Doris Kearns Goodwin

Lorsque Lincoln est désigné par son parti, chacun de ses illustres rivaux pense que la Convention républicaine a choisi la mauvaise personne. Lincoln semble venir de nulle part. C'est un petit avocat de province qui a accompli un mandat sans faits marquants à la Chambre des représentants et a perdu deux campagnes consécutives pour le Sénat des Etats-Unis. Ses contemporains attribuent sa désignation très inattendue à sa position modérée sur l'esclavage et au fait qu'il vient de l'Illinois, un Etat clé. Mais, comme nous le verrons, le triomphe de Lincoln, quand on sait les efforts déployés par ses opposants, doit beaucoup à un sens politique remarquable autant qu'insoupçonné et à une force de caractère forgée dans le creuset de l'adversité.

Lincoln a traduit l'histoire nationale et le sens de la guerre en mots et en idées accessibles à tout Américain. Il a offert à son pays un idéal de son passé, de son présent et de son avenir, que des générations d'élèves apprendront et réciteront.

A la fin, ce ne sont pas les années écoulées dans votre vie qui comptent, mais la vie qui a inondé ces années.

Jamais nom n’a autant brillé dans l’Histoire que celui d’Abraham Lincoln. « Je ne doute pas que Lincoln sera la grande figure de la guerre, prédit Ulysses S. Grant. Il fut sans conteste le plus grand homme qu’il m’ait été donné de connaître. »

À Chicago, Lincoln avait arraché à Seward le fruit d’une vie laborieuse au moment où elle semblait à sa portée. Pourtant, Seward fut le premier à être nommé à son cabinet et le premier qui reconnut sa supériorité personnelle. […] Du début du gouvernement à l’heure sombre et terrible où ils furent frappés tous deux par la main d’une trahison meurtrière, nulle ombre de jalousie ou de doute n’entama jamais leur confiance et leur respect mutuels. »

Bien que soucieux des
conséquences de la proclamation, Seward ne songe pas à s’y opposer. Chaque fois que Lincoln prend une
décision, Seward lui offre un soutien sans faille. Il n’émet de réserve que sur le calendrier. « Monsieur le Président, dit-il, j’approuve la proclamation, mais je m’interroge sur l’opportunité de la publier en ce moment.
ps: au sujet de la proclamation d'emancipation des esclaves des etats rebelles

« Votre démission de la charge de ministre du Trésor, commence-t-il sèchement, est acceptée. De tout ce que j’ai dit à la louange de vos aptitudes et de votre fidélité, je n’ai rien à retirer ; et cependant, vous et moi avons atteint un degré de gêne mutuelle dans nos relations officielles qui ne semble pas pouvoir se surmonter, ou se prolonger plus longtemps, dans l’intérêt du service public. »

Bates est intimement persuadé, dira plus tard Welles,«que les deux races ne peuvent vivre et s’épanouir au contact l’une de l’autre. Il pense que l’assimilation est impossible sans l’intégration, et que cette intégration entraînerait
nécessairement « la déchéance et le découragement de la race blanche »
ps: bates etait procureur general sous le mandat de lincoln

Il ajoute
cependant que les soldats aiment
Lincoln : « Son sourire bienveillant
était le reflet réel de son coeur bon
et sincère ; mais au plus profond,
sous la surface de ce visage sévère
et si singulier, se lisaient une
bienveillance et une inquiétude
manifestes. En fait, sa popularité
dans l’armée était universelle et le
demeure. »

Et, comme toujours, le Président
refuse de laisser un subordonné
endosser la responsabilité de ses
propres décisions. Lors d’un
immense meeting de l’Union,
Lincoln défend publiquement
Stanton attaqué de toutes parts.
Tous les ministères ont fermé à 13
heures pour que tout le monde
puisse assister à l’événement