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Critiques de Daniel Saldaña París (16)
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Plier bagage

« Un mardi de juillet ou d'août 1994, Teresa, ma mère, est partie camper », traduction, Teresa a quitté la maison pour de bon. le narrateur est son fils de dix ans qui se retrouve seul avec une soeur ado, qui pour lui fait office de plante d'appartement et un père dans une fonction similaire. Lui reste son passe-temps favori, les origamis, et le bouquin d'origamis que lui a offert Teresa. L'origami lui sera une école de solitude : “il m'a appris à passer de nombreuses heures en silence.” Vingt trois ans après il s'en souvient.....Nous sommes dans la banlieue de Mexico City, dans une famille de la classe moyenne.



Entre dérision et compassion, on va rentrer dans le petit monde peuplé de rêves de ce garçon solitaire, qui regarde et juge sa famille et les événements de l'été 1994, tournant crucial dans sa vie , à travers les souvenirs de l'adulte qu'il est devenu vingt trois ans plus tard . L'innocence du gamin croise le regard ironique de l'adulte, un père incapable d'empathie et qui prend toutes les décisions en fonction de ses propres sentiments et besoins, une soeur en pleine crise d'adolescence dans toute son immaturité qui ne pense qu'à s'éclater , et entre les deux lui qui arrive à surfer entre rêves, fantasmes, peurs, envies, sans perdre pied avec une lucidité incroyable pour son âge. Mais ne pas connaître la véritable raison du départ de Teresa, son incapacité à se rendre invisible malgré sa “capsule à luminosité zéro “ aux agents du mal de son imagination, et les origamis qui ne donnent sens à rien comme il l'espère , « parce que la symétrie n'était pas une condition du monde, mais une invention de l'entendement », le plonge dans des angoisses métaphysiques épisodiques . Sa désillusion d'adulte en est d'autant plus douloureux ,”De même que le pli, qui constitue le fondement de l'origami, repose sur une idée fausse, de même que le pli le plus intime de notre personnalité, le pli auquel nul n'accède, le pli de l'intimité – l'envers douloureux que nous cachons, que nous gardons comme une lettre secrète dans la table de nuit de notre vie ......est aussi une illusion d'optique, et en réalité nous n'avons pour toute essence que nos peurs, pour toute identité que nos frustrations, pour tout sens que nos sanglots dans la profonde nuit des temps.”



Une histoire poignante beaucoup plus profonde qu'elle n'en paraît, où l'ironie relève le tragique de la situation. A travers un procédé narratif courant , la voix d'un adulte de trente trois ans qui se souvient de son enfance, on croise le regard simple et lucide d'un gamin de dix ans, sans illusions. Chercher la vérité lui semble être une aventure veine dans un monde imparfait où les choix sont restreints et ne sont pas des vrais choix, et leurs conséquences pas celles que nous avons choisies en soupesant rationnellement la signification, mais celles entreprises dans la chaleur de l'instant.

Un livre introspectif brillant sur la mémoire et l'enfance , où la mémoire génère la fiction, que l'auteur considère comme une forme de la vérité (“Creo que la ficción es también una forma de la verdad”). Beaucoup beaucoup aimé et le conseille vivement !



« Les souvenirs sont des constructions qui conservent une relation ténue avec leur origine supposée, et chaque fois que nous nous rappelons quelque chose, ce souvenir est plus autonome, plus détaché du passé, comme si la corde qui le liait à la vie réelle était de plus en plus usée, jusqu'à ce qu'elle se rompe et que la mémoire se mette à courir, libre et débridée dans la rase campagne de l'esprit, comme une chèvre émancipée s'enfuit dans la montagne.......Écrire sur le passé, je m'en rends compte maintenant, c'est écrire vers l'intérieur, non vers l'extérieur : au lieu de continuer à raconter, il convient de préciser, d'éclaircir la scène en même temps qu'elle s'éclaircit dans ma mémoire. »



Un grand merci aux éditions Metailié et NetGalleyFrance pour l'envoi de ce livre.

