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Critiques de Diane Peylin (125)
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La grande roue

« En France, tous les trois jours, une femme meurt

à cause de violences conjugales. »



Une Grande roue qui tourne.

Donne le vertige.

La nausée.

Une Grande Roue qui promet.

Liberté ma chérie.

Vertige de l’amour.



Je t’aime autant que je te hais.

L’histoire est celle d’Emma, une jeune femme de dix neuf ans au moment où au pied de la Grande roue, elle rencontre Marc. Emma hésite entre une pomme d’amour et autre chose. Marc choisit pour elle, de la barbe à papa. Marc choisira toujours pour elle.

Le début d’une folle histoire d’amour fusionnelle qui marque jour après jour le funeste destin de ce couple où cris et coups viendront un jour remplacer mots d’amour et caresses.



Un roman totalement désarçonnant qui surprend au départ car il met en exergue quatre personnages succincts. Un roman choral qui ne nous donne aucune piste sur la corrélation entre ces quatre personnages. J’ai d’ailleurs eu l’impression de suivre quatre histoires différentes. Celle d’Emma, la poupée rousse battue, Tess, la jeune fille à la robe rouge et manteau noir qui déambule sans but dans les rues, Nathan, l’homme qui recherche sa mère désespérément et enfin David, qui lui, fuit on ne sait quoi chez des étrangers.



J’aurai probablement délaissé ce roman qui me semblait trop abstrait et décousu si la plume ne m’avait pas happée. Il y a comme un sortilège dans la plume de Diane Peylin, un parfum enchanteur qui m’a de suite envoûtée.



C’est un roman qu’il faudrait relire une seconde fois pour maîtriser toute l’intelligence de cette histoire. Nous ne comprenons le fin mot de ces quatre histoires qu’à la toute fin. On reçoit des pièces de puzzle qu’il est très difficile d’imbriquer ensemble. Même si j’ai ressenti très vite que l’histoire maîtresse était celle d’Emma. C’est ici le personnage le plus tranchant et habité. Quand le tableau prend forme, on ne peut souligner que le caractère brillant de ce roman.



Une histoire qui tourne comme une Grande Roue autour de la violence conjugale. Et chacun sera de près ou de loin concernés par le destin d’une poupée rousse qui voulait juste aimer et être aimée.

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Le bal

Joli bonheur de lecture que de me plonger dans ce dernier petit livre de Diane Peylin. Elle signe ici un roman où l’écriture se veut musicale, caresse, solaire, la lune n’a qu’à bien se tenir car les étoiles dansent avec le soleil.



Robin, quarante-sept ans revient dans son village natal, à la villa des Ronces à Lomet. Après de graves problèmes de santé, il retrouve sa femme Suzanne, sa fille Jeanne et sa mère Rosa. Le temps n’est plus au beau fixe. Profondément meurtri par ses maux physiques, il ne sait plus comment aimer, comment sourire encore à la vie, lui a qui frôlé la mort.



Pourtant petit à petit, au cœur d’une nature qui a toute sa place ici, ce petit monde va sortir du silence et délivrer les pierres qui alourdissent les cœurs. Les non-dits, les fantômes trop présents vont éclater au grand jour. Avec beaucoup d’émotions, on apprivoise les ombres de cette famille. Ce père Alexandre mort il y a dix-sept ans mais tellement omniprésent. C’est que ce père n’était pas tout à fait juste, adepte du fantasque et de l’extravagance, il en oubliait souvent comment aimer, au grand damne d’Elvis le frère aîné de Robin qui a préféré s’expatrier à Montréal.



Au milieu de ces absences, on danse, on se remémore les bals qui ont compté. Celui de Robin et Suzanne, celui de Rosa et Alexandre, le premier de la petite Jeanne. Parce que « le bal est fait pour ça, pour délivrer les rages indicibles et éloigner les peurs des têtes cabossées ». Parce qu’avant d’être malheureux, on a tous été heureux un jour. C’est important de se souvenir. Diane Peylin met en lumière cette juste place des souvenirs et des moments heureux.



