Citations de Edward Frederic Benson (20)
Il se dit qu'il n'était absolument pas saoul, mais qu'il avait bu une quantité inhabituelle de whisky, ce qui semblait produire un effet assez analogue à l'ivresse.
Elle n’avait vu récemment aucune exposition de tableaux, sauf celle de Bobbie (ou Bertie ?) Alton ; elle n’avait pas écouté de musique, pas touché à son piano depuis des semaines, pas ouvert un livre. Au mieux, elle avait parcouru rapidement quelques recensions de livres parues dans la presse pour se tenir à jour et être en mesure de ressortir un ou deux jugements critiques brefs mais vigoureux si jamais les conversations adoptaient une tournure littéraire. Il ne fallait pas que les futilités de la vie occultassent complètement, par le bouillonnement anarchique de leur mousse, le breuvage proprement dit.
c'est le Japon et ses sacrifices héroïques et inconditionnels en 1904 et 1905, pendant la guerre de Russie, qui ont commencé à réveiller les nations occidentales sur le fait indubitable que pour progresser en tant que nation, les individus doivent se sacrifier par milliers (ou être sacrifiés) sans poser de questions et sans hésiter.
(The Superannuation AD 1945 --in The windsor magazine 1906)
Le mardi matin, jour où elle payait ses notes en les passant au crible, lui était aussi savoureux que le dimanche matin où, assise au pied de la chaire, elle épluchait les contradictions et les fautes de syntaxe qui s'étaient glissées dans le sermon.
Ce que Lucia visait c’était le gratin, le dessus du panier, la crête la plus scintillante de toutes les vagues qui déferlaient sous le soleil. Tout ce qui avait l’allure d’une telle vague, elle en faisait sa chasse gardée, même si cela impliquait un déjeuner végétarien accompagné de cocktails et la nécessité éventuelle de se faire peindre à la manière de la femme de l’artiste avec un sourcil dans un coin du tableau et une espèce de masse informe ayant vaguement l’apparence d’un chou-fleur desséché au beau milieu.
Il prit bravement le parti de couvrir, à pied, la distance de trente mètres qui le séparait de son domicile, qu'il atteignit sans fatigue excessive...
J’aime vivre dans l’aisance mais, à partir du moment où j’ai tout ce dont j’ai besoin, je n’en demande pas davantage. Certes, je vous souhaite de tout cœur de gagner des monceaux d’argent, mais je ne vois pas très bien ce que vous allez en faire…
Ma P’tite-Fifille est une vraie fée. Elle vous remet un gaillard sur ses jambes en un tournemain plus efficacement que cinquante remontants.
Elle reprit place à côté de lui, le visage rayonnant d’un enthousiasme mutin. L’humour à Riseholme se permettait d’être un peu méchant : si vous citiez les absurdités de vos amis, il y avait un brin de méchanceté dans votre esprit.
Et que diable l'ange qui consigne l'histoire de nos vies trouvera-t-il à écrire sur elle, dans son grand livre? Il ne va pourtant pas noter toutes ces promenades autour du parc, toutes ces patiences, et il n'y a vraiment rien, mais vraiment rien d'autre à dire...
Et tous deux pourraient être si tranquilles, si contents de vivre, si heureux ensemble. Il y a en eux quelque chose de pathétique, de cruel à voir.
elle n'éprouve ni désir ni regret, car elle a toujours vécu de manière absolument correcte, et ne souhaite rien. Elle est tout à fait dépourvue d'ami ou d'ennemi, et ignore ce que sont la surprise , la contrariété ou l'enthousiasme.
L’argent recelait vraiment un pouvoir faramineux ! Non seulement il vous permettait d’obtenir tout ce que vous désiriez, mais de surcroît, il vous donnait la possibilité d’aider votre prochain et de soulager ses misères ; bref, de faire de cette terre (comme l’avait dit le Padre, le dimanche précédent) « un monde meilleur ». Jusque-là, Lucia s’était très peu intéressée à la finance. Elle se contentait, tous les six mois, de placer l’excédent de ses revenus – quelques centaines de livres – dans des valeurs de tout repos, dont les dividendes (des broutilles, en réalité) venaient accroître de manière insignifiante un patrimoine d’ores et déjà très confortable. Et voilà qu’elle découvrait l’exemple d’une femme qui, à partir d’un capital ridicule de quelque cinq cents livres, avait non seulement mené une vie de Sybarite, mais avait aussi fait un bien considérable autour d’elle par-dessus le marché ! « Certes, pensait Lucia, elle me devançait de cinq ans (car elle n’avait que quarante-cinq ans à ses débuts), mais tout de même… »
Il n’était pas douteux que les représentantes du sexe faible faisaient une entrée en force sur la scène mondiale. Aucun de leurs hauts faits ne semblait cependant convenir aux ambitions d’une veuve quinquagénaire.
encore plus occulte, en ne forçant que timidement sur l’annonce, afin de les assommer ensuite, au moyen d’un double fracassant. Mais les p’tits gars timorés ne pipèrent mot, et les cartes furent abattues.
À présent, même la mystérieuse métamorphose de Georgie, affublé de sa barbe grise, presque blanche, perdait de son intérêt devant le désir intensément humain de savoir comment les jeunes mariés s’étaient adaptés à leur nouvel état…
On ne s’arrêterait de jouer que pour prendre le thé, puis on s’y remettrait de plus belle. Depuis l’année précédente, les partisans du bridge-contrat et ceux du bridge aux enchères s’étaient livré une guerre sans merci, mais ces derniers, tels les Tichbites lors des campagnes militaires du roi David avaient mordu la poussière, et pour cause : le bridge-contrat déclenchait bien plus de divergences d’opinions tant au sujet des honneurs, des annonces et des doublements, que des deux de mieux et des changements de couleur, ce qui semait la zizanie parmi les joueurs et attisait leur férocité. Chaque école de pensée – et il y en avait pléthore… – comptait ses fidèles
Il était certes hors de question de se laisser aller à des batifolages séniles, à l’instar des deux papillons surannés, car rien ne vieillit tant une femme que de jouer les adolescentes ; des exutoires plus nobles que la lubricité mobiliseraient ses énergies. Jamais, par le passé, elle n’avait manqué d’activité et d’esprit d’initiative (voire d’agressivité, le cas échéant). Les personnes mal avisées qui s’étaient risquées à entraver sa carrière l’avaient appris à leurs dépens. Elle conservait intactes ces qualités inestimables.
J'avais trouvé ce roman très amusant à la première lecture. A la deuxième lecture, je l'ai trouvé lourdingue de condescendance et d'esprit de classe.
En fait, l’opulente profusion de citations familières et stimulantes était telle qu’un des sujets de Lucia avait une fois déclaré que se promener dans son jardin permettait, non seulement d’admirer de belles fleurs, mais encore de passer, ce faisant, une demi-heure en compagnie des meilleurs auteurs.