#Plierbagage#NetGalleyFrance



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Plier bagage

Depuis le fond de son lit au fond de son appartement à Mexico, un homme léthargique de 32 ans se remémore le passé. En particulier l'épisode-choc de son enfance lorsque, un beau jour de l'été 1994, sa mère quitte subitement la maison, sans explication, alors qu'il n'a que 10 ans, une soeur adolescente et un père décoratif. La rumeur dit qu'elle est partie au Chiapas, où le soulèvement zapatiste vient de se déclencher. Pratiquement livré à lui-même, le jeune garçon cherche à appréhender la situation avec son imagination débordante et ses livres de la série "Choisis ta propre aventure", se réfugie jusqu'à l'obsession dans la confection – toujours vouée à l'échec – d'origamis, le pliage de feuilles d'arbres selon leur nervure principale ("El nervio principal" étant le titre original), toujours voué à l'échec également, faute de symétrie parfaite, et dans le placard de sa chambre où il s'enferme dans l'espoir d'effacer le passé – tentative, faut-il le dire, elle aussi vouée à l'échec. Jusqu'au jour où il décide de prendre le bus et de partir à la recherche de sa mère.

Vingt ans plus tard, il interroge sa mémoire, ses plis et ses replis, ses tours et ses détours, confrontant ses souvenirs à la réalité, essayant de faire correspondre son histoire aux plis du passé, de la même façon que, enfant, il s'obstinait à replier les draps, les feuilles d'arbres, les origamis, selon les plis déjà marqués.

Mais la mémoire est traîtresse, et comment peut-on être sûr qu'on se souvient de la réalité plutôt que du souvenir qu'on en a ou de l'histoire qu'on s'est racontée ? Questions vertigineuses, auxquelles s'ajoutent les interrogations du narrateur sur son identité, lui qui voudrait être comme sa mère adorée et se désole de ressembler de plus en plus à son père, et qui comprendra finalement qu'il doit devenir la personne qu'il aurait dû être.

Jouant sur l'opposition miroir/héritage vs reflet déformé/asymétrie, "Plier bagage" est un roman mélancolique, qui provoque beaucoup d'empathie pour ce petit garçon aux prises avec un événement trop grand pour lui. On a mal au coeur de le voir s'égarer sur ses fausses pistes, de le voir exclu et isolé, sans personne pour le guider ni même l'aimer.

L'histoire est triste mais laisse planer l'espoir, l'écriture (en partie à hauteur d'enfant) est belle et fluide et me réconcilie avec l'auteur, dont je n'avais pas aimé le premier roman "Parmi d'étranges victimes".



En partenariat avec les Editions Métailié.
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Parmi d'étranges victimes

Rodrigo, le narrateur, a 27 ans, vit à Mexico et est un "gratte-papier accroché à ses routines". Pas la moindre volonté, pas la moindre personnalité, il se contente de se laisser porter par les événements, se retrouvant même marié sans l'avoir voulu, à la suite d'une bête blague anonyme, avec sa collègue Cecilia, aussi cruche et incolore que lui. Au tableau des grandes initiatives existentielles de Rodrigo, on peut voir épinglées la décision de rentrer chez lui à pied plutôt qu'en métro, celle de s'arrêter en chemin pour boire un thé et d'ainsi entamer une collection de sachets de thé usagés (avouez, vous n'y aviez jamais pensé, si?). Ou encore, celle de partir à la rescousse de la poule qui occupe le terrain vague en face de chez lui et qu'il passe son temps à observer, et qui a soudain disparu. Avec les dangers inhérents à pareille aventure : se prendre un coup sur la tête, se réveiller le nez dans la boue, se traîner chez soi et... trouver un étron au beau milieu de son couvre-lit.