Il y a dans ce livre une émanation lumineuse dans le portrait des blessures de cette famille. Une jolie façon de célébrer l’envers du monde, les têtes perchées, les fous heureux. « Alexandre était un clown, un homme extraordinaire qui faisait de la vie une fête. Il n’avait qu’une obsession, être heureux et pour cela il n’avait d’autres choix que d’être déraisonnable. Il avait une âme d’enfant, quelque chose d’éternel. »



Rosa quant à elle, elle aime « Quand les grands redeviennent des enfants. Elle aime quand le monde peint des pommes bleues sur des pommiers rouges. Quand l’endroit est à l’envers. »



Puis il y a la musique qui claque sur les fesses, du swingue des années 90 au son d’INXS, Madonna, Arno, Janis Joplin, Lou Reed, Queen, Maria Callas,… et aussi ces rappels d’un brin de poésie de Boris Vian , Je voudrais pas crever. Avant d’avoir usé. Sa bouche avec ma bouche. Son corps avec mes mains. Le reste avec mes yeux. J’en dis pas plus faut bien. Rester irrévérencieux.



C’est un joli roman qui donne envie d’aimer, ce qui est sous nos yeux, qui nous rappelle que la vie n’est que folie passagère, qu’il faut pas s’endimancher avec des regrets, des jolis mots dans sa poche, des sourires muets, c’est un livre qui a pleins de petites choses délicates avec une ribambelle de mots qui dansent pour le plus grand plaisir des amoureux de notre si belle langue.
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La grande roue

Quatre destinées, celles d'Emma, de David, de Nathan et de Tess, défilent, courent vers des horizons totalement différents. Rien ne les relie jusqu'à ce que l'écriture magique de Diane Peylin ne les fasse se fondre en une seule et même histoire, le passé émergeant d'eaux profondes et tourmentées… Un récit clair, magistral, bouleversant, une thématique d'actualité. La construction particulière de ce roman pourrait paraitre ennuyeuse, à se demander où l'auteur souhaite emmener son lecteur, mais la parfaite maitrise de l'intrigue, la façon saccadée de décrire l'action, les énumérations intelligentes et élaborées donnent un rythme qui emporte vers un dénouement complètement inattendu. « La grande roue » de Diane Peylin est à découvrir absolument.
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La grande roue

C'est le cinquième roman écrit par Diane Peylin, auteure que je découvre ici, dans le cadre de la sélection du prix littéraire Cezam 2019.

Le livre démarre quasiment sur cette image, celle d'une Grande Roue qui tourne dans le paysage de la nuit féérique et artificielle, celle d'une fête foraine, ce sont les vacances scolaires. Emma a dix-neuf ans. Elle est devant un stand. Au loin la Grande Roue tourne qui va l'entraîner plus tard dans la ronde de l'existence. À quoi tient le destin ? À trois fois rien, une rencontre un soir de fête, une envie de s'éloigner du cocon familial où Emma a le sentiment de devenir transparente, de ne pas exister. Emma a envie d'exister, qu'importe le chemin...

Emma se retourne, voit le visage d'un homme. Il est plus âgé qu'elle, son regard l'habille, l'habite déjà, elle n'est plus transparente, quelqu'un la voit, la regarde enfin, la désire déjà, veut l'emporter. Il s'appelle Marc.

La Grande Roue clignote dans la nuit. Le coeur d'Emma se met à galoper dans son coeur de poupée rousse. C'est un vertige dans la nuit abyssale qui s'ouvre déjà sous ses pas.

Et puis les chapitres s'égrènent comme des puzzles éparpillés dans un labyrinthe. C'est à nous de les rassembler, de retrouver le chemin vers la lumière. Qui a-t-il en commun entre Emma, David, Nathan et Tess ?

Tous ces personnages marchent vers une sorte de destinée qui nous échappent au début, qui leur echappe peut-être aussi. D'ailleurs, le temps n'est pas le même dans la narration qui les anime. Tantôt nous sommes en 1986, tantôt nous sommes en 2016. Les personnages marchent, avancent, ils ont pour seul point commun encore de s'échapper sous nos yeux.

Parfois ils titubent, ont du mal à tenir l'équilibre et ce n'est pas l'ivresse ni la pénombre de la nuit. Non, c'est autre chose.

Au début, c'est un amour immense, excessif, démesuré. Cela commence toujours comme cela. Et puis, un jour, c'est une tape derrière la nuque, rien de violent, un geste presque anodin, presque inoffensif. Sauf qu'il n'a rien d'inoffensif. Et puis, le geste se fait plus fort. Se transforme en une petite claque sur la joue, qui devient une gifle, une vraie, cinglante, violente. Oh, ce n'était pas voulu, le coup lui a échappé, il s'en veut d'ailleurs, la preuve il l'a prend dans ses bras déjà, lui offre des fleurs le lendemain, c'est toujours ainsi que les choses commencent... Des coups, des fleurs, des coups...

L'écriture est belle, sur un sujet douloureux qu'on voit peu à peu venir. On devine ce qui va venir et on repousse en même temps cette idée mauvaise à chaque page que l'on tourne...

