AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Dov Lynch (18)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Mer noire

C’est un homme, soldat perdu de l’IRA .cerné par la violence.

Il doit fuir un pays, le sien, pays de fausse guerre ou de paix factice, la différence n’est pas claire.

L’homme prend une trace, traverse et s’efface au travers l’Europe d’une frontière à une autre.

Pensions minables, trains de nuit, froids et humides : vers l’est : « Il attendit sur un banc dans le hall central de la gare à, côté de trois femmes, entourées par un tas de sacs emplis de commissions. Elles

portaient des fichus sur la tête et parlaient une langue qu’il ne connaissait pas ».

Cargos pourris froids, humides.

Même quand c’est le jour, restent des souvenirs de nuit.

Seul, Il traverse des voix, mais surtout des conversations …de cigarettes… que l’on fume ou pas, qu’on écrase ou pas, les cendriers que l’on tend, que l’on refuse ou pas.

Des noms de ville, des souvenirs…. Trebzonde

Il dit, …mais le dit-il ? Qu’il va retrouver son frère, sa mère.

C’était une femme d’origine grecque repartie vers sa patrie d’origine : l’Abkhazie, en Géorgie, l’ancienne Colchide des grecs, la terre de Médée la magicienne et de la Toison d’or...

Un homme ne fuyant pas l’annonce, mais cherchant peut-être à la saisir aux confins de l’Europe.

L’homme arrive dans les montagnes enneigées d’Abkhazie.

La violence l’a suivi. C’est un pays ravagé par une guerre qui n’est pas la sienne.

Le polonais dit : «A cet instant même, nous sommes au point d’équilibre de l’histoire, parfaitement au milieu de ce qui s’est passé et de ce que sera le passé......maintenant, c’est à celui qui gagne la guerre au plus vite. Le vainqueur écrira l’histoire et dira que c’est l’autre qui l’a fait »

Il rencontre une femme qui lui tend un verre d’eau et il parle, cette fois, avec des mots.

Les figures de son frère, de sa mère, s’estompent ; il quitte cette histoire qui lui fut imposée, qui n’est pas la sienne. Il n’y a plus que lui, la solitude, et enfin la possibilité d’être, simplement.

Il va…vers ? « Son terminus radieux ? »

Histoire d’un humain, son nom : Dimitris, dans le fracas de l’histoire.

Voilà c’est Mer Noire

Un roman court, aux phrases sèches, qui ne tombe pas dans le lyrisme mais au pouvoir d’évocation saisissant.

Une histoire pleine de non-dit où s’engouffrent sinon des livres sinon leurs souvenirs de lecture.

Ovide le poète banni qui se fanera sur les bords de la mer noire et se taira.

Le Cheval d'Herbeleau, de jean Husson : une vie « vers son terminus radieux »qui se fracasse dans l’ordinaire.

MER NOIRE : Un livre superbe, sidérant, un climat qui perdure après la lecture

Commenter  J’apprécie          110
Mer noire

Voyage décousu entre deux guerres d'un homme en quête d'identité.



Même si le premier roman en français de l’écrivain et diplomate irlandais Dov Lynch, paru en février 2015 aux éditions Anacharsis, a tous les ingrédients d’un thriller, d’un voyage sous tension sur fond de conflits armés, il en reste surtout la vision prégnante d’une famille et d’une humanité en franges, désunie et rongée par les rivalités et les guerres.



Après le décès lent et pénible de son père malade, ancien homme fort de l’IRA, Dimitris quitte l’Irlande à la recherche de son frère Nico, son "frangin", qui a aussi été son frère d’armes au sein de l’IRA. Nico est parti aux confins de l’Europe, en Abkhazie, sur les traces de sa mère d’origine grecque, évanouie des années auparavant vers Soukhoumi semble-t-il, sa terre d’origine.



«Son père lui avait dit que la mer Noire était une mer oubliée, perdue dans un pli de la carte entre l’Europe et l’Asie. Les Grecs s’étaient implantés autour de ses rives et y avaient fondé des ports et des villes fortifiés, entourés de peuples à ses yeux résolument sauvages. De Scythes et d’autres peuples nomades. Il avait dit que le mot grec barbaros, était né de cette rencontre, une onomatopée pour évoquer quelqu’un qui parlait une autre langue que le grec. À l’origine, les Barbares n’étaient pas plus que ça.»