A ce point d'absurdité, l'auteur rompt la trame du roman et embraie, à la troisième personne, sur deux autres personnages, un poète-boxeur disparu au Mexique en 1918, et Marcelo, professeur d'esthétique à Madrid et sur le point de se rendre dans ce pays pour y enquêter, un siècle plus tard, sur la disparition du premier. Lequel Marcelo atterrit ainsi à l'université de Los Girasoles, un narco-bled poussiéreux, où il devient l'amant d'Adela, la mère de Rodrigo. Celui-ci se trouve d'ailleurs aussi à Los Girasoles, après s'être plus ou moins enfui de la capitale et de son mariage pour tenter de retrouver son inertie tranquille. Mais il s'ennuie quand même et accepte de participer à des séances d'hypnose extravagantes avec Marcelo, deux autres types et surtout avec la belle Micaela, 18 ans. Et là, il découvre que peut-être l'amour pourrait donner un sens à sa vie.

Alors bon, si je me suis plutôt amusée dans la première partie du roman avec ce portrait de loser pathétique (mon côté sadico-voyeur), je suis restée hermétique au reste, qui m'a franchement barbée avec ses descriptions et réflexions verbeuses et prétentieuses qui ne mènent à rien. J'ai été contaminée par l'inertie du personnage principal, laissant mes yeux avancer sur les lignes et les pages, sans (chercher à) comprendre l'intérêt de ce qui s'y passait ou pas. Je suis arrivée péniblement au bout de cette histoire, qui se termine en queue de poisson et qui laisse une impression d'inaboutissement.

En partenariat avec les Editions Métailié.
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Parmi d'étranges victimes

Rodrigo habite un quartier sans charme de Mexico, avec vue sur une poule dans un terrain vague. Rodrigo travaille sans enthousiasme dans un musée. Il aurait pu viser mieux , mais il s'en contente.

Rodrigo va épouser Cécilia un laideron du musée.Il ne l'a pas choisie , mais c'est comme ça. un quiproquo, une blague , tout cela c'est trop de contraintes et de palabres pour Rodrigo.

Elle veut l'épouser , soit. Épousons là.



Vous l'avez compris, Rodrigo est un branleur. Un de la pire espèce, "Je pourrais, mais...non".



Livre original, très plaisant à lire , cocasse, drôle, ubuesque même. On plonge dans Mexico puis dans la ruralité mexicaine , et l'auteur montre bien qui gouverne , un truc qui commence par narco...



Alors, Ok, avec un tel lymphatique comme personnage principal , on ne pouvait que se paumer et la fin égare tout le monde. Y a t il un fin d 'ailleurs ? J'ai un gros doute. Toujours est-il que j'aurais bien absorbé quelques autres pages imbibées de Téquila .



Il n'empêche, ce livre à tiroirs se laisse lire aisément, nous fait croiser des spécimen haut en couleurs . On aurait aimé une plongée plus profonde dans les rues de Mexico, que l'on ne découvre que via un bar miteux et un terrain vague .

Mais on aura apprécié toutes les scènes dans les bars , toutes plus loufoques les unes que les autres.

Merci aux éditions Métailié et à Babelio pour leur confiance.
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Plier bagage

Ce que j’ai ressenti:



« Mais ce qui est sûr, c’est que l’origami fut une école de solitude: il m’a appris à passer de nombreuses heures en silence. »



Choisis, petit. Choisis l’été, le côté gauche, la goutte qui glisse, l’action, le papier coloré. Choisis ta propre aventure. Choisis ta vie, sa direction, fais ton propre pli. Parce que le destin, ne te laisse pas choisir ta famille, l’heure à laquelle tu deviens grand, le contexte politique du monde, alors choisis quelque chose. Plier bagage vers quelle destination? Choisis, petit. Je sais bien que comprendre ses parents est ardu, surtout quand ils ont des ombres plus grosses qu’eux. J’imagine que comprendre les combats d’une femme, ou la passivité d’un homme, c’est difficile quand on a que 10 ans, mais tu comprendras plus tard. Sans doute. Je sais comme c’est lourd la solitude, mais je trouve que tu ne t’en sors pas si mal, entre cette Capsule à luminosité zéro, les origamis et la lecture, tu as un potentiel imaginatif qui va t’aider à dépasser les blessures de ce fameux été 1994. Parce qu’on a froissé ton petit carré de confort d’enfance, sans te consulter ni t’expliquer quoi que ce soit, tu te cherches éperdument dans une quête de réponses et de replis, et je t’ai suivi, souvent avec le souffle coupé, mais rassurée parfois, de voir que tes pas te guident aussi vers de jolies personnes bienveillantes…Cette quête d’identité sera semée d’embûches et de révélations complexes mais, te suivre, petit, dans ce voyage, est enrichissant.