Le roman se construit comme un édifice à quatre voix, quelque chose de choral.

Au détour de chaque chapitre, c'est presque comme un rendez-vous qui nous enchante, en sautant à pieds joints d'un personnage à l'autre, d'une histoire à l'autre puisque ces personnages nous deviennent familiers...

Et puis la Grande Roue n'en finit pas de tourner. Faites vos jeux, rien ne va plus ! le temps file dans ce vertige qui emporte les derniers rêves, les dernières illusions. le rythme de la narration est prenant, haletant.

Les coups pleuvent maintenant, nous avons mal pour elle. C'est insurmontable. Ce n'est rien, dit-elle, je suis tombée, comme je suis maladroite... Aux urgences, on s'inquiète pour elle...

Qui a-t-il de commun entre Emma, celle qui se prend pour une poupée, David l'ouvrier saisonnier fragile, Nathan en quête d'une mère disparue mystérieusement et qui ne cesse de questionner ou d'être questionné par cet étrange policier appelé Field ? Et puis Tess, qui est Tess derrière ces pas qui trébuchent d'ivresse au sortir d'un cinéma... ? C'est un chassé-croisé où l'on se perd au début. On sent bien qu'il y a quelque chose qui lie ces quatre personnages ballottés par le vent, qui marchent en quête de lumière.

La Grande Roue continue de tourner dans la nuit abyssale.

C'est une construction habile, que j'ai trouvé belle et magistrale, qui s'emboîte dans les pas des uns et des autres, des pas qui titubent... Les jambes tremblent sous le poids de la douleur, des coups ou de l'émotion... C'est selon l'histoire de chacun...

Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Les errances sont comme des fuites qui rayent la nuit avec des ailes fugitives et douloureuses. Des rêves trop lourds les empêchent de se déployer complètement. Chacun survit à sa manière. Pourquoi la vie est ainsi faite ? À quoi ça tient la vie, tout de même, s'arrêter au stand d'une fête foraine, ou bien ne pas s'arrêter... La vie aurait-elle été différente ?

Et puis, c'est comme une lumière qui vient à travers le rai des pages, il nous faut hisser comme une sorte de passerelle pour aider les personnages à venir les uns vers les autres. Les pont viennent alors d'eux-mêmes. Il suffit de jeter quelques mots dans le silence de la nuit, le cercle lumineux d'une Grande Roue les illumine une dernière fois, puis s'éteint...

En France, tous les trois jours, une femme meurt à cause de violences conjugales...
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Même les pêcheurs ont le mal de mer

Des hommes dans la tourmente, pêcheurs de père en fils sur une île rongée de sable et de lumière.



Géants de papier avec le cœur qui tangue.

Déchirés par le sel des secrets, l’affection amère, le sable épais qui colle à la peau, les vagues de silence qui noient leur enfance, la souffrance qui déborde et donne la nausée.



Dans cette famille on se tait, par habitude, par réflexe. On raconte des histoires, on enterre les drames. Alors les hommes rament à contre-courant de leurs désirs, sans étoiles ils chavirent, entraînant avec eux leurs enfants, leur avenir. Les femmes sont soumises, elles s’évadent dans le mutisme ou la folie, elles s’enfuient, parfois jusqu’au désespoir.



C’est une histoire poignante, qui dévoile peu à peu ses secrets, ses personnages. Fabio, Rafa, Valente, et Salvi ont le mal de mer. Ils aiment surtout la poésie de la mer, de la vie, mais leur regard va au-delà des filets, plus loin sur l’horizon.

Il est temps pour Salvi de se débarrasser du sel, de l’écume et de la nausée, de faire son entrée sur scène, celle qu’il se choisit.



L’écriture de Diane Peylin laisse une belle empreinte, elle donne aux mots toute leur saveur.

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Quand je serai grande, je serai vieille

Un simple coup de fil peut faire basculer une vie. A 28 ans, Diane a mis au monde Diego, son premier enfant et s'apprête à fêter Noël joyeusement...mais un message sur son répondeur en décide autrement. La faisant passer du statut de jeune femme rayonnante à celui de malade du cancer.......Diane Peylin raconte ici sa bouleversante histoire: la maladie qui s'abat soudain sur elle, happe tout sur son passage: "Il s'agit d'une apocalypse. Mon apocalypse. Ce n'est pas seulement un drame. Non. Ce serait trop simple. Je n'aurais qu'à chialer un bon coup et serrer les dents. Sous mes pieds, il n'y a plus rien, plus rien de solide ....Je suis suspendue à un fil au- dessus d'un abysse immense. Je lève la tête et cherche le fil..."

