Mon père était communiste avant d'être juif. Son frère, en revanche, c'est le contraire. Le plus curieux, c'est que les traditions juives, chez nous, n'avaient pas cours. Je n'ai connu du judaïsme que la cuisine. La bouffe nous reliait au passé. C'est la seule chose que ma mère avait héritée de la tradition. Mon père, lui, était anticlérical, antireligieux. Le Parti communiste était son point de référence. Pendant quatre ans de guerre, mes parents s'étaient cachés, ils avaient survécu, et le PC était la garantie d'un contre-pouvoir efficace. Ils me racontaient parfois comment ils s'étaient échappés par les toits, devant les Allemands, puis comment ils avaient évité d'être déportés. Mon père, qui était dans la Légion étrangère, était au Maroc quand la guerre a éclaté. Il avait été démobilisé à Marseille, et il s'est retrouvé dans une ferme à Brive-la-Gaillarde. En novembre 1942, il s'est fait recenser, naïvement. On est venu l'arrêter, on l'a interné dans un camp. Mais là, le directeur du camp était un légionnaire : « Qu'est-ce que tu fais là, Kurys ? - Je suis juif. - T'es juif ? Faut pas rester là. Je vais te faire sortir. - Je peux sortir avec ma fiancée ? - Faut te marier.
Dans tes classeurs de lycée, y a tes rêves et tes secrets. Tous ces mots que tu n'dis jamais. Des mots d'amour et de tendresse, des mots de femme, que tu caches et qu'on condamne, que tu caches, petite Anne.
Ça suffit comme ça ! On vous a déjà dit de ne pas faire de politique au lycée ! Surtout les filles !