Parce que tu as choisi de déplier la lettre, un peu de tes émotions refoulées, et détendre les plis de l’intime, tu es devenu un adulte, qui peut revenir en flash-back, sur les traumatismes et, écrire. Tu choisis d’écrire, de te souvenir, d’outrepasser le déni. Tu choisis de revivre, de réintégrer ton corps, revenir vers l’intérieur pour enfin, repartir…



Plier Bagage avec Daniel Saldaña Paris, c’est faire un bout de chemin avec un gosse très attachant, c’est aussi avoir la sensibilité d’un homme sur les fractures du monde politique et social actuel. J’ai aimé dans ce roman, les nervures, cette acceptation de déplier la souffrance cachée, le candide et la poésie, la métaphore de l’origami et le voyage. Une très belle découverte!
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Parmi d'étranges victimes

Daniel Saldaña París n'est pas le premier auteur mexicain à titiller l'ange du bizarre, c'est même une sorte de spécialité locale, au même titre que le mezcal et les pyramides précolombiennes. Parmi d'étranges victimes, titre énigmatique s'il en est, nous convie à découvrir la morne existence de Rodrigo, un bureaucrate à la fois cynique, misanthrope, indolent et résigné qui épouse presque par hasard une jeune femme aussi terne que lui. Racontées à la première personne, les confidences de Rodrigo, capable de rester des heures à contempler de sa fenêtre une poule picorant sur un terrain vague adjacent à son habitation, sont délectables et dotées d'un humour constant, dans toute la première partie du livre. Mais sans que rien ne l'annonce, le roman s'intéresse ensuite à d'autres personnages avant de revenir à son antihéros, mais cette fois à la troisième personne, ce qui, fatalement, nous éloigne du susdit, d'autant que ce dernier semble de plus en plus évanescent et passif, plongé dans des aventures sans véritable queue ni crête (pour en revenir au gallinacé précédemment évoqué). Il est dommage que ce premier roman d'un auteur de moins de 30 ans (à sa parution) se perde ainsi dans un enchaînement d'événements auxquels on ne demandait pas d'être nécessairement crédibles mais au moins de se poursuivre sur la note goguenarde et un rien cruel du début. Ceci posé, pourquoi ne pas garder un oeil sur Daniel Saldaña París, qui a déjà pondu (sic) un deuxième roman, pas encore paru en français. A ce propos, il est indispensable de rendre hommage à la traduction exquise d'Anne Proenza, qui restitue parfaitement le style ironique et parfois précieux de l'auteur mexicain.
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Plier bagage

PLIER BAGAGE de DANIEL SALDAÑA PARIS

Un mardi de l’été 1994, leur mère, Teresa, les a embrassés lui et sa grande sœur, est sortie en laissant une lettre pour leur père. Elle lui avait acheté un livre sur les origamis et il a essayé mais jamais réussi, il n’arrivait pas à lire les diagrammes et aujourd’hui, en 2021, il n’a toujours pas pu faire le héron. Sa sœur MARIANA et lui ont crû que leur mère était partie camper. Influencé par les livres du style »Choisis ta propre aventure », il commença à essayer de voler la lettre qu’elle avait laissé à son père mais sans succès. Ce père qui, par ailleurs, n’avait aucun talent pour l’éducation, ne partageait rien et vivait replié sur lui même. Il finira par entre apercevoir un bout de cette lettre et comprendre que Teresa est partie pour le Chiapas, pourquoi ? Mystère pas d’explication, alors, du haut de ses dix ans, devant l’inaccessibilité de son père et l’indifférence de sa sœur plus préoccupée par ses relations avec son copain Le Rat et sa bande que de savoir où est sa mère, il va prendre une très improbable décision, allez rejoindre sa mère!