Quittant la «paix factice» de l’Irlande pour une autre fausse guerre – le roman se déroule au début des années 1990, en plein conflit abkhazo-géorgien -, Dimitris entreprend ce voyage à l’instinct et à l’azimut, pour traverser l’Europe jusqu’à sa frange au bord de la mer Noire. Soldat perdu pendant des années au cœur d'une guerre fausse et absurde en Irlande, il est habitué à la violence, à emmurer ses paroles et ses émotions, et entreprend ce long voyage avec très peu de mots.



«Il traversait le continent comme s’il connaissait déjà le chemin, voyageant au rythme du train, entraîné dans son mouvement, calfeutré dans le bruit des moteurs. Au fil des kilomètres, il avait l’impression de découvrir une nouvelle géographie du continent, une géographie mobile, comme si la terre n’était plus fixe, qu’elle évoluait au fur et à mesure qu’il avançait.»



Ce voyage aux confins de l’Europe dans les convulsions de l’histoire et des conflits donne l’impression d’un flottement, d’un homme en quête d’identité, qui s’abandonne au rythme des trains et des bateaux sans connaître vraiment le but de son périple, laissant affluer en lui les souvenirs et paroles de son père disparu.



«Son père lui avait dit que c’était une mer empoisonnée. Elle plongeait deux mille mètres en profondeur mais quatre-vingt-dix pour cent de son volume ne supportaient pas la vie, suffoquée par une concentration de sulfure d’hydrogène, produit de tous les détritus apportés par les fleuves qui la nourrissaient. Par le Danube, le Dniepr, le Dniestr. Trois fleuves aux consonnes insondables.»



Un premier roman qui livre, tout en sobriété, la vision d’une humanité empoisonnée par les buts qu’elle poursuit et où tout peut basculer, comme ça, sans un mot.



Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :

https://charybde2.wordpress.com/2015/04/14/note-de-lecture-mer-noire-dov-lynch/
Commenter  J’apprécie          111
Mer noire

Dimitris, irlandais, une fois son père enterré, part à la recherche de son frère sur un ordre de l’IRA mais, également, pour fuir son passé récent et lointain. Il veut rejoindre le village natif de sa mère, au bord de la Mer Noire, où il pense que se trouve son frère. Dans ce périple compliqué, il fera des rencontres hasardeuses, dangereuses, mystérieuses, lumineuses, il découvrira des fragments de vie qui le conduiront jusqu’au bout de son aventure.



Dimitris, tout comme son frère, est un ancien guerrier de l’IRA. Tirer de sang-froid ne lui pose aucun problème lorsqu’il s’agit de sauver sa propre vie. Se taire également. Dimitris est cerné par la guerre, par la peur, sans pour autant dévier d’un iota de sa route, comme s’il cherchait à accomplir son destin.



Il y a de gros pavés insipides, bavards et il y a ce livre. Peu de pages, mais une écriture dense. Chaque phrase est pesée. Le silence règne en maître tout comme la guerre et se lisent. Le silence de la mort du père, le silence pour ne rien révéler, le silence de la solitude, le silence des taiseux…



Ce roman sur la violence des hommes est écrit directement en français par un écrivain irlandais. Même s’il vit en France depuis longtemps, Dov Lynch a une très grande maîtrise de notre langue. Son écriture est superbe de précision, de beauté, de non-dits, de violence. Un livre sidérant qui amène à une réflexion sur ces « petites guerres » qui nous cernent et qui me font penser à ces guerres entre seigneurs du Moyen âge.



Quelle découverte, quelle lecture ! J


Lien : http://zazymut.over-blog.com..
Commenter  J’apprécie          90
Léawald

J’ai lu ce roman que l’on pourrait qualifier de dystopique en mars, juste avant que ma fabrique à chroniques s’enraye. Tout nouvellement paru aux Éditions du sous-sol et écrit par le diplomate irlandais Dov Lynch – un auteur que j’avais envie de découvrir depuis un moment – il a écrit deux autres romans ; celui-ci directement en français – le type est brillant.



