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Citations de Edouard Durand (50)


Le déni a un coût monumental.
Un coût humain, celui de la souffrance de chaque être humain passé par les armes du sexuel, quel que soit son âge ou son sexe; celui de la souffrance des personnes qui l'entourent et qui veulent l'aider, le protéger, le soutenir par amour, par fidélité, par solidarité, par devoir; celui des victimes suivantes puisque l'agresseur jouit d'une impunité encourageante.
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Ça ne doit pas exister. » Cette phrase est équivoque, ambiguë. Ça ne doit pas exister, au sens où toute société digne de ce nom a le devoir de s'organiser pour protéger les enfants avant qu'ils ne soient victimes de violences sexuelles et pour protéger ceux qui révèlent qu'ils le sont ?

Ou ça ne doit pas exister au sens où ça ne peut pas être vrai, ça n'est pas possible, ça ne doit pas être su, au sens où une société préfère s'organiser pour faire comme si ça n'existait pas ?
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Au moins un enfant toutes les trois minutes.
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Le pénis, ou la main, les doigts, les lèvres, sont au viol ce que fusil à pompe, le revolver ou le couteau sont au braquage : une arme.
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Edouard Durand
C'est ça qui paraît insupportable, dangereux même, c'est pour ça que le déni est nécessaire, c'est pour ça que les gardiens du temple s'opposent à tout ce qui pourrait augmenter le niveau de protection des victimes. C'est pour ça qu'on invite les victimes à "sortir du silence" et qu'on leur reproche toujours de parler, de s'affirmer comme sujets légitimes de langage, comme détentrices d'une parole légitime.
Quand elle parlent, on leur reproche de faire de la délation, quand elles écrivent, on leur reproche de faire des réseaux sociaux un tribunal populaire, quand elles désignent l'agresseur, on leur reproche de lancer une chasse à l'homme, quand elles ne le nomment pas, on leur reproche de manquer de courage.
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C'est par le déni qu'on se protège de la peur, c'est aussi en faisant alliance avec l'agresseur.
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« Il faut se souvenir que nous avons tous été des enfants et il faut bien comprendre que les enfants sont des gens sérieux. » page 21
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Quelque chose s'est grippé dans le mécanisme du déni. Un grain de sable, puis un autre, puis un autre, puis des milliers. Le premier, compté pour rien, puis le second, et plusieurs encore, comptés pour rien. Puis des milliers. Les mots comme des grains de sable, la parole des victimes, les témoignages énoncés un à un, chaque témoignage dans son unicité irréductible a rejoint tous les autres. Chaque histoire personnelle, conservant son unicité irréductible et rejoignant toutes les autres, a été exprimée dans son universalité. Chaque récit privé a rejoint tous les autres et a ouvert le clos du privé pour affirmer sa légitimité sociale, publique, politique.
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Peguy l'a dit, une civilisation sera jugée sur ce qu'elle aura considéré comme négociable ou non négociable, il ne faut jamais l'oublier.
Page 28
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Quand elles parlent, on leur reproche de faire de la délation, quand elles écrivent, on leur reproche de faire des réseaux sociaux un tribunal populaire, quand elles désignent l'agresseur, on leur reproche de lancer une chasse à l'homme, quand elles ne le nomment pas, on leur reproche de manquer de courage.
Page 25
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Le problème c'est qu'on ne tient pas la promesse. On dirait que ce n'est jamais le bon moment pour qu'une victime de viol ou d'agression sexuelle révèle les violences et désigne l'agresseur. Ce n'est jamais le bon moment, Jamais la bonne manière. C'est trop tôt, trop tard, trop vague, trop précis, trop chuchoté, trop public. Jamais le bon moment, la bonne manière, le bon endroit, la bonne personne.
Page 19
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Et puis les enfants sont des gens sérieux, qui vivent leur vie sérieusement, et qui parfois sont confrontés à des choses absolument effrayantes, cruelles. Les enfants sont des gens sérieux, il n'y a qu'à regarder un enfant qui joue, rien n'est plus sérieux qu'un jeu d'enfant, rien n'est plus grave, plus intense.