Et c’est donc cette quête dans laquelle Daniel Saldaña Paris, romancier mexicain, va nous entraîner avec ce garçon qui ne sait pas lire une notice, plier les origamis mais qui refuse de lâcher l’affaire sans savoir que le Chiapas de l’époque est en ébullition révolutionnaire…

Une histoire pleine d’amertume que 20 ans après le jeune garçon se remémore.
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Plier bagage

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Métailié, indépassables promoteurs de la littérature latino-américaine.



Jusqu'où Plier bagage est-il autobiographique pour Daniel Saldaña París, un écrivain mexicain que l'on a découvert avec Parmi d'étranges victimes ? L'écrivain seul connait la réponse mais son livre a des accents de sincérité très réels, ce qui peut-être aussi le talent de créateur de fiction d'un auteur qui devrait compter dans le futur. Toujours est-il que le livre est un flashback quasi ininterrompu sur une enfance traumatisée par un événement majeur : l'abandon du foyer familial par sa mère partie guerroyer dans le Chiapas durant la rébellion zapatiste. Se dessine alors le portrait d'un garçon de 10 ans, solitaire et au monde intérieur bouillonnant, amateur d'origami, discipline dans laquelle il se révèle cependant particulièrement nul. Les souvenirs abondent dans Plier bagage, sans doute modifiés par la mémoire, et, avec virtuosité, l'auteur les met parfois en abyme, un fait en appelant d'autres, plus anciens. Le livre est drôle et tendre, en apparence, mais recèle un fond plus dramatique et un questionnement d'identité qui se révèlera au grand jour à l'âge adulte. Pas vraiment un texte à hauteur d'enfant, le roman parvient pourtant à retrouver les modes de pensée et les raisonnements d'un garçon qui vit des événements trop importants pour son jeune âge et qui ne cesseront de le tourmenter, vraisemblablement, durant toute sa vie. Comme dans L'année où mes parents sont partis en vacances, un très beau film brésilien, le narrateur de Plier bagage devra grandir trop vite durant un été et n'aura de cesse de se coltiner longtemps cet excédent de ... bagages d'enfance.

, un écrivain mexicain que l'on a découvert avec Parmi d'étranges victimes ? L'écrivain seul connait la réponse mais son livre a des accents de sincérité très réels, ce qui peut-être aussi le talent de créateur de fiction d'un auteur qui devrait compter dans le futur. Toujours est-il que le livre est un flashback quasi ininterrompu sur une enfance traumatisée par un événement majeur : l'abandon du foyer familial par sa mère partie guerroyer dans le Chiapas durant la rébellion zapatiste. Se dessine alors le portrait d'un garçon de 10 ans, solitaire et au monde intérieur bouillonnant, amateur d'origami, discipline dans laquelle il se révèle cependant particulièrement nul. Les souvenirs abondent dans Plier bagage, sans doute modifiés par la mémoire, et, avec virtuosité, l'auteur les met parfois en abyme, un fait en appelant d'autres, plus anciens. Le livre est drôle et tendre, en apparence, mais recèle un fond plus dramatique et un questionnement d'identité qui se révèlera au grand jour à l'âge adulte. Pas vraiment un texte à hauteur d'enfant, le roman parvient pourtant à retrouver les modes de pensée et les raisonnements d'un garçon qui vit des événements trop importants pour son jeune âge et qui ne cesseront de le tourmenter, vraisemblablement, durant toute sa vie. Comme dans L'année où mes parents sont partis en vacances, un très beau film brésilien, le narrateur de Plier bagage devra grandir trop vite durant un été et n'aura de cesse de se coltiner longtemps cet excédent de ... bagages d'enfance.
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Plier bagage