Léawald, donc. C’est le nom de l’héroïne : Léa Wald. Elle est postière et connait Paris comme sa poche. Par ses yeux, par bribes, on devine que le quotidien déraille : grèves, rupture de stock à l’épicerie, voitures brûlées. Un matin, le dépôt où elle vient prendre son véhicule de service est fermé. Puis un jour, c’est la chute : la guerre déferle sur Paris. Une guerre intestine, fratricide, une guerre de rues. La capitale se retrouve coupée en deux, avec la Seine pour frontière – les rebelles tiennent la rive droite, le gouvernement s’est replié sur la gauche, et une mission internationale compte les points.



« Un jour, la guerre avait été impensable ; le lendemain, elle était devenue une réalité quotidienne. »



Gloups. Avec la guerre en Ukraine qui venait de démarrer, cette lecture a eu un parfum troublant ; comme de faux airs de prophétie, ou presque de déjà-vu : par moments, j’avais l’impression de lire – de relire ? – un roman graphique de Bilal (j’adore Bilal, et vraiment, s’il s’emparait de cette histoire, ça pourrait être formidable). Une lecture troublante, donc. Déroutante, aussi. Par la brièveté du récit – je ne sais pas pourquoi, je croyais m’engager dans un pavé, alors que Léawald fait 176 pages tout mouillé –, et le minimalisme de sa narration. Léawald est un peu écrit caméra au poing – vous voyez ce que je veux dire ?



Léa se voit confier par les autorités internationales une mission d’une importance cruciale. Elle doit livrer incognito un cercueil contenant la dépouille d’un des hauts dignitaires de l’opposition, en plein terrain ennemi. De la porte de Saint-Cloud à République, si mes souvenirs sont exacts. On la suit en marchant sur des œufs, à tout moment tout peut déraper, les gens qu’elle croise sont-ils bien ce qu’ils semblent être ? L’ambiance est syncopée, plutôt haletante – et Léa, détachée, mais réellement attachante. C’est une héroïne avec une carapace, qui a transformé ses regrets, ses larmes et ses questions sans réponses en muscle, en entrainement et en actes de routine. Léawald est aussi un roman sur l’exil, le retour aux origines et la filiation.



En terminant le livre, je ne savais trop qu’en penser. L’impression de rester sur ma faim, quand même, tout en ayant trouvé une forme de beauté dans cette histoire singulière – et l’écriture a du style. Et voilà que les mois passent et certaines scènes me reviennent, laissant dans leur sillage un parfum dont je n’arrive pas tout à fait à saisir la fragrance, une vague tristesse, étrangement mêlée d’espoir.



J’ai donc essayé de rassembler mes quelques idées pour vous écrire ce billet tardif. Léawald, un roman étonnant… à découvrir ?
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
Commenter  J’apprécie          50
Hauts-fonds

L’odyssée d’un homme balloté par l’histoire, de la fin de la Seconde Guerre mondiale à la chute du Mur.



Après le périple chaotique et périlleux à travers les zones troubles de l’Europe entrepris par un soldat perdu de l’IRA dans «Mer noire» (éditions Anacharsis, 2015), Dov Lynch nous plonge avec «Hauts-fonds» (éditions du Seuil, 2018) dans une autre zone instable de l’Europe et sur une longue durée, dans la ville de Vienne et sur le Danube, entre les derniers jours de la Seconde guerre mondiale et la fin des années 1980, au moment de la chute du Mur et de la fin de la guerre froide.



«Vienne était assiégée par l’Armée rouge, la ville était sur le point de tomber. C’était le 7 ou le 8 avril, il ne se souvenait pas de la date exacte.

Ses mains avaient tremblé quand il avait ouvert la porte. Il dit :

– Mes mains tremblaient. Je suis revenu dans l’appartement et j’ai attendu dans l’entrée. C’était la faim. Mes mains tremblaient à cause de la faim, je n’avais pas mangé depuis des jours. J’ai tenu mes mains devant moi et j’ai attendu. Quand elles ont arrêté de trembler, je suis sorti.