Il n'y a qu'à regarder un enfant qui parle à un adulte, qui attend une réponse, un enfant qui regarde le monde des adultes et qui se demande s'il a bien fait de leur faire confiance, s'il a bien fait de les croire quand ils lui ont dit de leur faire confiance, de leur dire si quelque chose n'allait pas. Alors que c'est tellement difficile à dire, qu'on ne sait pas ce qui va se passer quand ça aura été dit, même si on sait bien que ce sera compliqué, c'est pour ça que l'enfant a longtemps hésité avant de le dire.
Les enfants sont des gens sérieux, on l'oublie toujours, on fait semblant d'être plus sérieux que les enfants. Pourtant c'est l'une des rares expériences absolument universelles : avoir été un enfant. Avoir été si vulnérable, si dépendant de la bienveillance, de l'attention des autres. Si dépendant du regard des autres, et d'abord de ses parents, pour être quelqu'un d'unique dans leur regard, avoir une identité, une identité inaliénable.
Page 18
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II n'y a pas beaucoup de possibilités, il y en a que deux : quand une petite fille ou un petit garçon, une adolescente ou un adolescent, ou une femme ou un homme adulte se dit victime de violences sexuelles, soit on le protège, soit on ne le protège pas. On le croit ou on ne le croit pas. Si on le croit, on le protège. Si on ne le protège pas, c'est qu'on ne le croit pas.
Page 17
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Le déni a un corollaire immédiat, l'impunité des agresseurs. Le déni collectif et l'impunité des agresseurs marchent main dans la main, tranquillement, avec assurance, sans inquiétude. Main dans la main. Comme si de rien n'était.
page 15
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Cette distorsion porte un nom : déni. Les violences sexuelles, et particulièrement les violences sexuelles faites aux enfants, font l'objet d'un déni massif, puissant, ancien, enraciné, structuré et structurant, même.
Page 14
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En France, parmi la population adulte, 5, 5 millions de femmes et d'hommes ont été victimes de violences sexuelles dans leur enfance. Une personne sur dix. 5, 5 millions de femmes et d'hommes connaissent le présent perpétuel de la souffrance, l'état de stress post-traumatique, souvent jusqu'à l'empêchement d'être si justement évoqué par Jean-Marc Sauvé.
Dans toutes les familles, toutes les entreprises ou les administrations, toutes les fêtes entre amis, il y a des sœur, cousin, nièce, des collègues, des amis qui ont été ces enfants agressés sexuellement et violés.
Et chaque année, donc, 160 000 enfants subissent des violences sexuelles. Probablement plus en réalité. Au moins un enfant toutes les 3 minutes.
Dans toutes les classes, tous les centres de loisirs, tous les clubs, toutes les institutions de soin ou d'éducation, il y a des enfants qui sont agressés sexuellement et violés.
Page 13
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Il faut voir la différence entre une effraction à l'intérieur du corps (le viol) et une effraction à la superficie du corps (l'agression sexuelle), ou entre une effraction unique et des effractions répétées pendant des mois et des années, ou encore entre une effraction perpétrée par des violences corporelles (des coups par exemple) et une effraction imposée par des violences mentales, comme des menaces ou de la séduction.
Page 8
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L'idée courante, c'est que ce sont toujours, presque toujours, des mères qui font ce genre de choses, qui manipulent leur enfant et qui l'emmènent au commissariat pour mentir aux policiers. Elles auraient une idée derrière la tête : elles se disent que la justice va interdire au père de voir son enfant.
Page 7
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Mais ce ne sont jamais des enfants violés, ce sont forcément des menteurs car il ne faut pas l'oublier, "les enfants mentent" ; des enfants qui disent des choses tellement incroyables que c'est bien la preuve qu'ils mentent.
Page 6
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Le pénis, ou la main, les doigts, les lèvres, sont au viol ce que fusil à pompe, le revolver ou le couteau sont au braquage : une arme.
Page 5
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