J’ai du mal à comprendre un tel engouement pour ce récit, que j’ai lu en intégralité, mais fini avec difficulté. Les Suprêmes, raconte le destin de trois femmes afro-américaines, aux caractères bien trempées. Il y a Odette, née dans un sycomore, elle est mariée à James, un gendarme de l’Indiana. Il y a aussi Clarice, première femme noire à avoir été mise au monde dans un hôpital blanc. Clarice est mariée à Richmond, un homme volatile, qui la trompe au vu et au su de tous. Puis il y a Barbara Jean, la plus belle femme de la ville, mariée à Lester, un vieil homme riche, accumulant les problèmes de santé. Toutes trois ont des vies bien différentes, des caractères et opinions qui divergent, mais un lien unique les unis.
Leur surnom, Les Suprêmes, est liée au groupe de musique féminin, The Supremes, composée de trois femmes afro-américaines, jadis voisines, qui chantaient dans des pavillons ouvriers de Detroit.
Les Suprêmes est un récit plaisant à découvrir, qui permet de passer un bon moment de lecture aux côtés de femmes hautes en couleurs, au tempérament bien trempées. Ces trois femmes entretiennent une amitié solide, qui résiste au temps depuis des dizaines d’années. Malgré les aléas de la vie, aucune n’a jamais flanché, et elles restent soudées comme aux premiers temps. Leur QG : le restaurant buffet-à-volonté Chez Earl, un lieu chaleureux et gai où elles se réunissent chaque semaine avec leurs maris, sorte de rendez-vous rituel qu’elles ne louperaient pour rien au monde. Les Suprêmes se connaissent sur le bout des doigts, sachant anticiper par avance les réactions des unes et des autres. Elles renvoient une belle image de fraternité comme il en existe peu dans la vraie vie et les voir aussi complices m’a donné à maintes reprises le sourire.
Le destin de ces trois femmes n’est pourtant pas tout rose. Entre tromperies et infidélité pour l’une, regrets et culpabilité pour l’autre, petits secrets et gros problèmes pour la troisième, autant vous dire que leur existence est peuplée d’embûches. Mais l’amour qu’elles se portent conjointement et la force de leur amitié, permettra de les relever à chaque chute et de traverser ces épreuves avec courage et détermination.
Comme vous vous en doutez, la question raciale est forcément abordée dans ce récit. On y retrouve notamment la question des couples mixtes, avec Barbara Jean qui s’amourache de Chick, le petit serveur blanc. Ils vivent leur histoire d’amour cachée, de peur des représailles, notamment du frère de Chick, un homme obtus, violent et raciste, qui n’hésiterait pas à tuer pour garder son honneur sauf. Edward Kelsey Moore traite également de la ségrégation sociale qui sévissait alors dans les années 1950. Certaines villes étaient sectionnées, créant une sorte de barrière qui délimitait le droit d’habitation ou de passage des populations noires. C’était le cas notamment pour la route du Wall Road, presque privatisée par les blancs, ils ne toléraient pas que des noirs l’empruntent. Ainsi, ces derniers devaient faire un grand détour de plusieurs kilomètres pour éviter la violence et les représailles. Néanmoins, la question raciale est sous-jacente, elle forme une toile de fond pour contextualiser l’histoire et ne vient pas vraiment corroborer le récit initial.
Malheureusement, peut-être que les critiques élogieuses que j’en avais lu précédemment avaient élevées mes attentes un peu trop haut. La narration est assez monotone, le style est lent, un peu vide, l’action est manquante, les rebondissements quasiment inexistants. La force de ce roman réside dans les caractères exceptionnels des trois protagonistes et dans le lien d’amitié presque fraternel qui les lie.
Les Suprêmes est un roman sous forme de tableau pastel, où l'on voit la vie s'écouler lentement, à travers le portrait de trois afro-américaines savoureuses et attachantes. Malgré une narration monotone et des passages assez longs, j'ai apprécie le style incisif, décalé et pétillant de l'histoire.
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