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4.42/5 (sur 6 notes)

Nationalité : Royaume-Uni
Biographie :

David Abulafia, FSA, FRHistS, FBA est un historien anglais avec un intérêt particulier pour l'Italie, l'Espagne et le reste de la Méditerranée au Moyen Âge et à la Renaissance. Il a passé la majeure partie de sa carrière à l'Université de Cambridge, avant de devenir professeur à l'âge de 50 ans.

Source : wikipedia
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
À Venise, un élément de stabilité était fourni par l’industrie navale, la plus grande de la cité et peut-être la mieux organisée de tout le bassin méditerranéen. L’arsenal, qui jouxtait le vaste atelier de fabrication de cordage de chanvre connu sous le nom de Tana, était déjà bien établi au début du XIVe siècle, lorsque Dante entendit dans ses sombres profondeurs les échos de l’enfer lui-même :

Comme à Venise, au temps du givre et de la glace,
Bout, dans les arsenaux, la résine tenace
Qui sert à radouber les bois avariés
Pour les rendre à la mer. L’un refait son navire
À neuf ; on voit un autre avec la poix l’enduire
Et calfater ses flancs que la vague a rayés.
La scie est à la proue, à la poupe la hache ;
Là des rames, ici des câbles qu’on rattache ;
On recoud la misaine et le mât d’artimon…
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Et cependant, au début du XIVe siècle, un changement sans précédent se produisit. Les trois principales banques familiales florentines des Bardi, Peruzzi et Acciaiuoli avaient tissé des liens étroits avec les souverains de Naples, les Hospitaliers de Rhodes et des monarques à travers toute l’Europe, qui ne comptaient que trop sur les crédits qu’elles accordaient. Mais ces établissements financiers s’étaient effondrés, avant même la Peste noire, parce qu’elles avaient accumulé trop de dettes toxiques, notamment des prêts au roi d’Angleterre Édouard III. Les banques internationales qui finirent par les remplacer prirent garde de ne pas trop s’exposer et de n’effectuer que des opérations modestes. Ce fut le cas de celle des Médicis, malgré la puissance politique et la renommée de la famille qui l’avait fondée et la dirigeait.
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L’importance des Étrusques ne réside pas seulement dans leurs tombes peintes, dont les dessins vibrants captivaient D. H. Lawrence, ni dans l’énigme de l’origine de leur langue distinctive, ni dans la lourde empreinte qu’ils laissèrent sur la Rome primitive. Leur civilisation fut la première à émerger en Méditerranée occidentale sous l’impulsion des cultures de la Méditerranée orientale. La culture étrusque est parfois jugée dérivée, et les Étrusques eux-mêmes ont été qualifiés de « Barbares sans art » par un des plus éminents experts en art grec. Tout ce qu’ils produisirent et qui répond aux normes grecques est attribué à des artistes grecs, le reste étant écarté comme preuve de leur impéritie. Pourtant, la plupart d’entre nous feraient cause commune avec Lawrence pour rendre hommage à la vivacité et à l’expressivité de leurs créations, même lorsqu’elles rompent avec les notions classiques de goût ou de perfection.
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les Ptolémée avaient créé deux institutions confirmant leur profond amour pour le savoir et tout ce qui existait de plus noble et de plus beau au monde : le mouseîon, ou « musée », et la bibliothèque d’Alexandrie, où le papyrus égyptien servit à rassembler la plus grande bibliothèque littéraire jamais constituée. L’idée d’un mouseîon, littéralement « sanctuaire des Muses », n’était pas nouvelle. Les Égyptiens purent s’appuyer sur les célèbres modèles d’Athènes, et Ptolémée Ier fut conseillé par l’auteur athénien Démétrios de Phalère. En revanche, l’ampleur de l’entreprise, sa longévité et son influence se révéleraient exceptionnelles. Il s’agissait non pas tant d’un simple centre où l’on aurait cultivé gracieusement la musique, la philosophie et les beaux-arts, mais d’une école de hautes études, où les savants, libérés des tâches d’enseignement, pouvaient se consacrer pleinement aux belles lettres et à la science
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On raconte l’histoire d’un tyran sicilien qui, se sachant détesté, s’étonna qu’une vieille femme offre régulièrement des prières pour sa sauvegarde dans un temple de la cité. L’ayant convoquée, il lui en demanda la raison. Elle confessa sans crainte qu’elle le considérait comme un terrible despote, mais qu’elle se rappelait un tyran de sa lointaine jeunesse qui s’était montré épouvantable, puis un autre bien pire qui avait pris sa suite, et après lui, un tyran pis encore. Elle priait donc pour que celui-ci vive longtemps, sachant que, s’il venait à mourir, il pourrait être remplacé par un successeur d’une malfaisance inimaginable. Le tyran fut si impressionné par sa réponse qu’il lui remit un sac rempli d’or.
