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Citations de Dorit Rabinyan (24)


Comme dans notre tradition, il y avait un ordre de bénédictions à réciter en l’honneur de la nouvelle année. La lumière des bougies symbolisait le bonheur ; les jacinthes, la croissance ; les pièces en chocolat étaient une promesse d’abondance, de réussite. Deux gros poissons rouges nageaient dans le réceptacle rond, en verre, posé au centre de la table ; à celui qui les regardait, une année de droiture et de fertilité était garantie. Il y avait encore sept types de nourriture, dont les noms persans commençaient par la lettre s – et qui passèrent de main en main avec vœux, prières : pour le renouvellement, des germes de blé ; pour la santé et la beauté, des quartiers de pomme ; pour la guérison, de l’ail confit en gousses ; pour la longévité et la patience, du vinaigre de vin ; la soucoupe de miel représentait le retour du soleil, et la poudre de sumac, d’un rouge-violet, renvoyait à la lumière de l’aube, les olives vertes...l'amour.
( Repas de fête du Norouz, Nouvel an zoroastrien )
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Ceux qui restent en arrière paraissent toujours plus misérables, plus orphelins, que ceux qui voyagent et se fondent sous d'autres latitudes.
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Comment le décrire, à présent? Par où commencer? Comment restituer l'impression initiale que j'éprouvai au cours de ces lointaines secondes? Comment en dresser fidèlement le portrait, constitué d'une superposition de nuances, tel que je le vis la toute première fois? Comment rendre en quelques traits l'image complète, à travers toutes ses dimensions? Et ce regard, et cette clarté - peut-on seulement les restituer, alors que l'altérant de leurs empreintes, les doigts de la nostalgie touchent et remodèlent sans cesse le souvenir?
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" A consommer de préférence avant le 20.05.03" (...)
Comme cette boite en carton, ce pain en sachet, comme la boite d'oeufs et cette brique de lait au fond du chariot. Dans deux mois et une semaine je retourne en Israël, dans deux mois et une semaine je rentre à la maison. Je me sépare de 'Hilmi et je réintègre ma vie antérieure. A l'instar de ces cornflakes, il ne nous restait plus que neuf semaines pour être ensemble, plus que neuf vendredis, neuf week-ends et neuf dimanche - puis tout s'achèvera.
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Il plissa le front et me regarda avec cette expression de sympathie miséricordieuse, typiquement américaine.
- Oui, hein? Je t'ai épuisée, "Baazi", tu as l'air fatigué, dit-il dans un vague sourire.
Moins de trois heures s'étaient écoulées et, déjà, il m'inventait un petit nom. À un moment de notre parcours, il s'était mis à m'appeler "sweet pea", visiblement amusé. Ensuite, il avait traduit littéralement en arabe "doux petit poix", et repris ces mots avec un plaisir évident: "baazilah 'hilva", avant de passer à une mélopée lascive, sur laquelle il répéta plusieurs fois "sweet baazilah", pour finalement s'en tenir à "Baazi". Moins de trois heures s'étaient donc écoulées, et moi, m'adoucissant, je réagissais déjà à ce nom.
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"La musique est le langage avec lequel l'âme dialogue avec elle-même".

[ Yehoshua Knaz ]
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Hilmi était l'universaliste, celui qui poursuivait la paix, affranchi de toutes les définitions renvoyant à des valeurs telles que l'État, la religion et autres sornettes comme l'hymne et le drapeau. Alors que moi, j'étais la femme à l'esprit pratique, lucide, qui se préoccupe d'accords de paix, et de broutilles du genre frontières séparant les États, souveraineté. Et je détestais me voir enfermée dans ce rôle. Je détestais ce pathos patriotique, absurde, qui reprenait le contrôle de ma personne chaque fois que face à son extrémisme, à son radicalisme arabe, j'étais forcée de pencher vers des opinions plus droitières, me trouvant ainsi repoussée du côté conservateur de mes parents.
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Un froid terrible. Un froid irrationnel dont on a du mal à admettre qu'il soit seulement possible. Un froid qui gèle le visage, les oreilles , et transperce douloureusement tes os, tes dents. Un froid venimeux, si pénétrant que même tes pupilles, semble-t-il, s'en trouvent transies. Un froid qui bouleverse tout ton être, qui lui fait perdre espoir.
Aux informations, on annonce que dans les annales new-yorkaises, cet hiver est l'un des plus durs, des plus longs, et surtout des plus enneigés de tous les temps.