Une histoire vraie, puissante lue d'une traite : la douleur révélatrice de la solitude

face à la maladie et à la mort, une réflexion profonde: " Les autres, je leur parle, je leur souris, mais je suis toujours décalée. Isolée dans ma cellule. Le cancer a construit de puissantes barricades que je ne peux franchir...Cette peur qui broie mes tripes, imperméable à mon amoureux, à ma mère, à mon fils! Je suis loin d'ici, si différente..."

En retraçant le combat qu'elle a mené contre un cancer des ovaires à 28 ans, alors même qu'elle venait d'avoir un bébé " Quand je serai grande. Je serai vieille " ne traite pas tant du cancer que de ce qui se passe lorsqu'un jour " On se fracasse contre un mur"....

Commet ça se passe de l'intérieur ? Et comment on fait après pour repartir?

Le " Mur " en question précise l'auteure peut être une maladie, un accident, un deuil...

De fait, l'ouvrage parle avant tout de peur, de terreur même, de choc, du sentiment d'avoir été retranché du monde des vivants ....

Les mots sont trés forts et judicieusement choisis, l'écriture est dynamique,...

Pour l'auteure, ce livre représente " Un long Chemin". Des années pour l'écrire.Pour sortir de tout ça. Prendre du recul.....l'écriture permet de sortir ce qui se Terre et Se Tait ..'.

Un ouvrage semblable à un cri, une douleur et des mots percutants, cinglants, crus, qui nous fouettent et nous bouleversent ....Et si c'était Nous?

Le combat d'une mére qui désirait par dessus tout voir grandir son fils !

A découvrir !
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Même les pêcheurs ont le mal de mer

Je voudrais vous partager un coup de coeur, je ne sais plus par quel enchantement ce livre est arrivé dans mes mains.

Même les pêcheurs ont le mal de mer, le titre est déjà beau comme une invitation, comme un chagrin posé sur le sable.

Je me suis alors rappelé que j'étais entré dans l'univers de son auteure, Diane Peylin, il y a un peu plus d'un an, en lisant son cinquième roman, La grande roue, qui m'avait beaucoup touché, sur le thème de la maltraitance conjugale...

Ici c'est un roman familial. Un récit choral, trois personnages masculins s'invitent, font entendre leurs voix, le grand-père Rafa, le père Valente et le fils Salvi.

Décidément, le couple, la famille, ce sont souvent de magnifiques territoires d'inspiration.

C'est un retour sur l'île, un retour vers l'enfance, à cause d'un événement.

Un bateau à quai, ce n'est rien d'autre qu'un bateau qui part ou qui arrive.

On ne saura pas le nom de cette île, on devine simplement ses rivages méditerranéens.

Chez les Orozco, on est pêcheur de père en fils depuis trois générations. Mais voilà Salvi le fils en a décidé autrement. La mer, pêcher, ça ne l'intéresse pas. Il a quitté l'île voilà quelques années. Il travaille sur le continent, dans l'informatique ; le soir, il mène une vie d'artiste. Il monte sur scène, revêt un nez rouge, il est un autre, totalement autre. Ou peut-être simplement plus vrai que celui qu'il tente de taire au fond de lui, au quotidien. Celui qu'il pense avoir laissé sur cette île là-bas il y a quelques années...

C'est aussi une famille où les pêcheurs ont le mal de mer, où les femmes ne dépassent pas la quarantaine, comme si c'était une fatalité, une malédiction presque...

J'aime ici ces personnages qui tanguent, ce n'est peut-être pas toujours à cause du mal de mer, il y a aussi le mal de vie, plus terrible, un coeur estropié qui tangue et voit le paysage chavirer autour de lui, les autres, les siens... Mais quand le paysage chavire, est-ce vraiment le paysage ? N'est-ce pas plutôt autre chose ?

Ici, les hommes de cette famille ne sourient pas, se taisent presque à jamais.

Ils se font mal à eux-mêmes, sans s'en rendre compte, et aux femmes de leurs vies aussi.

C'est une vie où les mensonges finissent par prendre beaucoup de place.

D'où vient cette destinée qui pèse sur le sang de cette lignée ?

Certes, il y a l'honneur d'une famille, mais cela ne suffit pas à expliquer, justifier l'absence de tendresse.

Ces hommes finissent par tenter de poser des mots sur leur silence et c'est l'une des originalités de ce livre. Ce sont des hommes un peu en déshérence qui s'interdisent toute émotion et transmettent cela, c'est cela le pire, ces non-dits, cette retenue, mais ils deviennent alors des enfants couverts de cicatrices lorsqu'ils se confient au lecteur, regrettant de ne pas avoir été serré au moins une fois dans les bras d'un père...

