamination et décède quelques années plus tard.



Devenue cinquantenaire, l'auteur rend hommage, dans ce roman autobiographique, à un père parti trop tôt, elle raconte le manque et le deuil, la maladie et le chagrin.

Constance est toute jeune encore quand ses parents se séparent. Elle prend les choses comme elles viennent, sans porter de jugement ni de rancune envers son père alors même qu'elle voit sa mère plonger dans une profonde dépression ; elle s'attache au compagnon de son père avec un naturel assez déconcertant – il faut dire aussi qu'on ne lui explique pas grand-chose de la situation. Mais à l'adolescence, il est compliqué d'avouer à ses amis que son père est homosexuel, en témoigne la scène où c'est Ivan et non son géniteur qui vient la chercher à la fin d'une soirée, déclenchant chez la jeune fille une gêne dont elle va peiner à se remettre. Constance ne craint pas de l'avouer : si elle a accepté l'homosexualité de son père dans l'intimité avec une facilité apparente, c'est socialement plus difficile. Est-ce pour cette raison qu'elle fait preuve d'une sorte d'égoïsme quand elle s'occupe de son père malade et affaibli ? Elle raconte sans fard sa peur de la contamination, son refus d'évoquer la mort prochaine, son besoin parfois de s'éloigner de lui, son agacement quelquefois, et son regret d'avoir choisi sa jeunesse plutôt que de profiter des derniers moments. Malgré tout, une profonde tendresse émaille tout ce récit à la fois pudique et pourtant si intime, comme pour donner aux choses la possibilité d'être encore : "J'écris pour ne pas tourner la page. J'écris pour inverser le cours du temps. J'écris pour ne pas te perdre pour toujours. J'écris pour rester ton enfant."



Roman lu dans le cadre des "68 premières fois"


Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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