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Au bout de l'allée, nous arrivâmes aux bleus. Un éventail de dizaine de nuances et autres dérivés, du très foncé jusqu'au plus clair. Il y avait du bleu d'encre et du bleu indigo, du bleu azur et du bleu turquoise, du bleu marine et du bleu tendre, des bleus qui portaient des noms lyriques comme "bleu de minuit", "bleu lagune", "bleu porcelaine". Il y avait des coloris obtenus à partir de pigments métalliques - bleu de cobalt, bleu fluorescent. Et il y avait même des bleus de nationalité différentes - bleus français, prussien, anglais.
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Autour de nous, les flocons continuaient à planer en silence, des étincelles de neige qui atterrissaient dans le noir, mais ‘Hilmi et moi avions déjà basculé de l’autre côté du monde. Du côté illuminé. Je me trouvais à Hod Hasharon, dans les champs verdoyants, si vastes, de mon enfance ; ‘Hilmi, encore très jeune, était du côté de Hébron, traversant des vallées, flânant entre les pins, les oliveraies. Je lui racontai les vergers – ces forêts de citrons, d’oranges et de clémentines –qui s’étendaient juste à côté de notre maison ; je relatai les longues virées chez nos amis de Ramat Hashavim, puis à la piscine de Neve Yarak, où nous nous rendions en coupant par les prés de Magdiël. Pour sa part, ‘Hilmi me décrivit les monts de craie qui entourent la demeure maternelle, à Ramallah – « ça ressemble à des vagues », fit-il, « comme une mer de collines muette », et il ouvrit grand les bras. Il revint également sur les longues journées passées à croquer le paysage, là-bas, au pied d’un haut mûrier. Cernés par le fer, l’asphalte et le béton, nous n’en persistions pas moins à poétiser sur les oliviers.
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Ta tête repart en arrière, prise dans l'immense arc constitué d'ondes circulaires, d'encres pourpres, turquoises. et voici qu'elle plonge dans cette orgie de bleus : celui des rivières que tu peins, celui de tes cieux. Les bleus qui viennent toujours à te manquer avant les autres couleurs. cette kyrielle de nuances, sous-nuances, que nous avions vues, le tout premier soir, rangées l'une contre l'autre, dans des tubes épais - elles se répandent maintenant de partout, fusionnent, et toi, tu t'y enfonces intégralement ; les bleus du jour et les bleus de la nuit ; les bleus-gris, pâles, porcelaine, l'azur qui tire sur le vert. Tous rejaillissent et se répandent sur la toile infinie, liquide, et sur les pinceaux majestueux de la mer.
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Rentrer à la maison. Revenir à un mode de vie ancien, familier, à des petites choses et à l'humble consolation qu'elles recèlent. Retrouver l'odeur des schnitzels et de l'oignon frit au déjeuner, le goût des gaufres et du nescafé, le pain tressé avec la crème de sésame et le fromage blanc. Retourner dans l'arrière cour que l'on voit par la fenêtre, et où se dressent un lilas de Perse, se glisser dans les mêmes draps, utiliser les mêmes couverts. Revoir les plantes, les tapis muraux du salon, et le même présentateur à la télévision.
Et puis me sentir à la maison même quand je suis dehors.
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Clouée sur place, je n'avais réussi à enregistrer ni les noms , ni les grades qu'il avait mentionnés, et même le sens de ses paroles, je ne le saisis qu'après l'intervention du plus grand, qui avec une impatience manifeste, plongea la main dans la poche intérieure de son manteau et en retira ce que, jusqu'ici, je n'avais vu que dans des films ou des séries télévisées : une plaque de police (FBI] dorée, ornée de reliefs.
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Orpheline, elle avait appris qu'aucun argument, (...), n'avait le droit de calmer la souffrance de la solitude.
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Tel Aviv l'insouciante, la prétentieuse, la fainéante. Avec ses milliers de cafés toujours bondés, avec ses mille races de chiens[...]Tel Aviv l'élégante, préoccupée d'elle-même, qui se reflète dans les vitrines de ses boutiques de luxe. Tel Aviv qui n'est que soif de plaisir, débordante de vie, encombrée de jeunes dès l'arrivée des vacances d'été[...]Tel Aviv la douce, la désinvolte avec ses vastes terrasses....
