Alors,
quand les sujets de conversation furent épuisés.
Elle le prit par la main. La mit sur sa poitrine.
Puis elle le mena sur la grève ; loin.
Et là, elle lui fit honneur.
La nuit s’écoula.
Le dernier jour de carnaval commençait. Et le vent de la côte apportait le glapissement du sanctuaire des loups marins.
Amancia se réveilla sur la grève. Elle étira les doigts et chercha la main du garçon.
Elle ne trouva rien.
Elle resta là, à contempler le ciel.
Le train emporta le garçon pour toujours.
Je vous parle de Las Trincheras, Paso del Tigre, Punta Bonita.
Ecoutez :
terres indiennes.
Lorsque Cuatrocasas était une terre pelée et que les taons volaient entre les pattes d’animaux géants.
Il y a très longtemps.
Une nuit de vents tournants et de nuages lourds.
La côte noyée de brouillard.
Et un homme foulant le sable qu’a laissé la mer en se retirant ; parmi les ordures et les os et l’odeur des poissons morts.
Je vais donner son nom :
Jacinto Moneda,
un des seuls indiens, dit-on, à avoir survécu au massacre de Las Trincheras.
L’homme est vieux et maigre.
Heureux comme toujours de déterrer des crabes pour en sucer les pattes.
Jusqu’à ce qu’un vendredi de la Saint-Jean, le train prenne la fantaisie de ne plus revenir.
Et là, les pommiers commencèrent à se dessécher.
Et l’odeur de vieux.
Et les hennissements de faim des chevaux.
Alors,
dix ans passèrent.
Et le village de se consumer ;
et de retourner au néant :
un tas de pierres et de fantômes à l’ombre des pierres et des fantômes de la prison.
Il semble que le petit Jésus n’ait jamais voulu se pencher sur le ciel de Cuatrocasas. Comme si ce qui s’était passé là ne l’intéressait pas. Il semble que personne n’ait été en grâce avec Jésus dans ces parages. Pas même les saints de l’église qui ont fini la tête fracassée sur le sol lorsqu’une tempête de neige renversa le clocher.
Je vous le dis.
Bar du Rail. Unique endroit du village pour jouer au solitaire avec les hannetons du comptoir.
Le reste,
un épais nuage de terre rouge
et les squelettes des animaux sous les pieds des quatre pelés qui s’entêtèrent à rester là.