D'où vient alors cet étrange besoin de consolation ?

Ce sont des hommes qui font semblant de vivre.

Dans une écriture poétique, Diane Peylin dit avec beaucoup de sensibilité et de justesse l'invisible qui se terre dans les zones sombres de nos abîmes.

J'ai aimé la détresse de ce père qui écoute en boucle la chanson de Procol Harum, a whiter shade of pale, les bras tendus comme un oiseau, tournoyant sur lui-même au milieu de la musique, son fils l'observant, ahuri, au travers du rai de la porte.

À lire ce livre, on ne ressort pas forcément indemne, on prend des coups au coeur, au ventre, là où ça faisait déjà mal sournoisement, une douleur qu'on croyait éteinte depuis longtemps...

Les secrets de famille sont verrouillés comme des tombes, jusqu'au jour où ils se fissurent. Il y a toujours un moment où une brèche s'ouvre, alors ce sont des torrents d'effroi et de désolation qui jaillissent.

J'ai aimé Rafa, le grand-père, taiseux et lunatique jusqu'à la mystification...

J'ai été touché par la tante Ana Luisa, qui, elle, ne quitte pas l'île, mais c'est un peu pareil, basculant tout doucement dans une folie teintée d'ivresse sexuelle...

J'ai aimé venir à la rencontre des personnages de ce livre, effleurant leurs aspérités qui sont autant d'interstices laissant passer une lumière qu'on croyait absente, laissant venir ces voix qu'on croyait inutiles.

N'avez-vous jamais senti parfois à certaines lectures le sol se dérober sous vos pieds ? Au début, cela ressemble à des sables mouvants et brusquement au détour d'une page, le sol devient une trappe et nous glissons presque au bord d'un précipice. C'est l'effet que ce roman poignant m'a procuré...

J'ai aimé ces larmes qui se promènent parfois entre les pages et qui font taire le bruit du vent.

Ce sont des pages mouillées, emplies de chagrins d'amour...

Ce roman m'a touché. Ce n'est pas une lecture anodine, elle est capable de réveiller des choses souterraines qui pouvaient sommeiller jusqu'à présent sans faire de bruit, je n'ose pas dire : sans faire de vague...

Difficile alors de retenir ses larmes sur les dernières pages où se dénoue l'ultime secret. D'ailleurs, pourquoi les retenir ? Les digues sont faites pour s'éventrer sous les assauts de la mer...

« We skipped the light fandango

Turned cartwheels 'cross the floor

I was feeling kind of seasick

But the crowd called out for more

The room was humming harder

As the ceiling flew away

When we called out for another drink

The waiter brought a tray »

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Un jour, il y aura autre chose que le jour

C’est le premier livre de Diane Peylin que je lis et je dois même dire que je ne la connaissais pas avant de lire « un jour il y aura autre chose que le jour ». J’ai été attirée par le titre puis par la couverture et enfin, les quelques mots en quatrième de couverture ont fait leur travail, le sort de ce petit livre était jeté, il terminerait ses jours chez moi.

Englo est un petit garçon qui arrive dans une famille de gitans . Mais nous n’en savons pas plus, d'où vient-il ? pour quelle raison se retrouve t-il à la porte de cette famille ?

Tous les membres de celle-ci sont particuliers magiciens, fantasques. Cette famille va devenir sienne. La violence côtoie l’amour, la frontière entre la folie et le rêve est floue, tout est en demi-teinte.

Ce livre oscille entre un conte et un récit fantastique, je m’y suis parfois perdue et n’arrive pas à avoir un avis définitif sur lui, c’est un livre étrange qui bouscule mes habitudes de lecture. J’aurais peut-être dû attendre quelques jours avant d’écrire mon ressenti . J'ai hâte de lire des critiques sur ce livre.

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La grande roue

La Grande roue propose quatre récits, ceux de Tess, David, Nathan et Emma.

Tess est une femme complètement à la dérive une nuit en ville. A t-elle perdue la raison ? Quel choc l'a amené dans cet état ?

David cherche à se reconstruire dans un village de montagne en aidant à des travaux. D'où vient-il ? Traîne t-il un secret ?

Nathan rencontre régulièrement Field, un policier qui enquête sur la disparition de sa mère. Field qui semble si attaché à Nathan et à cette enquête.

