MISSION EN SIBÉRIE, D'ÉLISABETH RIVOIRE - COUP DE CUR 123LOISIRS
Certains disent qu'il est possible de vivre une vie tranquille. Chez soi. De rester entouré par les gens que l'on aime, de prendre soin de sa famille, d'élever des enfants. De se tenir à distance de ses ennemis et d'essayer de faire le bien. On peut grandir ainsi, devenir adulte, puis vieux. (...) On ne se préoccupe pas de l'Histoire, qui se déroule un peu plus loin, là-bas, chez d'autres gens. Elle ne nous touche que lorsqu'elle bouleverse tout sur son passage.
Mais on peut aussi mener une vie pleine d'aventures et de rebondissements. Voyager en bateau, rencontrer des hommes différents. Les écouter pendant que mille oiseaux nouveaux célèbrent la tombée de la nuit.
(p. 7-8)
Nous sommes en train de manger de la chair de baleine, et j'espère éviter l'espèce de confiture qu'on va sans doute me servir après. Elle est cuisinée à partir de baies ramassées en automne, soit il y a des mois, écrasées et pétries avec de l'huile de phoque, et chacun s'en délecte. Les goûts ne sont pas partout les mêmes, et pour ma part, je ne connais rien d'aussi mauvais, à part le purée d'écorce que mangent les Kamtchadales lorsqu'ils souffrent de famine ! (page 102)
Une fois encore, une fois de plus, l'amitié de mes compagnons est ce qui me sauve de tout. Ils me frottent le visage avec de la neige, à m'en faire partir la peau, ils me consolent, tentent de me faire oublier que mon voyage s'éternise et que ma malle de dépêches, coincée dans cette yourte, ne profite à personne. L'homme est tout pour l'homme quand on est si loin de chez soi !
On peut vivre tranquillement chez soi. On peut aussi mourir loin de tout et de tous, dans l'ignorance la plus totale de ce que sont devenus les gens que l'on aime. Dans le froid et l'immensité d'un pays qui n'est pas le nôtre. C'est un risque, n'est-ce pas ? Ce jour-là, je suis bien convaincu que j'ai échappé de peu à une fin sinistre, dans ce village de Pareiné.
Combien nous reste-t-il de chiens ?
- De trois cent que nous avions lors du départ, il n'en reste guère que vingt-sept de vivant, et encore ils sont dans un état désastreux, avoue mon ami, le regard baissé. (page 79)
Certains disent qu'il est possible de vivre une vie tranquille. Chez soi. De rester entouré par les gens que l'on aime, de prendre soin de sa famille et d'essayer de faire le bien.
Maman aurait dit un préadolescent. Un ado-naissant.