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La faiblesse croissante de l’Empire ottoman amena la puissance russe à porter son attention sur la Méditerranée. À partir de la fin du XVIIe siècle, les tsars étendirent leur autorité sur le Sud, en direction de la mer d’Azov et du Caucase. Dès lors que Pierre le Grand se détacha de la Perse, les Turcs, qui gouvernaient la Crimée, se sentirent menacés. Pour l’heure, si les Russes étaient accaparés par leur conflit avec les Suédois pour la domination de la Baltique, Pierre n’en cherchait pas moins à s’ouvrir un accès à la mer Noire. Ces projets fleuraient la vieille patrie, que Pierre visait à réformer, autant que la nouvelle Russie technocratique, qu’il aspirait à créer. L’idée que le legs religieux, voire politique, tsariste remontait à l’Empire byzantin et que Moscou incarnait une « Troisième Rome » n’avait pas été éclipsée par la décision de Pierre d’établir sa capitale sur la Baltique, à Saint-Pétersbourg.
De même, les Russes pouvaient se vanter de posséder des centaines de vaisseaux de ligne capables de se mesurer avec les Turcs en mer Noire, même s’il leur restait du chemin à accomplir avant de pouvoir livrer une bataille en mer complète et si la qualité de leurs bâtiments eux-mêmes laissait à désirer, malgré le célèbre voyage d’inspection des chantiers navals d’Europe occidentale qu’avait effectué Pierre sous le pseudonyme de Mikhaïlov.
En résumé, il s’agissait d’une flotte « sans discipline, peu aguerrie et au moral bas, lourde à la manœuvre et faiblement administrée et équipée ».
Un contemporain fit remarquer que « rien n’avait été moins bien dirigé que la marine russe », tant les magasins navals de l’empire manquaient de tout, du chanvre au goudron en passant par les clous.
Afin de tenter de mettre sur pied une structure de commandement moderne, les Russes engagèrent des amiraux écossais. Pour leurs approvisionnements, ils se tournèrent vers les Anglais.
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Les Étrusques ont attiré l’attention en raison des deux « énigmes » qui les entourent : la question de leur origine ethnique et celle, connexe, de leur langue, qui n’était reliée à aucune autre dans le monde ancien.
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Le poète anglais de l’Empire britannique Rudyard Kipling a écrit ces vers souvent cités : « L’Est est l’Est, et l’Ouest est l’Ouest, et jamais ils ne se rencontreront. » Si, au début du XXe siècle, les observateurs européens semblaient résignés devant les différences jugées inconciliables entre les mentalités orientales et occidentales, ce n’était pas le cas au XIXe siècle. L’idéal de ce temps tendait vers la fusion, un syncrétisme à la fois physique, à travers le canal de Suez, et culturel. D’un côté, les Européens s’enthousiasmaient pour les cultures du Proche-Orient ; de l’autre, les souverains de ces territoires, les sultans ottomans et leurs vice-rois largement autonomes d’Égypte, se tournaient vers la France et la Grande-Bretagne pour adopter des modèles susceptibles de relancer leurs économies languissantes. Il s’agissait de relations croisées. Contrairement à ce que prétendent ceux qui voient dans l’orientalisme une expression de l’impérialisme occidental, les maîtres de la Méditerranée orientale se passionnaient pour les contacts avec l’Ouest et se voulaient membres d’une communauté monarchique embrassant l’Europe et la Méditerranée.
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Il serait tentant de considérer L’Odyssée comme un guide de la Méditerranée pour les premiers marins grecs, et d’honnêtes érudits et navigateurs ont essayé de retracer la route d’Ulysse en pensant que le récit de ses exploits recelait une réalité historique. Mais les eaux d’Homère sont un savant mélange de Méditerranée, de mer Noire et peut-être même d’océan Atlantique.
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LA MER AUX CENT NOMS

La Méditerranée, dont l’étymologie en langue romane et en anglais renvoie à la « mer au milieu des terres », a pris bien d’autres noms au cours de l’histoire : « Notre Mer » (Mare Nostrum), pour les Romains, « mer Blanche » (Akdeniz), pour les Turcs, « Grande Mer » (Yam Gadol), pour les Juifs, « mer du Milieu » (Mittelmeer), pour les Allemands, et même, plus étrangement, « mer Verte », pour les anciens Égyptiens. Les auteurs modernes ont ajouté à ce vocabulaire déjà riche « mer Intérieure », « mer Fermée », « mer Amie », « mer Fidèle » (dans plusieurs religions), « mer Amère » (au cours de la Seconde Guerre mondiale), « mer Corruptrice » (en référence aux dizaines de micro-habitats altérés par les relations avec des voisins qui leur fournissent ce qu’ils ne possèdent pas et acquièrent leurs excédents).

(INCIPIT)
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