Il commença comme ça. Il fallait bien commencer quelque part.»



Quelques mois après la fin de la guerre, Klem, ancien policier autrichien revenu des camps avec son certificat de dénazification, raconte à un soldat américain lors d’un «interrogatoire» son retour dans la ville de Vienne dans les premiers jours d’avril 1945, juste avant la chute de la ville encerclée et assiégée par l’Armée rouge. L’officier américain qui mène cet interrogatoire aimerait, semble-t-il, comprendre comment Klem a réussi à s’extraire de la ville au moment de sa chute.



«L’Américain voulait savoir comment il avait fui Vienne. Il décida de tout lui dire, plus ou moins.»



Dans ce moment historique de déroute et de délitement, le roman, à l’image des événements est frappé d’incertitude et semble tronqué, émaillé de mensonges et d’omissions. Avec une écriture sèche et une ambiance légèrement hallucinée qu’on trouvait déjà dans «Mer noire», Dov Lynch réussit dans «Hauts-fonds» à produire une atmosphère à partir de bribes et des blancs, des silences sur les raisons de la déportation de Klem et de sa libération, sur son expérience du camp, des questions informulées et des soupçons d’espionnage ou de trahison, non-dits qui diffusent leurs radiations dans le récit de manière sourde.



En avril 1945, Klem a réussi à quitter Vienne par son fleuve, en compagnie d’un officier de la Gestapo et d’une femme croisée dans la ville, en un surgissement improbable de l’amour et de l’humanité en plein chaos, évocateur de ce qui est au cœur du livre de Primo Levi, «La Trêve». L’échappée par le Danube et ses dangers, continent d’obscurité et de bruits, le groupe improbable de ces trois individus réunis sur le fleuve, ajoute à l’ambiance singulière et trouble du récit, traduisant cette période où le rôle de chacun semble indémêlable, et les identités et les événements impossibles à appréhender.



Bien des années plus tard, au moment de la réunification de l’Allemagne, Klem continue à vivre malgré tout dans ce monde si différent, et après un demi-siècle le roman interroge ce qui a permis à cet homme de survivre, après avoir été le témoin de l’indicible, et ce qu’il reste de cette trajectoire dont le fleuve Danube et ses dangers, l’impétuosité et la sauvagerie sont la métaphore centrale.



«Il avait vécu la moitié de sa vie dans la plaine et ne comprenait que maintenant à quel point le Danube comptait. Le fleuve était le mouvement au centre de tout. Lui-même était né sur ses rives et il finirait emporté par son courant, comme une branche d’arbre cassée, tournant sur elle-même, plongeant et remontant à la surface, tirée en avant.»



Dov Lynch sera présent pour une rencontre-dédicace à la librairie Charybde (129 rue de Charenton 75012 Paris) jeudi 31 mai prochain à partir de 19 h 30.



Retrouvez cette note de lecture sur le blog Charybde 27 ici :


Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          50
Mer noire

Un homme ne fuyant pas l’annonce, mais cherchant peut-être à la saisir aux confins de l’Europe.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/06/03/note-de-lecture-bis-mer-noire-dov-lynch/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          50
Hauts-fonds

J’ai lu « Hauts-fonds » juste après « Ostland » de David Thomas. Les deux personnages principaux de ces livres sont tous deux policiers quand commence la Seconde Guerre mondiale, l’un en Allemagne à Berlin, l’autre en Autriche à Vienne. Mais si leurs débuts de carrière sont assez semblables, un écart à 180° va bientôt apparaître.

Georg Heuser, personnage principal de « Ostland », va accepter de participer à la Shoah par balles en étant muté comme officier SS dans un einsatzgruppen. L’ambition, les calculs pour la suite de sa carrière et surtout « l’obéissance aux ordres » sont ses motivations ; combien de milliers d’êtres humains a-t-il tués, des dizaines de milliers ?

Par contre, Klemens Steiner, héros de « Hauts-fonds », va refuser de devenir un monstre. C’est explicite tout le long du livre, cela ne devient parfaitement clair qu’à la toute fin. Klemens Steiner sera envoyé en camp de concentration pour « manquement à l’honneur », il a refusé de tirer sur les juifs qu’on lui ordonnait d’assassiner.