Teresa embrasse ses enfants et laisse une lettre avant de partir, rejoindre les zapatistes au Chiapas. À dix ans, le narrateur ne comprend rien à cette fugue, d'autant que ni son père ni sa sœur ne lui expliquent où elle est partie sa maman. Il est décidé à enquêter sur ce qui se passe vraiment, voire à rejoindre sa génitrice dans cette région en guerre. Même si ce choix implique de s'allier provisoirement au petit ami de sa frangine, un caïd, sans véritablement se rendre compte du danger. Une aventure à l’autre bout du Mexique, faussement candide et qui montre à quel point la folie humaine peut engendrer le malheur.
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Plier bagage

Planent ici, l'ombre omniprésente d'une mère qui a voulu laisser libre cours à son instinct politique et échapper à une vie maritale sans relief et la figure en pointillé d'un père troglodyte avec qui les connexions intimes se sont toujours avérées ardues. Dans ce roman énigmatique et rythmé par les fils de la mémoire, Daniel Saldafia Paris propose à son protagoniste de revisiter le passé et de revisiter un élément majeur de son enfance. Le tout servi par une écriture fluide, sensible et élégante.





inquiète et solitaire.
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Plier bagage

« C'est seulement lorsque j'aurai tout écrit que je pourrai me regarder dans le miroir et ne plus voir le visage d'un autre, de cet autre qui me poursuit à l'intérieur de moi. »… Le narrateur de « Plier bagage », vivotant des restes de son héritage paternel, ayant renoncé à tout emploi et à l’essentiel de ses relations, confiné dans son appartement dans un quartier sans charme de Mexico, semble condamné, assis sur son lit, à réécrire, sur de petits carnets, son passé, s’il veut un jour pouvoir à nouveau vivre pleinement, sortir de l’enfermement dépressif auquel le contraint l’histoire familiale. Ce lit sur lequel il passe l’essentiel de son temps, c’est d’ailleurs celui de ses parents morts, et il s’y tient résolument sur la moitié gauche, la place qu’occupait Teresa, sa mère… Le départ de cette mère, un beau jour de juillet 1994, partie « camper dans le Chiapas » selon les informations que donne le père à ses enfants, bouleverse le quotidien du foyer, provoquant un traumatisme dont le narrateur subit encore les conséquences vingt ans plus tard. Resté à dix ans, sans cette présence maternelle, avec un père qui ne sait pas s’occuper de ses enfants et sa sœur Mariana, pour qui l’obligation de veiller sur son petit frère est le pire des pensums, oblige l’enfant à s’inventer un quotidien, fait de rêveries – souvent des cauchemars, habités par la crainte d’un étrange Voleur d’enfants, qui sévirait dans le quartier - et de pratique de l’origami, un art que lui a inculqué Teresa, mais dans lequel il est loin d’exceller. Et puis, la rumeur enfle, qui voudrait que la mère, loin d’avoir quitté sa famille juste pour prendre provisoirement un peu de distance, serait allé rejoindre les Zapatistes, les troupes révolutionnaires du sous-commandant Marcos, dont elle partagerait idées et revendications, à l’opposé des convictions de son mari, cadre dans une banque et partisan convaincu de l’Alena, ce nouvel accord de commerce néo-libéral, tout juste signé à l’époque avec les voisins du Nord. Un jour, le jeune garçon, désespéré de n’avoir aucune nouvelle de sa mère, décide partir à sa recherche, s’embarquant dans un bus à destination de Villahermosa… Ce voyage est l’occasion d’une véritable confrontation avec le pire de la réalité politique, quand le garçon est malmené par un jeune soldat au cours d’un contrôle, mais aussi de la découverte d’une autre famille possible, quand sa voisine de bus le prend sous sa protection. Mais le voyage n’atteindra pas son but, et le jeune garçon, ramené par son père à Mexico, découvre bientôt la haine et la cruauté de ses camarades d’école, dont le milieu bourgeois n’admet pas les affinités militantes de Teresa, avant d’apprendre quelques jours plus tard la mort de celle-ci… Une tragédie qui ouvre sur le chaos des vingt années suivantes, celle d’une existence en déshérence, marquée par des relations de plus en plus difficiles avec une sœur qui le méprise et un père malade, avant qu’un coup de théâtre ne réalimente toutes ses interrogations sur le passé… Ce roman-confession, nourri de réflexions sur la conscience et la mémoire, construit comme un origami que le lecteur est invité à déplier, offre le tableau vivant d’une époque de puissants conflits politiques (un peu oubliés peut-être, derrière les nouvelles violences liées à la corruption, aux narcotrafiquants et à la répression des migrants, mais dont les traces sont malgré tout toujours vivantes !), en même temps qu’il nous invite à une véritable empathie avec le narrateur… Daniel Saldaña Paris, une nouvelle plume mexicaine déjà remarquée à la publication de « Parmi d’étranges victimes », résolument à suivre !
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Parmi d'étranges victimes

