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Citations de Dima Abdallah (152)


Elle a passé sa vie à devoir renoncer à tout : ses jouets, sa maison, sa ville, ses amis, sa famille, son pays, sa langue. Moi. Je la fais renoncer à moi depuis si longtemps. Partir est le meilleur moyen pour ne plus rien avoir à perdre.
(page 129)
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J’avais travaillé ma mémoire au corps pour parvenir tous les jours à tout oublier. L’habitude m’avait aidé à anesthésier toutes les images de la démence et de la déchéance. L’habitude et le quotidien m’avaient aidé à ne plus y prêter attention. Parce qu’on s’habitue à tout. Je m’étais habitué à ce paysage. Onze ans après la guerre civile. Onze ans, c’est long. On s’adapte. La rétine et le cerveau classent les images dans la case de ce qui est connu. Et ce qui est connu devient banal.
(page 81)
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Quand on arrive devant l’immeuble, la première pensée qui me vient alors à l’esprit, comme à chaque fois : y a-t-il du courant ou pas ? S’il y a encore une coupure d’électricité, il faudra monter à pied. Ils coupent le courant de plus en plus souvent, au moins la moitié du temps, et très peu d’immeubles ont un générateur assez puissant pour faire fonctionner les ascenseurs.
(page 35)
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À chaque fois que mon chagrin essaye de faire monter les larmes jusqu’à mes yeux, je les fais redescendre avec une bouchée de nourriture. J’avale et je fais redescendre la boule dans ma gorge jusqu’au plus profond de mon ventre.
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Je ne sais pas quoi faire, moi, pour alléger le poids qu’elle porte sur ses petites épaules. Je ne sais ni quoi faire, ni quoi dire. Je ne suis pas très doué pour parler, encore moins rassurer. La seule chose que je sais, c’est faire semblant que tout va bien et sortir deux ou trois blagues. Je ne sers à rien, moi, dès qu’il s’agit de parler vraiment.
(page 31)
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Les filles qui pleurent le plus sont celles qui sont le mieux coiffées, elles n’ont jamais de petits frisottis sur le devant. La plupart ont des cheveux lisses et bien coiffés, même en fin de journée.
(pages 14-15)
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Une sorte de colère que je n’avais jamais connue montait doucement en moi. C’est tellement bon, la colère, c’est le sentiment qui prend le dessus sur tous les autres, ça tue instantanément toutes les autres émotions. Ça prend toute la place dans la tête et le corps.
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Elle me regardait de ses yeux encore humides de larmes et me souriait. Moi, j’aurais dû être la montagne, le roc, le guerrier. C’est moi qui aurais dû sourire et lui dire de ne pas s’inquiéter. C’est moi qui aurais dû lui signifier que, tant que j’étais là, rien ne pouvait lui arriver. J’aurais dû être un chef-d’œuvre de force et de virilité. J’aurais dû être le mâle alpha, l’intrépide, l’inébranlable.
(pages 74-75)
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Nous ne serons plus jamais quatre. Dans vingt-huit minutes. Et il va falloir que je tienne vingt-huit minutes sans pleurer, sans montrer le moindre signe de faiblesse. Il va falloir que je fasse bien attention à ne surtout pas croiser les yeux des autres. Je serai forte, je ne laisserai rien transparaître de mon malaise, ni de ma tristesse. J’ai l’habitude. La dernière chose dont ma mère a besoin est de croiser mes yeux. Ce qui reste du courage de ma mère ne supporterait pas de savoir. Il faut que je l’aide à partir. Je tiendrai le temps qu’il faudra, je tiendrai bon.
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Mon talent n’est pas reconnu, il ne le sera jamais. Tout ce qu’il a vu, c’est mon joli dessin qui n’est pas si joli d’ailleurs. Il n’a pas compris le sens. Il n’a rien compris, il prend ça à la légère. Je ne veux pas que mes poèmes soient jolis, je veux qu’ils soient sérieux et émouvants. La poésie, c’est une affaire sérieuse. (page 59)
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Je continue à voir la valeur des faibles, des brisés, des échoués, des lâches. Je continue à pardonner aux impardonnables. Je continue à aimer les adventices, ceux qui s’acharnent à pousser dans l’improbable, ceux qui dans un effort démesuré arrivent à pousser sur un minuscule substrat entre le béton et le bitume des villes hostiles. Je continue à deviner dans les mauvaises herbes des arbres bientôt immenses.