Comme « Mer noire », « Hauts-fonds » m’a captivé, absorbé du début à la fin, je l’ai lu d’une traite. Comment lâcher un livre pareil ? L’écriture de Dov Lynch est sèche, sans fioriture, pas une parole de trop, pas une description inutile. Après la dernière page, j’ai reposé le livre un peu étourdi, la tête pleine de l’histoire de Klemens Steiner ou bien est-ce la « non-histoire » de Steiner ? Car, concernant son refus de participer aux meurtres de masse, il semble qu’il y ait un avant et un après. Après, Steiner semble se traîner dans l’existence sans but précis, comme un fantôme. Il ne semble pas retrouver de goût à la vie comme le personnage de Philip Kerr, Bernhard Gunther qui a lui aussi refusé de participer aux tueries, mais qui aura eu plus de chances en étant muté à Berlin au lieu de finir dans un camp.

On ne sort pas indemne de la lecture de ces livres. Même si je suis convaincu que j’aurai également refusé, quel que soit le prix à payer, je ne peux m’empêcher de me demander si cela aurait vraiment été le cas, dérangeant…

Ces livres font également échos aux deux livres de Don Winslow, « La griffe du chien » et « Cartel » où il est également question de la fabrication de monstres, lors de l’entraînement de soldats de « forces très spéciales » chargés de répandre la terreur pour empêcher le communisme d’envahir l’Amérique du Sud, soldats récupérés ensuite par les cartels de la drogue.

Commenter  J’apprécie          40
Mer noire

Cette voiture soviétiques des années 70 qui cahote sur une route de montagne, la neige tourbillonnant autour à n'y plus rien voir, cette voiture, qui s'arrête, repart, totalement dénuée de lumières, sans le moindre repère spatial dans le noir, c'est l'image même du parcours de Dimitris.



Parti d'Irlande après un règlement de compte, ex- combattant de l'IRA, il s'est tracé un chemin apparemment lucide, passant par Cherbourg, Vienne, le Bosphore, la Mer Noire, jusqu'à cette mystérieuse contrée géorgienne où s'affrontent depuis des années les séparatistes Abkhazes et les Géorgiens, un endroit de guerre dans les montagnes du Caucase qui n'ont guère fait la une dans les médias de l'époque.



Ce chemin permettra à Dimitris de faire des rencontres, belles ou sombres, de moment de grâce en séance de torture. Le but de son voyage : rejoindre son frère Nico, ancien de l'IRA comme lui, pour lui annoncer la mort de leur père, n'est finalement qu'anecdotique. Dov Lynch, écrivain irlandais parfaitement bilingue, s'appuie sur ce prétexte pour raconter un voyage à la recherche de soi-même, dans le silence, la peur, le noir, le crime. Les images d'un état soviétique sont saisissantes dans leur dureté, leur beauté sombre, décrites en une langue et sobre et précise comme un scalpel. Peu de poésie, peu de douceur, quelques rares éclats d'humanité vite jetés derrière les roues du véhicule qui continue d'avancer, seul, dans la neige.



Un livre à la fois beau, inquiétant, oppressant, sombre et lumineux.

Commenter  J’apprécie          40
Hauts-fonds

Dans les ruines de Vienne en 1945, un bien curieux voyage aux confins de ce que la mémoire peut supporter ou enfouir.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/06/07/note-de-lecture-bis-hauts-fonds-dov-lynch/
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          30
Léawald

Incarnée en une conductrice de 4 x 4 pour les Casques Bleus maintenant un fragile cessez-le-feu dans Paris en proie à la guerre civile, la beauté mystérieuse de l’héroïsme humain et intime.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/08/16/note-de-lecture-leawald-dov-lynch/