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Et à nouveau, je me souviens de ce que j'ai pensé avant de basculer dans le sommeil. Combien il allait être dur de ne pas tomber amoureuse de lui. Comment cela pourrait même s'avérer impossible, voire risqué, de m’obstiner à lui résister, de fermer mon coeur à cet homme étrangement délicat, à la nuit que nous avions passé, au lieu de m'y abandonner. Oui, juste avant de m'endormir, enveloppée par son souffle, je m'étais dit combien ce serait dangereux, compliqué ; d'ailleurs, si je n'y veillais pas, je pouvais tomber amoureuse de lui sur-le-champ, avais-je aussi songé, ou même tomber tout court, à cet instant précis, vraiment.
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Et à nouveau, je me souviens de ce que j’ai pensé avant de basculer dans le sommeil. Combien il allait être dur de ne pas tomber amoureuse de lui. Comment cela pourrait même s’avérer impossible, voire risqué, de m’obstiner à lui résister, de fermer mon cœur à cet homme étrangement délicat, à la nuit que nous avions passée, au lieu de m’y abandonner. Oui, juste avant de m’endormir, enveloppée par son souffle, je m’étais dit combien ce serait dangereux, compliqué ; d’ailleurs, si je n’y veillais pas, je pouvais tomber amoureuse de lui sur-le-champ, avais-je aussi songé, ou même tomber tout court, à cet instant précis, vraiment.
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Mais le mois prochain, en été, ‘Hilmi sera à Ramallah, et moi, demain, je serai en Israël, à Tel Aviv. Seuls soixante-dix kilomètres et quelque nous sépareront, un voyage d’une heure et demie en tout. Pourtant, c’est à peine si nous en parlions, car nous savions qu’en dépit de cette proximité, nous ne pourrions pas nous retrouver là-bas. Nous savions qu’entre les deux points où nous nous tiendrions, ce n’était pas une simple ligne de démarcation qui passerait, mais une voie semée d’obstacles, dangereuse pour moi, infranchissable pour lui. Or c’était comme si ce savoir muet, l’acceptation d’un tel état de fait et la légèreté avec laquelle nous évitions le sujet prouvaient que ces futurs barrages se dressaient d’ores et déjà, ici, entre nous.
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Depuis Ramallah, l’œil de la caméra arrive droit sur les immeubles de verre et les gratte-ciels de Tel Aviv. Et moi, d'ici, je reconnais la partie supérieure cd la Tour de la Paix. Je discerne même la cheminée de Reading ...Les immeubles de la Kirya [...]Et dans le même frisson qu'hier, je suis envahie par la pensée de ma famille : la pensée de mes proches et amis là-bas. Où étaient-ils pendant que depuis Ramallah, Marwan filmait? Cette situation me renvoie au jour où, âgée de six ou sept ans, je m'étais tenue à la fenêtre de l'appartement des voisins pour scruter en cachette l'intérieur de notre propre cuisine [...]

Car ce renversement apparaît des plus singuliers ; nous voir de l'extérieur, postés à la fenêtre des voisins et nous voir comme le côté caché d'un miroir. D'ici - de New YOrk - voir ce qui leur apparaît depuis Ramallah par delà les collines d'obscurité. Me voir à leur place, sur le balcon, comme sur quelque mont Nevo. Voir quotidiennement Israël, les banlieues de Tel Aviv, notre existence telle qu'elle se déroule de l'autre côté, une existence aussi confiante qu'inconsciente, et qui semble, d'ici, privée de réflexion lumineuse....
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C’est le joint que vous avez fumé dans l’après-midi, me rétorqueras-tu; ce sont les bières achetées sur la route qui t’ont valu cette impression d’harmonie généralisée; ou peut-être, comme tu me l’as dit une fois, est-ce là le goût de l’eau que l’on dérobe; le goût d’une eau vive et l’ivresse de la liberté qu’elle procure; ce sentiment de victoire secrète qui nous envelope lorsque nous arpentons les rues, deux individus anonymes, enlacés, parmi la foule, dans la profusion des lumières qui clignotent et l’immense désordre urbain. De temps à autre, on distingue un ballon perdu, argenté, gonflé à l’hélium, qui monte vers le ciel en tourbillonnant au-dessus des passants; nous portons alors nos regards vers les hauteurs, et mon coeur aussi souhaite monter, comme le point argenté du ballon qui disparait au-dessus des buildings, il chavire et manque d’éclater de bonheur.
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