- Tu sais que je ne suis pas seulement le directeur de l'école. Je suis aussi le maire du village. Eh bien, je suis doublement bien placé pour te dire que les nouveaux habitants doivent faire quelques efforts pour s'intégrer.
Il faut y aller en douceur, leur laisser le temps de t'apprécier. Tu ne peux pas arriver et t'opposer à eux d'emblée.
- C'est eux qui m'ont cherché, j'avais rien fait. (Lucien)
- Ils te testent, Julien. Quand ils te connaîtront mieux, vous vous apprécierez. Ce ne sont pas de mauvais garçons.
[après qu'elle lui ait cassé son portable]
- Oh ça va... c'est que du matériel !
- Eh bien, figurez-vous que j'en ai besoin de ce matériel.
- Besoin pour quoi ?
- Pour téléphoner par exemple !
- Y a des cabines.
- De moins en moins. À cause de gens comme vous. C'est pas juste un téléphone. J'ai ma vie, moi, là-dedans !
- J'espère pas pour vous... Non, mais vous vous rendez compte de ce que vous dites ? Votre vie dans un boitier plastique ? Quelle horreur !
Vois-tu, Lucien, il y a quelques années, j'ai compris que le monde n'irait jamais bien si on continuait à gaspiller à produire des déchets et j'ai décidé de vivre selon mes règles, qui sont en fait celles de la nature.
... L'essentiel est de savoir pourquoi la violence naît dans une société. Elle est le cri de ceux qui ne peuvent plus parler.
- QU'EST-CE QUI T'A PRIS ? DEPUIS QUAND TU TABASSES LES AUTRES GOSSES ? ET AVEC QUI TU TRAINES POUR APPRENDRE ÇA ?
- Mais t'as dit que...
- AH OUI ? QU'EST-CE QUE J'AI DIT ?
- T'as dit que son père, c'était une lopette et qu'il était de la race des contremaîtres.
- Ah... J'ai dit ça, moi ?
- Oui, tu l'as dit.
- Et alors ? Ça veut dire qu'il faut taper sur son gosse ? Est-ce que j'ai dit qu'il fallait taper sur son gosse ou sur quelqu'un de sa famille ?
- ...
- Réponds ! J'ai dit ça ?
- Non.
- Dis-toi bien une chose, hein... Si j'avais voulu cogner André, primo je serais allé faire ça tout seul. J'aurais pas envoyé un gamin de dix ans à ma place... Et deuxio, c'est sur André que j'aurais tapé. Pas sur son gamin ! Pauvre gosse !
(p. 119-120)
[ Plogoff, manifestation contre le projet de centrale nucléaire, 6 mars 1980 ]
- Vous êtes de Plogoff ? Pourquoi êtes-vous ici aujourd'hui ?
- Je ne suis pas de Plogoff, non. Je suis de Plonëour. Et tous les jours je vois les cars de CRS passer, en route pour Plogoff. Le seul fait de les voir passer, comme ça, aussi nombreux, chaque jour, me terrorise. J'ai l'impression qu'on est en guerre. Je ne suis pas de Plogoff, mais je soutiens ces gens qui subissent des violences quotidiennes simplement parce qu'ils s'opposent au projet du pouvoir central.
- Ils sont jugés aujourd'hui pour avoir été violents. On montre du doigt leur violence de résistance et on oublie la violence institutionnelle, organisée, c'est de l'hypocrisie.
Rendez-vous compte que le Président Giscard avait promis qu'aucune centrale ne serait faite si les gens n'étaient pas d'accord. Et voyez où on en est à Plogoff ! **
(p. 157)
** "Il ne saurait être question d'imposer aux Français un programme nucléaire auquel ils seraient profondément opposés après avoir été complètement informés." (V. Giscard d'Estaing, le Monde, 26/01/1978)
Quand le dernier arbre aura été abattu,
quand la dernière rivière aura été empoisonnée,
quand le dernier poisson aura été péché,
on saura alors que l'argent ne se mange pas. (Geronimo)
- Alors vous êtes fonctionnaire ?
- Ah non... M'en parlez pas !
- Vous venez de me dire que vous travaillez aux espaces verts d'une commune.
- Je suis en CDD pour un an.
- Oui mais vous n'allez pas pouvoir rester en CDD longtemps.
- Mais je veux pas de CDI, moi, je veux pouvoir partir quand je veux.
- Mais en CDI, vous pouvez partir à tout moment.
- Ah non, mais rien que l'idée de signer un truc à durée indéterminée, ça me fait flipper.
- Pourtant, ça en ferait rêver plus d'un. Moi je me souviens du jour où on m'a proposé un CDI, j'étais fou de joie. Je n'avais que mes diplômes et ma courte expérience. Ils m'ont fait confiance. Ils m'ont donné ma chance. Depuis, je m'efforce d'être à la hauteur. Ça va faire dix ans que je travaille dans cette boîte.
- Oh là là... Et vous n'avez pas envie de partir ?
- Non, pas du tout. J'aime mon travail, je m'y donne à fond et mes employeurs me le rendent bien. Ils me font confiance et me permettent d'évoluer. Je sais que j'ai un avenir dans cette boîte. D'ailleurs, ils viennent de me proposer de changer de poste. Une sorte de promotion. C'est un sacré challenge, mais ils croient en moi.
- A tel point qu'à peine en week-end, ils vous collent un boulot urgent sur le dos.
(p. 34-36)
- Et voilà la partie vitale à mon existence : mon jardin.
Mais je comprends rien, là. J'étais venu pour avoir la trouille et je me retrouve à prendre le goûter.