D’être presque le simple témoin d’un malaise mortel dans un piscine municipale, fût-ce témoin impliqué dans une vaine tentative de sauvetage, à devenir l’accompagnateur d’un cercueil humainement et politiquement précieux, il y a un pas de géant que nul ne devrait avoir à franchir à la légère. Oui, mais voilà, les circonstances sont ici un peu particulières : Paris est coupée en deux par les ramifications d’une rébellion désormais coagulée à l’échelle nationale, et une mission de l’ONU est déployée pour tenter d’obtenir et de faire respecter de sporadiques cessez-le-feu, le long de la Seine et des périphériques, entre tirs d’artillerie, de roquettes, de mortiers et salves fréquentes d’armes légères. Dans ce chaos devenu presque originel, alors que règnent l’impossibilité de comprendre et les cibles changeantes, Léa va pourtant incarner, sous les bombes de moins en moins métaphoriques et dans les rues faussement familières désormais d’une capitale française ô combien piégeuse, une figure rare pour laquelle l’humanité et la décence doivent l’emporter en toutes occasions.



Dov Lynch nous avait déjà montré deux fois, dans « Mer noire » en 2015 puis dans « Hauts-fonds » en 2018, sa capacité rare à plonger dans les confins et les ruines d’une civilisation européenne oscillant encore et toujours entre la fragmentation microcellulaire et l’impérieuse mise en forteresse, que ce soit dans un Caucase bien contemporain ou dans des frontières austro-balkaniques de fin de deuxième guerre mondiale. Écrivant directement en français, ce diplomate irlandais, spécialisé dans les questions internationales de défense, nous offre, avec ce « Léawald » publié en février 2022 aux éditions du Sous-Sol, un formidable pas de côté, particulièrement bien armé pour agir à la fois en révélateur et en fixateur. Jouant en discret virtuose de l’atmosphère déliquescente des guerres civiles et des pré-apocalypses brutalement transférées chez nous (plutôt que dans les lointains confins irakiens, afghans, maliens ou centrafricains), là où Jérôme Leroy inscrivait la poésie profonde de son « Vivonne » et Jean Rolin l’ironie douce-amère de ses « Événements », transmutant les reportages de l’Anne Nivat de « Bagdad zone rouge » pour en faire une matière digne de l’Enki Bilal du « Sommeil du monstre », Dov Lynch crée pour nous une Antigone qui pour n’être ni à Thèbes, ni à Kandahar, ni à Beyrouth, nous rappelle en beauté que l’héroïsme intime demeure une chose mystérieuse, et que nous sommes toutes et tous plus près que nous le croyons, toujours, de ces traducteurs afghans laissés derrière lorsque vient le reflux.
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          20
Léawald

Le nouveau roman du diplomate irlandais Dov Lynch peut être lu comme une sorte de récit à la Modiano au temps de la guerre totale.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
Commenter  J’apprécie          10
Mer noire

Longtemps après en avoir achevé la lecture, j'ai toujours le goût âpre de ce livre dans la bouche. Je n'arrive pas à l'oublier, à m'en défaire. Il me hante. Est-ce la sobriété du style ? L'absurde de la vie montré dans sa noire froideur ?

Le héros se précipite vers ses fins dernières, rien ne l'arrête, pas même l'Amour qu'il trouve chez une femme en Géorgie, terre ravagée par une guerre absurde (comme elles le sont toutes) et oubliée. Sa trajectoire a quelque chose d'impeccable, d'inexorable.

Ce livre ne laisse pas indemne.
Commenter  J’apprécie          10
Léawald

Expert en stratégie militaire russe, Dov Lynch imagine dans son dernier roman un Paris en proie aux snipers et aux bombardements. Il explique pourquoi la guerre peut éclater dans toutes les grandes villes européennes.
Lien : https://www.nouvelobs.com/bi..
Commenter  J’apprécie          00
Léawald

Dans un futur proche, d’une anticipation aux portes de nos vies, au milieu d’un conflit cinglant, gisant d’une relative trêve, vie Léa, une anonyme à qui l’on va donner une responsabilité brève, d’une nuit, à faire ce qu’elle sait faire, entraîner, elle traînera sur le bitume, la mort, annonciatrice d’une promesse insuffisante..

L’on ne peut s’empêcher avec ce livre d’avoir un regard photographique sur les événements, en témoin silencieux épongeant ses gouttes de sueur dans certaines occasions, ou la tension est né pour des raisons inconnues, mais la guerre est bien là..

