La vie est parfois faite de rendez-vous manqués, d'occasions loupées, mais si l'on ne peut revenir en arrière, il est par contre toujours possible d'aborder de nouvelles rives, d'entrevoir de nouveaux soleils.
Cultivez le silence, l'écoute. Sortez de votre usine. Quittez vos certitudes. Écoutez le chant des oiseaux. Observez les arbres, les fleurs. Sentez-les. Caressez le vent. Mettez son souffle dans votre poche.
Il ne vivait que pour sa boîte, y pensait jour et nuit, quand il trônait sur sa cuvette de W.-C., quand il dormait ou quand il faisait l'amour. Un vrai Toc. Alex ne pouvait s'arrêter de mailer, tweeter, surfer, I-Poder, même quand il allait rendre visite trois fois par an à sa vieille maman souffrante, très loin, au fond de sa province.
Déficient en histoire de l'art, mais doté d'un grand appétit mégalomaniaque, il s'était promis, un jour, d'afficher son portrait géant sur un mur de son bureau. Cela ne ferait qu'intensifier son sentiment de puissance et montrerait à ses collaborateurs que le patron avait le goût de l'art. Du grand art. Il en était persuadé.
Le silence et la piété vibrante des moines avaient mis Alex en joie, ils étaient parvenus à le faire entrer en résonance avec lui-même. Sa vie allait changer, il en était persuadé.
Je sais. Mais c'est plus fort que moi, j'aime Suzanne en secret. Pour moi tout seul. Mais j'en souffre, car je n'ai pas le droit de la conquérir !
Le vent lui ouvrait les écoutilles et le cœur.
…un simple regard échangé, un sourire, une main que vous tenez chaleureusement, sans pour autant parler, seront des actes d’une grande humanité.
C’est ce que j’ai vécu de plus beau au cours de ces derniers mois, admit pudiquement Alex, rencontrer des personnalités lumineuses.
Elle abhorrait les étiquettes, les amalgames, les condamnations définitives et à l'emporte-pièce. Pour elle, il fallait toujours creuses les choses, ne plus rester en surface, tendre à la connaissance pour se forger un avis plus affiné.
Au fond de moi, j'étais d'accord avec cette philosophie de mon amie, mais en même temps, une inquiétude me minait. Par son attitude, Suzanne Gasper n'était-elle pas trop téméraire, j'allais presque dire suicidaire ,
Sa réflexion et sa méthodologie avant-gardiste, seraient-elles acceptées par une société d'autant plus frileuse et conservatrice qu'on était en temps de guerre, une période peu propice à la progression et au partage des idées ?
Si ces jeunes fille s'inscrivent dans notre lycée, c'est par snobisme, par coquetterie, par gloriole. Or, l'éducation qu'elles reçoivent chez nous est faussée, ne s'inspirant en rien d'un idéal féminin et ne faisant aucune place aux préoccupations normales futures des femmes. Nous créons ainsi des êtres qui auront perdu le charme, la douceur, la soumission qui devraient être l'apanage des jeunes femmes, sans qu'elle acquièrent la volonté, l'initiative et la décision qu'on attend d'un jeune homme. Comme la plupart ne réussiront pas dans les carrières masculines (c'est un fait d'expérience), elles resteront des névrosées, des ratées, même psychologiquement. (p.23): je ne pense pas que l'auteur a inventé ces idées machistes. Elles ont souvent dû être dites, à l'époque!