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Je ne veux pas qu’elle sente le ton soumis et tremblotant de ma voix à chaque fois que je réponds aux miliciens, à chaque checkpoint, à chaque contrôle, à chaque coin de rue. Je ne veux pas qu’elle voie mes mains trembler quand j’ouvre le coffre de la voiture à chaque fouille. Je ne veux pas qu’elle me voie courber l’échine à chaque fois que quelqu’un me dépasse dans une file d’attente . Je ne veux pas qu’elle voie dépasser de leurs pantalons les crosses des revolvers. Mais, le plus important, je ne veux pas qu’elle croie que sa main pourrait un jour m’échapper à nouveau.
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J’ai longuement réfléchi à la raison pour laquelle il y a tant de clochards dans un pays si riche. Je crois que, s’ils laissent les gens dans la rue, ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas les moyens de les aider, ni de les chasser. C’est pour les laisser là, à la vue de tous, comme un exemple, comme ce qu’il ne faut pas faire, comme un avertissement.
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Je ne penserai pas au gardien qui entretenait si bien les bacs à fleurs ni à ses filles qui l’ont vu succomber aux balles d’un groupe de miliciens dans le hall de l’immeuble, juste à côté des immenses bacs si bien entretenus.
(page 94)
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Non, moi, comme d’habitude, dès que les tirs se sont intensifiés, j’ai prié pour que ça dure assez longtemps pour inquiéter les professeurs. Je savais que, plus le bruit était fort, plus les explosions étaient régulières et rapprochées, plus on avait une chance de rentrer chez nous. Je ne suis pas bête, je sais qu’il se passe quelque chose, quelque chose de sérieux.
(page 12)
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Un poème, c’est de l’émotion, un poème, c’est une sorte de cri, je crois. Mon poème, c’est un hurlement. La mer la nuit, ce n’est pas joli, c’est triste et ça fait un peu peur. On a l’impression que les vagues inspirent quand elles se forment et qu’elles expirent en soupirant de chagrin quand elles viennent s’écraser et mourir sur le sable. Les humains ne comprennent pas grand-chose à toutes ces choses, je trouve.
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Ces rues n’étaient plus les miennes, cette ville n’était que le spectre de ma ville, de celle que j’ai connue. je marchais parmi les gens et je me disais que ce ne sont ni mes semblables, ni mes concitoyens, ni même les vrais habitants de cette ville. Ils sont une espèce mutante qui a attaqué la ville, l’a colonisée et s’est emparée de toutes ses rues, de tous ses magasins et de tous ses cafés. Ils ont pris ma ville. Ma ville est tombée. Elle s’est effondrée et des étrangers sont venus en rebâtir une nouvelle, une réplique de mauvais goût, un artifice, une ville factice. Dans les égouts, le sang de leurs victimes doit encore couler. La Méditerranée ne devrait plus être bleue mais rouge. p. 202
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Ma mère est devenue une pro pour boucler les valises en un rien de temps, une pro pour sélectionner le plus vite possible quoi emporter avec nous et quoi laisser. Plus la scène se répète et plus nos bagages se font légers, petits, jusqu'à en devenir une peau de chagrin, le strict minimum. Ce que nous devons absolument emporter à chaque fois, c'est nous quatre, ce que nous devons sauver, c'est seulement nos quatre corps.
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Je regrette. Je regrette Minuit. Layla et les autres. Je regrette le croissant d’Ella, le manteau d’ Emma, les invendus de Carla et les sablés bretons de Martha. Je regrette tout ce qui s'est interposé entre moi et le gris de la rue. Tout ce qui a brisé le bitume et le ciel bas de l'hiver. Tout ce qui a ressuscité les gaufrettes périmés, les champs magiques et les effluves de rose, de jasmin et d’anis. Tout ce qui a creusé les tombes et levé les morts.
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J'aime bien ce moment de la journée où les angoisses de la nuit s'évaporent dans les vapeurs de café. J'aime la solitude du matin, elle est douce et paisible. Elle n'est pas celle du soir, elle est délectable et salutaire.

page 97

Et, à la fin de la journée, il y aura une nouvelle nuit, qui aura toujours raison de la paix des petits matins.

page 99
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