Enfin Emma, jeune fille de 19 ans, tombe amoureuse d'un gars de dix ans son aîné, prévenant, amoureux, la couvrant de cadeaux, ne cessant de l'appeler « ma poupée »…



Des quatre histoires, c'est celle d'Emma qui prend forme le plus rapidement. Car c'est malheureusement un schéma connu qui se met en place. Glaçant et éprouvant... La présentation qu'en fait Diane Peylin, à l'aide d'une langue pudique, permet de comprendre l'attitude d'Emma, son incapacité à s'extraire de sa situation.

Par contre, l'artifice de création de l'auteure pour rassembler les quatre récits m'a bien moins convaincu.
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La grande roue

Quatre personnages différents reviennent alternativement dans de courts chapitres.

Quatre personnalités étranges qui interpellent.

On lit en se demandant quel est le lien entre eux.

Mais que l’écriture est belle ! Que le style est impeccable !

Il est très difficile de poser ce livre. Le fait que les chapitres soient courts pousse à en lire encore un, encore un, encore un……Envie d’en savoir plus sur Tess, sur Emma, sur David, sur Nathan.

Des mots en ribambelle, des énumérations comme des notes de musique.

Et puis, dans les derniers chapitres, les liens se nouent, les ponts se créent d’une telle manière que c’est un réel choc pour le lecteur.

Personnellement, j’en suis restée abasourdie.

Quel talent de construction du récit, de montée psychologique !

Je vais me hâter de lire les deux romans de Diane Peylin.

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A l'endroit où elles naissent



5 novembre 1978 : naissances d’Eva en France et de Miangaly à Madagascar.

Leur point commun, uniquement leur date de naissance.



« Etre né quelque part, c’est toujours un hasard ». C’est à partir de cette phrase tirée d’une chanson de Maxime Le Forestier, que Diane Peylin a construit son roman. Deux destinées, deux parcours différents, deux volontés pour se bâtir un destin.







C’est un plaisir de lecture où alternent les chapitres consacrés à l’une ou à l’autre des héroïnes. Et parallèlement au fil de leur histoire, de leur recherche de soi, l’auteure nous pointe les événements marquants de l’époque ainsi que les chansons que l’on fredonnait alors. C’est avec une écriture pleine de tendresse et de poésie que l’auteure vous invite à suivre ces deux personnages jusqu’à l’âge adulte. Mais avant de vous plonger dans ce livre délicieux, un petit avertissement :



« Sur une terre à l’abri de l’univers.

Il faut être fort pour ne pas se perdre. Notre chemin n’est pas tracé même si l’on naît du bon côté. Pile ou face. Encore faut-il avoir une pièce dans sa besace. »


Lien : http://mespetitesboites.net
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La grande roue

Tout le roman est construit de la même façon : un chapitre consacré à Tess, le suivant concerne Emma, ensuite, c'est le tour de David, enfin, c'est de Nathan de qui il s'agit. Puis, cela recommence, Tess, Emma, David et Nathan... et encore. Comme une grande roue qui n'en finit pas de tourner. Et le lecteur est heureux de retrouver chacun des personnages, de comprendre ce qui leur est arrivé, cherche à savoir s'il y a un lien entre ces personnages.



Tour à tour, on s'attache aux personnages. À un moment, plus à l'un qu'à l'autre, puis, c'est un autre qui emporte notre cœur. À chaque fin de chapitre, il y a une tristesse de quitter le personnage dont l'auteure nous parle, mais, cette tristesse est très vite remplacée par le plaisir de retrouver l'autre protagoniste. Au fur et à mesure, on émet des suppositions mais Diane Peylin attend la fin du livre pour nous donner les clés. Et pourtant, même sans savoir où l'on va, on se laisse porter.



Il faut dire que la plume est magnifique. Tour à tour, brève, percutante, subtile, puis poétique, avec des phrases que l'on lit à haute voix juste pour le plaisir de la langue.



Grâce aux indices donnés par Diane Peylin, j'ai fini par deviner certains rôles, mais pas tous, le sens réel du livre est révélé dans les derniers chapitres. Et c'est magique.



Ce livre qui parle du prince charmant qui se transforme en ogre, de l'homme attentionné qui est, en vérité toxique, qui raconte des violences familiales, est un vrai bijou. J'ai eu un véritable coup de cœur pour La grande roue.



Maintenant que j'ai découvert Diane Peylin, je vais m'empresser de me procurer Même les pêcheurs ont le mal de mer, de la même auteure.