Rodrigo travaille dans un musée, poste et vie routinière. Personnage sans réel importance qui prend tout ce qui lui arrive d'une façon passive. Observer une poule dans un terrain vague, certes apaisant. De petits plaisirs avec culpabilité tel qu'acheté un ticket de loto pour passer une journée à espérer ce qu'il pourrait faire avec un peu d'argent, collectionner des sachets de thé lors de son passage au café après son travail.

Vie sans grand bouleversement hormis quelques mots écrits sur un papier, un appel téléphonique et Cécilia, une collègue de travail. Rien ne l'attire vers Cécilia et pourtant un mariage va être programmé. Passivité ? Lassitude ?

Rodrigo n'attend rien, rien de plus que les choix qui lui arrivent.

Viens par la suite des personnages dont on se pose des questions. Que font-il là ?

Puis nous revenons à la vie de Rodrigo et Cécilia....

Lecture mêlée entre lenteur, incompréhension, lassitude.

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Parmi d'étranges victimes

Tout d'abord, merci beaucoup aux éditions Métailié et à Babelio pour cette étrange découverte lors de la dernière opération masse critique.

Très étrange même, et qui me laisse un tantinet perplexe.

Le début est très prometteur, bien écrit, amusant. Le personnage de Rodrigo est finalement assez attachant, même si son inertie le plonge dans une union impossible à comprendre.

La deuxième partie fait apparaître de nouveaux personnages, évoqués en alternance. Passée la surprise, l'histoire devient intéressante quoique assez incongrue compte tenu de l'histoire.

Et puis les troisième et quatrième parties : patatras ! Ça n'a plus aucun sens, l'obsession sur une dizaine de pages pour une "merde parfaite" a eu pour effet de me désintéresser de la suite. Puis vient l'hypnose et son rituel.

Je me suis très sérieusement demandée ce que consommait l'auteur en écrivant.

Je regrette que le très bon départ ait été anéanti par l'envie de trop surprendre. Dommage.
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Plier bagage

Daniel Saldafia Paris donne à un adulte trentenaire cadenassé dans sa chambre la possibilité de revisiter l'élément-clé d'une enfance inquiète et solitaire. Planent ici, douces-amères, l'ombre omniprésente d'une mère qui a voulu laisser libre cours à son instinct politique et échapper à une vie maritale sans relief et la figure en pointillé d'un père troglodyte avec qui les connexions intimes se sont toujours avérées ardues
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Plier bagage

Le nouveau roman du Mexicain Daniel Saldana Paris est une plongée douloureuse dans les souvenirs d’enfance. Glaçant, poignant et brillant.
Lien : https://www.transfuge.fr/202..
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Plier bagage

La plume du Mexicain Daniel Saldaña París, dont "Plier bagage" est le deuxième roman, est d'une sensibilité, justesse et extrême finesse sur une période de la vie où enfance devrait rimer avec innocence.
Lien : https://www.lalibre.be/cultu..
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