Cynthia Bleau

L’histoire de la boxe est tout à fait fascinante. C’est un sport à la fois complet et complexe ! On ne doit pas se fier à ce qu’on observe sur le ring. Il faut voir le pugiliste comme une machine faite de muscles. D’ailleurs, de l’Antiquité jusqu’à l’apparition de la boxe moderne, il s’agissait d’une discipline totalement réservée aux hommes, associée à la préparation physique pour la guerre, ou au divertissement masculin.

Parfois, certains conteurs s’intéressaient vraiment à ses réactions, d’autres semblaient plutôt dans un monologue. Elle riait doucement lorsque ces derniers revenaient sur la terre, comme surpris de leur périple dans le passé.

Les enquêteurs piétinaient et aucune preuve n’avait été trouvée contre Julien Desbois. Cependant, il était toujours surveillé de près et cela lui nuisait énormément. À la moindre erreur, il se retrouverait en prison. Il n’avait pas peur ; un nouveau plan avait germé dans sa tête. L’assassin n’avait pas dit son dernier mot.

Ce qui avait gardé Béatrice en vie était assurément la présence de ses deux garçons. La louve en elle était prête à tout pour les protéger. Ce qu’elle désirait le plus était la sécurité de ses fils. Béa s’était promis qu’elle tuerait cet homme dont elle avait partagé la couche trop longtemps. S’il s’approchait à nouveau d’elle ou de ses enfants, il ne verrait plus la lumière du jour. Plus jamais il ne leur ferait du mal. Jamais.

Il détestait le regard que posait François sur Béatrice. Il la désirait, Julien le sentait. Cela le mettait en colère. Il n’aimait pas la relation amicale que sa femme développait avec les membres de la compagnie. Ce François cherchait à la séduire. Il avait une conjointe pourtant. Il était sûrement l’un de ces hommes infidèles. Il méritait une punition. Soit cet homme disparaissait de la vie de son épouse, soit il allait lui-même s’en charger.

Quelle magnifique femme ! Il y avait longtemps qu’on ne s’était pas occupé de lui. À cette idée, Tremblay sentit l’érection montée dans son pantalon déjà trop serré. Comme si elle avait entendu ses pensées, Laure se retourna vers lui et lui fit un clin d’œil. Avait-il rêvé ?

Il pouvait voir, à travers l’ouverture de sa chemise, le galbe de ses seins, entourés par un délicat soutien-gorge en dentelle blanche. Cela ne l’aidait pas à se concentrer !

Son baccalauréat en criminologie ne l’intimidait pas. Sicard faisait partie de la vieille école ; rien de mieux que le vrai travail pour apprendre. La théorie, ça n’a rien à voir avec la pratique.

Il les détestait. Il n’aimait ni les policiers, ni les surveillants forestiers, ni les politiciens. Il n’appréciait pas ceux qui abusaient de leur autorité. Il préférait se dire qu’il valait mieux toujours être sur ses gardes et, ensuite, faire confiance. Jamais le contraire.

Elle ne l’avait jamais connu amoureux. Il avait certes eu plusieurs fréquentations, mais rien de sérieux. Son cœur battait plus vite à l’instant où il mentionnait la nouvelle du village, une certaine Béatrice Larson.

Si la justice légale n’aidait pas cette femme si forte et fragile à la fois, les villageois se firent la promesse de s’en occuper. À leur façon.

Le mot « colère » n’était pas assez juste pour représenter ce qu’il ressentait. Julien retenait une telle rage, une si grande fureur, qu’il craignait constamment d’exploser. Il désirait plus que tout faire souffrir cette femme qu’il avait sous-estimée.

Les blessures physiques guérissaient ; celles de son âme prendraient peut-être sa vie entière à cicatriser.

Elle ne parvenait pas à croire que la misogynie et les stéréotypes étaient aussi forts. Combien de féminicides auraient lieu, encore ? Béatrice était persuadée de la culpabilité de son ex-conjoint, mais le prédateur était si rusé qu’il avait effacé toutes ses traces. Seule sa mégalomanie avait failli le trahir.

Là, dans la quiétude du silence, elle s’apaisait dans la noirceur. La solitude ne lui faisait plus peur. Son cœur appréciait ces moments où elle prenait conscience de sa chance, malgré les épreuves et la souffrance.

Il glissa alors sa langue entre les lèvres de sa féminité et entama des mouvements lascifs. Béa se cramponnait à ses épaules, découvrant pour la première fois depuis longtemps à quel point un acte si simple pouvait donner de si intenses sensations.

Il se doutait que sa mission serait immense, mais il souhaitait ardemment lui montrer qu’elle méritait d’être heureuse. C’était encore plus complexe que de déflorer une jeune vierge. Le corps de Béa avait été souillé, battu, détesté. Joseph A. voulait enlever chaque blessure, un baiser à la fois.

Leurs souffles se mêlèrent, à l’entrée de leurs lèvres, sans que celles-ci se touchent. Comme s’ils attendaient l’accord. La tension était presque tangible. Les mains se cherchaient, les ongles griffaient. Soudain, les bouches se trouvèrent et se soudèrent dans une harmonie parfaite.

Les petits moments passés en sa compagnie, aussi courts fussent-ils, donnaient l’impression à Béatrice qu’une pierre était retirée de son dos. Elle se sentait plus légère, plus forte.

Ce qu’elle n’arrivait pas à s’avouer, c’est qu’elle ne s’attendait pas à voir un homme à la peau noire au village. Elle avait cru, involontairement, que les gens n’auraient pas apprécié un étranger si différent… Et puis, en même temps, elle s’en voulait d’avoir imaginé ces idioties.