Je remercie sincèrement Babelio et les Éditions Les Escales, pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une opération Masse Critique.
Lien : https://www.facebook.com/Val..
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La grande roue

Tourne, tourne, la grande roue… Dans la première nacelle s'est installée la jeune Emma serrée de près par Marc, l'amoureux fou, l'amoureux possessif. Les folies de Marc pour Emma sont quotidiennes et Emma aime ça, toute l'attention que lui porte cet homme, ce qu'elle n'a pas connu dans sa prime enfance auprès de parents indifférents.

Seconde nacelle, silhouette hagarde, petit point rouge, Tess, hallucinations, bizarreries, elle cherche, tourne, revient sur ses pas, elle méandre, elle dédale.

Sous les premières nacelles, David, la cinquantaine décharnée, un comportement étrange, un passé rogné. Il pose sa solitude dans une ferme et se fait embaucher.

Au pied de la roue, Nathan. On ne connait de lui que la régularité de ses rendez-vous avec Field, le commissaire qui semble le harceler, qui s'obstine à l'interroger mois après mois.

J'ai bien aimé ces tours de Grande Roue, même si parfois la tête tourne, le vertige prend. Car tous ses « sans-passés » nous interrogent, ces victimes d'hallucinations grossissantes troublent et dérangent.

On ne peut opposer à l'auteur d'avoir voulu tester le roman labyrinthique et si l'idée de départ peut sembler tout aussi audacieuse que intéressante, à l'arrivée, et à cause des sur-places répétés de certains chapitres, le lecteur piétine, rétrograde, se perd.

Les quatre chemins convergents auraient pu donner un final époustouflant !

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La grande roue

Quatre personnages sont présentés au début de ce roman, au milieu des années 1980. L’écriture est impersonnelle, avec de courtes phrases qui hachurent la lecture. Au terme d’une demi-douzaine de page, je sens que ce livre n’est pas pour moi. Je n’accroche pas à l’histoire, au style, à l’ambiance. Dans ces cas-là, je passe à autre chose plus en phase avec mes attentes, et c’est ce que j’ai fait ici. Ma prise de contact avec ce roman reste cependant trop partielle pour que je me permette de compléter la rubrique étoilée. A en croire les avis positifs d'autres lecteurs de Babelio, je manque de patience.

J’ai emprunté ce livre sélectionné pour participer à un prix littéraire, et vais rapidement le rendre...

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Même les pêcheurs ont le mal de mer

Ces pères, rudes, impassibles, aux yeux secs et silencieux aiment leur île, la pêche et leur famille mais sont des taiseux qui se veulent forts avec la peau dure.



Ils ne peuvent exprimer ni les sentiments, ni les manques, et gardent leurs cicatrices enfouies bien profondément de génération en génération.



Mais tout à une fin, et les carapaces se fissurent.



Des douleurs indicibles se font jour.



Un livre fort et vraiment poignant.



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A l'endroit où elles naissent

On ne choisit ni son origine, ni sa couleur de peau

Comme on rêve d'une vie de château, quand on vit le ghetto

Naître l'étau autour du cou comme Cosette pour Hugo

Être en treillis dans le conflit et prier le Très Haut

(...)

Face à la mer

J'aurais dû grandir

Face contre terre

J'aurais pu mourir

Je me relève

Je prends mon dernier rêve



Si Diane Peylin s'est inspirée de Maxime Le Forestier (qui préface d'ailleurs l'ouvrage) et de sa chanson "Né quelque part", moi c'est le rap rageur de Passi qui m'accompagnait dans cette lecture.



C'est vrai qu'une piqûre de rappel dans nos vies qui nous semblent parfois trop remplies et en même temps si vides (puisqu'on nous pousse toujours à une incessante quête du bonheur... "On l'a là la vie en rose, Le rose qu'on nous propose, D'avoir des quantités d'choses, Qui donnent envie d'autre chose, Ah et, on nous fait croire, Que le bonheur c'est d'avoir, De l'avoir plein nos armoires, Dérision de nous, dérisoires" - Foule sentimentale Alain Souchon); ce qu'elles pourraient être dans la pauvreté absolue, la guerre, la faim,... Oui se dire qu'on a bien de la chance à côté de millions de gens sur cette planète. Prise de conscience souvent fugace, mais qui a le mérite d'être.

Mais le bonheur, s'il dépend en partie des cartes qui nous sont distribuées à la naissance, il est aussi un potentiel. Le potentiel au bonheur, certains le capitalisent sans effort, l'enrichissent et le multiplient. Pour d'autres, il relève de moments évanescents à chasser avec un filet à papillons. Course éperdue et mélancolique. La mélodie du verre à moitié plein et à moitié vide, enfin vous connaissez la chanson.