J’ai aimé ce livre qui traduit en mots, nous fait voir toute une cinématique d’émotion, en plans intimistes, caméra au point et en plans séquences, des scènes ce déroulant sous les réverbères d’un Paris fantomatique, déserté, barricadé, dans une confusion introvertie, en économie de mots.

Mais Léa est bien là.. perdu au milieu de tout ça, avec son passé et celui des gens qu’elle connaît, et, de ceux qu’elle rencontre, devant l’absurde de ce qui a commencé..

L’auteur nous emporte avec simplicité dans un récit court, une tranche de vie sous les combles d’une nuit, ou au loin, nous ne savons pas si les bruits des bombes se rapprochent, et pour nous, lecteurs et pour Léa qui cherche à survivre, nous cherchons la promesse de l’aube, et non celle de la mort, qui doit retourner à la terre..

Commenter  J’apprécie          00
Mer noire

Dimitris, ancien membre de l’IRA part, à la mort de son père, à la recherche de son frère dans un état du Caucase en guerre. Il souhaite s’éloigner de l’Irlande et de son état de conflit permanent. Il décide donc de partir et d’essayer de retrouver son frère, qui lui aussi était parti pour échapper au climat politique.

Nous suivons au plus prêt cet homme qui, taiseux et solitaire, prend la route pour la recherche des origines de sa famille. Sa mère était originaire d’une ville proche de la Mer noire, en Géorgie. Mais il va arriver dans un pays en guerre.

Avec une belle écriture poétique et percutante, Dov Lynch nous entraîne dans un univers terrible, l’univers des guerres et de plus des guerres fratricides. Avec peu de pages, l’auteur nous transmet des flashs de scènes qui demeurent dans nos esprits dès la fin de la lecture.

Ce livre est un écrit sur les guerres mais aussi sur un homme qui recherche ses origines. Nous sommes entraînés aussi dans un voyage dans l’Europe, d’Irlande en passant par Vienne et aboutir en Géorgie, au bord de la mer Noire.

Ce personnage de fils et de frère peut nous faire songer à des personnes mythologiques, qui partaient vers des contrées inconnues, ils partaient pour la guerre ou à la recherche de nouveaux territoires. De plus, ce voyage de Dimitris se déroule dans une région légendaire et source de nos civilisations occidentales. Les guerres d’ailleurs qui se passent dans ces zones, anciennement grecques, romaines ou de l’Union soviétique peuvent étrangement nous rappeler les guerres que les mythologies nous rapportent. Des conflits de territoires, des conflits qui font ressortir de vieux conflits ethniques, religieux.

Commenter  J’apprécie          00
Hauts-fonds

il fut un temps que le jeune journaliste débutant que j'étais "tirait à la ligne", pour assurer ses fins de mois. j'étais alors pigiste. Je pensais naïvement que cette pratique était révolue.

Dov Lynch la perpétue. Fallait-il qu'il s'ennuie ferme dans son bureau d’ambassade ! dialogues insipides et verbeux, situation figée, on attend une issue.... elle ne vient pas.

Bon courage ! lecteurs ! Moi, le livre m'est tombé des mains. La vie est trop courte pour perdre autant de temps à attendre une action ou un indice digne d’intérêt .
Commenter  J’apprécie          00
Hauts-fonds

Passionnant, émouvant. On en sort un peu groggy. L’histoire est bien douloureuse et broie les peuples. L’après-guerre, l’occupation soviétique… On revoie “le troisième homme”.
Commenter  J’apprécie          00
Hauts-fonds

Dov Lynch est irlandais et diplomate, nous dit son éditeur. Un écrivain secret qui écrit en contre-jour, s'appliquant à ce que ses personnages ne présentent qu'une partie d'eux-mêmes.




Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Dov Lynch (47)Voir plus

Quiz Voir plus

Du soleil dans les titres

A part Paris, où se déroule l'action de "Le soleil se lève aussi" d'Hemingway ?

En Italie
En Grèce
En Espagne
Au Kenya

10 questions
216 lecteurs ont répondu
Thèmes : titres , soleilCréer un quiz sur cet auteur

{* *}