« Ce jour-là, tout avait basculé. La vie ne l’avait pas prévenue, qu’en plus de perdre un enfant, Lise allait perdre aussi un mari. Souvent, elle se demandait :
— Pourquoi ne m’a-t-on pas tapoté l’épaule en me disant : « Eh Lise, profite bien de ta vie, car bientôt tout va s’arrêter. Tu vois la famille que vous formez avec Julien, elle ne sera incessamment sous peu qu’un vieux souvenir. »
Une chose était certaine, au lotissement du Clos des Hirondelles, la vie ne serait plus la même. Les hirondelles, présage de bonheur et de liberté, venaient de quitter leur nid subitement. L'horreur venait de prendre leur place. La remise en question était à l'ordre du jour. ‒ « Et si seulement nous avions su... », se disaient les voisins, amis, confidents de cette famille. Sous leurs yeux, dans une ambiance conviviale, agrémentée par le chant printanier des oiseaux, avait vécu une famille sous l'emprise d'un être humain cynique. Nul ne s'en était aperçu. Ils se disaient alors : ‒ « Parfois, on pense que tout va bien alors qu'il n'en est rien. Mais que sait-on vraiment de ses voisins ? »
On croit parfois que l'avenir rime avec solitude, qu'aucune parole n'apaisera ses peines, ne dissipera son chagrin. Et pus, il y a cette main tendue, celle d'un parfait inconnu, celle dont on ne soupçonnait pas l'existence qui va changer la donne. Un geste, un regard, un message bienveillant, souvent pas grand chose suffit à faire taire l'obscurité. Cet éclat de lumière nous réconforte et nous redonne alors le courage de poursuivre notre chemin.
« Un ami, c’est un peu comme une amarre de bateau. Lorsque le vent souffle ou que la tempête est annoncée, elle le stabilise, le protège, le maintient à flot. »
« Et pourtant, les notes de musiques n’étaient plus les mêmes. Lise vivait sans bruit, sans couleur, dans un hiver sans fin.
Cette rencontre inattendue, ce passé inachevé, l’innocence de cette petite fille, faisaient ressurgir en elle une étincelle. Celle-là même, qui l’interrogeait, la bouleversait : — « Et si je pouvais encore être heureuse ... En aurai-je le droit ? »
Je m'ancre à mon passé, repense à ce que tu me disais enfant: "Plus l'orage est violent, plus merveilleux sera son arc en ciel 🌈
"- Mia, la vie c'est comme un plat chaud à déguster dès qu'il sort du four Profites-en"
"- Il faut le consommer quand il est encore temps, bien chaud, je sais. C'est bien ça?"
"- Tout à fait! Plus tu attendras, plus son goût sera altéré et sa saveur fade. N''essaie pas de tout maîtriser. Il faut parfois se jeter à l'eau pour ne pas regretter par la suite".
Cette personne qui s'inquiétait pour nous, se sentait obligée de nous rappeler à l'ordre lorsque l'on franchissait les limites, celle qui ne pouvait s'empêcher de nous donner des conseils et bien, c'était la définition même d'une amie.
À l’instant même où je franchissais la porte, je savais. La vie nous a changés. Entre nous, rien ne sera jamais plus comme avant.
Parce que parfois, ce qui nous lie à l'autre est inexplicable, on se laisse aller à des folies.