A l'endroit où elles naissent parle donc de tout cela et c'est bien là le point fort de ce livre : son thème.

Il nous parle de Eva, petite fille blanche et riche mais qui vit dans une famille toxique et sans chaleur.

Et Miangaly, petite fille malgache qui est orpheline de mère et vit dans le dénuement, mais qui possèdes d'autres richesses...



Nous suivrons nos deux héroïnes, toutes deux nées en 1978, de leur enfance à l'âge adulte. Leur histoire sera ponctuée de quelques souvenirs des années 80 et 90 puis des années 2000 (les marques - et il y en a un festival - , les musiques dont certains extraits sont retranscrits, les événements historico-politiques marquants,...). Malheureusement, ça n'a pas réveillé beaucoup de douce nostalgie chez moi bien que pourtant je me délecte facilement des souvenirs de ces années et que je sois moi aussi de 1978.



Mais surtout, c'est le charme de l'écriture qui n'a pas opéré sur moi. Trop d'effets de style avec des rimes artificielles qui ont sonné pour moi comme une agaçante petite musique d'ascenseur. Et elle en use et en abuse. C'est comme voir les ficelles d'une marionnette, les grosses ficelles qui éteignent l'émotion et nous laissent les personnages de papier.

Beaucoup de clichés aussi, aussi gros que les ficelles. Une psychologie des personnages tantôt outrancière, tantôt dissonante. Quelques anachronismes aussi m'a-t-il semblé...



Un livre qui pour moi n'a pas tenu ses prometteuses promesses... trop d'imperfections, trop de maladresses (et vlà que je commence à faire des rimes ! Vite il est temps que cette chronique... se termine !)



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Même les pêcheurs ont le mal de mer

Même les pêcheurs ont le mal de mer est un très joli roman, très tendre, très émouvant, qui m'a énormément plu.

Les personnages sont touchants, l'histoire est réussie et je n'ai eu aucun mal à rentrer dans ce roman.

Je ne pense pas l'oublier de sitôt car cette lecture m'a charmée :)

Mes vacances se terminent bien avec ce roman ;)

Je mets avec un immense plaisir cinq étoiles.
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A l'endroit où elles naissent

Malgré les tragédies successives de ces deux vies racontées, la plume de l’auteur est légère et poétique. La chanson de Maxime le Forestier empruntée pour l’occasion avec son accord, puisqu’il a signé la préface de ce livre, est comme la dernière pièce d’un puzzle : parfaitement adaptée. Que faut-il retenir de ce livre ? Le chagrin l’apitoiement est un luxe de nos sociétés modernes. Si nous n’avons pas le choix, telle la vie de Mangialy, nous sommes obligés de continuer, de surmonter nos souffrances pour survivre. Le destin parallèle de ces deux femmes raconté tout au long de leur enfance et du commencement de leur vie d’adulte et de leurs premiers choix de vie le démontre efficacement. Eva se cherche, fuit, se perd, puis fonce car elle a cette rage de vivre malgré tout. Mangialy ne se pose même pas de question elle fonce vers son destin en savourant tout. Une belle leçon de vie et d’espoir.
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La grande roue

Emma se sent délaissée, elle a dix neuf ans et rêve comme rêve toutes les jeunes filles.

Elle se rend à la fête foraine et rencontre un homme du double de son âge qui l'émerveille par sa gentillesse et l'admiration qu'elle lit dans ses yeux.

Elle fait donc son bagage et part avec lui ; seul Martin son ami d'enfance, qui la met en garde, sera au courant.

Ensuite l'histoire est un peu déroutante car on suit le parcours tour à tour de Tess, David et Nathan.

Qui sont ils ?

Cette façon inhabituelle de conter l'histoire est cependant très bien amenée.

Et, petit à petit, tout s'imbrique bien de façon très inattendue, pour enfin retomber sur nos pieds.

Lecture très prenante et subtile.





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La grande roue

La grande roue m'a entrainée tout d'abord lentement dans un sillage incertain dans lequel j'ai failli me perdre.Puis elle a pris de la vitesse et en me faisant passer de Tess à Emma de David à Nathan et ainsi de suite dans une alternance angoissante et palpitante, a fini par me capter. C'est une belle écriture et un scénario original qui nous dévoilent les personnages au fur et à mesure qu'ils se révélent à eux même. Je n'ose pas parler beaucoup plus de "l'histoire" car sa découverte fait la force du roman.J'ai apprécié la sensibilité et la poésie qui se dégage de la plume de Diane Peylin qui me fait un peu penser à celle de Tatiana Arfel dans "l'attente du soir".
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